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Critiques de David Lopez (II) (174)
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Fief

Chronique de l'ennui dans une zone périphérique quelconque, entre banlieue et campagne, Fief de David Lopez scrute au plus près les vies stagnantes de Jonas et sa bande de copains. Les distractions sont rares dans leurs journées passées à boire, fumer et jouer aux cartes, mais David Lopez met en scène leur principale ressource : le langage.



Puissamment cadencé, distribuant les punchlines à tout-va, passant en quelques pages d'un texte de rap à un résumé très moderne de Voltaire ou de Céline, Fief donne toute son importance à cette langue dite "des banlieues" trop souvent utilisée en littérature comme un gadget qui dispense de tout autre travail de style. Pour David Lopez, il s'agit d'une matière mouvante, dont la maîtrise réclame une attention de tous les instants - comme la boxe que pratique son héros.
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Fief

Cette gifle je l'ai prise en pleine face, et clac d'un coup l'adolescence qui remonte. Autant j'aime lire des livres qui n'ont rien à voir avec ma vie et mon histoire, autant quand c'est fait avec autant d'acuité et de talent, je ne peux que m'incliner.



Jonas, c'est moi. Ses délires, ses potes, ses jeux de carte et ses doutes, les miens. Le cul entre deux chaises, ou même plus, et une résignation qui transpire l'espoir. La boxe, un sport que j'ai un peu pratiqué, aimé puis plus compris, comme lui. Et ça, je ne l'avais honnêtement jamais ressenti avec un livre.



Ce que fait David Lopez dans Fief, c'est prodigieux. Tout y est juste, et certaines scènes me resteront longtemps gravées dans la mémoire. J'aime aussi ses feintes, des choses qu'on craint ou qu'on attend pour les personnages, et qui arrivent ou pas, comme dans la vie.



Alors non, pas de métaphysique ici, mais une puissance rare et très prometteuse, la trempe qui manque à beaucoup de romans, et une langue du contemporain, qui parle d'eux, de toi, de moi. Putain les gars, vous allez me manquer !
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Fief

📕 Résumé : Quelque part entre la banlieue et la campagne, là où leurs parents avant eux ont grandi, Jonas et ses amis tuent le temps. Ils fument, ils jouent aux cartes, ils font pousser de l’herbe dans le jardin, et quand ils sortent, c’est pour constater ce qui les éloigne des autres.

Dans cet univers à cheval entre deux mondes, où tout semble voué à la répétition du même, leur fief, c’est le langage, son usage et son accès, qu’il soit porté par Lahuiss quand il interprète le Candide de Voltaire et explique aux autres comment parler aux filles pour les séduire, par Poto quand il rappe ou invective ses amis, par Ixe et ses sublimes fautes d’orthographe. Ce qui est en jeu, c’est la montée progressive d’une poésie de l’existence dans un monde sans horizon.

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. 📕 Mon Avis : Une amie m'a offert ce livre des @editionsduseuil en me disant qu'elle en avait lu de bonnes critiques. Je me suis lancée et j'ai adoré ! Le livre est écrit en langage familier mais c'est ce qui fait son charme et le rend atypique.

Ce qui est incroyable avec ce roman est me fait qu'il ne se passe pas énormément de choses, dans le sens ou il n'y a pas de suspens etc ..., pourtant j'ai été happée par le roman et est vraiment eu du mal à la lâcher. Je suis même frustrée de l'avoir terminé !

Le moment que je retiens en particulier sont les deux pages où l'un des personnages nous raconte Candide de Voltaire en langage de la té - ci. Une lecture vraiment agréable je recommande.
Lien : https://www.instagram.com/la..
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Fief

Pas si mal ce petit livre (il est assez court !) mais je n ai pu m empêcher de penser que le prix du livre inter avait eu de bien meilleurs lauréats... Martin Winkler entre autres .. Assez peu passionnant, personnages peu attachants il ne se passe presque rien, c est le profond ennui de toute une génération qui transparaît et en cela il reflète bien son époque ..
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Fief

Dans ces zones mal définies qui s'étirent entre la grande banlieue et la campagne profonde, on trouve ces petites villes endormies où rien ne bouge vraiment ...



Quartier résidentiel, barres d'immeuble - la zone - et entre les deux les maisons de la classe moyenne ...



C'est là que traînent Jonas et ses amis, sa bande, ses copains de toujours ou du collège avec qui il n'a pas fait grand chose à l'école et qui, aujourd'hui sont là pour partager alcool et joints, objets d'enchères lors de leurs parties de cartes aux règles fluctuantes ...



Pas trop de filles avec qui aller - elles sont parties - étudier ou travailler  ....



Le père de Jonas, le seul parent dont il est question, ancienne gloire du football local, y joue toujours entre deux sessions de joints sur canapé ... 



Et pourtant une certaine poésie émane de ce roman où il ne se passe pas grand chose qu'une errance immobile, entre petit bois, salle de boxe, terrain de jeux où la pelouse peine à pousser ... 



La bande a son langage, ses expressions, qui déroutantes au début, contribuent à donner cette atmosphère spéciale au goût d'été qui ne s'arrêterait jamais, à l'ennui qui transpire de chaque ligne  ...



Premier roman d'un auteur à peine trentenaire ... qu'il faudra suivre !



Ce roman a reçu le prix du Livre Inter 2018.
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Fief

"Aujourd'hui, t'es soin !"







Ce roman que l'on m'a prêté je l'ai lu il y a quelques semaines déjà et j'avoue au début avoir été ennuyé par le style. Je me suis dit " En voilà encore un qui va nous improviser du Céline " Mais en fait non.



Il y a dans ce livre une volonté de plonger le lecteur au creux du vécu du narrateur Jonas, pour bien le comprendre, pour bien ressentir son quotidien. Il y a une forme de poésie contemporaine, de décadence pré-adulte qui forge à le devenir. Adulte.







Ce que j'ai aimé c'est que c'est brut de décoffrage, c'est sain parce que c'est vécu, c'est un quotidien, celui de la jeunesse des banlieues, de la jeunesse tout court. L'auteur joue avec les mots pour mieux retranscrire son vécu, enfin celui du narrateur, qui, il faut être aveugle pour ne pas le voir, est un clone de l'auteur.



Voilà moi je suis charmé bien que réticent au départ et j'invite ceux et celles qui veulent lire autre chose, de se lancer dans la lecture de FIEF de DAVID LOPEZ.






Lien : https://lesmotsricochent.blo..
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Fief

L’action de Fief se situe entre campagne et banlieue, mais surtout dans les mots de ses personnages. Une langue orale, créative, syncopée, celle de Jonas et sa bande. Elle exprime tout autant leurs désirs de gloire que la mollesse de leur quotidien, à fumer des joints et draguer des filles.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Fief

"Je voulais écrire ce qu'on fait quand on ne fait rien." disait l'auteur dans un entretien que j'ai lu. Ben quand on fait rien, on se fait chier, et ben c'est hyper bien retranscrit. Je me suis rarement autant ennuyée en lisant. D'ailleurs, je me demande toujours pourquoi j'ai pas arrêté après les 30 premières pages, la curiosité je suppose. L'envie de comprendre pourquoi CE livre avait reçu le prix France Inter 2018. Je crois que j'ai compris. Pas parce que c'est un bon livre, punaise c'est pas le cas, mais parce que je suis certaine qu'un bonne partie du jury a du avoir l'impression de s'encanailler en lisant. "Ah, c'est intéressant comment parlent les petits jeunes de banlieues", même si c'est pas la banlieue. "Ah mais c'est comme ça qu'on fume de la drogue? C'est un peu étrange non?". Tu m'étonnes, 15 pages sur comment rouler un oinj... Oui parce que c'est bon, moi aussi je parle le jeune du fief, enfin, le jeune vieux, le 20-25 ans. Alors c'est très bien retranscrit, ça doit faire un voyage pour les CSP+ dans un autre monde. Moi ça m'a juste rappeler mes 20 ans, quand je fouillais chez les potes, enfin, pas comme eux parce que moi j'étais une fille. Y'a pas de filles dans ce bouquin, y'a pas de filles quand t'as 20 ans dans ces coins là. Y'a des te-pu, y'a ta femme quand tu t'es trouvé une copine stable, et le reste, y'en a pas. Mais perdre mon temps, je l'ai fait à 20 ans, j'ai pas envie de le relire 10 ans plus tard.
Maintenant que j'ai bien râlé sur le fond, passons à la forme. Au début je trouvais ça étrange, extrêmement inégal, des moments écrit comme un pied, et d'autres pas si mal. Je donne une bonne note aux deux derniers chapitres qui racontent un combat de boxe, ils sont vraiment bon. Mais le reste... Alors j'ai cherché un peu. Ce livre a été écrit lors de cours d'un master de création littéraire que l'auteur a suivi. Et bien ça se sent tellement, trop d'exercices de style, trop de passages qui sentent la recherche de style, d'expériences. Pourquoi choisir ce livre pour un prix quand ce n'est qu'un assemblage bancal?
Je ne crois pas pour autant que l'auteur ne soit pas talentueux. Mais j'espère que les deux derniers chapitres de ce livre sont les deux premiers d'une œuvre plus équilibrée, plus fouillée, plus vivante...
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Fief

Le Livre INTER récompense chaque année un excellent roman ou plutôt met en valeur un livre passé peut-être inaperçu, pas forcément dans les derniers parus, comme Fief, le premier roman de David Lopez, mis à l'honneur cette année, ouvrage sortant vraiment de l'ordinaire.



J'ai été très surpris dès les premières pages, par ce chapitre intitulé Pablo, un jeu de cartes, où j'ai fait connaissance avec Jonas, le narrateur, et ses amis : Ixe, Poto, Sucré plus d'autres qui débarquent comme Miskine ou Lahuiss. Bien sûr, j'ai été surpris par ces noms, ces surnoms, mais je m'y suis habitué. Ce qui m'a le plus désorienté, c'est le style d'un auteur qui a du talent pour reproduire la façon de parler, les tics de langage de beaucoup de jeunes, aujourd'hui.

Ensuite, j'ai dû supporter sans cesse le joint, le shit, le tabac, le tchek sur l'épaule, l'accolade sur l'omoplate et « Bien ou quoi… » de plus, le verlan, ça va un peu mais ça devient vite pénible comme ce jeu de cartes inintéressant.

Mal parti, je me suis quand même accroché et je ne l'ai pas regretté car David Lopez livre ensuite de bons moments même si ses démons le reprennent de temps à autre, suivant les temps de vie de Jonas.

Parmi les meilleurs chapitres, il y a la boxe car Jonas qui n'a pas d'emploi, ne fait pas d'études, pratique la boxe dans le club de cette petite ville où se déroule l'action. Au passage, je trouve très bien ce choix qui évite Paris ou d'autres grandes villes ou encore quelques banlieues célèbres.

Quand Lahuiss entre en jeu, le niveau monte car il est « assez caillera pour ne pas se renier, assez distingué pour ne pas s'enfoncer. » La scène de la dictée, après une âpre discussion sur les fautes d'orthographe, est un autre moment fort du livre, une scène extraordinaire : « Poto insulte la mère de son stylo, Untel rallume son spliff. Habib regarde sa feuille vite fait il ne voit pas que je l'ai grillé. » Évidemment, ça dégénère mais on arrive à savoir, grâce à Jonas, que l'auteur du texte s'appelle Céline – « c'est qui celle-là… » - et que c'est un extrait de Voyage au bout de la nuit.

Jonas est un personnage attachant. Il n'hésite pas à aller superviser son père qui joue au foot dans une équipe de vétérans. Il nous gratifie de magnifiques scènes d'amour avec Wanda, fille très égoïste : « Elle m'a trouvé moi. Assez éduqué pour échanger trois mots. Assez joli pour être désirable. Trop marqué cependant pour devenir intime. Trop sauvage pour être apprivoisé à long terme. Trop peu désireux de vivre. » Tout Jonas est là comme lorsqu'il détaille ses souvenirs d'enfance.



David Lopez manipule habilement le langage qu'il a choisi de traduire par écrit, sait parler de sport mais ne laisse que peu d'espoir dans cette vie sans véritable ouverture, avec une soirée à hauts risques de temps à autre et l'alcool, les trafics, les drogues dites douces et cette dépendance tellement aliénante.
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Fief

Jonas raconte sa vie, celle de ses amis d’enfance dans cette petite ville dortoir entourée de champs, de bois et de villages. Ils n’ont pas grandi dans la cité, pas plus que dans le quartier pavillonnaire riche. Un quartier à part, des lotissements de petites maisons ouvrières. Jonas fait de la boxe, il aime ça, mais n’aime pas cogner. Lui c’est l’esquive, l’évitement, la fuite. D’ailleurs ses potes le surnomment deux rounds et demi, c’est ce qu’il tient en général.



Jonas et ses amis se retrouvent dans une maison ou l’autre selon le degré d’autonomie. Quand tu ouvres la porte, c’est le nuage de fumée qui t’accueille. Ils fument du shit et jouent aux cartes. Plus petits ils fumaient pour ne pas s’ennuyer, maintenant c’est un style de vie, ils fument, jouent aux cartes, discutent dans leur langage bien particulier et s’ennuient. Le père de Jonas fume aussi et Jonas doit s’occuper de l’approvisionnement pour son père et lui, pas le même dealer.



Jonas et ses amis ont une drôle de vie mais ce qui surprend, c’est qu’ils ne se plaignent de rien. Ils ne pensent pas à l’avenir, vivent dans le présent avec ce qu’ils ont à disposition, c’est à dire, pas grand chose, mais ça leur convient.



Une histoire sur des jeunes bien sympathiques. Jonas parle en caillera quand il est avec ses amis. Il reprend le français de base dans les descriptions de paysages ou de la boxe. C’est surprenant, mais j’ai aimé faire un petit bout de chemin avec ces jeunes. Mention spéciale humour pour l'explication de texte de Candide de Voltaire en caillera, du grand art !
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Fief

J'avoue qu'aux premières pages, il a fallu s'adapter au langage de ces jeunes qui, à l'écrit surtout, m'a beaucoup surprise.

Passé ce passage, j'avoue avoir passé un bon moment.

Les passages sur la boxe, moi qui ne m'y connaît pas du tout dans ce sport, sont admirablement bien écrits, de telle sorte qu'on s'y croyait ! Assez impressionnant.

Par ailleurs, la description que l'auteur fait de la jeunesse face à l'ennui et au désintéressement de leur société est intéressante, même si un peu redondante dans le roman.

je pense que l'auteur a touché juste et c'est pourquoi il a tant convaincu.
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Fief

J'ai entendu parler de ce roman lorsqu'il a reçu le prix du livre Inter 2018. Le jury qui l'a élue en parlait avec tant de ferveur que j'ai immédiatement eu envie de le lire. J'ai malgré tout attendu un peu d'avoir la capacité de m'y plonger pleinement.

Le premier chapitre, je dois bien l'avouer ne m'a pas plu. Il ne s'y passe pas grand chose, ça parle d'un combat de boxe, de roulage de joints... Mais je me suis accrochée parce que je savais, je sentais qu'il y a bien plus que cela. Et en effet, il faut se laisser porter par cette histoire, par la manière dont elle est racontée. Cette histoire c'est l'histoire de Jonas qui pourrait tout aussi bien s’appeler Kévin, Youssef, Hugo ou Mohamed. C'est un jeune homme qui vit en province dans une petite ville comme tant d'autres. Il vit avec son père dans une banlieue pavillonnaire. Pas la banlieue des barres d'immeuble mais pas le quartier tranquille non plus. Il vit dans l'entre deux, avec vue sur les tours et sur les villas bourgeoises. Ses potes et lui ne sont pas des gosses à problème, ils ont des familles, un toit au dessus de leur tête, il ne souffre d'aucune discriminations si ce n'est celle que leur impose leur statut de ni riche, ni pauvre. Ça galère, ça se sent mais c'est plus parce qu'ils sont sortis du système scolaire sans trop savoir quoi faire. Ils sont paumés. Ils ne sont ni idiots, ni particulièrement inadaptés, c'est juste qu'ils ne savent pas comment passer de adolescence à l'âge adulte. Ils sont le reflet de la jeunesse d'aujourd'hui. Pas de boulot, pas de vocation, pas d'avenir tout tracé. Ce ne sont pas de mauvais bougres, juste des gamins perdus. Alors leur journée c'est jeux de cartes et chichon. Du simple consommateur au dealeur leur rencontre tournent inlassablement autour de spliff. Ils s'ennuient, ils fument et parfois ils repensent à leur jeunesse, leur enfance, lorsque tout leur semblait plus simple.

C'est principalement le point de vue de Jonas que l'on suit à travers ce récit écrit comme ça parle dans les quartiers. Il y a du "wesh gros" toutes les deux phrases et cela donne des dialogues irrésistibles auxquels il faut parfois s'accrocher tout de même pour ne pas perdre le fil. Jonas est un petit gars que l'on a envie de prendre sous son aile. Il semble paumé mais le regard qu'il porte sur sa vie et celle de ses potes est plein de lucidité.

Il y a dans ce romans de purs moments de grâce. Si j'ai moyennement aimé les passages sur la boxe quoique ceux-ci sont extrêmement bien écrits, il y a des passages d'une poésie pure. Comme tout ce chapitre sur les saisons, que j'ai adoré et dont je me souviendrais probablement longtemps, le passage avec la coccinelle aussi à la fois drôle et tellement beau...

L'amour que porte Jonas à la nature m'a bouleversé.

'est un très grand roman contemporain que voilà.
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Fief

Poétique de la racaille



Le livre est passionnant par son style car il est travaillé pour aller à l'essentiel. Il colle au plus près des choses et du temps en passant par des motifs. D'où les chapitres courts.



Il restitue le quotidien, dans une langue simple et directe où il mélange des descriptions précises et le parler populaire de la racaille. « Je lui nique sa race au tas de ronces ». Le style commence dans la précision, le corps à corps attentif de tous les protagonistes et il se musicalise au fur à mesure que l'émotion monte. C'est ce qui me plaît le plus dans ce livre : sa langue précise qui évacue tout "résidu de flux" comme le dit l'auteur. On est au plus près du réel, qu’il s’agisse d’un combat de boxe, contre les ronces, contre l’eau de la piscine, d’une balade en vélo ou des grandes lèvres d’une jeune fille...



Et puis ces gens, on les connaît, on les reconnaît, souvent des petites gens, des anonymes. La force du livre vient de l’absence de fioriture de dispersion; David Lopez ne parle que de ceux qu’il connaît depuis longtemps. Il réinvente cette microsociété de ces souvenirs.

L'histoire



Jonas nous raconte sa vie en courts chapitres. Avec ses potes, pour tuer le temps, ils se roulent et partagent des joints. Ils ont chacun leur personnalité, ce ne sont pas des mauvais garçons mais ils savent la crainte qu’ils inspirent chez les jeunes bourges aux pantalons serrés.



« Il y a une telle fragilité qui se dégage des gens bien élevés »



Jonas sort d’un combat de boxe avec un nommé Kerbatchi, il a perdu, il a morflé. Il aura une deuxième chance vers la fin du roman. Jonas fume beaucoup, il tire des lattes des ses spliffes.



Il ne se passe pas grand chose. C’est une chronique de petits durs, dans une zone géographique jamais nommée, autour d’un canal, une ville et ses deux collines où d’un coté il y a les riches, de l’autre ce sont les tours, la zone commerciale et la cité scolaire.







A la salle de boxe, il mène et décrit l'échauffement avec Sucré l'ami, Virgil le boxeur parfait, et le petit jeune de 14 ans qu'il faut entraîner. Le shadow, boxer contre l'invisible. Les gants pattes d’ours pour l’entraînement. Suer jusqu'à tremper tout le maillot.



Sonner à un pavillon à l'abandon, Romain accueille ses nouveaux amis, on joue à la console, on se fume des pétards, Ixe cultive de la beuh au fond du jardin. Débarquent Untel, le renoi, avec Lahoiss qui va leur parler de Candide,Voltaire.



Chapitre avec le pater, qui fume aussi, d'abord sur le canapé, puis au foot. Prendre son vélo et rouler le long du canal. On assiste à un match de football entre amateurs, avec les habitués. Le rôle de Jonas est de compter à chaque fois que son père touche le ballon.







Qu’est-ce-qu’on fait quand on ne fait rien...



La vie suit son cours dans la petite bande de Jonas. Untel vient vendre du shit à son daron dans le petit pavillon au bord de la nationale. Les gars s'improvisent une dictée avec quelques lignes de Céline.



Jonas a un rendez-vous galant avec une jeune fille qui lui laisse faire certaines choses et s’endort après.



Mr Pierrot lui donne une deuxième chance avec le boxeur qui l'a battu. Mais à l'entraînement, après les trois pétards qu'il a fumé, il se fait mettre minable par Sucre et Virgil, juste avant de se ressaisir. Mr Pierrot, son vieil entraîneur (et on voit le vieux Mickey (Burgess Meredith) dans Rocky) l'a bien décrypté: Jonas n'aime pas prendre des coups. Même quand il était gamin et qu'ils se lançaient des marrons à l'automne, il s'efforçaient d'ésquiver. Séquence nostalgie avec un chapitre sur les vacances. Les bandes autour du terrain de basket, la table de ping pong et la mare, dans laquelle les ballons tombent, qui gèle à l'automne. Et le shit, dont l'importance augmente dans leur vie. On appelle ça la dépendance. Sauf que pour la bande, ça devient la normalité.



Tout a changé d'un coup dans la maison de Romain : ils ont taillé la jungle hostile, presque transformé en jardin de Versailles. Les plants d'herbe sont contaminés par un champignon. Ixe est énervé: Untel est en prison. La réalité les rattrape. On invente un jeu où il faut se mettre minable. On part en ville en voiture. Dans un bar, on fait un peu d'esclandre, on se fait remarquer. Lahuiss leur vieux pote ne les snobe pas et leur donne une bonne adresse, une soirée dans une villa. Et il y a Wanda...( et résonne dans ma tête le refrain de Bashung je vais chez Wanda et ses sirènes, et ses sirènes...).











Les garçons s’incrustent dans une fête et on se demande comment ça va se finir. Oh, pas de grands drames... Mais l’alcool aide au pétage de cable...



Dans une villa avec piscine, il y a Wanda en maillot de bain qui lui parle de photographie, il y a une coccinelle à qui il faut sauver la vie, peut-être le plus beau chapitre du livre.



A coté de leur ville, il y a la forêt toute proche, le plaisir de faire un feu de bois et de le regarder brûler.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Fief

Du splif, des taffes, des baffes et des bourre-pifs… et au milieu, un petit peu de littérature. Du moins dans les cent premières pages. Après, tout devient moins caricatural, et plus authentique. Sans doute parce qu’on s’attache aux personnages et que l’auteur se lâche sans chercher d’excuses à ses héros. En bref, fief, c’est une plongée en apnée dans une bande de jeunes minée par le désoeuvrement. Chapeau bas, c’est si difficile de parler de gens qui n’ont rien à dire ou dont la culture est rudimentaire. C’est surtout dur pour les dialogues. D’ailleurs à chaque fois qu’une référence est sortie (Voltaire, Barjavel), ça sonne presque faux dans ce concert de jurons et de mollards. Les passages les plus réussis, à mon goût, sont ceux où l’action est à son paroxysme, le sexe avec Wanda, la boxe avec Pierrot. C’est là que la prose de Lopez fait mouche. Sinon, mieux vaut se rouler un joint pour tuer l’ennui.
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Fief

En refermant les pages de ce livre, le refrain de la chanson de Mylène Farmer (Génération désenchantée) m'est revenu à l'esprit.

David Lopez a réussi un coup de maître en écrivant un roman sur la banlieue en langue "banlieue". Il immerge le lecteur dans ce qui se passe derrière les barrières d'immeubles de nos grandes villes. Les jeunes des cités y ont leurs règles, leurs codes, leur langage. Il y règne la loi du plus fort : on reçoit et on donne des coups. C'est un univers spécial dont le mot de passe se nomme "beuh". Un univers qui, à force d'être vécu, réduit le champs des possibles à un "fief", titre choisi par l'auteur.

A travers une succession de chapitres assez courts, David Lopez nous fait appréhender l'univers d'un petit groupe de jeunes. Le roman consiste essentiellement en répliques permanentes entre les uns et les autres. Il faut vite se (re)mettre à niveau en langue banlieue au risque de ne pas tout comprendre.

Le livre est un constat amer sur une jeunesse qui a vu ses joies partir en fumée (de joint). Le chapitre central (baromètre) est explicite : l'auteur revient sur de nombreuses périodes de l'année qui, auparavant, étaient synonymes de joie et de plaisir puis qui ont laissé place à la prison intérieure que consiste à devenir un drug addict. Dès lors, on ne s'ouvre plus vers l'extérieur, on s'enferme et on fume des joints.

Le sentiment amoureux, décrit par l'auteur, est vidé de toute sa substance. On est à des années-lumières de la génération "peace and love". Jonas, le personnal principal, entretient une relation avec une jeune "bourge" : il n'y est ni question de coeur qui bat la chamade ni de quoi que ce soit de romantique... le porno est passé par là et à modifié les codes!

Il y a des moments savoureux. Le passage de "Candide" de Voltaire, expliqué façon banlieue, est génial. En même temps, c'est une parfaite analyse du problème des banlieues et de ceux qui y vivent.

Ce livre est à recommander mais gare à ceux qui n'ont pas fait "banlieue" en deuxième langue, ils risquent d'en perdre leur latin!!
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Fief

Ce roman traite d'une jeunesse désoeuvrée dont l'espoir a fondu comme neige au soleil. Les jours passent et leur monotonie avec. Seule distraction, un joint puis un autre pour tromper l'ennui, un verre d'alcool puis un autre pour oublier que la vie est chagrin. La boxe et quelques rencontres amoureuses leurs font croire par intermittence à la vie, mais le mal est trop profond pour que la foi subsiste. J'ai aimé ce livre parce que l'auteur nous y démontre avec réalisme une société qui file comme des grains de sable entre les doigts de ceux qu'il l'on prôné.
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Fief

Cette œuvre d’une extrême tendresse nous raconte le destin de Jonas, jeune homme frustré et angoissé accompagné de sa bande de copains, issue d’un nulle part entre la banlieue et la campagne.



La fragilité des personnes nous fait plonger avec plaisir dans ce premier roman plutôt réussi de David Lopez.



Cette oeuvre sur une génération en manque de repères m’a complètement désarçonné.



Il s’agit, avant tout, d’une histoire d’amitié entre cette bande qui a grandi ensemble et qui se retrouve aux portes de l’âge adulte, sans avenir, fuyant le monde extérieur.



N’ayant aucune confiance en eux, ils préfèrent se retrancher derrière leurs frontières, à l’abri dans leur « Fief » rassurant, ils évoluent dans ce lieu où les perspectives d’avenir sont inexistantes.



Livrés à eux-mêmes, ils partagent leur quotidien entre l’ennui, la boxe, le foot, les filles, le cannabis et les jeux de cartes…



Jonas est un jeune homme qui reste emprisonné dans cette vie étroite. Enfermé dans ce carcan, il préfère se résoudre à ne faire aucun choix pour son avenir.



N’ayant aucune prise sur sa vie, son inaction semble déjà dictée par sa naissance, son milieu et ses proches…



Ce cercle vicieux d’un monde cloisonné où règne la procrastination et la désillusion est admirablement bien décrit par David Lopez.



J’ai ri (ce qui est terriblement rare me concernant à la lecture d’un roman) même si le style est déroutant et n’est pas académique, cette œuvre nous procure un joli moment littéraire.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Fief

Excellent moment à lire ce livre. Sur certains points il me fait penser à Eddy Bellegueule. Une écriture coup de point qui nous emmène dans un univers que je ne connaissais pas. Un monde aux frontières de la ville de la banlieue de la campagne à cet âge entre l'adolescence et l'âge adulte ou tout doit être encore possible et pourtant ou rien ne se passe . On se prend d'affection pour ces personnages. J'aimerais bien que l'auteur écrive une suite un jour pour retrouver Jonas, Ixe, Sucré à l'âge adulte.
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Fief

Comment raconter l'ennui, la lassitude, le no-future de certains jeunes de petites villes de province ? Fief c'est cela, une bande de copains, sans boulot ou si peu, sans véritablement avenir qui végète dans leur ville, cité dortoir et qui tue le temps. Raconté un peu comme une série de petites nouvelles, chaque chapitre nous relate une activité de cette bande de jeunes au travers du regard de Jonas. La fumette, le jeu de cartes, la biture, les filles, la nostalgie de l'enfance, l'amitié, les soirées "incrust" l'ennui et la boxe.

Très bien écrit, on passe du langage de ces jeunes au langage soutenu sans difficulté, un bon moment de lecture .
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Fief

Pour ce premier roman, David Lopez relate le quotidien d'un groupe de jeunes hommes pris entre ville et banlieue : amitié, bagarres, clope, shit, alcool, jeux et glande rythment leur quotidien.

Pour Jonas, la boxe semble la seule alternative pour s'en sortir... Dans ce roman que l'on peut qualifier de sociologique, dans ce récit sans dialogue, l'auteur dépeint une jeunesse livrée à elle-même. Leurs vies semblent vides, même les parents ont capitulé.

Il nous interroge aussi : ils ne veulent pas vraiment faire grand chose pour s'en sortir, comme une sorte de complaisance dans leur situation.

C'est touchant, émouvant, tendre. Il y est question de la jeunesse bien sûr mais aussi du passage à l'âge adulte, de la notion de groupe et de l'influence de celui-ci.

Des références littéraires (Voltaire et Céline ) ponctuent le récit.

Le langage au début très argotique , peut déstabiliser mais on s'y habitue vite.



Bref, j'ai beaucoup aimé!
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