Citations de David Mitchell (296)
Les gens de ma génération sont des clients attablés à un restaurant nommé Toutes les ressources de la Terre et qui se sont gavés au-delà de ce qui est imaginable, alors qu'ils savaient très bien, même dans leur déni, qu'ils se carapateraient au moment de payer et que ce serait à leurs petits-enfants de se débrouiller avec cette addition qu'ils ne pourraient jamais régler.
Difficile de déceler quoi que ce soit dans le visage des octogénaires : les indices habituels se perdent dans leur peau ridée et leurs yeux d'oiseau.
Un écrivain flirte avec la schizophrénie, cultive son sens synesthésique et ses troubles obsessionnels compulsifs. Votre art se nourrit de vous, de votre âme et, dans une certaine mesure, entame votre équilibre mental, c'est juste. En écrivant, des romans qui valent la peine d'être lus, on se bousille la cervelle, on met en danger ses relations et on se malmène.
La jeunesse est le cheval et la maturité, l'aurige.
En ce qui concerne la plupart des écrivains de l'ère numérique, écrire c'est réécrire. Nous sélectionnons, coupons, groupons, collons et modifions, nous qui cherchons de l'or sur nos écrans en tamisant des seaux entiers de déchets. Nos ancêtres de l'ère analogique devaient fignoler chaque ligne de texte dans leur tête avant de le taper.
Quand un proche meurt, c'est toute une armoire à classeurs de détails fascinants qui se volatilise.
Pour tous les Vinny Costello du monde, l'amour, ce sont ces conneries qu'ils doivent nous susurrer à l'oreille pour coucher avec nous. Pour les filles - pour moi, en tout cas - coucher, c'est la première page du livre dans lequel plus loin, il est question d'amour.
Je ne savais pas m'amuser.
Alors que faisais-je pour me détendre ?
Je jouais au Go contre mon sony.
« Pour vous détendre ? rétorqua-t-il, incrédule. Qui gagne, vous ou le sony ? »
Le sony, répondis-je, sinon comment progresserais-je ?
« Donc les gagnants, spécula Hae-Joo, sont les véritables perdants parce qu'ils n'apprennent rien ? Alors que seraient les perdants ? Des gagnants ? »
Je lui dis que si les perdants apprenaient à tirer parti de ce que leur enseignent leur adversaire, alors les perdants finiraient par gagner.
L'oraison de Sonmi-451 (p.316)
"Les longs voyages mènent à soi-même"
Les Alberto Grimaldi de la planète peuvent détourner l'attention générale en ensevelissant la vérité sous des rapports de commissions, en jouant sur la désinformation, en tablant sur la lassitude ou en intimidant ceux qui suivent les événements de près. Ils abrutissent les consciences en rabaissant le niveau d'éducation, en achetant des chaînes de télévision, en versant des "indemnités d'hôtes" à ceux qui dans le monde de l'écrit font autorité ou en arrosant simplement les médias.
Les gens sont obscènes. Je préfère être musique qu'une tuyauterie pompant en boucle toutes sortes de demi-solides pendant plusieurs décennies avant que la machinerie fuie de toute part et finisse par tomber en panne.
Pêcher, c’est comme prier, avait-elle coutume de dire. Même à plusieurs, on est seul
– Il est plus facile d’atteindre l’immortalité que d’en contrôler les termes et conditions
La guerre que mènent les arbres contre le remembrement, la sylviculture, les autoroutes à six voies et les terrains de golf est pour ainsi dire perdue
Pourquoi ce concepteur qui s’est donné tant de mal a-t-il quitté la scène, nous laissant seuls nous interroger sur la raison de notre existence ? Par distraction ? Par sadisme ? Pour plaisanter ? Pour nous juger ?
Mieux vaut s’abstenir d’inciter les gens à questionner ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Ils risquent d’en tirer des conclusions inattendues
L’amour est peut-être aveugle, mais, une fois qu’on vit sous le même toit, c’est comme si on s’équipait d’un scanner ultra-sophistiqué
Si chaque ville a son aura [...], alors celle de Shanghai a la couleur de l’argent et du pouvoir. Ses e-mails sont capables de fermer des usines à Detroit, de priver l’Australie de son minerai de fer, de dépouiller le Zimbabwe de ses cornes de rhinocéros, d’injecter dans le Dow Jones des stéroïdes ou les eaux usées de la finance…
le secret du bonheur était de savoir ignorer son reflet dans les glaces des ascenseurs une fois la quarantaine passée.
Les hommes épousent les femmes en espérant qu’elles ne changeront jamais. Les femmes épousent les hommes en espérant qu’ils changeront. Les deux sont déçus,