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Bulletproof Coffin tome 2 sur 1
EAN : 9781607065838
200 pages
Image Comics (25/09/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Collecting the second season of the mind-blowing cult-favorite! Featuring the origin of The Shield of Justice, Tales from the Haunted Jazz Club, The Hateful Dead bubblegum cards, the loathsome Kiss The Clown, Coffin Fly versus The Red Menace, and the legendary cut-up issue — "84." What more could you ask for? Okay... we added some "Behind the Scenes" extras, too. Happy now?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Bulletproof Coffin (2010) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu, mais ça serait dommage de s'en priver. Il regroupe les 6 épisodes de la saison 2, initialement parus en 2012, écrits par David Hine, dessinés et encrés par Shaky Kane qui a également réalisé la couverture. Chaque épisode se termine par deux dessins en pleine page d'un personnage, un édito rédigé par le responsable éditorial Destroyovski, et l'annonce de l'épisode suivant. Il contient également une introduction de 4 pages en noir & blanc, présentée comme un comics de jeunesse de l'artiste.

Tout ce qui va suivre est un mensonge. Un homme entièrement nu avance dans un tunnel souterrain, avec un canif ouvert à la main, et un pendentif au cou. C'est une réplique authentique d'une boussole militaire britannique. Il se rend compte que devant lui la voute du tunnel se fait plus basse, alors que des insectes aveugles continuent de passer près de lui. il sait qu'il est tout proche de la terre promise : il ne lui reste plus qu'à creuser la voute pour percer une ouverture jusqu'à la surface, ce qu'il s'emploie à faire avec une petite cuiller, en tenant sa lampe torche dans la bouche. Il peut enfin passer la tête, le haut du torse et les bras à l'air libre et il constate qu'il se trouve dans un cimetière, la nuit. À quelques mètres de lui, rendu difficile à distinguer par la pluie, un individu est en train de creuser avec une pelle. le superhéros The Unforgiving Eye rouvre la tombe du superhéros Coffin Fly pour lui permettre de sortir de son cercueil. Coffin Fly perçoit la présence de quelqu'un qui les espionne : il dégaine son pistolet et fait feu. L'individu qui a creusé retombe mort au fond de son trou, sa tête ayant disparu.

Le lendemain, l'inspecteur de police Johnny P. Sartre examine le cadavre au fond de la tombe en essayant de comprendre ce qu'il regarde. Avec l'aide du shérif local, il en déduit qu'il s'agit du meurtre mensuel du tueur de la pleine Lune. Il regarde le cou et estime que la plaie a été cautérisée comme si le tueur avait utilisé un pistolet laser. Son adjointe Ginger Palmer estime qu'il lit trop de comics. Après cette affaire, Johnny P. Sartre va boire quelques coups en écoutant du jazz dans un nightclub. Au fil de la soirée, l'animateur invite les clients à venir raconter une histoire sur scène. le premier évoque son oncle, médecin de ville réputé, s'étant essayé à une intervention chirurgicale sur son épouse. le second raconte comment un copain d'université avait guéri sa copine Suzi de son bégaiement. La troisième évoque ce que sa phobie des poils et des cheveux lui a conduit à faire subir à son conjoint. Dans un pavillon de banlieue, le garçon Timmy imagine une aventure de ses héros préférés Unforgiving Eye et Coffin Fly, contre Red Menace. Suit une aventure en 84 cases disposées en désordre. Puis une histoire de soldats zombies pendant la guerre du Vietnam en 25 cartes à collectionner. Enfin, Amelia, une jeune femme obèse à un stade morbide, enquête sur son voisin, un clown.

Le premier tome met en scène des superhéros bizarres et décalés, ainsi que leurs créateurs, et même les auteurs, développant le thème de la responsabilité des créateurs et leur intégrité artistique, avec une forme d'ironie et d'autocritique puisque le scénariste avait travaillé sur des propriétés intellectuelles de DC, Marvel et Top Cow. Lorsqu'il revient pour ce deuxième tome, le lecteur sait donc qu'il va plonger dans des épisodes fonctionnant en mode métacommentaire. Il suppose que les auteurs vont continuer à développer les pratiques professionnelles des éditeurs et des créateurs. En fait, la dimension métacommentaire est bien présente (il suffit de voir la page de publicité pour le teeshirt avec le slogan : Make Mine Meta), mais dans registre moins nombriliste. le premier épisode met en scène Johnny P. Sartre, un inspecteur de police menant une enquête sur un meurtre qu'il inscrit dans une série de meurtres, avec un mode opératoire caractérisé. Les meurtres sont commis les jours de pleine Lune, la victime est décapitée et sa tête est remplacée par une autre au sens premier ou de manière littérale : une pieuvre, un smiley dessiné sur le mur derrière, un écran de télévision allumée, un miroir. Cependant le métacommentaire se trouve dans les rapprochements que Johnny P. Sartre effectuent pour mener son enquête. le lecteur connaît le coupable du meurtre au cimetière (Coffin Fly) et l'inspecteur est complètement à côté de la plaque. Il confond corrélation temporelle et causalité. le métacommentaire porte donc sur la façon dont Johnny projette sa vision du monde sur les faits, avec la certitude d'avoir raison, imposant ainsi sa façon de voir les choses sur une réalité très différente. le lecteur peut s'amuser à établir des liens (peut-être artificiels, peut-être idiots) avec la philosophie de Jean-Paul Sartre, car le nom de l'enquêteur n'a pas été choisi au hasard. Corrélation ou causalité ?

Les épisodes suivants peuvent donc aussi être lus comme des métacommentaires. le second prend au dépourvu : le lecteur retrouve bien le personnage de Johnny P. Sartre, mais il est passif, écoutant trois histoires racontées par autant d'interlocuteur. Elles ont chacun la même trame : un individu répare le corps d'un autre, avec succès ou pas. Il est moins facile de rattacher ces nouvelles au principe de réflexion à un second degré, si ce n'est que les interactions montrées où une personne s'arroge le droit de modifier un être humain mettent mal à l'aise, par un traitement graphique grotesque, comme si les auteurs voulaient pointer du doigt que toute interaction entre individus modifie l'un et l'autre. L'épisode suivant montre un jeune garçon inventer une histoire dont les événements ont l'air de réellement survenir dans la réalité : retour à l'interaction entre fiction et réel, à l'interdépendance entre les deux. L'épisode 6 ressemble à un défi : il est annoncé dans l'éditorial de l'épisode 1, et les auteurs se sont ingéniés à imaginer une histoire qui aille avec un point de départ aussi saugrenu, avec des individus bien partis dans leur tête, à la fois humain, à la fois monstrueux dans leur obsession, dans la façon dont ils appréhendent leur existence, et dont ils projettent ce mode de fonctionnement pour interpréter celui des individus qu'ils côtoient. le lecteur en ressort avec un malaise pesant car il comprend bien que les personnes qu'ils croisent en font de même pour interpréter ses propres actions, et lui-même interprète le comportement d'autrui à l'aune de sa vision limitée et faussée.

Avec l'épisode 4, les auteurs vont jusqu'au bout de leurs expérimentations : 84 cases de la même taille, à raison de 4 par page, et de 4 dessins en pleine page pour terminer l'épisode. En exergue de l'épisode, un texte explique que les auteurs ont travaillé de manière habituelle : un scénario et des dessins, puis ont découpé chaque page ainsi constituée, et mélangé les cases au hasard pour recomposer ainsi de nouvelles pages, avec des cases juxtaposées sans lien de cause à effet. Destroyovski réalise un texte de commentaire en fin d'épisode explicitant cette démarche similaire à celle de Tristan Tzara (1896-1963) consistant à prendre des mots au hasard et à les ordonner de manière erratique, méthode perfectionnée par la suite par William Seward Burroughs (1914-1997). C'est bien sûr une expérience de lecture fort déroutante, entre surréalisme et Dada, mettant à mal les automatismes du lecteur d'établir d'office un lien de causalité d'une case à l'autre, se rendant compte fortuitement d'un tel lien entre deux cases distantes de plusieurs pages, ne parvenant pas à rétablir une logique chronologique, faute d'un manque de repères assez nombreux, faisant l'expérience d'une réalité déstructurée dont la chronologie doit pourtant exister (et encore pas sûr que les auteurs n'aient pas ôté les marqueurs temporels indispensables pour rétablir l'ordre originel). Ce mode narratif hors norme conduit le lecteur à être beaucoup plus participatif, et à considérer chaque image pour elle-même. Il devient alors conscient des qualités de l'artiste qui semble raconter une histoire dans chaque case, comme si le lecteur pouvait imaginer les quelques instants qui ont précédé ce moment, et également imaginer les suivants. Il voit les références picturales comme cette parodie d'un tableau de Roy Lichtenstein (1923-1997) ayant copié sans vergogne une case de comics de Russ Heath (1926-2018).

Le lecteur devient encore plus conscient des qualités des images de l'artiste avec l'épisode 5, raconté sous la forme de cartes à collectionner (trading cards) pour un retour à la guerre du Vietnam avec des zombies, situation déjà développée dans un épisode de la première saison. La forme narrative évoque la série Mars Attacks, également des cartes à collectionner parues en 1962, et illustrées par Wallace Wood (1927-1981) et Norman Saunders (1907-1989). Shaky Kane réalise des images donnant une impression un peu spontanée, pas tout à fait peaufinées, avec une naïveté dans certaines formes, et une cruauté factuelle dans d'autres. Il manie avec un impressionnant savoir-faire les conventions visuelles des comics de zombies, l'horreur visuelle très premier degré des blessures, et l'intégration d'artefacts culturels typiques de l'époque, ou ayant acquis le statut de cliché à force d'être simplifiés et repris par facilité dans les comics bon marché. Ayant ainsi pris conscience de l'humour pince sans rire de l'artiste, le lecteur peut jeter un coup d'oeil aux épisodes précédents, et entamer le suivant avec ce point de vue en tête, et la narration visuelle, ainsi que les histoires n'en deviennent que plus savoureuses.

À l'évidence cette deuxième saison suppose que le lecteur soit consentant pour un voyage métaphorique. Sous cette réserve, il se délecte de l'irrévérence des auteurs, de leur capacité à manier les métacommentaires pénétrants et révélateurs, aussi bien dans les situations que dans les dessins, ainsi que l'humour absurde révélateur d'une condition humaine tout aussi absurde. du grand art.
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