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Critiques de David Hine (65)
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Jules Verne's Lighthouse

Au bout du monde

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie (le premier étant double), initialement parus en 2021, coécrits par David Hine & Brian Haberlin, dessinés et encrés par Haberlin, mis en couleurs par Geirrod van Dyke. Ce trio a précédemment collaboré sur The Marked (10 épisodes) et Sonata (12 épisodes).



Dans un lointain futur, l'humanité s'est répandue dans l'univers et a établi des bases comme Stormfront, qui servent de base dans l'espace. Les vaisseaux du Conglomérat se repèrent à ces phares comme point de pause entre deux sauts dans l'hyperespace. La station Lighthouse a été construite sur l'astéroïde Reef, et est maintenue en service par le capitaine Moriz, les deux humaines Maria Vasquez et Felipe, ainsi qu'un extraterrestre dénommé Ekk, servant de main d'œuvre, et le robot personnel de Maria appelé Moses. Le processus de guidage des vaisseaux est entièrement automatisé, et l'équipage ne sert qu'à intervenir en cas d'imprévu. Ce jour-là tout le monde est sur le pont : un vaisseau sort de l'hyperespace à proximité du phare, poursuit sa trajectoire dans l'espace normal quelques instants, juste le temps pour l'intelligence artificielle du phare de lui confirmer les spécifications du saut suivant. Après son départ, une alarme retentit : un des détecteurs a repéré un zurfin, un animal sauvage, évoluant à proximité des installations. Les humains doivent aller l'empêcher de nuire. Maria & Felipe prennent place à bord d'un véhicule tout terrain pour sortir à l'extérieur dans la zone disposant d'une atmosphère.



Les deux femmes arrivent sur place, bien armées. Elles repèrent rapidement l'animal sauvage et Felipe fait feu, mais le rate, et en plus se trouve dans la ligne de mire de Maria. Heureusement, Moses peut tirer et il abat le zurfin qui était en train de charger droit sur groupe. Felipe attire l'attention de Maria sur un artefact incrusté dans le sol : le scaphandre spatial d'un Mondorfin, la race extraterrestre de Ekk. Le petit groupe s'approche pour l'examiner et c'est bien un cadavre dans sa combinaison. Soudain le sol tremble : un autre vaisseau vient de sortir de l'hyperespace. Pourtant, Maria Vasquez sait très bien qu'il n'y avait pas d'autre passage de prévu ce jour. Le petit groupe rentre à la base rapidement, et Moses présente d'étranges troubles de langage, comme si l'onde de choc de l'arrivée du vaisseau avait perturbé son intelligence artificielle. Felipe s'en va rejoindre le capitaine Moriz et Ekk dans la salle de contrôle, pendant que Moses et Maria ont une petite discussion, puis que le robot se connecte aux serveurs de la base pour se rendre compte que quelqu'un a dû tripoter les données pour préparer l'arrivée non prévue de ce vaisseau.



Voici une couverture intrigante qui annonce un hommage à Jules Verne, une histoire de phare, et dont le dessin montre qu'il s'agit d'une histoire de science-fiction. Ça fait beaucoup pour un seul récit. L'hommage reste assez discret : les auteurs s'inspirent de Le Phare du bout du monde paru en 1905. Il s'agit plus d'une évocation que d'une adaptation en SF. Il reste bien une base qui sert de phare, ou de balise. En revanche, il n'y a pas de naufrageurs. Les criminels sont devenus des rebelles luttant contre un conglomérat imposant une forme de dictature capitaliste. Les gardiens du phare sont des employés du Conglomérat, et les rebelles luttent pour une cause moralement défendable, même si leurs méthodes sont répréhensibles. Les scénaristes ont su rendre le dilemme moral épineux : une vétéran souffrant d'un syndrome de stress post traumatique et vraisemblablement responsable d'un massacre de combattants ennemis, face à des individus n'hésitant pas à tuer pour pouvoir lutter contre un gouvernement totalitaire. Au fur et à mesure, les uns et les autres montrent leurs facettes moralement condamnables, sans devenir abjects pour autant, simplement des êtres humains forcés par les circonstances, de recourir à l'emploi de la force et de la violence.



De temps à autre, le lecteur se fait à nouveau la remarque que ça fait beaucoup pour un seul récit. D'une certaine manière, les auteurs insèrent des éléments non essentiels qui viennent étoffer le récit, qui attestent qu'il y a plus dans cette histoire que la simple intrigue, car elle se déroule dans un monde bien plus riche. Par exemple, il est patent qu'il y a eu des contacts avec au moins une autre race extraterrestre, et qu'il s'est installé une relation asymétrique, les humains considérant les mondorfins comme un peuple à la capacité intellectuelle inférieure à la leur. En outre, le lecteur comprend qu'il existe des robots avec une intelligence artificielle sophistiquée qui servent de protecteur à un individu désigné, laissant entrevoir une intégration de ces robots dans la société. De la même manière, plusieurs personnages disposent d'une histoire personnelle visiblement riche, que ce soit Carcante avec sa réaction face à un droïde de plaisir, ou Maria Vasquez avec son mari Marcus et sa fille Zenna. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver ces éléments un peu factices car arrivant fort à opportunément sans être développés avant ou par la suite. Ou il peut y voir la preuve que les auteurs ont développé leur monde et leurs protagonistes bien plus en profondeur qu'il n'apparaît dans le fil de l'histoire.



S'il a déjà lu une des œuvres de Haberlin, le lecteur sait qu'il peut s'attendre à une narration visuelle riche en détails avec une précision quasi photographique dans la représentation, ce qui donne une consistance extraordinaire aux éléments de science-fiction, permettant au lecteur de croire en la réalité de ce qui lui est montré, comme dans un film avec un budget se chiffrant en dizaine de millions. C'est effectivement le cas : il peut détailler chaque élément et éprouver l'impression de pouvoir le toucher, de le voir en trois dimensions, de comprendre comment il fonctionne, ce qui fait toute la différence avec des tenues génériques et des accessoires bon marché pour film fauché. Ça commence dès la première page avec une vue d'ensemble du phare, c’est-à-dire une construction métallique bâtie sur un astéroïde, avec des formes élancées pour les bâtiments. Par la suite, le lecteur prend le temps de détailler les combinaisons des gardiens du phare, l'articulation des roues du véhicule tout terrain, la morphologie très détaillée du robot Moses, avec sa bouille sphérique et les articulations hydrauliques de son corps, les différentes armes à feu, les espaces de desserte de la station, ceux du vaisseau intercepté par les rebelles, les différents outils manipulés par les uns et par les autres, la forme des deux vaisseaux spatiaux, et des navettes, etc. En cela les dessins sont vraiment remarquables dans leur niveau de détail, et dans l'attention portée à la conception de chaque élément de genre. En outre, les dessins sont complétés par une mise en couleurs tout aussi soigneuse et soignée.



Le lecteur est donc totalement immergé dans ce futur, ce phare isolé, ces vaisseaux qui passent et l'attaque imprévisible et bien préparée de naufrageurs ayant soigneusement ourdi leur plan pour s'emparer de la cargaison, et cette vétéran qui se retrouve dans une situation difficile, mais qui a pour elle son entraînement. De la même manière qu'un ou deux éléments de l'histoire personnelle de l'un ou l'autre semblent arriver de manière bien opportune, le scénario inclut une ou deux décisions relativement étranges. Le lecteur finit par ne plus trop bien comprendre pourquoi il était important que l'intelligence artificielle de Moses soit déstabilisée par l'irruption du vaisseau dans l'espace normal, il trouve vraiment trop pratique la décision du capitaine Kongre de décider d'une chasse à l'homme, ou d'un duel. Les troubles mentaux de Maria Vasquez font sens mais semblent aussi superfétatoires pour l'intrigue, ou pour la caractérisation du personnage. D'un autre côté, le lecteur ne boude pas son plaisir à découvrir les péripéties, les affrontements, les jeux de chat et de la souris. L'intrigue globale fait sens et l'opposition entre rebelles et employés du conglomérat découle logiquement de leur position sociale, dans deux classes aux intérêts inconciliables. Les coscénaristes ne restent pas à un niveau superficiel, opposant la toute-puissance du commerce et des profits, l'économie de marché faisant tourner le monde, à une société égalitaire et libertaire, où les décisions sont prises en comité. Au cours du dernier épisode, le lecteur découvre que les choses ne sont pas si simples que ça et que les événements sur le Reef ne sont que la culmination de stratégies engagées sur le long terme, à tel point qu'il finit par se demander si les auteurs n'auraient pas eu besoin d'un épisode de plus pour pouvoir raconter tout ça plus sereinement.



Série après série, Haberlin, Hine et Van Dyke proposent des histoires complètes, bien troussées, avec une narration visuelle riche faisant exister les éléments de genre. Ici, le lecteur prend plaisir à se projeter dans un lointain futur sur cet astéroïde à la fonction capitale pour les voyageurs spatiaux au long cours. L'intrigue et la narration visuelle comportent quelques maladresses, vite compensées par un petit surcroît de suspension consentie d'incrédulité, accordé de bonne grâce du fait de la qualité globale du récit, de l'intrigue, et de l'implication totale des créateurs.
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Marqués, tome 1

J'avais cet ouvrage graphique, depuis un moment, en numérique sur l'application Izneo. Très certainement dû à la saison automnale actuelle (la couverture sombre et le titre me font cet effet), je me suis dit que c'était le moment parfait pour enfin le lire.



• Les « Marqués » ont accès à une forme de magie particulière avec leurs tatouages, appelés « glyphes ». Suite à un drame, un certain personnage, Liza, se fera expulser des « Marqués » pour se retrouver dans un groupe militaire, nommé ''Stargate'' (SG-1? Si vous avez la référence...). Liza, de par ses pouvoirs hybrides, finira par devenir très dangereuse...



• Je me suis lancée dans cette lecture un peu tête baissée et pour cette raison, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. En fait, je ne m'attendais à rien, c'est sans doute ce qui explique que je ne suis pas forcément déçue... pour autant, je ne suis pas enthousiaste non plus. On entre directement dans le vif du sujet avec ce récit - si bien que je n'ai pas entièrement compris tous les éléments lié à la magie pratiquée. Pourtant, je trouve ça super sympathique que ça soit à base de ''tatouages''. De plus, et malheureusement, les personnages sont survolés, j'ai à peine retenu leurs prénoms (est-ce lié à la lecture numérique qui atténue ma concentration?). Tout se passe vite, c'est dynamique certes, et les dessins sont plutôt chouettes - bien que je préfère les illustrations douces et tendres - mais cela manque cruellement de profondeur à mon sens. Et surtout, d'originalité. L'histoire est plutôt classique selon moi, ce qui n'est pas un mal en soit, tout dépend des attentes livresques de chacun.



Cette lecture me laisse donc un sentiment de ''mouais, sans plus'' même si c'était divertissant sur le moment. Il y a un tome deux, mais ce premier ne m'a pas assez « marquée » pour continuer (jeu de mot assez facile, j'étais obligée ^^'). Néanmoins, je vous conseille de vous en faire votre propre avis si cette saga vous tente !
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Marqués, tome 1

Une jeune fille participe à un concours de dessin pour obtenir une bourse. Elle découvre qu’elle a en fait été recrutée par une société secrète de sorcières/super-héros.



Là encore, on est dans un pitch assez classique, au point de virer parfois au cliché, avec des personnes dotées de super-pouvoirs qui vont initier les plus jeunes et faire face à une menace diabolique. Il y a beaucoup de ressemblances avec les XMen, par exemple, notamment dans la façon dont le gouvernement est mêlé à l’intrigue. Par contre, là où avec les XMen la notion de « bons » et de « méchants » est plus diluée, avec Marqués on est clairement dans un récit manichéen où les rôles sont explicitement distribués.



Si je reprocherais un manque d’originalité dans certaines idées, d’autres sont plus intéressantes, notamment celles autour des pouvoirs hybrides et de leur transmission.



Pour finir, j’ai beaucoup aimé les dessins. On sort un peu de ce que j’apprécie habituellement au niveau des personnages, mais ça correspondait bien à l’histoire. Il y a beaucoup de détails dans la représentation des tatouages, que j’ai trouvés très réussis.



Très bonne lecture, j’ai hâte de lire la suite!


Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Marqués, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2019/2020, coécrits par David Hine & Brian Haberlin, dessinés et encrés par Haberlin, avec une mise en couleurs réalisée par Geirrod van Dyke.



Quelques jours dans le futur, un cri atroce retentit dans le petit immeuble qui abrite la communauté des Marqués (The Marked). La jeune Saskia est torse nu, et semble entourée de flammes. Elle se retourne vers Mavin, et ses deux yeux sont entièrement noirs, comme morts. Mavin la serre dans ses bras et lui dit que tout va bien se passer. Au temps présent (ou quelques jours dans le passé), Saskia, une jeune adolescente, entre le café Black Brew Coffee House où elle retrouve sa copine Cyreese. Elles papotent des talents de dessinatrice de Saskia et sa copine lui montre une flyer pour un test de dessin, ou plutôt de lecture de dessin : dessiner ce que l'on perçoit dans l'image sur le papier. Elle dessine un oiseau de feu et répond à l'annonce en l'envoyant à l'adresse courriel indiquée. En retour, elle reçoit une invitation à se rendre ans une maison de ville (Town House), où elle est accueillie par un majordome à l'allure massive et sinistre, appelé Lovecraft, puis par Liza, une jeune adolescente qui prend en charge Saskia. Elle l'emmène vers la grande salle, pour la présenter à Mavin, la responsable de la communauté The Marked. Celle-ci lui présente Kismet & Dahlia, les deux personnes chargées de tatouer les membres. Kismet observe Saskia et assure qu'elle a le don. Kismet conjure le glyphe d'un oiseau de feu dans l'air, et Saskia le fait sien le plus naturellement du monde. C'est sûr : elle est une recrue rêvée.



Pendant que Kismet se livre au tatouage de Saskia, elle lui raconte l'histoire des Marqués : les petits groupes qu'ils forment, leur combat contre les Forces des Ténèbres, la façon dont toute trace d'eux est effacée des livres d'Histoire, la bataille magique qui s'est déroulée en même temps que la seconde guerre mondiale, le sacrifice d'un Marqué qui a utilisé le glyphe Omega pour contenir les forces déchaînées par Hitler, la manière dont les soldats américains ont subrepticement récupéré les artefacts magiques disséminés en Allemagne, et le fait qu'ils aient été stockés sur le sol des États-Unis. Une fois la séance de tatouage terminée, Liza emmène Saskia dans la grande salle pour lui présenter les autres membres de la communauté : Cassandra Benis, Benjamin, Lucy, Mandy, Mary-Jane, Rhonda. Puis elle la tire par la main en lui indiquant qu'il est temps d'aller danser dans la boîte de nuit Dion. Mais avant, Cassandra Benis s'occupe de sa coiffure, puis Benjamin s'occupe de sa tenue vestimentaire, chacun en utilisant leur glyphe magique personnel. Enfin il est temps d'aller danser en boîte.



Il s'agit donc de la première série lancée par David Hine & Brian Haberlin en 1 an, juste avant la deuxième . Le lecteur qui apprécie ce tandem retrouve les dessins très léchés du deuxième, avec une mise en couleurs tout aussi travaillée et polie, réalisée par Geirrod van Dyke, qui a également travaillé sur la série Sonata. En entamant ce premier tome, le lecteur sait bien qu'il n'a aucune assurance qu'il y en ait un deuxième, tout dépendant du succès du premier, et peut-être de la vente potentielle du concept pour une exploitation sous forme de film ou de série télévisée. Il n'est pas forcément très impressionné à priori par l'idée de base de la série : des jeunes personnes tatouées ce qui leur permet de libérer leur pouvoir et d'apprendre à le maîtriser. De ce point de vue, les auteurs se montrent moins originaux que pour Sonata : une équipe de jeunes gens, de jeune adolescent à jeune adulte, qui se font tatouer des motifs complexes (autre caractéristique dans l'air du temps pour attirer un lectorat jeune), qui manient des énergies magiques dans une petite communauté secrète (on peut cocher une autre case Cool), pour lutter contre les forces des ténèbres (assez vagues et mystérieuses à ce stade du récit, cocher une case Cliché). Pour faire bonne mesure, ajouter un lien avec la seconde guerre mondiale (fait), et des énergies magiques pyrotechniques (fait). Mais, après tout, si c'est bien fait, la dose de divertissement peut s'avérer satisfaisante, et se suffire.



Dans un premier temps, le lecteur commence par être impressionné par la mise en couleurs. Il éprouve la sensation générale que le coloriste s'applique à réaliser des couleurs équivalentes à la réalité, en peut-être un peu plus propre, sans trace d'usure. Il joue habilement avec de discrètes nuances pour aboutir à un rendu semblant aussi nuancé que la réalité. Il ajoute parfois des textures ou des dégradés qui viennent compléter les contours pour apporter la sensation de matière, la granulosité des surfaces. Il n'y a que pour la peau humaine qu'il procède plus simplement, sûrement pour que les personnages ressortent mieux par rapport à leur environnement. En outre, il maîtrise les effets spéciaux pour des rendus sophistiqués à l'infographie. C'est une évidence dès la première page avec les volutes de fumée s'échappant d'une des fenêtres de la maison de ville des Marqués. C'est confirmé par les effets de flammes dans les 2 pages suivantes, puis quand les tatouages prennent vie avec des effets de fusion, ou avec des reflets d'éclairage artificiel sur des surfaces métalliques. S'il est sensible à ce genre d'effets, le lecteur prend grand plaisir à admirer la maîtrise de van Dyke et son inventivité en la matière.



En fait, ce n'est que s'il prête attention à l'élégance de la mise en couleurs, que le lecteur se rend compte que de temps à temps à autre, pendant une page, le dessinateur se repose sur les compléments ainsi apportés, pour ne pas avoir à dessiner les arrière-plans. Il est possible que Haberlin utilise des références photographiques et un logiciel de modélisation 3D pour certains de ses décors, comme par exemple les vues extérieures de la maison de ville. Dans la mesure où ses dessins s'inscrivent dans un registre très réaliste, cette utilisation de photographies ne choque pas car elles appartiennent au même registre que les dessins. Le lecteur prend donc le temps d'admirer la façade de la maison de ville, les allées de l'entrepôt militaire où sont stockés les artefacts magiques, l'intérieur de la boîte de nuit Dion, l'atelier d'artiste dans la maison de ville, l'immense salle d'entraînement et de test de la base militaire ainsi que ces pièces très fonctionnelles et stériles. Il remarque que l'artiste aime s'amuser de temps à autre avec une composition sortant de l'ordinaire : les escaliers défiant la logique de la gravité dans la maison de ville, ou la sphère complexe au sein de laquelle Liza Hagen a pris place.



Brian Haberlin se montre tout aussi investi pour insuffler du caractère et de la personnalité dans chaque individu. Les membres de la communauté Marked sont tous différents en termes de morphologie et d'âge, avec des styles vestimentaires bien distincts, et bien sûr chacun un motif unique de tatouage. En regardant les personnages, leurs expressions de visage, leurs postures, le lecteur ressent bien la complexité de chaque individu, un être humain à part entière qu'il n'est pas possible de résumer à une seule caractéristique à tel point que le lecteur ressent de la sympathie pour chacun d'entre eux, à un degré plus ou moins important. En y repensant, il se rend compte que Liza Hagen est restée sympathique du début à la fin, malgré ses actions assez irresponsables pour en devenir intentionnellement méchantes, la volonté de nuire étant patente. Elle n'est pas juste méchante parce que souillée ou infectée par les forces des ténèbres, elle reste une jeune adolescente en phase d'apprentissage, qu'il n'est pas possible de condamner sans appel. Le lecteur peut même avoir du mal à croire qu'il ne soit pas capable de la faire basculer dans le camp des méchants, dans une dichotomie basique entre bien et mal.



En 5 pages, la narration visuelle a complètement happé le lecteur qui se laisse mener, sans trop s'offusquer de l'intrigue qui avance rapidement, dans un chemin très balisé. Progressivement, il se rend compte que le rythme du récit constitue un point fort : pas d'atermoiement, mais des faits. La pauvre Saskia paye le prix de la témérité de Lisa Hagen qui s'apparente plus à de l'irresponsabilité. Cette dernière ne s'embarrasse pas de doute ou de remords dramatiques, et va de l'avant, suivant sa logique sans s'inquiéter. Elle dispose d'un niveau de pouvoir qui lui permet d'avoir une grande confiance en elle, d'autres adultes lui portent de l'intérêt, elle peut mener son petit monde à la baguette, son égo est flatté et satisfait. L'armée parvient à la récupérer et la base militaire où elle se retrouve abrite des soldats et des gradés compétents, ce qui évite le cliché des militaires bornés et stupides. Les coscénaristes forcent un peu le trait sur le quota de perte, et l'absence de remords ou d'inquiétude du général sur ce plan-là, mais ça donne lieu à une séquence drôle où un soldat ne parvient pas à maîtriser son pouvoir de vol autonome. Le récit peut ainsi progresser jusqu'à la phase suivante au cours de laquelle Liza Hagen doit répondre de ses actes face aux autres Marqués. La dernière page permet de comprendre qu'elle sera la dynamique de la série s'il y a une suite.



S'il a déjà lu une autre série de Hine & Haberlin, le lecteur sait déjà qu'il va vite être sous le charme de leur narration visuelle, et c'est effectivement le cas. Il peut trouver que l'intrigue ressasse beaucoup de lieux communs décorés avec des éléments à la mode. Rapidement, il se rend compte que le récit avance d'un bon pas, ce qui maintient son attention, et fait que ce tome constitue un chapitre bien consistant. Même si le récit souffre un peu d'un manque d'originalité, la qualité de la narration et l'avancée de l'intrigue en font un divertissement de qualité.
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Daredevil - 100% Marvel, HS : Rédemption

Ce tome contient une histoire complète et autonome, qui ne nécessite pas de connaissance préalable du personnage. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005, écrits par David Hine, dessinés et encrés par Michael Gaydos, avec une mise en couleurs réalisée Lee Loughridge. Les couvertures ont été réalisées par Bill Sienkiewcz L'histoire s'inspire de faits réels : en 1993, 3 enfants de 8 ans (Stevie Branch, Michael Moore et Christopher Byers) sont assassinés et retrouvés ligotés. Leurs corps sont nus et leurs bras sont attachés à leurs corps par les lacets de leurs chaussures : leur cheville droite est attachée à leur poignet droit, de même pour leur cheville gauche et leur poignet gauche. 3 adolescents sont arrêtés et jugés coupables, ayant entre 16 et 18 ans. Une équipe de télévision arrivée sur place pour comprendre comment ces 3 individus avaient commis un crime aussi odieux, sur la base d'un rituel satanique a mis au jour un manque de rigueur dans l'enquête et des préjugés sociaux dans la communauté.



L'histoire se déroule 7 ans dans le passé à Redemption Valley, dans l'Alabama. Au cours de recherches, un policier découvre une basket accrochée à un arbre, puis le corps de Bradley Gideon (8 ans). La police a vite fait de retrouver l'arme du crime derrière une église abandonnée et d'arrêter les 3 jeunes qui s'en servent comme lieu de pratiques sataniques : Joel Flood, Adrienne Bowen et son frère Saul (un simple d'esprit). À New York, Daredevil intervient dans une dispute dans un appartement : un père vient de flanquer une mandale à son fils parce qu'il est rentré trop tard. Daredevil arrête le geste du père avant qu'il n'en retourne une autre, mais le fils prend la défense du père. Daredevil finit par quitter les lieux, en menaçant le père de représailles si jamais il recommence. Le lendemain Matt Murdock argumente le droit à être défendu d'un individu qui a commis des vols pour payer les dettes contractées pour un traitement médical pour son neveu. Il est en pleine discussion avec la stagiaire Constance McDermid qui ne comprend pas qu'il puisse vouloir défendre quelqu'un dont la culpabilité est avérée. Ils sont interrompus par l'arrivée de madame Emily Flood, introduite par Foggy Nelson dans le bureau bien qu'elle n'ait pas de rendez-vous.



Emily Flood explique l'affaire de Redemption Valley. Elle est convaincue que son fils est innocent et qu'il lui faut un avocat de haute volée pour pouvoir s'en sortir, ou au moins éviter la peine de mort. Contre l'avis de son ami Foggy Nelson, Murdock accepte de s'en charger, la conviction de l'innocence du fils professée par la mère l'ayant lui-même convaincu. Ils se rendent à Redemption Valley par avion avec Emily Flood. Le chauffeur de taxi qui les conduit de Huntsville à Redemption Valley ne se gêne pas pour dire sa façon de penser sur Joe Flood et ses deux comparses, et l'affaire au centre de laquelle il s'était déjà retrouvé. Emily Flood finit par lui dire qu'elle est sa mère, ce qui coupe court aux médisances. Arrivée à sa maison, madame Flood découvre une inscription à la peinture : va pourrir en enfer Joel Flood. Elle installe ses hôtes dans leur chambre, et leur fait faire la connaissance de son mari Amos Flood, un légume dans son fauteuil roulant, ancien pasteur. Dès le lendemain, Matt Murdock va s'entretenir avec Joel Flood dans sa cellule, et lui demande s'il est coupable.



Cette histoire est parue dans le label Marvel Knights lancé en 1998 par Jimmy Palmiotti & Joe Quesada, avec l'ambition affichée de réaliser des comics plus matures, avec un taux de réussite impressionnant. Les couvertures de Bill Sienkiewicz montre une réalité tendue, avec une touche expressionniste évoquant une souffrance psychique, souvent face à un simple objet comme la chaussure de la victime ou le lit sur lequel le condamné reçoit l'injection létale. Le lecteur comprend qu'il s'agit d'un récit qui sort de l'ordinaire de ceux de Daredevil, une histoire qui souhaite montrer une communauté intolérante. Cette intention est confirmée par le texte de la quatrième de couverture qui précise que l'auteur s'est inspiré de faits réels, une affaire de meurtre appelée West Memphis Three, dans laquelle 3 adolescents ont été accusés du meurtre de 3 garçons âgés de 8 ans, en 1993, dans une mise en scène évoquant un rituel satanique. Ce genre de récit n'est pas facile à réussir car il évoque une réalité complexe dans un genre (celui de superhéros) qui exige du lecteur une bonne dose de suspension consentie d'incrédulité. David Hine en est bien conscient car il a choisi un héros très urbain de la gamme Marvel, et Matt Murdock ne revêt son costume de diable rouge qu'une fois par épisode et pour un nombre de pages très réduit à chaque fois. Le lecteur n'éprouve pas de sensation de mariage contre nature entre fait divers atroce et acrobaties colorées, d'autant plus que le scénariste s'attache d'abord à raconter une histoire, plutôt que de composer un réquisitoire à charge.



Pour cette histoire, Michael Gaydos a déjà plusieurs années d'expérience puisqu'il a précédemment illustré la série Alias écrite par Brian Michael Bendis. Le lecteur reconnaît les caractéristiques de ses dessins : une façon de représenter les individus et les décors de manière très réaliste, tout en utilisant des traits de détourage un peu gras et à l'épaisseur irrégulière pour renforcer le relief et la profondeur. Le lecteur a l'impression d'observer de vraies personnes évoluant devant ses yeux, avec des morphologies réalistes, des tenues vestimentaires ordinaires, des expressions de visage normales. Il n'y a que les gestes qui soient parfois un peu appuyés, ou les postures un peu dramatisées donnant l'impression que les personnages sont habités par des émotions intenses. Il joue également sur l'épaisseur des traits de contour jusqu’à les transformer parfois en aplats de noir irréguliers pour donner plus de poids à une partie du dessin, comme des ombres portées. Le lecteur se rend compte qu'Emily Flood acquiert vite une vie propre, avec sa surcharge pondérale, le poids des responsabilités, la situation de son fils, mais aussi sa volonté inébranlable qui lui permet de s'occuper de son mari en état végétatif, d'avoir la force de trouver comment défendre son fils, et de supporter le poids d'un secret. Le dessinateur ne cherche ni à l'embellir, ni à l'enlaidir et cette femme n'en devient que plus réelle, sans fard.



Les autres personnages exhalent également cette sensation de proximité, comme s'ils existaient vraiment. Finalement Joel Flood est un jeune homme posé, refusant de renier ses convictions, habillé de manière décontracté, déjà pour partie résigné à son sort, mais encore capable de sourire. Par comparaison, l'apparence d'Howard Gideon est plus marquée, avec une attitude corporelle plus agressive, y compris quand il n'use pas de la force. De temps à autre, Gaydos insiste sur une posture ou une expression de visage, mais sans aller jusqu'à la caricature. Il sait rester dans la retenue pour les gestes du prédicateur en chaire, ou pour la démonstration d'autorité du shérif, après une apparition malvenue de Daredevil. L'artiste montre des individus peu amicaux, mais sans agressivité excessive, sans comportement hors de mesure. Le lecteur observe des individus peu accueillants, mais pas hostiles. Matt Murdock n'enquête pas au milieu d'une communauté hors de contrôle, ou ouvertement liguée contre un bouc émissaire dans une ferveur religieuse relevant du fanatisme. Ce mode de narration visuelle permet de faire coexister Daredevil avec la situation de Joel Gideon, sans créer de dissonance cognitive du fait de genres irréconciliables. Les différents lieux sont représentés avec cette sensibilité réaliste, les simplifications dans la représentation servant à ajouter des textures ou du relief. Le lecteur observe que Michael Gaydos favorise les cases de la largeur de la page, sans pour autant que cela ne devienne une manière de s'économiser en ne dessinant qu'une tête en train de parler au milieu de la case. Il maintient une bonne densité d'informations visuelles tout du long des 6 épisodes, en représentant les éléments de décors dans la largeur des cases.



L'histoire consiste donc en une enquête débouchant sur une plaidoirie pour défendre des adolescents avec des goûts en opposition par rapport à ceux de la communauté, et affichés de manière provocatrice. Le scénariste fait progresser l'enquête régulièrement avec de nouveaux éléments provenant surtout des actions menées par Matt Murdock et Constance McDermid, avec des moyens prosaïques et plausibles. Les apparitions de Daredevil ne servent pas à obtenir des informations opportunes par la force. Le lecteur découvre donc une petite ville de province dont les habitants sont très attachés à leurs traditions, leur église, leur foi, mais sans fanatisme. David Hine sait rester au point d'équilibre pour ne caricaturer personne. Il évoque les croyances de Joel Flood et de ses 2 amis. Il utilise à bon escient les noms d'Aleister Crowley (1875-1947) et Anton LeVay (1930-1997), sans les diaboliser. Il explique pour quelle raison les autorités ne peuvent pas s'en remettre au détecteur de mensonge, et pourquoi Joel Flood ne bénéficie pas d'un alibi. Le récit progresse ainsi vers la scène de tribunal finale. Mais le lecteur se rend compte que le scénariste désamorce le suspense de l'enquête en indiquant à plusieurs reprises l'identité du coupable, en en faisant un individu que rien ne vient racheter (malgré le nom de la ville Rédemption), sans autre motif que son caractère. De manière plus surprenante, l'esprit de la communauté est décrit comme partial mais sans s'attarder sur les causes ou les racines, ce qui désamorce aussi la dimension sociologique du récit. Le discours sur la justice démarre bien dans le premier épisode, mais reste dans des territoires convenus par la suite. Il n'y a pas de développement sur la peine de mort. Le lecteur suit donc le récit avec intérêt, apprécie les dessins, tout en attendant que les auteurs étoffent leur propos.



Ce récit autonome propose une transposition d'une affaire tristement célèbre autour du personnage de Matt Murdock. Le scénariste et le dessinateur savent apporter chaque ingrédient de manière opportune et intelligente. La narration visuelle convient parfaitement à la nature du récit, et le scénariste évite avec habileté la caricature qui aurait nui au récit. Le lecteur apprécie cette lecture adulte, tout en ne pouvant pas se départir de l'impression que les auteurs n'ont pas su mettre à profit ce qu'ils ont développé. Dans ce type d'exercice, Greg Rucka, Ed Brubaker et Michael Lark avaient réussi un récit plus abouti avec le même personnage Daredevil, Tome 18 : Cruel et inhabituel, en 2008.
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Progeny, tome 1

Ce tome comprend les épisodes 25 et 26 de la série Artifacts (scénario de Ron Marz, dessins et encrage de Stjepan Sejic pour 25, de Marco Turini pour 26), les épisodes 164 et 165 de la série Witchblade (scénario de Tim Seely, dessins de Diego Bernard et encrage de Fred Benes & Allison Rodriguez pour 164, dessins et encrage de Nelson Blake II pour 165), et l'épisode 111 de la série Darkness (scénario de David Hine, dessins et encrage de Jerremy Haun). Il contient également l'épisode 1 de la nouvelle série consacrée à Aphrodite IX, sans rapport avec l'histoire principale. Ce tome fait suite à Artifacts vol. 5 (épisodes 19 à 24). Les 2 épisodes de Witchblade ont également été inclus dans Witchblade Rebirth vol. 3 (épisodes 161 à 165). L'épisode de "The Darkness" a également été réédité dans The Darkness Rebirth vol. 2 (épisodes 106 à 111).



Suite à un cataclysme cosmique, Jackie Estacado (The Darkness) a eu la possibilité de recréer le monde en y apportant quelques modifications, lui assurant un plus grand bonheur personnel. En particulier il a annulé le meurtre de sa femme Jenny Romano. Il a conservé sa fille Hope (dans cette nouvelle réalité, sa mère n'est plus Sara Pezzini, mais Jenny Romano). Dans la série "The Darkness", Estacado a eu fort à faire contre Balakov avec qui il a fini par s'allier. Balakov est un agent des Grands Anciens dont l'objectif est de leur ouvrir une porte vers notre univers. Face à Estacado et Balakov, Tom Judge (profiler au FBI) a commencé à réunir autour de lui des porteurs d'autres artefacts (des objets de pouvoir dans ce monde), avec l'aide Tilly Grimes, une numérologue : Rachel Harrison (porteuse de l'artefact Heart of Stone), Finch (Angelus) et Patience (Magdalena). Pour pouvoir espérer avoir une chance contre Estacado et Balakov, il leur reste encore à recruter Sara Pezzini (Witchblade).



Dans cette nouvelle version de l'univers partagé Top Cow (la branche Image dévolue aux créations de Marc Silvestri), "Progeny" est l'occasion d'une forme de crossover de taille très réduite entre les 3 séries existant en 2013. Contrairement à ce que le titre laisse à penser il n'y aura pas de nouvelle naissance. Contrairement à ce que l'existence d'un crossover pourrait laisser supposer, il n'y aura pas de résolution à la situation.



La lecture commence donc avec Ron Marz à qui il échoit de faire le résumé de la situation pour que tous les lecteurs puissent s'y retrouver, et de relater la première confrontation entre les 2 forces en présence. Soit vous êtes un lecteur assidu des séries Top Cow, et vous n'apprendrez pas grand-chose dans ces pages. Soit vous ne connaissez ces personnages ni d'Eve ni d''Adam, et vous en ressortirez avec la conviction qu'ils sont certainement très intéressants, mais que là la situation est vraiment trop nébuleuse. Heureusement, il reste les images toujours aussi inventives de Stjepan Sejic pour se divertir. Il maîtrise maintenant mieux les petits gnomes issus de The Darkness, en leur donnant peut-être une apparence trop littérale, et pas assez gouailleuse. Ses portraits en pied des 4 porteurs d'artefacts sont magnifiques, dans une imagerie empruntant des postures aux saints de l'église (surtout Saint Georges terrassant le Dragon), avec des effets spéciaux très sophistiqués pour rendre compte de leurs tenues. Il utilise avec parcimonie une forme de décalage vers le symbole, en attribuant une couleur franche à l'Angelus (violet) et à Heart of Stone (rouge soutenu), surprenante, et très marquante. 4 étoiles pour une bonne prestation de Stjepan Sejic.



Après cette introduction convaincante, Tim Seeley prend le relais pour un épisode de Witchblade, ayant pour objectif d'apporter un morceau de continuité essentiel à la suite, une rencontre entre Sara Pezzini et Jackie Estacado. À nouveau seul un lecteur déjà fortement investi dans cette version de cet univers partagé pour saisir les tenants et les aboutissants de cette révélation, présentée de manière assez plan-plan, sans dégager d'empathie convaincante. Diego Bernard utilise un style s'approchant de son mieux de celui de Marc Silvestri pour des individus tous sur les nerfs, hurlant plus qu'ils ne parlent, en proie à des sentiments exacerbés que le lecteur a bien du mal à partager. 2 étoiles.



À nouveau l'épisode de "The Darkness" plonge le lecteur dans une autre continuité, tout aussi hermétique au profane. Sorti de la continuité de la série, cette tranche d'histoire provoque les mêmes réactions que l'épisode de Witchblade : incompréhension devant ces personnages très agités, manque d'implication, artificialité des postures des uns et des autres, avec des images originales mais peu engageantes, présentant un fort décalage esthétique avec les 2 épisodes précédents. Dans le contexte des autres épisodes de la série "The Darkness", la narration est plus cohérente et plus efficace. Lisez plutôt The Darkness Rebirth vol. 2. Sous cette réserve, cet épisode mérite 4 étoiles, sinon 2 étoiles.



Le lecteur repasse alors à un épisode de "Artifacts". Malheur, Stjepan Sejic a quitté le navire et il est remplacé par Marco Turini dont le style est complètement inadapté au récit, laid, dépourvu de nuances, incapable de transcrire avec conviction les émotions des personnages, dans des décors d'une rare pauvreté. Le scénario s'embourbe dans un nouvel affrontement noyé dans des atermoiements factices. 1 étoile.



Pour finir, le lecteur découvre une forme d'épilogue au cours duquel Sara Pezzini fait le point sur sa situation et s'interroge pour savoir si elle doit essayer de revenir à New York. Elle papote avec Patrick Gleason, tout en se remémorant des moments intenses de ses aventures en tant que Witchblade, et en éprouvant des difficultés à trier ce qui relève de l'ancienne configuration de la réalité et de la nouvelle. À nouveau Tim Seeley s'avère incapable de susciter de l'empathie pour la situation tarabiscotée de son héroïne, et les dessins oscillent entre le descriptif élégant et les influences mangas mal digérées (pour les visages) ou le simplisme. 1 étoile.



Ce tome comprend aussi la reproduction de toutes les couvertures principales et alternatives, soit 11 au total dont 1 de Marc Silvestri, 5 de John Tyler Christopher, 1 de Bill Sienckiewicz et 1 de Stjepan Sejic.



À la suite de ce crossover inutile, le lecteur pourra découvrir l'issue réelle de ce conflit dans Artifacts Volume 6 (épisodes 25 à 29) et The death of Jackie Estacado (ce dernier illustré par Stjepan Sejic).



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--- L'épisode de la série "Aphrodite IX" est le premier d'une nouvelle version qui bénéficie des dessins magnifiques de Stjepan Sejic, avec un scénario qui monte en puissance petit à petit, pour un divertissement impressionnant dans Aphrodite IX Reborn vol. 1.
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Bulletproof Coffin, tome 2 : Disinterred

Ce tome fait suite à Bulletproof Coffin (2010) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu, mais ça serait dommage de s'en priver. Il regroupe les 6 épisodes de la saison 2, initialement parus en 2012, écrits par David Hine, dessinés et encrés par Shaky Kane qui a également réalisé la couverture. Chaque épisode se termine par deux dessins en pleine page d'un personnage, un édito rédigé par le responsable éditorial Destroyovski, et l'annonce de l'épisode suivant. Il contient également une introduction de 4 pages en noir & blanc, présentée comme un comics de jeunesse de l'artiste.



Tout ce qui va suivre est un mensonge. Un homme entièrement nu avance dans un tunnel souterrain, avec un canif ouvert à la main, et un pendentif au cou. C'est une réplique authentique d'une boussole militaire britannique. Il se rend compte que devant lui la voute du tunnel se fait plus basse, alors que des insectes aveugles continuent de passer près de lui. il sait qu'il est tout proche de la terre promise : il ne lui reste plus qu'à creuser la voute pour percer une ouverture jusqu'à la surface, ce qu'il s'emploie à faire avec une petite cuiller, en tenant sa lampe torche dans la bouche. Il peut enfin passer la tête, le haut du torse et les bras à l'air libre et il constate qu'il se trouve dans un cimetière, la nuit. À quelques mètres de lui, rendu difficile à distinguer par la pluie, un individu est en train de creuser avec une pelle. Le superhéros The Unforgiving Eye rouvre la tombe du superhéros Coffin Fly pour lui permettre de sortir de son cercueil. Coffin Fly perçoit la présence de quelqu'un qui les espionne : il dégaine son pistolet et fait feu. L'individu qui a creusé retombe mort au fond de son trou, sa tête ayant disparu.



Le lendemain, l'inspecteur de police Johnny P. Sartre examine le cadavre au fond de la tombe en essayant de comprendre ce qu'il regarde. Avec l'aide du shérif local, il en déduit qu'il s'agit du meurtre mensuel du tueur de la pleine Lune. Il regarde le cou et estime que la plaie a été cautérisée comme si le tueur avait utilisé un pistolet laser. Son adjointe Ginger Palmer estime qu'il lit trop de comics. Après cette affaire, Johnny P. Sartre va boire quelques coups en écoutant du jazz dans un nightclub. Au fil de la soirée, l'animateur invite les clients à venir raconter une histoire sur scène. Le premier évoque son oncle, médecin de ville réputé, s'étant essayé à une intervention chirurgicale sur son épouse. Le second raconte comment un copain d'université avait guéri sa copine Suzi de son bégaiement. La troisième évoque ce que sa phobie des poils et des cheveux lui a conduit à faire subir à son conjoint. Dans un pavillon de banlieue, le garçon Timmy imagine une aventure de ses héros préférés Unforgiving Eye et Coffin Fly, contre Red Menace. Suit une aventure en 84 cases disposées en désordre. Puis une histoire de soldats zombies pendant la guerre du Vietnam en 25 cartes à collectionner. Enfin, Amelia, une jeune femme obèse à un stade morbide, enquête sur son voisin, un clown.



Le premier tome met en scène des superhéros bizarres et décalés, ainsi que leurs créateurs, et même les auteurs, développant le thème de la responsabilité des créateurs et leur intégrité artistique, avec une forme d'ironie et d'autocritique puisque le scénariste avait travaillé sur des propriétés intellectuelles de DC, Marvel et Top Cow. Lorsqu'il revient pour ce deuxième tome, le lecteur sait donc qu'il va plonger dans des épisodes fonctionnant en mode métacommentaire. Il suppose que les auteurs vont continuer à développer les pratiques professionnelles des éditeurs et des créateurs. En fait, la dimension métacommentaire est bien présente (il suffit de voir la page de publicité pour le teeshirt avec le slogan : Make Mine Meta), mais dans registre moins nombriliste. Le premier épisode met en scène Johnny P. Sartre, un inspecteur de police menant une enquête sur un meurtre qu'il inscrit dans une série de meurtres, avec un mode opératoire caractérisé. Les meurtres sont commis les jours de pleine Lune, la victime est décapitée et sa tête est remplacée par une autre au sens premier ou de manière littérale : une pieuvre, un smiley dessiné sur le mur derrière, un écran de télévision allumée, un miroir. Cependant le métacommentaire se trouve dans les rapprochements que Johnny P. Sartre effectuent pour mener son enquête. Le lecteur connaît le coupable du meurtre au cimetière (Coffin Fly) et l'inspecteur est complètement à côté de la plaque. Il confond corrélation temporelle et causalité. Le métacommentaire porte donc sur la façon dont Johnny projette sa vision du monde sur les faits, avec la certitude d'avoir raison, imposant ainsi sa façon de voir les choses sur une réalité très différente. Le lecteur peut s'amuser à établir des liens (peut-être artificiels, peut-être idiots) avec la philosophie de Jean-Paul Sartre, car le nom de l'enquêteur n'a pas été choisi au hasard. Corrélation ou causalité ?



Les épisodes suivants peuvent donc aussi être lus comme des métacommentaires. Le second prend au dépourvu : le lecteur retrouve bien le personnage de Johnny P. Sartre, mais il est passif, écoutant trois histoires racontées par autant d'interlocuteur. Elles ont chacun la même trame : un individu répare le corps d'un autre, avec succès ou pas. Il est moins facile de rattacher ces nouvelles au principe de réflexion à un second degré, si ce n'est que les interactions montrées où une personne s'arroge le droit de modifier un être humain mettent mal à l'aise, par un traitement graphique grotesque, comme si les auteurs voulaient pointer du doigt que toute interaction entre individus modifie l'un et l'autre. L'épisode suivant montre un jeune garçon inventer une histoire dont les événements ont l'air de réellement survenir dans la réalité : retour à l'interaction entre fiction et réel, à l'interdépendance entre les deux. L'épisode 6 ressemble à un défi : il est annoncé dans l'éditorial de l'épisode 1, et les auteurs se sont ingéniés à imaginer une histoire qui aille avec un point de départ aussi saugrenu, avec des individus bien partis dans leur tête, à la fois humain, à la fois monstrueux dans leur obsession, dans la façon dont ils appréhendent leur existence, et dont ils projettent ce mode de fonctionnement pour interpréter celui des individus qu'ils côtoient. Le lecteur en ressort avec un malaise pesant car il comprend bien que les personnes qu'ils croisent en font de même pour interpréter ses propres actions, et lui-même interprète le comportement d'autrui à l'aune de sa vision limitée et faussée.



Avec l'épisode 4, les auteurs vont jusqu'au bout de leurs expérimentations : 84 cases de la même taille, à raison de 4 par page, et de 4 dessins en pleine page pour terminer l'épisode. En exergue de l'épisode, un texte explique que les auteurs ont travaillé de manière habituelle : un scénario et des dessins, puis ont découpé chaque page ainsi constituée, et mélangé les cases au hasard pour recomposer ainsi de nouvelles pages, avec des cases juxtaposées sans lien de cause à effet. Destroyovski réalise un texte de commentaire en fin d'épisode explicitant cette démarche similaire à celle de Tristan Tzara (1896-1963) consistant à prendre des mots au hasard et à les ordonner de manière erratique, méthode perfectionnée par la suite par William Seward Burroughs (1914-1997). C'est bien sûr une expérience de lecture fort déroutante, entre surréalisme et Dada, mettant à mal les automatismes du lecteur d'établir d'office un lien de causalité d'une case à l'autre, se rendant compte fortuitement d'un tel lien entre deux cases distantes de plusieurs pages, ne parvenant pas à rétablir une logique chronologique, faute d'un manque de repères assez nombreux, faisant l'expérience d'une réalité déstructurée dont la chronologie doit pourtant exister (et encore pas sûr que les auteurs n'aient pas ôté les marqueurs temporels indispensables pour rétablir l'ordre originel). Ce mode narratif hors norme conduit le lecteur à être beaucoup plus participatif, et à considérer chaque image pour elle-même. Il devient alors conscient des qualités de l'artiste qui semble raconter une histoire dans chaque case, comme si le lecteur pouvait imaginer les quelques instants qui ont précédé ce moment, et également imaginer les suivants. Il voit les références picturales comme cette parodie d'un tableau de Roy Lichtenstein (1923-1997) ayant copié sans vergogne une case de comics de Russ Heath (1926-2018).



Le lecteur devient encore plus conscient des qualités des images de l'artiste avec l'épisode 5, raconté sous la forme de cartes à collectionner (trading cards) pour un retour à la guerre du Vietnam avec des zombies, situation déjà développée dans un épisode de la première saison. La forme narrative évoque la série Mars Attacks, également des cartes à collectionner parues en 1962, et illustrées par Wallace Wood (1927-1981) et Norman Saunders (1907-1989). Shaky Kane réalise des images donnant une impression un peu spontanée, pas tout à fait peaufinées, avec une naïveté dans certaines formes, et une cruauté factuelle dans d'autres. Il manie avec un impressionnant savoir-faire les conventions visuelles des comics de zombies, l'horreur visuelle très premier degré des blessures, et l'intégration d'artefacts culturels typiques de l'époque, ou ayant acquis le statut de cliché à force d'être simplifiés et repris par facilité dans les comics bon marché. Ayant ainsi pris conscience de l'humour pince sans rire de l'artiste, le lecteur peut jeter un coup d'œil aux épisodes précédents, et entamer le suivant avec ce point de vue en tête, et la narration visuelle, ainsi que les histoires n'en deviennent que plus savoureuses.



À l'évidence cette deuxième saison suppose que le lecteur soit consentant pour un voyage métaphorique. Sous cette réserve, il se délecte de l'irrévérence des auteurs, de leur capacité à manier les métacommentaires pénétrants et révélateurs, aussi bien dans les situations que dans les dessins, ainsi que l'humour absurde révélateur d'une condition humaine tout aussi absurde. Du grand art.
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The Marked, tome 2 : Origins

Ce tome fait suite à The Marked Volume 1: Fresh Ink (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir u avant pour comprendre qui sont les personnages et les pouvoirs qu'ils tirent de leurs tatouages. Il regroupe les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2020, écrits par Brian Haberlin avec l'aide de David Hine pour les épisodes 6 & 7, dessinés et encrés par Haberlin, avec une mise en couleurs réalisée par Geirrod van Dyke.



Après les affrontements survenus quelques jours auparavant, les membres de la communauté Marked se retrouvent pour une cérémonie d'enterrement un peu particulière au cimetière privé de Baron, dont la localisation est tenue secrète. Un des leurs prononce un discours funèbre rendant hommage au sacrifice de sept membres, devant sept cercueils ouverts contenant le corps du défunt, sauf le dernier, celui de Pope, qui ne contient qu'une guitare électrique. Un sorcier et une sorcière prononcent les paroles rituelles et une flammèche apparaît au-dessus de six premiers cercueils. Elles réapparaissent dans la lanterne tenue par la personne qui se tient devant chaque cercueil : celui de Benjamin, celui de Lucy, celui de Mary-Jane, celui de Constance, et celui de Grace. Seule la lanterne de Pope reste vide et sombre. Saskia laisse tomber la lanterne allumée quelle tenait et elle désigne un endroit juste au-dessus du cercueil avec la guitare : elle vient d'apercevoir le spectre de Pope. Il indique qu'il faut retrouver la jarre de l'âme et que la sienne sera dedans. La communauté regagne l'immeuble de Manhattan qu'elle occupe. Klara indique à Mavin qu'il faut absolument trouver cette jarre. En réponse à la question de son interlocutrice, elle précise que Lovecraft, l'homme à tout faire de la communauté, doit savoir où elle se trouve. Pendant ce temps-là, Saskia se rend dans la chambre de Liza, toujours plongée dans un profond coma. Simon n'a pas quitté ses côtés, et elle lui fait apparaître un repas.



Mavin vient chercher Saskia dans la chambre de Liza car elle a besoin de ses pouvoirs. Afin de réveiller les souvenirs de Lovecraft, Klara raconte son histoire, ce qui lui fait dire que Lovecraft sait où se trouve la jarre. Tout a commencé en 1975 : Pope était un guitariste de session et sa renommée commençait à prendre l'ampleur. La communauté n'ayant pas de projet immédiat, lui et Klara avait décidé de se rendre à Berlin, en commençant par aller faire la fête dans un club. Klara repère Iggy Pop, David Hemmings, et remarque un jeune homme avec des yeux vairon. Pope remarque un jeune homme en train d'écouter de la musique sur son baladeur, ce qui est un comportement très étrange dans une boîte de nuit. Un autre habitué lui explique que cet habitué est en train d'écouter la musique d'Erich Zahn, celle-là même qui est évoquée dans la nouvelle du même nom de Howard Phillips Lovecraft (1890-1937). Il paraît que cette musique peut inspirer les artistes avec du talent, comme les rendre fous. L'homme aux yeux vairon a pu l'écouter une fois. Pope veut absolument pouvoir l'écouter une fois. Il se dirige vers l'homme au baladeur, mais celui-ci prend la poudre d'escampette. Ils le retrouvent dans la ruelle à l'arrière et lui piquent son baladeur.



Le premier tome était sympathique, avec ce principe d'une communauté d'individus dotés de pouvoirs surnaturels, liés à leurs tatouages, comprenant surtout des femmes, et la narration visuelle était splendide. Le lecteur constate que le deuxième tome est réalisé par la même équipe créatrice, même si l'un des deux coscénaristes ne reste que le temps de deux épisodes. D'ailleurs, il s'agit de deux récits, le premier en rapport avec la musique d'Erich Zahn, le second avec un leprechaun en liberté à New York, et la dimension dont il provient. Les auteurs ne prennent pas le temps de représenter leurs personnages : il vaut mieux les avoir en tête avant de commencer sa lecture. Les histoires se focalisent essentiellement sur Mavin, Klara et Saskia. Il ne s'agit par d'une étude de caractère, mais elles ont chacun le sien et elles ne sont pas interchangeables, ni par l'apparence et le langage corporelle, ni par leur comportement et leurs actions. Dans la première histoire, deux autres personnages jouent un rôle secondaire important : Pope et un autre. Dans la seconde, le lecteur fait connaissance avec deux autres : Eden une haute responsable dans l'organisation des Marked, et Lady Kildare qui dispose de la capacité de passer d'une dimension à une autre. L'histoire relève d'abord de l'aventure baignant dans la magie, mais les personnages se conduisent en fonction de leur caractère, ce qui donne plus d'intérêt à la lecture, qu'une simple suite de péripéties.



C'est donc un vrai plaisir de retrouver le duo composé par l'artiste et le coloriste. Dès la première case (environ un cinquième de la hauteur de la page, et occupant toute sa largeur), le lecteur admire leur complémentarité. Il s'agit de l'aile d'une statue d'ange. L'encrage un peu piqueté fait ressortir l'irrégularité de la pierre un peu érodée par le temps. La mise en couleurs renforce la texture sur les parties délimitées, tout en faisant bien ressortir la statue au premier plan, avec des silhouettes d'arbre en arrière-plan. Le lecteur peut ainsi, s'il le souhaite, prendre le temps de regarder plus attentivement certains détails pour y prendre plus de plaisir : le parquet du hall d'accueil monumental de la maison de ville des Marked, les motifs imprimés d'une couette, les camaïeux jaunes dans la dimension du violoniste (d'un côté une aubaine pour le dessinateur qui n'a pas à représenter de décor, de l'autre, une brillante démonstration du savoir-faire du coloriste), la texture des pierres de construction pour les ruines du monde où s'entraîne Saskia, les effets spéciaux quand les créatures surnaturelles disparaissent, les motifs psychédéliques peints sur la carrosserie de la voiture des Marked, les effets spéciaux en forme de papillon, etc. Comme dans le premier tome, le lecteur éprouve la sensation que les pages ont été réalisées par un unique artiste tellement traits encrés et couleurs se complètent de manière organique, sans jamais entrer en conflit ou en dissonance, sans que l'un ne répète des informations visuelles apportées par l'autre.



Étant l'auteur principal, Brian Haberlin raconte un récit comprenant des éléments qu'il aime dessiner, et ça se voit. La scène de l'enterrement est très prenante avec ces lumières qui matérialisent l'esprit (pas forcément l'âme) des défunts. Impossible de résister au caractère inhumain de cette dimension quasiment vide à part quelques bouts de rochers qui flottent dans le vide, et hantée par des créatures à tentacules. Les créatures surnaturelles hantant Manhattan s'avèrent très inspirées, entre kawaï et agressivité pleine de dents acérées. Il est également visible qu'il aime beaucoup la grande carcasse de Lovecraft, sa peau à la teinte verdâtre, son visage un peu trop grand avec des expressions inquiétantes s'il ne comprend pas ou si on le dérange. Il est tout aussi visible qu'il aime bien dessiner les tenues gothiques des femmes composant la communauté des Marked. Il ne se contente pas de vagues vêtements noirs, avec quelques accessoires sur le thème de la mort. Il leur conçoit des habits différents, plausibles, avec des détails différents pour chacune, des accessoires réalistes qu'il serait possible de fabriquer, à l'opposé d'une allure générique sans âme. Il suffit de regarder les bottes de Selene dans la page 3 de l'épisode 9 pour en avoir une preuve patente. C'est donc un vrai plaisir de bout en bout de se projeter dans chaque lieu, et de côtoyer ces personnages si bien définis et cohérents.



Après le premier tome, le lecteur suppose que les auteurs vont proposer de nouvelles aventures permettant d'en apprendre plus sur les Marked, d'explorer leur mythologie, leurs pouvoirs, leurs tatouages. Brian Haberlin, avec l'aide de David Hine, choisit une approche un peu différente : raconter deux histoires, au cours desquelles quelques détails supplémentaires seront évoqués par les personnages, lorsque la situation le justifie. C'est ainsi qu'on apprend qu'il existe une organisation qui structurée qui supervise les différents covens des Marked, ou que les défunts se réincarneront dans un futur plus ou moins proche. Le lecteur s'intéresse donc à la première intrigue, une sorte de développement d'une nouvelle de HP Lovecraft. Il est très surpris de le voir apparaître en personne, encore plus dans un épisode où passe également Iggy Pop et David Bowie. Mais l'intrigue fonctionne plutôt bien, avec une chute bien méchante. La deuxième histoire est bâtie sur une intrigue tout aussi simple (neutraliser un leprechaun qui prend ses aises avec ses tours, à New York) dans laquelle s'entremêlent plusieurs éléments secondaires tels le sort d'une adolescente coincée dans une autre dimension, une inspection d'une responsable de l'organisation des Marked, l'historique d'une inimitié entre Klara et Eden, sans oublier un accès de mauvaise humeur de Lovecraft. Le récit ne tombe pas pour autant dans le registre de la comédie de situation, et les différentes composantes se nourrissent l'une l'autre de manière organique.



Après un premier tome visuellement intéressant mais un peu léger sur le plan de l'histoire, le lecteur revient attiré par une splendide couverture aux tons chauds, et par la promesse de pages tout aussi sophistiquées que dans les épisodes précédents. À nouveau la narration visuelle s'avère épatante, à la fois pour les situations, les paysages, les personnages, et pour la complémentarité entre les dessins et la colorisation. La première histoire est sympathique, avec la participation inattendue d'un écrivain légendaire. La seconde histoire est plus consistante, avec la sensation de suivre la vie d'une petite communauté au travers de plusieurs de ses membres. Il ne reste plus qu'à souhaiter que les créateurs n'en restent pas là.
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Marvel Noir, tome 1 : Spider-Man, Les illus..

Challenge Petits Plaisirs 2014/2015



Une relecture plutôt sympa de Spider-Man dans les années 1930. On n'échappe pas au schéma de base : l'oncle Ben est assassinée, Peter Parker est mordu par une araignée, etc. La ville n'est qu'une toile de corruption dont personne ne peut sortir. Sur fond de Grande Dépression, Spider-Man né dans l'une de ses versions les plus sombres.



On retrouve l'ambiance de l'entre deux-guerres que le cinéma hollywoodien a le mieux conservé à savoir la corruption par la mafia, les bars clandestins ou encore l'aspect "détective". A cela s'ajoute des éléments que l'on ne voit que plus rarement comme l'origine des antagonistes de Spidey (le Vautour, Kraven ou encore le Bouffon) qui sortent tous des foires aux monstres.



Un tome plutôt pas mal. Il est très probable que je lise la suite de Spider-Man dans la collection Marvel Noir !
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Daredevil : Unusual suspects

• « Daredevil : Unusual suspects » de David Hine, Paul Jenkins, Phil Winslade et Michael Gaydos, publié chez Marvel Panini.



• J'ai commencer cette lecture à la suite du défi lecture de BD de Babelio de cet été, couvrant les mois de Juillet et Août, cherchant une BD ayant un

personnage en mouvement dynamique sur sa couverture, dans le but d'étendre ma "culture" BD.



• Avant toute chose, la petite précision concernant cet album. Il fait partie d'une collection d'albums de la maison d'édition Marvel sortie chez Carrefour il y a quelques mois et à prix réduit. Le but de cette collection est de faire connaître à un public plus large certains héros Marvel, dans ce cas précis les "antihéros", et donc d'attirer une nouvelle clientèle avec ces prix attractifs (si l'on compare avec les tarifs habituels des comics). Cette collection est placé sous le label "Marvel Dark - Le côté obscur" et fait suite à la précédente édition de l'année 2020, qui avait eu un succès retentissant, avec des héros plus conventionnels et connus de la masse.



• Je n'ai pas eu l'occasion d'y jeter un œil l'année dernière, les magasins ayant été littéralement dévalisés à une vitesse étourdissante et vivant dans une zone encore assez peu fournie, je n'avais pas assez préparer mon coup ! Cette année, avec cette collection qui s'annonçait plutôt intéressante me concernant, je ne pouvais pas passer à côté ! Comme je travaillais tôt dès le matin, j'ai envoyer les membres de ma famille dès l'ouverture me chercher les exemplaires qui m'intéressaient le plus (celui-ci faisant parti du lot).. résultat des courses, ils ont été très efficace et ont réussi à me ramener la collection dans son entièreté. C'est donc grâce à eux que j'ai le plaisir ou le déplaisir de découvrir ces récits ! Pour information, ils ont réussi à me les ramener de justesse, les gens ayant très rapidement trouver le rayon pour le vider assidûment.



• Je continu donc la lecture de cette collection avec son deuxième numéro, celui que j'attendais le plus : « Daredevil : Unusual suspects ». Grand fan de Daredevil, que j'affectionne depuis la sortie et la découverte de la série adapté du personnage sortie sur Netflix, j'attendais beaucoup de ce volume. Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, l'expérience en a été excellente !



• Ce deuxième numéro centré sur notre justicier de Hell's Kitchen se composent de deux histoires, la première étant présentée dans son entièreté avec ces numéros #1 à #6 , tandis que la seconde regroupes les chapitres numéros #1 à #4 de la série « Unusual suspects Daredevil/Spider-Man (2002 » toujours dans son entièreté. C'est déjà un très bon point pour ce deuxième numéro, contrairement au premier qui offrait des histoires en cours de route qui pouvaient facilement perdre son lecteur, ici l'histoire à un véritable début et une véritable fin. On retrouvera également dans ce volume, comme dans tout les autres de la collection, une introduction et une présentation du personnage central, ainsi qu'une double-page de recommandations sur les comics du héros.



• Ce qui m'a fait adorer ce livre, c'est sa première aventure, qui est tout simplement une tuerie en terme de qualités scénaristiques et visuels. J'ai tout bonnement été bluffé par le travail de David Hine et Michael Gaydos, qui nous offre non pas une histoire sur Daredevil, mais sur Matt Murdock. On pourrait être surpris de voir notre avocat en dehors de sa zone de prédilection qu'est le quartier de Hell's Kitchen, zone qu'il quitte assez peu si ce n'est pour quelques escapades temporaires, mais au final, notre cher Matthew s'en sort avec brio ! L'histoire à tout pour plaire et accroché le lecteur que je suis, elle est moralement violente, poignante, cruelle ; tout en étant d'une beauté amère. Jusqu'au bout, on ne saurait dire où cette histoire va aboutir, d'ailleurs la fin est assez surprenante. La dernière page est incroyable, je suis rester littéralement scotché devant plusieurs secondes. C'est clairement l'une des meilleures histoires du personnage que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui, un coup de cœur !



• La deuxième aventure, bien que très sympathique et pleine de bonnes idées, m'a clairement moins accrochée. Si j'ai été très surpris et heureux d'y voir apparaître certains des méchants ayant été parmi les premiers adversaires du diable de Hell's Kitchen, je dois avouer avoir eu un certain mal à m'adapter à ce changement radical de ton avec la précédente aventure. Cette deuxième histoire se termine dans son dernier chapitre avec un retournement de situation étrange ayant des proportions gigantesques, avec des pouvoirs conséquents en face du justicier. Comme je ne connaissais pas le méchant, l'histoire concernant celui-ci m'a manquée pour pouvoir pleinement profiter du spectacle. Aussi, Spider-Man n'est pas forcement mon héros favoris lorsqu'il s'agit de comics, bien que j'ai adoré le jeu-vidéo sorti sur PS4 et ses itérations cinématographiques, je trouve le héros assez énervant et peu intéressant dans les quelques aventures que j'ai pu découvrir de lui sur papier.. sûrement n'ai-je pas encore trouver la bonne run à lire. Malgré tout ça, j'ai réussi à apprécier cette histoire, notamment grâce au retour de ces fameux ennemis classiques du héros, ainsi que sa confrontation avec le Caïd.



• Une grosse déception vient entacher mon plaisir, en l'absence des couvertures en fin du comics. Très surprenant en sachant que dans le numéro précédent qui concernait Black Widow, aka Natasha Romanoff, ceux-ci étaient présents.. Quel dommage de ne pas pouvoir les découvrir !



• En somme, messieurs les jurés, je n'aurais qu'une dernière chose à vous dire, avant que vous rendiez votre verdict. Vous vous devez de faire le bon choix, en allant de ce pas faire la découverte de ce numéro exceptionnel qui constitue mon client.
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Storm Dogs, tome 1 : L'Orage

Storm Dogs nous entraîne sur une planète plutôt hostile où les morts sont de plus en plus violentes. Une équipe d'aventuriers est chargée d'enquêter dans un milieu plutôt hostile où les pluies sont acides.



J'ai senti qu'il y avait beaucoup de potentiel dans cette nouvelle série de science-fiction mais pas de véritable concrétisation en terme de lisibilité. Dans le même genre, j'ai beaucoup plus apprécié un Siberia 56 d'un Bec plus en phase avec la construction du scénario. Là, cela devient complexe au fur et à mesure que le récit avance. On passe d'un personnage à l'autre sans faire les liens qu'il faudrait.



On a comparé Storm Dogs à un western futuriste sans doute pour son côté colon qui explore de nouveaux territoires. Je n'ai réellement pas eu cette impression.



Bref, un titre moyen en ce qui me concerne car cela n'a pas véritablement pris. Cependant, je reconnais objectivement certaines qualités indéniables.
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The Marked, tome 1 : Fresh Ink

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2019/2020, coécrits par David Hine & Brian Haberlin, dessinés et encrés par Haberlin, avec une mise en couleurs réalisée par Geirrod van Dyke.



Quelques jours dans le futur, un cri atroce retentit dans le petit immeuble qui abrite la communauté des Marqués (The Marked). La jeune Saskia est torse nu, et semble entourée de flammes. Elle se retourne vers Mavin, et ses deux yeux sont entièrement noirs, comme morts. Mavin la serre dans ses bras et lui dit que tout va bien se passer. Au temps présent (ou quelques jours dans le passé), Saskia, une jeune adolescente, entre le café Black Brew Coffee House où elle retrouve sa copine Cyreese. Elles papotent des talents de dessinatrice de Saskia et sa copine lui montre une flyer pour un test de dessin, ou plutôt de lecture de dessin : dessiner ce que l'on perçoit dans l'image sur le papier. Elle dessine un oiseau de feu et répond à l'annonce en l'envoyant à l'adresse courriel indiquée. En retour, elle reçoit une invitation à se rendre ans une maison de ville (Town House), où elle est accueillie par un majordome à l'allure massive et sinistre, appelé Lovecraft, puis par Liza, une jeune adolescente qui prend en charge Saskia. Elle l'emmène vers la grande salle, pour la présenter à Mavin, la responsable de la communauté The Marked. Celle-ci lui présente Kismet & Dahlia, les deux personnes chargées de tatouer les membres. Kismet observe Saskia et assure qu'elle a le don. Kismet conjure le glyphe d'un oiseau de feu dans l'air, et Saskia le fait sien le plus naturellement du monde. C'est sûr : elle est une recrue rêvée.



Pendant que Kismet se livre au tatouage de Saskia, elle lui raconte l'histoire des Marqués : les petits groupes qu'ils forment, leur combat contre les Forces des Ténèbres, la façon dont toute trace d'eux est effacée des livres d'Histoire, la bataille magique qui s'est déroulée en même temps que la seconde guerre mondiale, le sacrifice d'un Marqué qui a utilisé le glyphe Omega pour contenir les forces déchaînées par Hitler, la manière dont les soldats américains ont subrepticement récupéré les artefacts magiques disséminés en Allemagne, et le fait qu'ils aient été stockés sur le sol des États-Unis. Une fois la séance de tatouage terminée, Liza emmène Saskia dans la grande salle pour lui présenter les autres membres de la communauté : Cassandra Benis, Benjamin, Lucy, Mandy, Mary-Jane, Rhonda. Puis elle la tire par la main en lui indiquant qu'il est temps d'aller danser dans la boîte de nuit Dion. Mais avant, Cassandra Benis s'occupe de sa coiffure, puis Benjamin s'occupe de sa tenue vestimentaire, chacun en utilisant leur glyphe magique personnel. Enfin il est temps d'aller danser en boîte.



Il s'agit donc de la première série lancée par David Hine & Brian Haberlin en 1 an, juste avant la deuxième Sonata, tome 1 : La vallée des Dieux. Le lecteur qui apprécie ce tandem retrouve les dessins très léchés du deuxième, avec une mise en couleurs tout aussi travaillée et polie, réalisée par Geirrod van Dyke, qui a également travaillé sur la série Sonata. En entamant ce premier tome, le lecteur sait bien qu'il n'a aucune assurance qu'il y en ait un deuxième, tout dépendant du succès du premier, et peut-être de la vente potentielle du concept pour une exploitation sous forme de film ou de série télévisée. Il n'est pas forcément très impressionné à priori par l'idée de base de la série : des jeunes personnes tatouées ce qui leur permet de libérer leur pouvoir et d'apprendre à le maîtriser. De ce point de vue, les auteurs se montrent moins originaux que pour Sonata : une équipe de jeunes gens, de jeune adolescent à jeune adulte, qui se font tatouer des motifs complexes (autre caractéristique dans l'air du temps pour attirer un lectorat jeune), qui manient des énergies magiques dans une petite communauté secrète (on peut cocher une autre case Cool), pour lutter contre les forces des ténèbres (assez vagues et mystérieuses à ce stade du récit, cocher une case Cliché). Pour faire bonne mesure, ajouter un lien avec la seconde guerre mondiale (fait), et des énergies magiques pyrotechniques (fait). Mais, après tout, si c'est bien fait, la dose de divertissement peut s'avérer satisfaisante, et se suffire.



Dans un premier temps, le lecteur commence par être impressionné par la mise en couleurs. Il éprouve la sensation générale que le coloriste s'applique à réaliser des couleurs équivalentes à la réalité, en peut-être un peu plus propre, sans trace d'usure. Il joue habilement avec de discrètes nuances pour aboutir à un rendu semblant aussi nuancé que la réalité. Il ajoute parfois des textures ou des dégradés qui viennent compléter les contours pour apporter la sensation de matière, la granulosité des surfaces. Il n'y a que pour la peau humaine qu'il procède plus simplement, sûrement pour que les personnages ressortent mieux par rapport à leur environnement. En outre, il maîtrise les effets spéciaux pour des rendus sophistiqués à l'infographie. C'est une évidence dès la première page avec les volutes de fumée s'échappant d'une des fenêtres de la maison de ville des Marqués. C'est confirmé par les effets de flammes dans les 2 pages suivantes, puis quand les tatouages prennent vie avec des effets de fusion, ou avec des reflets d'éclairage artificiel sur des surfaces métalliques. S'il est sensible à ce genre d'effets, le lecteur prend grand plaisir à admirer la maîtrise de van Dyke et son inventivité en la matière.



En fait, ce n'est que s'il prête attention à l'élégance de la mise en couleurs, que le lecteur se rend compte que de temps à temps à autre, pendant une page, le dessinateur se repose sur les compléments ainsi apportés, pour ne pas avoir à dessiner les arrière-plans. Il est possible que Haberlin utilise des références photographiques et un logiciel de modélisation 3D pour certains de ses décors, comme par exemple les vues extérieures de la maison de ville. Dans la mesure où ses dessins s'inscrivent dans un registre très réaliste, cette utilisation de photographies ne choque pas car elles appartiennent au même registre que les dessins. Le lecteur prend donc le temps d'admirer la façade de la maison de ville, les allées de l'entrepôt militaire où sont stockés les artefacts magiques, l'intérieur de la boîte de nuit Dion, l'atelier d'artiste dans la maison de ville, l'immense salle d'entraînement et de test de la base militaire ainsi que ces pièces très fonctionnelles et stériles. Il remarque que l'artiste aime s'amuser de temps à autre avec une composition sortant de l'ordinaire : les escaliers défiant la logique de la gravité dans la maison de ville, ou la sphère complexe au sein de laquelle Liza Hagen a pris place.



Brian Haberlin se montre tout aussi investi pour insuffler du caractère et de la personnalité dans chaque individu. Les membres de la communauté Marked sont tous différents en termes de morphologie et d'âge, avec des styles vestimentaires bien distincts, et bien sûr chacun un motif unique de tatouage. En regardant les personnages, leurs expressions de visage, leurs postures, le lecteur ressent bien la complexité de chaque individu, un être humain à part entière qu'il n'est pas possible de résumer à une seule caractéristique à tel point que le lecteur ressent de la sympathie pour chacun d'entre eux, à un degré plus ou moins important. En y repensant, il se rend compte que Liza Hagen est restée sympathique du début à la fin, malgré ses actions assez irresponsables pour en devenir intentionnellement méchantes, la volonté de nuire étant patente. Elle n'est pas juste méchante parce que souillée ou infectée par les forces des ténèbres, elle reste une jeune adolescente en phase d'apprentissage, qu'il n'est pas possible de condamner sans appel. Le lecteur peut même avoir du mal à croire qu'il ne soit pas capable de la faire basculer dans le camp des méchants, dans une dichotomie basique entre bien et mal.



En 5 pages, la narration visuelle a complètement happé le lecteur qui se laisse mener, sans trop s'offusquer de l'intrigue qui avance rapidement, dans un chemin très balisé. Progressivement, il se rend compte que le rythme du récit constitue un point fort : pas d'atermoiement, mais des faits. La pauvre Saskia paye le prix de la témérité de Lisa Hagen qui s'apparente plus à de l'irresponsabilité. Cette dernière ne s'embarrasse pas de doute ou de remords dramatiques, et va de l'avant, suivant sa logique sans s'inquiéter. Elle dispose d'un niveau de pouvoir qui lui permet d'avoir une grande confiance en elle, d'autres adultes lui portent de l'intérêt, elle peut mener son petit monde à la baguette, son égo est flatté et satisfait. L'armée parvient à la récupérer et la base militaire où elle se retrouve abrite des soldats et des gradés compétents, ce qui évite le cliché des militaires bornés et stupides. Les coscénaristes forcent un peu le trait sur le quota de perte, et l'absence de remords ou d'inquiétude du général sur ce plan-là, mais ça donne lieu à une séquence drôle où un soldat ne parvient pas à maîtriser son pouvoir de vol autonome. Le récit peut ainsi progresser jusqu'à la phase suivante au cours de laquelle Liza Hagen doit répondre de ses actes face aux autres Marqués. La dernière page permet de comprendre qu'elle sera la dynamique de la série s'il y a une suite.



S'il a déjà lu une autre série de Hine & Haberlin, le lecteur sait déjà qu'il va vite être sous le charme de leur narration visuelle, et c'est effectivement le cas. Il peut trouver que l'intrigue ressasse beaucoup de lieux communs décorés avec des éléments à la mode. Rapidement, il se rend compte que le récit avance d'un bon pas, ce qui maintient son attention, et fait que ce tome constitue un chapitre bien consistant. Même si le récit souffre un peu d'un manque d'originalité, la qualité de la narration et l'avancée de l'intrigue en font un divertissement de qualité.
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Crossed Volume 13 TP

Ce tome fait suite à Crossed Volume 12 TP (épisodes 62 à 70). Il contient les épisodes 71 à 74, initialement parus en 2015, ainsi que le numéro spécial 2014. Il s'agit de 2 histoires indépendantes qui ne requièrent pas d'avoir lu d'autres tomes de la série.



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- Five bloody fingers (épisodes 71 à 74) - Scénario de David Hine, dessins et encrage de Nahuel Lopez –



L'action se déroule à Tokyo, 3 jours après l'arrivée de l'épidémie de Crossed. Dans une réunion de yakusas, un chef exige de dépecer un homme de main d'un rival pour récupérer sa peau tatouée. Dépecé, cet individu encore conscient coure dans les rues de Tokyo pour aller prévenir son chef Yamada qui possède un lion apprivoisé Usama.



Hazuki est la fille de Yamada. Elle fait partie d'un groupe d'amis très liés : Satoshi (éditeur de manga), Miku (une sorte d'entraîneuse à la spécialité pointue), Koki, et Taro (un étudiant habitant dans un manga café). Les 5 amis (= les 5 doigts sanglants) se retrouvent ensemble dans un entrepôt desservant un parc d'attraction où se déroule un concours de cosplay. À l'extérieur les Crossed se déchaînent.



Pour ceux qui suivent la série depuis le début, ils constateront que Satoshi n'est autre que l'éditeur du manga "Gore angels", dont l'auteure Emiko était l'un des personnages principal d'une histoire dans le tome 8 ([[ASIN:1592912222 Crossed Volume 8]]). Le scénariste évoque quelques spécificités culturelles japonaises, mais relativement peu nombreuses (le cosplay, l'entraîneuse, les yakusas, les tatouages, le manga café). Comme d'autres auteurs, il mélange l'épidémie des Crossed, avec un récit de genre "bande de copains". Le lecteur apprécie la dynamique de groupe qui existe entre ces 5 amis, Hine ayant la place d'évoquer quelques-unes des particularités de leur relation.



Pour le reste l'auteur a fort à faire, à montrer les Crossed en action, à montrer les 2 parties du groupe, l'une dans l'entrepôt, l'autre cherchant à la rejoindre. Au départ, il s'amuse bien avec l'individu dépecé qui arrive à rester conscient et à se déplacer, ce qui taxe fortement la suspension consentie d'incrédulité du lecteur. Puis il met en place la docilité de ce lion apprivoisé (deuxième élément difficile à avaler), avant de passer aux confrontations contre les Crossed. Il apparaît rapidement que le réel centre d'intérêt du récit est de montrer la nature de l'amitié qui lie ces 5 jeunes adultes, et quelles formes elle prend. Ainsi il arrive à donner de l'épaisseur à ses personnages.



Nahuel Lopez dessine de manière détaillée et figurative, avec un bon niveau de détails. Il est adepte de l'utilisation d'une ligne de largeur uniforme pour détourer les formes, sans variation dans l'épaisseur du trait, avec un usage très restrictif des aplats de noir, uniquement pour les chevelures. Ce choix l'incite à intégrer un bon niveau de détails, en particulier en ce qui concerne les tenues vestimentaires, mais aussi pour les arrière-plans. Les studios Digikore effectuent un bon travail de mise en couleurs en faisant bien ressortir les formes les unes par rapport aux autres, en en jouant sur les nuances pour ajouter du volume à chaque surface.



Ses personnages disposent d'une solide identité visuelle ce qui permet de les reconnaître aisément. Les tenues de cosplayeurs sont variées, mais il n'est possible de reconnaître qu'un Spider-Man, les autres déguisements étant pure invention. Les atrocités commises par les Crossed sont assez génériques, avec une ou deux trouvailles, et représentées avec un niveau de détails suffisant pour mettre le lecteur mal à l'aise. L'anatomie du lion est respectée. Lopez n'arrive pas à faire croire à son niveau de docilité, difficilement crédible dans le scénario. Lorsque les dialogues s'installent sur une page complète, les arrière-plans se vident complètement.



Globalement Nahuel Lopez concrétise des environnements et des personnages consistants et bien développés, avec pour conséquence de mettre en avant les éléments les plus tirés par les cheveux du scénario. Pourtant David Hine est parti d'une idée de base assez solide, avec des yakusas organisés pour pouvoir faire face à une menace physique, et une bande de copains, soudée par des situations stressantes vécues ensemble.



Néanmoins, il apparaît que les Crossed servent de menace générique, sans grande incidence sur le déroulement des événements. Au final le scénariste s'attache plus à la nature des liens qui existent entre ces 5 doigts sanglants qu'à leur relation aux Crossed. Le lecteur prend plaisir à voir la personnalité d'Hazuki s'affirmer avec l'aide de ses amis, et contre celle de son père. De ce point de vue son portrait psychologique est convaincant et en fait une jeune femme attachante. Mais la question se pose de savoir s'il fallait vraiment que cette histoire se déroule dans l'univers des Crossed.



Le lecteur venu pour une histoire des Crossed sera un peu déçu par l'absence de mise en perspective d'horreurs perpétrées par des humains, par comparaison avec les atrocités perverses des Crossed, 3 étoiles. Le lecteur voulant une histoire de zombies perverses, mais avec une intrigue centrée sur des personnages consistants sera plus satisfaits (le niveau d'horreur graphique explicite restant élevé). 4 étoiles.



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- Annuel 2014 – Scénario de Justin Jordan, dessins et encrage de Fernando Heinz -



En Angleterre, dans une prison de la région du Crambridgeshire, Bullock purge une longue peine de prison, et il n'a pas que des amis. Suite à une algarade qui dégénère en baston pour une histoire de savonnettes dans les douches, il se retrouve au mitard. Il finit par en sortir et retrouver Otis, son compagnon de cellule (à son grand soulagement car un aryen massif commençait à se faire insistant et menaçant). Pendant ce temps-là, arrive à l'infirmerie un transfert de la prison d'Hudington, cagoulé à cause de son comportement agressif. Il couve le virus des Crossed.



Il ne s'agit pas du premier scénario des Crossed écrits par Justin Jordan. Le lecteur constate rapidement qu'il s'agit pour lui de marier le genre zombie, avec le genre prison. Il y a donc Bullock très autonome, rapide à la baston et prompt à répondre à la provocation. Il y a le pauvre Otis chétif, pas du tout adapté à cet environnement. Il y a un chef des gardiens un peu sévère, sans aller jusqu'à être sadique. Il y a quelques gardiens corrompus, dont un sympathique à la cause de Bullock. Il y a Callahan, un nazi très balèze, etc.



En 34 pages, Jordan déroule son scénario sans temps morts, avec le virus qui se propage parmi les prisonniers et les gardiens, et Bullock, Otis et Callahan qui s'unissent pour essayer de faire front, ou tout du moins de rester en vie.



Fernando Heinze dessine les intérieurs de la prison, en les rendant substantiels et crédibles. Ses personnages sont aisément reconnaissables, mais soufrent d'expressions de visage un peu exagérées. Par contre, Bullock arbore un sourire sadique assez convaincant et même effrayant. Il éprouve quelques difficultés à conserver une anatomie correcte dans certaines pages, en particulier la stature de Callahan qui varie de 1,50m à 2,50m, en fonction des cadrages. Les premières atrocités commises par les Crossed sont aussi graphiques qu'inventives. Elles deviennent plus communes dans la deuxième moitié du récit.



Les auteurs réalisent une histoire rapide et enlevée, mais sans beaucoup de surprises. Ils ne disposent pas de la pagination nécessaire pour développer le côté carcéral, ni celui des Crossed. Du coup, ils utilisent les codes spécifiques de ces 2 sous-genres pour construire un récit qui tient la route, mais sans grande profondeur. 3 étoiles.
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Crossed 05

Ce tome fait suite à Badlands / Homo superior (épisodes 1 à 9) qui comprenait 2 histoires indépendantes. Pour mémoire, le concept des "Crossed" a donné naissance à une deuxième série prépubliée sur le site internet d'Avatar, puis en recueil à commencer par Wish you were here et scénarisée par Simon Spurrier. Le présent tome comprend également 2 histoires indépendantes : "Yellow Belly" (épisodes 10 à 13 (scénario de David Lapham, dessins et encrage de Jacen Burrows), "The golden road" (épisodes 14 à 18, scénario de David Hine, dessins et encrage de George Duarte pour l'épisode 14, d'Eduardo Vienna pour 15 à 18).



"Yellow belly" - Edmund Winckenthorp est un jeune lâche, faible (et parfois même fourbe), méprisé par tous ses camarades lycée pour sa couardise, à tel point qu'ils l'ont surnommé "foie jaune" (en anglais "yellow belly"). Il a une tendance marquée à fantasmer sur les filles, sans aucun espoir de trouver le courage de parler à l'une d'entre elles. Le soir de la remise de son diplôme, son père l'autorise à conduire la voiture de la famille. Avec son père et son frère, ils se rendent dans la ville d'à coté pour aller au cirque, voir en particulier les monstres de foire (dont un très impressionnant, enchaîné, mordant à pleine dans un serpent), et les numéros d'acrobaties (Edmund se tape une fixette sur la petite culotte et le fessier de l'écuyère acrobate). Un zombie arrive et commence à mordre les gérants du cirque. La panique peut commencer.



Jusqu'ici, David Lapham était détenteur du titre de scénariste du récit le plus immonde de la série avec l'éprouvant Psychopath, et le personnage d'Harold Lorre (qui fait une courte apparition dans "Yellow belly"). Lapham avait su inventer des récits très, très noirs dans lesquels les atrocités des Crossed avaient une fonction narrative qui dépassait le simple effet de choc. Dans la présenté histoire, il propose de suivre les tribulations d'Edmund, un lâche que cette capacité rend particulièrement apte à la survie. Lapham en fait un individu un peu pathétique, à défaut d'être vraiment antipathique, avec un instinct de survie chevillé au corps. L'histoire montre que l'attitude d'Edmund est la plus pertinente face aux Crossed, toujours aussi avides de chair fraîche et d'actes sexuels contre nature. Les différents groupes essayant d'anéantir ce début d'infestation sont mordus, et assaillis par tous les trous, sans espoir d'en réchapper.



Jacen Burrows a conservé le même style de dessin : des contours de forme au trait fin et égal, une approche réaliste et une réelle implication pour trouver des perversions visuelles inventives, pour dessiner la tripaille et faire gicler le sang. Il a fait des progrès en ce qui concerne les visages, tous les personnages se reconnaissent au premier coup d'œil. Il reste quelques décors parfois sacrifiés.



Et pourtant la mayonnaise ne prend pas. Malgré l'horreur indicible que représentent les Crossed, il aurait pu s'agir d'une autre forme d'horreur, l'histoire n'en aurait pas été changée. Chaque acte barbare semble gratuit, sans conséquence directe sur Edmund, si ce n'est d'aiguiser encore plus ses capacités de fuite. Sans devenir générique, les Crossed perdent tout rapport de signification avec le personnage principal. Du coup, le lecteur assiste aux scènes immondes de boucherie comme s'il s'agissait d'éléments du décor. Et là, le résultat devient simplement racoleur, dans la pire acceptation du terme, en faisant appel aux pires instincts de voyeur du lecteur. Même la fin très sarcastique ne permet pas de sauver le récit. Même la courte apparition glaçante d'Harold Lorre ne rachète pas la gratuité de cette violence sadique, dépravée et malsaine. 1 étoile.



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"The golden road" - Gideon Welles est un auteur salué par la critique pour ses romans jusqu'au-boutistes. Tous les ans il organise une sorte de séminaire pour talents prometteurs, dans sa résidence privée de Samarkand, à proximité de Stableford dans le Wisconsin. Les membres de plusieurs habitants présentent des moignons suite à amputation, après accident à la ferme. Welles a mis en lumière qu'il s'agissait de courageuses arnaques : ces automutilations permettant d'empocher une somme rondelette de l'assurance, les mettant à l'abri du besoin. Cette année il a convié 8 jeunes adultes dont les premiers écrits (surtout des critiques) révèlent une volonté de refuser l'hypocrisie des bonnes manières, et de la société en général. Clooney a été sélectionné, ainsi que sa copine Tabitha. Avant de partir, un de leurs amis les prévient que ce séminaire repose sur la lecture de plusieurs ouvrages classiques et polémiques : Le Masque de la mort rouge d'Edgar Allan Poe (1842), Histoire d'O de Pauline Réage (1954), et Les 120 journées de Sodome de Donatien Alphonse François de Sade (1785). En outre, il est de notoriété publique que Welles organise des orgies et qu'il se vante d'avoir forniqué avec toutes les participantes à ses séminaires. Le séminaire débute par un discours de cadrage de Welles, et l'obligation pour chaque participant de se conduire selon un profil psychologique établi par Welles. Clooney sera le trouillard du groupe, Tabitha l'allumeuse. Pendant ce temps, à Stableford, un train arrive avec sa cargaison de Crossed.



Par comparaison avec la première histoire, il est visible que David Hine avait plus d'idées que Lapham pour un récit avec jeu de miroir entre le comportement abject des Crossed, et les manipulations de Welles pour supprimer les couches d'hypocrisie et parvenir à l'essence bestiale de chaque individu. Les références littéraires montrent aussi bien l'intention d'Hine, que ses limites dans sa capacité à retranscrire la forme et le fond de ces romans. La mise en abyme introduite par le jeu de rôles fait long feu et dès le deuxième épisode, il est acquis que les personnages ne jouent plus un rôle. Welles avait saisi l'essence de leur personnalité, sans aucune erreur. Chaque invité se conforme rapidement aux exigences de son rôle jusque dans les transgressions les plus avilissantes, sans forme de rébellion (sauf pour Clooney). En ça, Hine n'arrive pas à dépasser l'attente du lecteur sur cette situation. Pour le reste il s'avère plutôt convaincant, montrant à quel point l'individu est un animal vivant en société, doté d'un bon instinct de survie, le plaçant encore loin des Crossed. Clooney réussit à acquérir un peu de personnalité et les épreuves d'avilissement préparées par Welles sont imaginatives. Il s'agit d'un thriller horrifique qui ne se contente pas de rester à la surface de l'horreur et du gore.



Le récit est bien servi par les dessins d'Eduardo Vienna, un peu moins par ceux de Duarte qui a du mal avec les expressions des visages et l'anatomie (il ne réalise qu'un seul épisode sur 5). Duarte a quand même le temps de s'amuser un peu en donnant le visage de Grant Morrison à Gideon Welles. Comme les invités de Welles, Vienna s'implique dans ses dessins, au-delà des conventions habituelles des comics. Il s'est investi dans la représentation de la cervelle qui gicle, et des chairs déchirées. Il utilise un style réaliste un peu simplifié, mais avec un sens du détail qui tâche. À nouveau les exactions des Crossed font frémir, et ne permettent pas de se rincer l'œil sans arrière pensée. À nouveau leurs actes sont transgressifs, abjects, et insupportables (il ne s'agit plus d'une collection de clichés devenus inoffensifs). Vienna implique son lecteur par le niveau de détail et la mise en scène réaliste.



David Hine n'a peur de rien en se référant au Marquis de Sade, et à Edgard Allan Poe. Il n'atteint pas leur niveau d'imagination et de talent, mais il raconte une histoire dans laquelle les Crossed ne sont pas qu'une menace générique juste plus immonde, avec un personnage principal étoffé et crédible. Le premier épisode installe bien l'histoire, même si les dessins de Duarte sont parfois branlants dans leurs proportions. Les 4 épisodes suivants disposent de visuels transmettant l'horreur des perversions de façon brutale, sans non plus renouveler le genre. 4 étoiles.
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Marvel Noir, tome 6 : Spider-Man, Les yeux ..

• Spider-Man Noir, Tome 2

• David Hine (Scénario) & Carmine Di Giandomenico (Dessin)

• Panini



Etant actuellement dans la lecture des différents récits Marvel Noir, je continue ma route avec le deuxième volume de Spider-Man, après un premier tome que j'avais apprécié sans pour autant que ce soit quelque chose de brillant.



Dans ce récit, nous allons retrouver le Spider-Man des années 30, et cette fois, il sera opposé au Docteur Octopus qui fraye avec les nazis.

De très bonnes idées, un récit vraiment noir qui porte donc bien son nom, mais une exécution peut-être un peu maladroite parfois.

En effet, malgré les très bonnes idées, il manque quelque chose pour que ça fonctionne vraiment bien.



Pour ce tome 2, ce sera donc pareil que le tome 1, sympa mais ça ne restera pas parmi mes meilleures lectures.
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FVZA, tome 1

Quelques fois, je me dis que je dois être sans doute un adolescent attardé pour lire des histoires de vampires et de zombies. le pire, c'est que j'ai aimé. Est-ce que je prends petit à petit goût au sang alors que j'étais autrefois incapable de regarder un film d'horreur ou d'épouvante ?



Non, cette bd est réellement fantastique par son côté histoire alternative. En effet, elle réécrit tout d'abord l'histoire des Etats-Unis en introduisant deux types de fléaux : le zombisme et le vampirisme comme une espèce de virus à éradiquer. Une agence gouvernementale a autrefois existé pour les combattre. Il s'agissait de la Fédéral Vampire and Zombie Agency. Ils ont rempli leur mission vers la fin des années 70 grâce à la découverte d'un vaccin. Cependant, ils doivent désormais rempiler. Voilà pour le contexte brillamment mise en scène !



Outre l'histoire officielle, il y a également le récit plus intimiste de ce grand-père qui protège ses petits-enfants dont les parents ont été tués par ces monstres. Il va les préparer au combat qui les attend.



Les dessins sont magnifiques à donner la chair de poule avec certaines images réellement choquantes et difficiles. Hélas, cela se laisse lire bien trop rapidement. Certes, on pourra reprocher le classicisme du scénario qui lorgne un peu sur les séries B ou Z. Cependant, c'est tellement bien réalisé qu'on se laisse séduire. Un must du genre vampirique !
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Marvel Noir, tome 6 : Spider-Man, Les yeux ..

L'idée de base de cette collection "NOIR" repose sur la transposition de héros Marvel aux années 30, celles du "roman noir". Donc, sur fond de prohibition, de montée du nazisme, de lourdes tensions raciales, on retrouve les super-héros Marvel dans des situations largement inédites.



Peter Parker, héros imaginé en 1962, vit et agit dans le New York des années 30. Le FBI est dirigé par Hoover et subit de lourdes pressions. Le KKK noue des relations avec des groupuscules nazis pronant l'eugénisme. Un étrange savant fou, nommé Octavius (clin d'oeil à Octopus de la série officielle) se livre à des expérimentations sur des noirs, main d'oeuvre docile et bon marché, et les lobotomise pour leur ôter l'envie de se révolter et en faire de bons petits esclaves.



Spider Man va combattre Les Yeux Sans Visage, un homme masqué, sadique et violent, dont il découvrira qu'il s'agit d'un homme de paille. Ce "grand vilain" s'en prendra même à Felicia Hardy, aka La Chatte Noire, seule amie de Spider Man car elle connaît son identité secrète.



Comme le nom de la série l'indique, c'est noir, noir de noir, intense 90% de cacao... pas moins, utilisant largement les codes des romans des années 30-40, avec de l'espionnage et de la violence raciale. Le dessin va également dans ce sens pour un résultat plus que correct, àmha et qui rend bien hommage à la fois à la série originale et aux comics/pulps du genre.
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Daredevil - 100% Marvel, HS : Rédemption

Cette mini-série en six épisodes datant de 2015, écrite par David Hine et dessinée par Michael Gaydos, aura mis du temps à être éditée en français. C’est bizarre car, malgré un récit assez classique, la qualité est au rendez-vous.



Bon, à la base, je ne suis pourtant pas fan d’histoires qui s’amusent à sortir mes héros préférés de leur environnement habituel. Si ça ne tenait qu’à moi, Batman resterait donc à Gotham et le Diable de Hell’s Kitchen… et bien forcément dans les rues sombres d’Hell’s Kitchen ! En envoyant Matt Murdock à Redemption Valley, en Alabama, afin d’y défendre un jeune homme accusé d’avoir tué un petit garçon, David Hine prend néanmoins le risque de changer de décor. Il a heureusement la bonne idée de se concentrer sur Matt Murdock dans son rôle d’avocat, ne sortant le déguisement de Daredevil qu’à de rares occasions. Le lecteur n’a donc pas vraiment droit à un récit de super-héros, mais à l’histoire classique d’un type qui se fait accusé à tort dans un bled perdu des États-Unis parce qu’il est différent des autres membres de cette communauté fort croyante… où il ne fait pas bon d’être sataniste (comme le pauvre accusé) ou de se déguiser en Diable (comme son avocat). De plus, le scénariste fait preuve d’ingéniosité afin que notre ami aux sens ultra-développés ne puisse pas déceler si le jeune homme est coupable ou non.



Inspirée d’une histoire véridique, ce récit qui met l’accent sur Matt Murdock et qui emmène le lecteur dans un bled perdu qui dévoile progressivement ses secrets, ne déborde certes pas d’originalité, mais le scénariste parvient tout de même à livrer un récit prenant et efficace. De plus, la mise en images de Michael Gaydos, rehaussé par la colorisation experte de Lee Loughridge, s’avère plutôt réussie.



Un bon one-shot !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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The Marked, tome 1 : Fresh Ink

Comics pour ado. J'ai bien aimé le début, une sorte de concours de dessin où il faut reproduire ce qu'on voir sur un prospectus. Tout part de là. Ensuite notre héroïne fait directement la rencontre de personnages assez fascinants. Le thème est centré sur des glyphes tatouages virtuels qui sont sources de pouvoirs. Mais ensuite tout bascule, super pouvoirs et méchants s'en mêlent et il faut s'accrocher pour tenir le fil de l'aventure.
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Daredevil - 100% Marvel, HS : Rédemption

Une excellente histoire de Daredevil qui... ne parle pas de Daredevil mais de Matt Murdock.



C'est ce que j'adore chez Marvel, il n'y a pas que l'identité héroïque qui compte mais l'identité civile est aussi très intéressante.



Ici, c'est clairement le cas. On assiste à une enquête et son procès ou Matt Murdock fera tout ce qu'il peut pour sauver un jeune que tout le monde déclare coupable.



Une histoire bien faite et pleine d'émotion.
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