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Critiques de David Mack (44)
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Fight club 2

"Première règle du Fight Club : Tu ne parles pas du Fight Club."



"Deuxième règle du Fight Club : Tu ne parles pas du Fight Club."



Bonne nouvelle : Sebastian est de retour.



Mauvaise nouvelle : Tyler Durden aussi...



C'est ainsi que la quatrième de couverture nous présente ce roman graphique qui fait suite directe au roman originel sorti en 1996.



Sebastian, nom d'emprunt pour désigner le personnage principal qui à la base l'on ne connaît pas sa véritable identité, se voit dans cette suite marié à Marla et ayant eu un enfant de cette union.



Sebastian prends un traitement et suit une thérapie.

Problème, Marla trafique les médicaments de Sebastian, qui n'ont plus aucun effet sur lui, très vite Tyler Durden va faire sa réapparition.



Après un accident domestique, le fils de Marla et Sebastian se voit kidnappé après que leur maison ait brûlée dans les flammes.



Voilà pour l'introduction, le pitch de départ de cette bande dessinée.

Autant être clair de suite, c'est un bon Comics mais un très mauvais Fight Club quand on a lu le roman de départ. Il y a quelques bonnes idées mais rien de plus.



Le dessin est bon, mais celà ne suffit pas à redresser la barre.

Autant dire que le roman d'origine se suffit à lui-même et n'a pas besoin d'une suite. Suite qui est différente par rapport au film.



En tant que Fight Club je lui ai accordé 3 étoiles mais en tant que comics, je lui aurais accordé 3,5 ou 4 étoiles.



J'ai réellement été déçu de cette suite dont on aurait pu se passer.
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Daredevil & Echo : Tranches de vide

Ce comics est sorti récemment, en liaison avec la sortie de la nouvelle série Marvel sur Disney+ : Écho, déjà vue dans la série Hawkeye. Je découvre les origines de ce personnage créé par David Mack lors de son arrivée comme scénariste. Joe Quesada, co-scénariste et dessinateur, voulait un nouvel ennemi pour le diable rouge. Mack a créé cette jeune fille au fort potentiel.



Écho a tout du personnage tragique. Son histoire ressemble énormément à celle de Daredevil. Si lui est aveugle, elle est sourde. Se concentrant sur ses autres sens, elle est capable de reproduire à la perfection les gestes qu’elle voit. Cela fait d’elle une pianiste de concert, une boxeuse quasi-professionnelle ou une danseuse étoile.

Comme Daredevil, son père est mort assassiné dans sa jeunesse et elle veut le venger. Le Caïd (ou Kingpin, comme on veut), toujours manipulateur hors pair et qui est son « parrain », parvient à la convaincre que c’est Daredevil qui l’a abattu (je trouve qu’elle se fait facilement convaincre, mais bon, l’émotion doit l’empêcher de raisonner). Évidemment, elle affronte le héros en rouge et en parallèle initie une amourette avec son alter ego, l’avocat cœur d’artichaut Matt Murdock.



L’ambiance tragique ressemble beaucoup à celle développée par Frank Miller en son temps, même si le dessin est beaucoup plus clair. Mais les moments joyeux ne sont pas absents. Si j’ai beaucoup aimé l’histoire portée par des personnages forts, je n’ai en revanche que peu apprécié le dessin. Les personnages ont des visages presque caricaturaux.



Une chouette découverte, quoi qu’il en soit.

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Fight club 2

La BD n'est pas mon univers habituel et j'ai donc posé des yeux de profane sur la suite de Fight Club en version dessinée. Non-initié ne veut pas dire que je me suis plongé dans l'ouvrage à reculons. Bien au contraire, c'est avec un état d'esprit particulièrement curieux que j'ai découvert les premières planches. Pour bien me plonger dans l'ambiance, j'ai d’ailleurs revisionné le film de David Fincher datant de 1999.



Mais n'oublions pas que FC est avant tout un livre (1996) ! Chuck Palahniuk est le géniteur de cette histoire dingue et violente. On le retrouve aux manettes du scénario de cette bande-dessinée (où il se moque d'ailleurs un peu du film au détour de quelques passages), avec Cameron Stewart comme compère pour l'illustration.



Comment résumer l'expérience qu'aura été cette lecture... Démente, surprenante, violente, déstabilisante, renversante... Une plongée au plus profond des esprits malades des personnages (et de leurs auteurs).



Une vraie expérience sensorielle pour le profane que je suis, donc. J'y ai perdu mes repères, ma voix et un peu la tête. Il faut dire qu'il n'est pas toujours évident de suivre cette intrigue déstructurée, découpée en dix parties (Fight Club 2 a été publié en feuilletons aux États-Unis). Heureusement que chaque nouvelle partie s'ouvre sur une sorte de résumé (déjanté et franchement très drôle).



FC 2 fourmille d'idées, d'inspiration, d'imagination et de délires. A travers l'histoire et le texte de Chuck Palahniuk, clairement décalé au point d'intégrer sa propre personne dans le récit. Par le dessin de Cameron Stewart où chaque bulle explose dans un tourbillon de créativité.



J'ai lu les premières pages avec enthousiasme, j'ai commencé à perdre le fil ensuite, je me suis raccroché aux branches, j'ai tenté de laisser s'évader mon esprit et mettre de coté ma raison trop cartésienne. Une vraie expérimentation assez exigeante, qui m'aura fait passer par nombre d'états, de l'excitation à l'énervement, de la réflexion à la rêverie. Et ce n'est pas le final qui m'aura permis de retomber les pieds sur terre.



On a parfois l'impression que les deux auteurs sont en roue libre, même s'ils s'en donnent à cœur joie. Une sensation déstabilisante et assez improbable, surtout concernant la fin qui est... particulière.



Les dessins de Cameron Stewart sont en tout cas d'une expressivité et d'une inventivité étonnantes. Je n'ai aucune compétence pour parler de technique, mais sa manière d'illustrer cette intrigue folle est à son image : franchement barjo.



Un mot sur l'objet, absolument superbe, à l'image de sa couverture intérieure très différente de la sur-couverture, et des étonnantes planches de couvertures alternatives proposées en fin d'ouvrage.



Oubliez tous vos repères, gardez l'esprit ouvert, pas besoin d'être expert, tant qu'on accepte de plonger dans un récit non linéaire. Perturbante, mais vraiment intéressante expérience sensorielle que ce Fight Club 2.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Fight club 2

Dix ans après les évènements du Fight Club (du livre, dont la fin est différente du film), nous retrouvons Sebastian (le nouveau nom du personnage principal hébergeant Tyler Durden) en proie à la monotonie d'une vie principalement composée d'absorption de médicaments principalement d'anxiolytiques, antipsychotiques etc. Il s'est marié avec Marla qui désespère de la disparition de Tyler. Ils ont eu un enfant ensemble.

Et... et voilà, ça ne commence pas forcément très bien mais le développement aurait pu valoir quelque chose. Sauf que non... Tout ce qui faisait de Fight Club une oeuvre explosive n'est plus là : l'humour grinçant disparu, les idées percutantes devenues flasques.

On dirait que le but de l'auteur est de déconstruire tout le mythe de Tyler Durden, au point où

En bref Fight Club n'est plus, avec le temps il s'est transformé en ce Fight Club 2 puéril, puisant à outrance dans tous les pires travers de ce qui fait l'univers niais de la BD, roman graphique, ou quel que soit le nom de ces choses avec dessins et dialogues. J'imagine que les amateurs de romans graphiques y trouveront leur compte, beaucoup de critiques encensent ce Fight Club 2, pour ma part c'est 25 euros mis à la poubelle et la déception de voir l'un de mes livres/films favoris détruit.

Objectivement les dessins sont modernes, parfois pas mauvais bien qu'on sent qu'ils ne sont qu'inspirés de photos calquées (le château de Louis II de Bavière agrémenté d'autres éléments, les visages du club de lecture, etc), et il faut avouer que ça se lit très facilement et très rapidement, qu'on ne passe pas un trop mauvais moment pourvu qu'on ne soit pas trop attaché à Mr Durden, que l'objet en lui-même est de qualité, que les artworks de fin sont beaux, mais le fond reste insipide et a perdu toute la saveur du Fight Club.

La fougue et le nihilisme ont vieilli. Certes, même la Joconde subit les outrages du temps, pourtant certaines idées ne méritent pas de devenir trop matures.
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Fight club 2

Si la fin de Fight Club, au crépuscule du siècle dernier, résonne encore chez vous comme une conclusion parfaite, ne feuilletez pas la suite. Qui veut préserver la magie ne devra pas faire preuve de curiosité.


Lien : http://www.lemonde.fr/bande-..
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Fight club 2

Lorsque David Fincher adapte le Fight Club de Chuck Palahniuk au cinéma, une suite est rapidement évoqué mais ne voit jamais le jour. Jusqu’à ce que l’auteur surprenne son monde en l’annonçant l’an dernier…



Car celui-ci n’a jamais caché qu’il aimait le film même s’il comportait quelques différences avec son roman. Notamment son final. D’ailleurs, lorsqu’il a annoncé qu’il s’attelait à l’écriture d’une suite sous forme de comics en 10 parties (Un seul en France, un intégral), il a d’emblée affirmé qu’il serait heureux que David Fincher l’adapte. Bon, ça risque d’être compliqué au vu du livre, mais pourquoi pas…



Cela fait maintenant 10 ans que Sebastian (le narrateur) est marié avec Marla. Ils ont un enfant et Tyler Durden a disparu en même temps que Sebastian a été mis sous traitement. Mais Marla s’ennuie et décide de baisser les doses, histoire de laisser un peu de place à Tyler de temps en temps. Sauf que le bonhomme n’a pas l’intention de laisser tout ça se passer si facilement et a désormais un nouveau projet : détruire le monde pour le guérir de tout ses maux !



Pas facile de parler du livre car il posséde toute une partie méta qui risque de décevoir une grande partie des lecteurs. Si cela commence de maniére trés calme (un appel vers un certain Mr. Palahniuk qui ne pourrait être qu’un clin d’oeil), cela avance rapidement avec le passage des personnages devant l’affiche d’un cinéma proposant un certain Fight Club avec Edward Norton et Brad Pitt, suivi d’une image représentant une scéne du film, avec Brad Pitt en Tyler Durden. Et on finira décontenancé avec un Chuck Palahniuk illustrant ses difficultés à boucler l’histoire. Il ne se générera d’ailleurs pas, en début de livre, pour préciser que cette suite suit la fin du roman, et non celle du film !



Perdu ? Décontenancé ? On peut l’être, ce sera légitime mais le livre illustre au final parfaitement un propos schizophrène, autant que son personnage, que l’oeuvre elle même (le livre par rapport au film), que son auteur ou ses lecteurs. Impertinent comme souvent, Palahniuk fait ce qu’il veut et moi je le suis sur les 10 chapitres (le 11éme revisite la fin du roman original) et vous conseille ce Fight Club 2, qui posséde d’ailleurs de trés beaux dessins !
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Cover, tome 1

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les 6 épisodes de la saison, écrits par Brian Michael Bendis, dessinés et encrés par David Mack, mis en couleurs par Zu Orzu. L'épisode 3 comprend 4 pages dessinées et encrées par Bill Sienkiewicz. Les épisodes 4 et 5 comprennent 2 pages dessinées et encrées par Michael Avon Oeming. Les magnifiques couvertures ont été peintes par David Mack. Les couvertures variantes ont été réalisées par Zu Orzu, Bill Sienkiewicz, Nick Derington, Mitch Gerads, Ivan Reis, Jim Lee. Le tome s'ouvre avec une introduction en texte de 2 pages, rédigée par David Mack et revenant sur la genèse du projet, ainsi que sur son amitié avec Bendis.



Une convention de comics à Detroit : des visiteurs avec des cosplays divers et variés qui échangent des informations et des jugements de valeur plus ou moins pertinents, des auteurs qui dédicacent à tour de bras si quelqu'un vient les voir. Parmi eux, Max Field dispose de sa table personnelle et dédicace son comics Ninja Sword Odyssey, ainsi que les couvertures qu'il a pu réaliser pour un crossover de superhéros. Une jolie jeune femme s'approche de sa table et lui demande si c'est lui qui a dessiné tout ça. Il répond par l'affirmative, et même que c'est fait main. En feuilletant ses pages, Julia se rend compte qu'il est l'auteur de Ninja Sword Odyssey, et elle en est fan. Elle décide de lui acheter trois planches originales, chacune à 800 dollars, en espèce qui plus est. Une fois qu'elle est partie, Max Field n'en revient pas, et son copain scénariste Owen James est tout aussi surpris que lui. Une autre jeune femme s'approche de la table pour admirer une planche de Ninja Sword Odyssey. Ledit comics raconte l'histoire d'un jeune garçon, fils de samouraï. Un jour son père rentre chez lui et lui explique les règles ont changé, et qu'il a perdu son boulot. Maintenant il n'a que des boulots sans règles. Son père lui apprend son métier, à la dure, en prévenant qu'un jour il faudra déménager et disparaître. L'enfant se demande pourquoi son père l'a abandonné par la suite.



Quelques jours après la convention, Max Field est à sa table à dessin chez lui, en train de réaliser des planches quand la sonnette retentit. Il va ouvrir : c'est son père. Ce dernier explique qu'il est gêné aux entournures, financièrement parlant, à peu près l'équivalent de six cents dollars. Après une discussion embarrassante, Max lui remet mille dollars. Une autre ville, une autre convention : Max Field intervient sur scène pour un panel. Il raconte une anecdote : une femme qui souhaité qu'il dédicace son chien. Une fois qu'il a regagné sa table, Julia apparaît à nouveau. Cette fois-ci elle achète toutes les planches de Ninja Sword Odyssey qu'il a à vendre, et elle l'invite dans l'un des meilleurs restaurants de la ville. Au cours de la conversation, elle lui apprend qu'elle a étudié à Langley et qu'elle est analyste pour la CIA. Elle lui parle de son père. Elle laisse entendre que la situation internationale n'a jamais été aussi tendue. Elle lui explique que c'est pour ça qu'elle trouve que le travail de Max est si important : il permet à Julia de s'évader. Elle reçoit un appel et indique à Max qu'elle doit y répondre. Elle se lève de table pour parler tranquillement. Elle ne revient pas. Le lendemain dans l'avion du retour, Max Field explique à son ami Owen qu'il a dû régler la note de ce restaurant, une étoile dans le guide Michelin. La routine reprend ses droits : Max Field dessine à sa table de travail. Dans le courrier, il reçoit une invitation pour une convention à Istanbul.



En 2017, Brian Michael Bendis indique qu'il a décidé de changer de maison d'édition. Il a commencé à travailler pour Marvel en 2000, et après 17 ans, il va travailler pour DC Comics. Il en profite pour emmener avec lui ses séries indépendantes, pour en continuer 2 et en lancer 2 nouvelles avec des collaborateurs de longue date : The United States of Murder Inc. avec Michael Avon Oeming, Scarlet avec Alex Maleev, et pour les nouvelles Pearl avec Michael Gaydos, et celle-ci. Le lecteur part avec l'espoir de lire une bande dessinée qui sort de l'ordinaire. Bendis est souvent très bon dans ses séries indépendantes, et David Mack est l'auteur complet d'histoires extraordinaires comme la série Kabuki ou Daredevil / Echo: Vision Quest. Il découvre une histoire d'espionnage bien troussée : Max Field est officieusement recruté par Julia : en fait elle le manipule sans vergogne, jouant un peu sur sa séduction, un peu sur son patriotisme, un peu sur son ego en lui donnant de l'importance. Max Field en paye le prix en se faisant passer à tabac, ligoté sur une chaise, par un artiste massif et brutal. Derrière des couvertures magnifiques évoquant secret et faux-semblant, le lecteur découvre des approches visuelles disparates, allant de dessins encrés un peu simplistes et mal assurés (la foule de cosplayeurs dans la première convention), à des aquarelles impressionnistes avec des couleurs ternes ou au contraire flamboyantes, sans oublier le dessin en double page de Bill Sienkiewicz en mode Jack Kirby, revisité par Walter Simonson et Philippe Druillet, et les pages de BD dans la BD avec les dessins entre pop-art et expressionnisme de Michael Avon Oeming.



En surface, le lecteur se dit que Mack & Bendis se font plaisir. Dans l'autre BD dans la BD (Ninja Sword Odyssey), l'artiste place ces compositions épurées et évocatrices, ainsi que son goût pour l'art du sabre comme métaphore. Le scénariste écrit un vrai récit d'espionnage, en y mêlant son vrai métier de créateur de comics. L'amateur est à la fête. Ça commence avec les cosplayeurs et des phrases détachées de leur conversation sur l'industrie des comics. Ça continue avec Max Field qui tient un stand dans l'allée des artistes (l'arrivée de Julia amenant de la couleur dans la grisaille du défilé des curieux qui ne savent pas distinguer une planche originale d'un print). Il y a la conférence à la convention à Istanbul (un lieu exotique pour un américain), une discussion sur les valeurs morales de Jack Kirby, l'appréciation réciproque entre 2 artistes sur la valeur de ce qu'ils produisent, le festival international de la bande dessinée à Angoulême, une analyse sociologique du plaisir à faire du cosplay, un questionnement sur l'accessibilité d'une œuvre avec le temps qui passe sur la base d'une comparaison avec ce qui parle encore aujourd'hui dans l'œuvre de Winsor McCay (Little Nemo). Le lecteur peut même se sentir privilégié de découvrir une version romancée de l'amitié entre Mack et Bendis, d'établir le lien avec les expériences professionnelles de Mack à l'étranger (évoquées par lui-même dans l'introduction), et de d'identifier quelques références moins directes, comme Essad Sinns qui est vraisemblablement une version fictive de l'artiste Esad Ribic.



Le lecteur peut aussi se dire que les deux auteurs se sont avant tout fait plaisir, avec une pointe de complaisance, en se mettant en scène (même s'ils ne cherchent pas à se congratuler), en intégrant des pages de Ninja Sword Odyssey dont le thème évoque beaucoup celui de Kabuki, en nettement plus épuré et plus accessible. D'ailleurs les pages de Ninja Sword Odyssey sont entièrement de la main de David Mack qui a également réalisé le scénario et le lettrage. Il est question d'un jeune enfant, fils de samouraï. Son père lui a remis un Tsuba, la garde d'un katana, mais sans sa lame. Suite à l'évolution de la société japonaise, le père quitte son fils, et celui-ci se retrouve placé chez un forgeron d'épée, où les circonstances l'amènent à apprendre un autre art. Cette histoire devient alors un conte dont le thème est identique à celui de l'espionnage : il n'y a plus de guerre ouverte. Les affrontements se déroulent dans le secret des opérations clandestines, les informations en étant devenues l'enjeu. La vraie bataille se déroule en les lignes écrites ou tracées, ce qui se comprend comme étant les lignes écrites par le scénariste, ou les lignes tracées par l'artiste, la mise en abîme sous-entendant que le lecteur doit lire entre les lignes.



Max Field et son ami Owen ironise régulièrement sur la solitude du créateur, travaillant dans son sous-sol, seul, devant s'imposer une discipline de travail, comme un samouraï devait s'imposer une discipline d'entraînement. La métaphore du fils du samouraï fonctionne également comme un miroir du récit d'espionnage, et donc des aventures de Max Field, la bataille n'étant plus une guerre ouverte. Les auteurs ont diversifié leurs mises en forme (peinture, crayonnés, bichromie, explosion de couleurs, dialogues, flux de pensée, conte) offrant autant de modes d'expression pour rendre compte de différentes interprétations du monde. Progressivement, les différentes composantes du récit se répondent entre elles, dans un jeu de miroir provoquant une mise en abîme d'une grande profondeur, une réflexion sur la façon d'exercer un métier, une interrogation sur la manière de mener une existence.



Longtemps, après avoir fini ce tome, le lecteur en conserve des images et des idées, sur les comics, sur les auteurs, sur l'implication dans une activité, sur le cosplay, sur le cheminement historique qui a abouti à la création des mangas, sur l'amitié entre Mack et Bendis, sur le coût pour maintenir une démocratie, sur la beauté d'un cercle tracé au pinceau, sur le sourire de Julia, sur l'universalité d'un propos au fil des générations… David Mack & Brian Michael Bendis ont su intégrer tout ça et plus dans une histoire fluide, pas prétentieuse, belle et divertissante. Une belle réussite, une belle lecture.
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Fight club 2

Depuis le temps que j'attendais des nouvelles de Tyler Durden ! Je suis super contente et j'ai adoré le format, ce roman graphique est percutant, efficace et déroutant à la fois. On le retrouve donc là où on l'a laissé et il ne faut pas longtemps pour se remettre dedans. J'ai beaucoup apprécié l'humour, l'auteur ironise sur son film par petites touches et le lecteur qui a vu le film ne peut qu'aimer. C'est vraiment du lourd, on suit les aventures de Sebastian qui s'est rangé et vit une vie paisible avec sa femme et son fils, mais c'est sans compter sur Tyler Durden qui va mettre un sacré bazar dans sa vie.



Lire Fight club 2 c'est faire une incursion dans la folie, la schizophrénie et le désordre. Il y a dix parties toutes plus haletantes et passionnantes les unes les autres, on lit avec avidité, on se régale des planches de qualité, on veut savoir la suite, alors on tourne les pages sans faire de pause, on est comme hypnotisé. Une critique de la société saisissante et bien vue, des idées géniales servies par des illustrations incroyables, des répliques implacables dont je suis sûre certaines vont devenir cultes, une ambiance de folie.



J'ai aimé aussi les dix parties qui commencent toutes par un résumé complètement barré, ce découpage correspond d'ailleurs à celui de la série passée aux Etats-Unis. Vous l'aurez compris, j'ai été conquise par ce tourbillon de folie, par toute la palette d'émotion que j'ai vécu passant de l'excitation, au questionnement, de la joie au désespoir... Les planches sont aussi démentes que le texte, j'ai trouvé hyper sympa les bonus en fin de livre : planches alternatives de la couverture et autres réjouissances que je vous laisse découvrir. C'est un OVNI littéraire qu'il faut lire en laissant de coté tout ce que l'on a de cartésien. C'est bien simple soit vous allez aimer soit détester



VERDICT



A lire, tant pour les dessins que pour le texte, c'est incroyable ! Vertigineux !
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Fight club 2

Alors Fight club 2 c’est quoi ? Une suite évidemment, et une genèse aussi. On comprend enfin l’essentiel et on découvre que Tyler est bien plus que Tyler Durden….

On retrouve le narrateur 10 ans plus tard, guéri (si on veut), contenu (dirons-nous) grâce des tonnes de pilules qui ont fini par en faire un zombi et que Marla (sa femme depuis 9 ans) ne supporte plus, autant que la monotonie de la vie. Alors elle traficote ses médocs et secrètement soustrait son traitement officiel par des placebos. Résultat : revoilà Tyler Durden. Revoilà ? Avait-il vraiment disparu ?.............................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Fight club 2

Un événement, indéniablement.
Lien : http://www.actuabd.com/Fight..
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Fight club 2

Ce tome fait suite au roman Fight Club de Chuck Palahniuk, publié en 1996 qu'il vaut mieux avoir lu avant, ou au moins avoir vu le film de David Fincher Fight Club (1999). Il comprend les 10 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015/2016, écrits par Chuck Palahniuk, dessinés et encrés par Cameron Stewart, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Les couvertures sont l'œuvre de David Mack. Le tome commence par une introduction de 2 pages rédigée par Gerard Howard, le responsable d'édition qui a poussé pour que son employeur publie le roman initial. Il se termine par une fin alternative au roman, en 10 pages de bandes dessinées réalisées par les mêmes auteurs.



Dix ans après les événements racontés dans Fight Club (le roman), le Narrateur a pris le nom de Sebastian. Il est marié avec Marla Singer, et ils ont un fils appelé Junior. Sebastian travaille pur une entreprise de conseil nommé Rize or Die, où il occupe un poste de bureau, sans joie et sans motivation. Il est sous traitement médicamenteux afin d'éviter une rechute et la réapparition de Tyler Durden. Marla souffre d'ennui et a recommencé à fréquenter des groupes d'entraide psychologiques, le dernier étant destiné aux malades souffrant de progéria (maladie également connue sous le nom de syndrome de Hutchinson-Gilford, provoquant des changements physiques ressemblant à une sénescence accélérée). La babysitteur de Junior a un comportement un peu apeuré vis-à-vis de Sebastian quand il rentre plus tôt que d'habitude.



En fait, Marla Singer n'en peut plus de cette normalité castratrice dans un pavillon de banlieue avec une pelouse bien entretenue et un mari d'une banalité effroyable et ennuyeuse. Elle a donc décidé de neutraliser le traitement médicamenteux de Sebastian. Le résultat ne se fait pas attendre : il se montre beaucoup plus fougueux au lit, même s'il ne s'en souvient pas forcément. Tyler Durden est de retour et il a de grands projets. Les succursales du Club vont pouvoir retrouver un objectif : projet Mayhem. Dans un bar, Sebastian se rend compte que le serveur a le visage tuméfié et une référence à la Genèse tatouée sur le cou. Il va en avoir des choses à raconter au docteur Wrong, son psychanalyste, lors de la prochaine séance.



20 ans après la parution du roman original, Chuck Palahniuk répond enfin à l'attente des lecteurs et des adorateurs du Fight Club : Tyler Durden, l'homme (le vrai) qui refuse la médiocrité de la société moderne, est de retour. Les clubs n'ont jamais cessé d'exister, mais sans leur maître idéologique, ils n'ont pu que perpétrer la mécanique des combats, sans que cette forme de préparation ne débouche sur quoi que ce soit. Au vu du titre, le lecteur s'attend à une suite en bonne et due forme au roman (à la rigueur au film de David Fincher). Dès les premières séquences, l'auteur confirme cet état de fait. Le lecteur doit être familier du récit original. Il doit se souvenir des personnages secondaires afin de les reconnaître lors de leur retour et pour comprendre le sens de leurs actions. Lorsque plusieurs membres d'un Club se mettent à psalmodier le nom de Robert Paulson, il faut savoir de qui il s'agit pour comprendre le sens de ce passage. De la même manière, il faut pouvoir se rappeler que la fréquentation de groupes d'entraide avait permis à Sebastian et Marla de se rencontrer initialement.



Rasséréné, le lecteur s'installe confortablement et se prête au jeu d'identifier les références à l'œuvre originale et s'en remet à l'auteur pour le secouer dans son fauteuil, le faire sortir de sa zone de confort et le contraindre à regarder la vérité en face. Les thèmes présents dans l'original resurgissent : l'absence de sens de la vie moderne, la sensation d'émasculation de l'homme végétant dans une vie banale sans pouvoir s'accomplir, l'asservissement de l'individu à sa sécurité matérielle, le recours aux médicaments pour supporter un quotidien médiocre et navrant, la pulsion de d'agir sur son environnement pour le maîtriser et le modeler. Tous les doutes sont balayés d'un revers de main : cette suite est légitime dans tous les sens du terme. Pour donner une suite à son roman le plus populaire, l'auteur a choisi une forme tout aussi populaire, celle de la bande dessinée. Les couvertures prennent la forme de peintures magnifiques et ironiques, réalisées par David Mack, l'auteur de la série Kabuki.



Cameron Stewart est un dessinateur ayant travaillé à plusieurs reprises avec Grant Morrison, scénariste exigeant et ambitieux, ayant également réalisé le scénario d'une des incarnations de la série Batgirl. En découvrant les premières pages, le lecteur observe des dessins réalisés dans une approche réaliste et descriptive, avec un degré de simplification qui les éloignent du photoréalisme, et qui leur donne une apparence moqueuse, voire ironique, dans certaines séquences. Il retrouve à plusieurs reprises des échos visuels du film de David Fincher, Stewart s'en inspirant pour créer des liens avec le premier Fight Club. Il retrouve ainsi l'ambiance un peu glauque de la salle où se tiennent les réunions du groupe d'entraide (renforcée par la mise en couleurs intelligente et sensible de Dave Stewart), la maison délabrée que Tyler Durden avait choisie comme quartier général (après la destruction de l'appartement du Narrateur), la vivacité et le tonus des rapports sexuels entre Marla et Tyler, et quelques autres éléments.



Dès la page 10, le lecteur observe que l'artiste surimpose des éléments dessinés par-dessus les cases proprement dites. C'est ainsi qu'apparaissent des gélules qui viennent masquer des visages ou des parties de phylactères, puis des pétales de fleurs, puis des comprimés qui semblent comme apposés sur les visages pour les masquer intentionnellement. Cameron Stewart dessine ces éléments de manière plus réalistes que ceux dans les cases, en y ajoutant un ombrage, comme s'ils étaient vraiment posés par-dessus la planche dessinée. Il constate également que l'artiste ne recherche pas une ressemblance avec les acteurs du film. Il n'est pas possible de reconnaître Brad Pitt et le visage de Sebastian n'évoque que vaguement celui d'Edward Norton.



De séquence en séquence, le lecteur se rend compte que l'approche de Cameron Stewart permet de mettre sur le même plan graphique des éléments qui sinon seraient apparus comme disparates parce qu'appartenant à des environnements trop éloignés (par exemple la pelouse bien tondue et la guérilla urbaine à Mogadiscio en Somalie). Il constate également que l'artiste ne se contente pas d'illustrer le scénario, mais qu'il utilise des techniques spécifiques à ce média. Par exemple, en page 20, le lecteur peut voir la tête de Sebastian ayant explosé (avec un œil voletant à travers la page) et expulsant les biens matériels qui constituaient sa prison. Il y a également le recours à ces éléments comme apposés sur la page. Il y a aussi possibilité de disposer côte à côte une case au temps présent et une case dans le passé. Dans le chapitre 4, il représente les déplacements d'un personnage par des pointillés sur un fond de plan. La page finale de ce même chapitre montre le sceau du Comics Code Authority (un organise d'autocensure des comics) maculé de sang, image à destination de lecteurs de comics.



Le choix de Cameron Stewart se révèle de plus en plus pertinent au fur et à mesure que l'intrigue avance. En effet, son approche graphique lui permet de représenter au premier degré les éléments de plus en plus déconcertants du récit, virant parfois à la parodie. Il faut dire que Chuck Palahniuk ne fait pas dans la demi-mesure : un dessin en pleine page montrant en contre plongée une dizaine d'individus atteints de progéria descendant en parachute sur un château (dont un dans son fauteuil roulant), des spermatozoïdes serpentant sur la page par-dessus les cases, des individus avec de franches expressions d'exaspération sur le visage, et bien d'autres surprises visuelles. Le lecteur peut alors trouver que la narration visuelle vire trop vers la farce, malgré une mise en couleurs qui reste discrète et sobre.



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- ATTENTION - La suite du commentaire comprend des divulgâcheurs. -

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En fin de tome, le lecteur se retrouve en butte au fait que Chuck Palahniuk lui a donné exactement ce qu'il attendait, et que pourtant le résultat constitue quelque chose de bien différent qui défie les attentes. Il a apprécié la simplicité narrative des dessins de Cameron Stewart, tout ayant conscience que les images ont permis de faire passer des associations d'idées mieux que le langage écrit ne l'aurait permis. Il a l'impression que cette histoire se termine en grosse farce, et que la leçon à en tirer n'est pas celle qu'il aurait souhaitée. Comme l'indique la phrase sur la couverture peinte de David Mack : il y a des amis imaginaires qui ne s'en vont jamais. Après lecture, ce constat s'applique bien sûr à Tyler Durden, mais aussi à Robert Paulson, un ami imaginaire dont l'auteur lui-même n'a pas pu se défaire, du fait de la pression de son lectorat, ou plutôt de la popularité acquise par le personnage. Cette suite de Fight Club ne fait pas que dépasser les attentes, elle dépasse les espérances en reprenant le récit et les thématiques là où l'auteur s'en était arrêté il y a 20 ans et en les ouvrant sur d'autres réflexions, tout aussi brutales (à commencer par le mélange entre réalité et fiction de l'auteur, mais aussi du lecteur).
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Fight club 2

Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :



Surpris... Voilà, oui, surpris, mais en bien !

Je n’avais pas lu, le premier volume de « Fight Club », j’ai découvert cette histoire en regardant le film.

Ce qui explique que j’ai été surpris par le côté barré de cette compilation, moins intimiste plus décalée mais c’est Palahniuk qui est aux manettes alors il faut suivre, accrochez-vous !





Ce roman graphique porte bien son nom, c’est un roman, du texte, des dialogues et une production graphique, des supers dessins, une qualité de réalisation au top, un univers qui vous transporte, une belle réussite.



L’histoire,

Dix ans se sont écoulés,

Sébastien morfle et les médocs sont son quotidien.

Marla, elle, aspire à retrouver une vie plus speed.

Ils ont un enfant, Junior qui se passionne pour… Enfin des choses qui ne sont pas forcément de son âge.

Le Docteur Wrong est là pour le suivre dans sa thérapie.

Tyler Durden refait surface…



Pour résumer, Sébastien après en avoir mis plein la gueule à ses adversaires, c’est à son tour d’en prendre plein la gueule, et maintenant on attend plus que vous pour commencer…



Bienvenue dans le projet CHAOS !



Grybouille en a encore les plumes toutes hérissées.
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Daredevil / Echo: Parts of a Hole

Ce tome comprend les épisodes 9 à 15 de la série Daredevil, avec un scénario de David Mack et des dessins de Joe Quesada et David Ross, encrés par Jimmy Palmiotti. Il fait suite à Guardian Devil qui est le premier tome de la réinitialisation de cette série en 1998.



Matt Murdock et Foggy Nelson sont à la tête d'un cabinet d'avocats florissant. Bullseye a exécuté une ex-compagne de Murdock, et le tome commence sur une ambiance mélancolique dans laquelle le lecteur découvre que Murdock sait jouer du piano. Murdock et Nelson reçoivent le premier nouveau client. Lenny travaillait pour le Kingpin (Wilson Fisk) qui a passé un contrat pour l'abattre. Lenny est décidé à témoigner devant les juges des crimes perpétrés par Fisk. Il est abattu par tireur d'élite dans le bureau même où il explique la situation aux deux avocats. Murdock endosse son habit de Daredevil et a tôt fait de coincer l'assassin. Parallèlement le lecteur découvre l'existence Maya Lopez, jeune femme muette qui a bénéficié de la protection et de la tutelle de Fisk, après que son père ait été exécuté par une personne inconnue. Au début de l'histoire, Fisk demande Maya Lopez d'intercéder auprès de Murdock pour témoigner de ses bonnes intentions. En même temps il lui révèle que l'assassin de son père est Daredevil.



À l'époque (en 1999), Joe Quesada a réussi à redonner vie au titre moribond de Daredevil et il va être nommé éditeur en chef de Marvel Comics l'année d'après. Il n'abandonne pas pour autant le personnage ; il décide même de pousser le bouchon encore plus loin en s'engageant à illustrer cette histoire scénarisée par David Mack. Ce monsieur est le créateur, scénariste et illustrateur d'une série hors norme intitulée Kabuki (premier tome : Circle of Blood). Quesada lui offre d'écrire une histoire de Daredevil, sans pour autant changer son style d'écriture très particulier. Le résultat est hybride. Le lecteur de Kabuki reconnaît tout de suite la patte du maître : flux de pensées intérieures, importance des sensations, libres associations d'idées, questionnement sur la motivation intrinsèque des personnages comme s'il s'agissait de véritables individus. À la lecture, il est même évident que Mack a dû imposer à plusieurs reprises la mise en page à Quesada tellement elle évoque ses propres créations dans Kabuki. Le lecteur n'ayant pas lu Kabuki doit être décontenancé par ce style à la fois littéraire et poétique, d'autant plus que Mack donne autant de place à Murdock qu'à Maya Lopez. David Mack tisse un récit prenant qui fait exister les personnages comme rarement, qui introduit une nouvelle superhéroïne (Echo, alias Maya Lopez) aussi séduisante qu'attachante et qui expose les motivations fondamentales du Kingpin de manière magistrale.



Les lecteurs de Kabuki le savent : pour David Mack il est impossible et impensable de désolidariser l'histoire des illustrations. Les dessins ne doivent pas limiter à mettre en images les mouvements des personnages et les décors dans lesquels ils évoluent ; ils doivent également permettre au lecteur de visualiser l'état d'esprit des individus. Joe Quesada joue le jeu et il reprend des idées de mise en page de Mack comme une portée de piano qui s'enroule sur la page avec des images des notions préoccupant le pianiste en lieu et place des notes de musique, une représentation des souvenirs d'enfant sous la forme de dessins d'enfant, des cases déconnectées en forme de pièces de puzzle, des styles graphiques très différents d'une séquence à l'autre (la magnifique improvisation de danse dans l'épisode 10), des motifs récurrents (l'empreinte de la main), etc. Joe Quesada, en dessinateur talentueux qu'il est, parvient à intégrer tous ces éléments tout en gardant son style très énergétique et légèrement cartoon. Le résultat constitue une bande dessinée qui plane loin au dessus du niveau habituel des comics.



Pour être complet, il faut mentionner que l'épisode 12 est un bouche trou écrit par Joe Quesada et Jimmy Palmiotti et dessiné par Rob Haynes (dans un style simpliste absolument pas raccord avec les autres épisodes). Quesada et Palmiotti étire une séquence de combat en développant plusieurs figurants (plaisant mais totalement dispensable).



Cette histoire est émotionnellement très prenante grâce aux talents conjugués de David Mack et Joe Quesada. Pour les fans de Daredevil, il s'agit bien d'une histoire de ce héros qui a des conséquences à moyen terme sur un personnage en particulier. Pour les fans de David Mack, la narration est moins complexe que dans Kabuki, mais elle permet de mieux distinguer les composantes de son style narratif qui le rendent unique. David Mack a continué de développer le personnage de Maya Lopez dans Vision Quest, en réalisant le scénario et les illustrations.
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Daredevil: End of Days

Il s'agit d'une série en 8 épisodes de 22 pages chacun (34 pour le premier), initialement parus en 2012/2013. Le scénario est de Brian Michael Bendis et David Mack, les dessins de Klaus Janson, l'encrage de Bill Sienkiewicz, et la mise en couleurs de Matt Hollingsworth.



Dans un futur proche, Daredevil et Bullseye sont en train de s'affronter dans une rue de New York, dans un combat d'une violence inouïe et d'une sauvagerie meurtrière. Bullseye finit par fracasser le crâne de Matt Murdock (ayant perdu son masque pendant le combat), qui a juste le temps de dire un dernier mot avant de rendre l'âme : Mapone. Toute la scène a été filmée par de nombreux newyorkais avec leur téléphone portable, pendant une heure et quarante-cinq minutes d'affrontement. Dans la salle de rédaction du Daily Buggle, Ben Urich regarde les images diffusées en boucle sur les chaînes d'information. J. Jonah Jameson vient le houspiller en exigeant de lui qu'il rédige un papier sur cet événement, qu'il est le plus qualifié pour faire honneur à Daredevil. À l'instar de Jerry Thompson, Ben Urich finit par se laisser convaincre et entame une série d'entretiens avec des individus ayant côtoyé Matt Murdock / Daredevil, amis, ennemis, amantes, afin de trouver le sens du mot "Mapone".



Cette histoire fut annoncée pour la première fois en 2007 par Marvel, s'inscrivant dans le cadre d'une série d'histoires parues dans la catégorie générique "The end", comme "Marvel Universe - The end" ou "Hulk - The end". Par la suite quelques autres projets se sont inscrits dans la même thématique : raconter les derniers jours d'un superhéros donné (même s'ils n'étaient pas affublés de l'étiquette "The end") comme "Reign" (aventure de Spider-Man de Kaare Andrews). 6 ans après la première annonce, les lecteurs découvrent enfin le résultat de cette longue gestation. Une partie de ce délai peut être imputable à Klaus Janson (encreur puis dessinateur historique de ce superhéros, avec Frank Miller) qui a peaufiné chacune de ses pages. Il est possible de reconnaître sa prédilection pour des perspectives anatomiques exagérées, mais fortement atténuées.



Il utilise une mise en page de 6 à 7 cases en moyenne par page, avec quelques pleines pages, et une adaptation du nombre de cases en fonction des séquences (jusqu'à 16 cases sur une même page). En tournant les pages, le lecteur peut constater une narration graphique irréprochable en termes de lisibilité et de facilité de compréhension, en particulier une magnifique scène muette où Urich reconstitue le parcours d'une balle de revolver en pointant simplement du doigt (magistral). Il est possible de détecter quelques clins d'œil, tels la pleine page rendant hommage à la couverture d'Amazing Fantasy 15 (première apparition de Spider-Man), ou une pluie de flèches s'abattant sur Urich, évoquant la propension à l'exagération de Frank Miller dans la minisérie "Wolverine" réalisée avec Chris Claremont.



En y regardant de plus près, le lecteur constate que Janson s'est vraiment appliqué pour réaliser des dessins complets, présentant une grande cohérence visuelle du début jusqu'à la fin. Son style reste marqué par les caractéristiques propres aux comics des années 1980 : décors simplistes, dialogues reposant régulièrement sur les visages, plutôt que sur une mise en scène totale (langage corporel et gestes des personnages). Malgré tout, Janson a su dépasser pour partie ces limites, en insérant les arrières plans très régulièrement (à l'exception d'un ou deux combats), et en conservant son approche adulte de dessiner, sans chercher à faire plaisir à l'œil du lecteur.



Le manque de densité d'informations visuelles est largement compensé par l'encrage de Bill Sienkiewicz. Lorsque Janson estime qu'il peut réduire le nombre d'éléments dans une case, l'encrage se révèle déterminant pour conserver la cohérence visuelle. Sienkiewicz utilise un encrage qui insiste sur les aspérités, les lignes tremblées, les tâches noires anguleuses. Sans être pénibles à regarder, les dessins reflètent une forme d'usure, de rugosité propre à des individus et des choses ayant subi les épreuves du temps et de la vie, sans apprêt particulier pour être plus présentables, plus agréables à la vue. Ce travail d'encrage correspond à une interprétation des dessins, fidèle à l'intention de Janson, tout en leur un apportant un soutien nécessaire du point de vue des textures, et de l'impression générale. Grâce à Sienkiewicz, les dessins de Janson passent d'un niveau acceptable mais un peu daté, à une vision artistique plus affirmée.



La participation picturale d'Alex Maleev et David Mack s'avère mineure par rapport à la pagination totale du récit. Maleev réalise 2 pleines pages (plus les couvertures, avec une apparition de Bendis en policier sur celle de l'épisode 3), Mack en réalise une dizaine (plus les couvertures alternatives, magnifiques). Sienkiewicz peint 2 ou 3 cases à l'intérieur du récit (magnifique case du Kingpin avec son gilet tel qu'il apparaissait dans Love and war), et il réalise la couverture alternative de l'épisode 8. Les apports de Maleev, Mack et Sinekiewicz constituent autant de clins d'œil, sans se substituer à Klaus Janson, dessinateur de 95% des planches.



Il était légitime que cette "dernière histoire" de Daredevil soit écrite par un de ses scénaristes les plus importants : Brian Michael Bendis. Il a choisi de collaborer avec un de ses amis des plus talentueux : David Mack (avec qui il avait réalisé une des premières aventures dans rééditée dans Daredevil Ultimate Collection 1). Mack avait également écrit le scénario d'une autre histoire de Daredevil : "Parts of a hole".



Bendis et Mack annoncent leur hommage dès le début : Ben Urich va partir à la recherche de la signification du mot "Mapone" en interrogeant les proches de Matt Murdock, comme l'avait fait le reporter Jerry Thompson, pour comprendre la signification du mot "Rosebud" dans Citizen Kane d'Orson Welles. Pour les lecteurs les moins convaincus, dans un dialogue, Urich évoque même la réponse qui a échappée à Thompson. Au péril de sa vie, Urich va donc aller à la recherche des personnages les plus évidents, comme d'autres moins connus (sans aller jusqu'à Jonathan Powers quand même). À partir de là, 2 possibilités. Soit le lecteur découvre le personnage de Daredevil ou ne connaît pas grand-chose sur lui. S'il n'a jamais vu "Citizen Kane", il découvre une enquête quasiment intelligible (peut-être pas complètement pour les femmes de la vie de Murdock), assez prenante, avec de beaux moments d'action. Soit il connaît parfaitement les personnages de la série, et il peut alors parier sur qui il retrouvera et découvrir l'avenir que leur ont concocté Bendis et Mack. Le voyage reste agréable et prenant. Si le lecteur maîtrise la série Daredevil et a vu "Citizen Kane", il ne pourra que faire le constat que Bendis et Mack ne sont pas Orson Welles et que chaque entretien n'est pas aussi révélateur que ceux conduits par Jerry Thompson. Il reste le plaisir indéniable d'une histoire bien racontée, d'un vrai suspense sur l'issue du récit, et d'une possibilité de dire adieu au personnage, dans une évocation prestigieuse, respectueuse et sensible.
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Daredevil : Echo

Ce tome regroupe les épisodes 51 à 55 de la série de Daredevil débutée en 1998. Il vaut mieux avoir lu Tranche de vide avant.



Maya Lopez est sourde. Elle a revêtu pendant une courte période un costume et porté le nom d'Echo. Wilson Fisk l'avait envoyé se battre contre Daredevil et elle était tombé amoureuse de Matt Murdock. Avec ce tome, David Mack revient au personnage pour une histoire complète qu'il écrit et illustre.



Sous la forme d'une introspection, Maya Lopez cherche sa voie. Elle se souvient de son père, des histoires qu'il lui racontait grâce au langage des signes quand elle était encore enfant. Elle se rappelle du temps qu'il a fallu pour que son entourage se rende compte qu'elle était sourde, et non pas attardé. Elle se remémore sa découverte des oeuvres d'art picturales et du sens qu'elle leur a accordé. Elle repense à la manière dont sa surdité innée a façonné sa vision et sa compréhension du monde et de la question qu'elle se posait sur le son provoqué par les nuages ou par la queue d'un chien en train de remuer.



En fait Maya Lopez est à un moment de sa vie où elle ne sait plus que faire. Sa liaison avec Matt Murdock est arrivée à son terme. Les liens qui l'unissaient à Wilson Fisk se sont révélés faux et artificiels. Elle décide donc de se rendre dans la réserve indienne où son père l'emmenait parfois passer quelques jours. Elle y retrouve un vieil indien, un homme médecine avec qui son père entretenait des relations amicales. Elle le retrouve à peine plus âgé que dans son souvenir et elle lui demande comment accomplir une quête de la vision, un rite de passage indien.



David Mack est un créateur complet (scénario et illustration) qui évolue dans une classe où il n'y a que lui. Il a acquis une maîtrise sans pareille de tous les styles graphiques de l'esquisse la plus pure à la peinture abstraite. Il aborde des thèmes philosophiques et spirituels. Il marie les 2 aspects de son art (histoire et illustration) dans une fusion où la forme compte autant que le fond et transmet également autant d'information. Son oeuvre principale est la série Kabuki et parfois son génie produit des pages tellement denses en information, complexes en structure et intellectuelles que le lecteur peut se sentir perdu.



Pour cette histoire, il utilise toutes ces techniques au service d'un récit accessible, sans rien perdre de sa profondeur. Il a franchi un nouveau palier pour atteindre un mode de communication qui n'appartient qu'à lui, mais qui est accessible à tous. Par contre, Daredevil n'apparaît que le tant d'une poignée de pages et les autres superhéros n'ont qu'un rôle secondaire (sauf Logan) ; il s'agit avant tout de l'histoire d'un moment charnière de la vie de Maya Lopez, jeune femme sourde et surdouée, artiste géniale.



Je suis tombé en pamoison devant la beauté et la richesse de certaines pages. J'ai été transporté par cette quête de sens à donner à sa vie, de recherche de direction et de repères qui m'a éclairé d'un point de vue que j'ai trouvé valide et intelligent. Et j'ai été diverti par ce conte pour adultes qui ne repose ni sur la violence, ni sur la provocation, et encore moins sur une gratification sexuelle immédiate.



David Mack déroule un conte, presqu'une légende dans laquelle une femme capable de tout faire, une artiste exceptionnelle, un individu qui a surmonté son handicap (sa surdité) au point de mieux comprendre son prochain que les bien-entendants ne sait pas à quoi utiliser tous ces dons.



David Mack aborde des thèmes complexes sans jamais perdre son lecteur, ni paraître pédant ou présenter son point de vue comme une vérité universelle. Il traite de la manière dont le langage forme la réalité et la limite, de la transmission de sens des parents aux enfants, d'une approche du sens de l'histoire de l'art pictural, de la fonction des contes pour les enfants, de la forme des mythologies modernes, du développement intérieur de chacun, de la relation à autrui, de mes obligations d'être humain, des conséquences de mon agressivité, etc. David Mack ne révolutionne pas la philosophie, il ne propose une pensée unique miraculeuse, il donne à voir son cheminement intérieur, ses propres interrogations et l'orientation qu'il a donné à sa vie après avoir acquis une maîtrise quasi-parfaite des techniques picturales qui s'offraient à lui. Ces différentes thématiques s'imbriquent les unes dans les autres pour constituer un gestalt lumineux, intelligent et simple. Il n'y a finalement que lorsque qu'il satisfait à ses obligations contractuelles de lier son héroïne à l'univers Marvel que la narration retombe ; heureusement cela ne concerne que 13 pages. En fait aussi improbable que cela puisse paraître, seule l'apparition de Wolverine s'intègre harmonieusement au récit.



David Mack est un créateur complet et ses illustrations racontent aussi bien les actions de Maya Lopez et les lieux dans lesquels elle évolue, que ses états d'âme, ses sensations, sa façon de penser, sa vision du monde et les sentiments qu'elle éprouve. David Mack est à l'opposé du dessinateur cherchant à épater le lecteur en étalant un catalogue de tous les styles qu'il sait imiter. Au contraire, chaque style n'apparaît qu'en fonction de la narration. Chaque style sert à évoquer un état d'âme, conjurer une ambiance, refléter l'état d'esprit de Maya Lopez. Il est facile de se focaliser sur les hommages à Picasso à Vincent van Gogh ou à Gustav Klimt. Mais il ne s'agit pas pour Mack de dresser un catalogue de sa culture picturale, il s'agit de montrer comment Maya Lopez a cherché à comprendre des langages autres que parlés en étudiant les arts. Chaque planche est une composition sophistiquée étudiée pour refléter un amalgame du monde extérieur et du monde intérieur de l'héroïne. Chaque page est d'une beauté confondante, chaque image apporte une myriade d'informations que le langage écrit est incapable de transcrire.



C'est la raison pour laquelle (malheureusement, je m'en rends compte) ce piètre commentaire est incapable de faire honneur à cet incroyable voyage intérieur doté de visuels d'une richesse extraordinaire et d'une spiritualité intelligente, à mille lieux d'un new-age de pacotille. Je suis ressorti de cette lecture, plus intelligent et plus sensible à ce qui m'entoure, avec une proposition constructive et pertinente de quoi faire d'une partie de ma vie (proposition qui me parle et dont j'ai déjà pu apprécier la richesse). Merci monsieur David Mack.
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Fight club 2

Étant un fan du film et de BD en général, lorsque j'ai appris qu'il y avait une suite du film qui allait sortir sous format BD, j'étais excité! Je suis alors allé l'acheter, je l'ai lu, et wow...quelle déception! Je pense que c'est de loin la pire BD que j'ai jamais lue de ma vie.



Les scènes sautent d'une à l'autre sans aucune transition, au point où je revenais souvent en arrière juste pour être sûr que je n'avais pas sauté de page. Du coup, l'histoire ne faisait aucun sens pour moi et je n'ai rien compris.



L'art est très beau par contre, mais l'artiste a essayé de faire quelque chose de différent en y insérant par exemple des tâches et des pilules par-ci, par-là. Je pense qu'il a essayé de faire quelque chose d'artistique, mais ça m'a vraiment dérangé, car parfois ça te coupe littéralement du dialogue et l'expression des personnages.



Finalement, cette fin.... l'auteur a essayé de se mettre en avant mais ça n'a rien à voir avec ce qu'on a essayé de lire tout au long de la BD.



En tout cas, je ne vous le conseille vraiment pas.
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Fight club 2

l ne s’agit pas ici d’une suite adaptée en BD mais bien d’une suite entièrement pensée par Chuck Palahniuk pour ce format. Il joue avec ses codes, les onomatopées cachent les dialogues, (...) c’est barré.
Lien : http://www.bdencre.com/2016/..
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Kabuki: Dreams

Il vaut mieux avoir lu le premier tome de la série (Kabuki : Circle of Blood) avant de lire celui-ci, mais ce n'est pas indispensable.



Kabuki est une tueuse surentraînée qui travaillait pour le Noh, une organisation secrète japonaise. Elle a décidé de quitter cette organisation et suite à des affrontements brutaux, elle est en train de perdre beaucoup de sang sur la tombe de sa mère. Ce tome ne raconte pas une histoire dans le sens où le lecteur serait amené à suivre des séquences d'actions et de dialogues. Ce tome est une suite de rêveries, divagations et délires du personnage principal. Kabuki est libérée de la structure qui a façonné et donné sens à sa vie. Elle doit trouver une nouvelle raison d'être et pour cela elle interroge ses souvenirs, ses sensations et ses convictions dans un flux de pensées soumis à l'affaiblissement dû à la perte de sang.



À la lecture de ce résumé, vous aurez compris que ce comics sort du moule habituel et qu'il n'est pas pour tout le monde. Certes David Mack insère quelques clichés propres aux comics : le costume de Kabuki évoque de loin celui d'un superhéros, d'autant plus qu'elle porte un masque. Certes le métier de Kabuki (assassin d'une organisation secrète) peut faire croire que le sang va couler à flots et que l'ombre de Frank Castle plane sur le récit. Mais dès le tome précédent, Mack s'était attaché à faire de Kabuki une personne avec son histoire, ses valeurs et interrogations. Dans "Dreams", Kabuki doit changer de paradigme. Elle a quitté le Noh et sa vision du monde est devenue incompatible avec ce qu'on lui a enseigné. Elle doit donc passer par une phase d'introspection pour se construire une nouvelle vision du monde dans lequel elle évolue. Le thème de ce récit est donc celui du changement de vie au travers d'une remise en question fondamentale.



Le moins qu'on puisse dire est que l'objectif de ce jeune créateur est très ambitieux, déraisonnablement ambitieux même. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que David Mack à les moyens de ses ambitions. Ce monsieur maîtrise quantité de techniques graphiques avec un sens développé de la composition sophistiquée. La quatrième page de l'histoire se décompose en 8 cases sur un fond violet et bleu. De prime abord, le lecteur perçoit la page comme un tout : un visage découpé en 8 cases et légèrement déformé. Puis la lecture de la page commence avec la première case en haut à gauche. Il s'agit de très fines traces de peintures sur ce fond bleuté. Le texte évoque la pluie en train de laver ce sur quoi elle tombe. Et si je regarde à nouveau la page en entier, je constate que ces quelques trainées évoquent également la chevelure de Kabuki. La deuxième comporte l'oeil droit de Kabuki, ainsi qu'une partie des cicatrices qui la défigure qui semble avoir été comme délavées par la pluie de la case précédente. La troisième case ressemble à un soleil maladroitement gribouillé par un enfant, elle évoque l'autre œil de Kabuki, ainsi que les graffitis mentionnés par le texte. Cette forme étrange provoque l'attention du lecteur et constitue un motif qui reviendra plusieurs pages plus loin avec une autre signification. La quatrième case correspond à l'image d'un officiel issu du japon féodal, délavé par le temps et la pluie. Cette image s'insère parfaitement dans la narration du texte et elle sert également de motif récurrent lié à la tradition au cours du récit. Les 4 cases inférieures relèvent d'un même niveau de composition très élaboré où s'entremêle la voix intérieure de Kabuki, les images associées par la mémoire à ce train de pensées et les concepts culturels et philosophiques sous-jacents.



David Mack fait de cette introspection un mélange de poésie et de philosophie, de réflexions personnelles et d'associations graphiques intuitives. Il utilise des motifs récurrents (un papillon, le motif d'une étoffe) pour faire apparaître des liens visuels entre différents éléments de la narration. Il utilise les collages et le mélange des styles pour rendre compte du cheminement intuitif et des associations d'idées effectuées par Kabuki. Ce qui sépare Mack des adeptes du collage et montage, c'est que le lecteur perd rarement le fil du récit et que chaque élément graphique de ces compositions élaborées fait sens. Le lecteur n'a pas l'impression qu'il a pioché sur sa table de travail pour coller ce qu'il avait pu récupérer par ci ou par là. Il compose des pages magnifiques en fonction de son scénario, de l'histoire qu'il raconte. Ce n'est qu'à de très rares occasions qu'il m'est arrivé de ne pas comprendre le visuel. Ce tome se lit comme un livre de poésie bien construit. La trame narrative est rigoureuse et savamment mise en pages. Les inventions visuelles foisonnent tout en restant au service du récit, sans jamais tomber dans le démonstratif.



Je suis content d'avoir fait l'effort d'investir du temps dans la découverte de cette série. Il faut du temps pour pénétrer dans cet univers. Il faut du temps pour changer de mode de lecture et trouver la bonne manière de laisser les associations d'idées accéder jusqu'à notre cerveau. Il faut du temps pour lire les illustrations et découvrir les sens qu'elles recèlent. Ce voyage vous emmène au travers d'une remise en cause, d'un questionnement, de doutes par lesquels tout le monde passe un jour où l'autre. David Mack continue à nous raconter l'histoire de cette femme éduquée pour tuer dont la vie intérieure est compliquée et très riche. Kabuki est une personne à part entière. Mack nous fait ressentir une grande empathie pour elle à travers le partage de ses sentiments et de ses sensations. Je ne connais que très peu d'auteur qui disposent d'une telle technicité, capable d'utiliser tout le registre de la palette visuelle (telle que définie par Scott McCloud dans Understanding Comics), de brouiller la frontière entre les mots et les images, de donner une apparence visuelle à des sensations et des concepts. Je ne connais que lui qui soit capable d'écrire un poème en bandes dessinées tout en racontant une histoire sur la base de visuels enchanteurs.



Les tomes de Kabuki se lisent dans l'ordre suivant : (1) Kabuki : Circle of Blood, (2) Kabuki : Dreams, (3) Kabuki : Mask of the Noh, (4) Kabuki : Skin Deep, (5) Kabuki : Metamorphosis, (6) Kabuki : Scarab : Lost in Translation (7) et Kabuki : The Alchemy.
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Fight club 2

C'est plaisant de retrouver des personnages qu'on a apprécié au cinéma (un peu moins en livre), la schizophrénie, Marla, Tyler, ... Le Fight Club 2 fonctionne plutôt bien, une suite entièrement pensée pour la bande dessinée (pas une adaptation d'un roman). Une suite qui pourrait valoir le coup d'être adapté en film...

(Pour moi plus une suite du film de Fincher que du roman.)
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Fight club 2

La première règle du Fight Club est : Il est interdit de parler du Fight Club. La deuxième règle du Fight Club est : Il est INTERDIT de parler du Flght Club.

Et pourtant de plus en plus de monde semblent être au courant de l'existence de cette organisation.Ce roman graphique (car oui, ce n'est pas un simple roman) est la suite directe du livre Fight Club sorti en 1996 (et non du film qui a une fin différente, mais rassurez vous, si vous n'avez vu que le film vous ne serez pas trop perdu). C'est donc 10 ans après les précédents évènements que l'on retrouve nos deux protagonistes principaux : Tyler DURDEN et le Narrateur (ici Nommé Sébastian). Ce dernier semble avoir réussi à faire taire Tyler et à avoir une vie rangée. Il maintient ce calme grâce à son psy. Petite vie de famille avec un ancien personnage : Marla, et leur fils Junior qui semble avoir hérité du caractère de son père...Mais Marla s'ennuyant dans son couple, remplace les médicaments de son mari afin de faire revenir l'homme dont elle est tombée amoureuse : Tyler.De multiples références à l'œuvre originale sont également présentes pour notre plus grand plaisir.On aperçoit également l'auteur dans le récit : Chuck PALAHNIUK qui intervient pour trouver la suite de son histoire et justifier également sa fin.J'ai beaucoup aimé la façon dont Tyler est vu dans cette histoire, mais je ne peux pas en dire plus sans spoiler le récit.Le style graphique est vraiment très percutant et rend hommage au récit et aux différents personnages, le dessinateur arrive à faire ressortir toute l'étrangeté de leurs psychés.Ce roman graphique est pour moi le digne successeur de Fight CLub
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