AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de David Rosenberg (28)


Au début des années 30, comme certains Hongrois de confession juive, Rozsda, qui s’appelait alors Endre Rosenthal, avait choisi de changer officiellement de nom. Il avait opté pour un patronyme peu courant : Rozsda, nom commun hongrois signifiant « rouille », à la fois couleur et oxydation. Couleur du règne minéral et des oxydes plus que du spectre solaire. Corroder, attaquer la surface en piqûres, taches ou plaques : points, lignes ou aplats. Curieuse coïncidence entre la manière dont la rouille se développe et celle dont, quarante ans plus tard, Rozsda envahira la surface de la toile avec une technique qu’il fera sienne jusqu’à la fin de ses jours.
Commenter  J’apprécie          510
Je me rêve vivant dans un monde où je puisse marcher sur la dimension du temps, en avant, en arrière, vers le haut, vers le bas ; où je puisse marcher, adulte, dans un temps où je fus en réalité enfant. Et enfant maintenant que je suis vieux. J’ouvre les fenêtres pour voir au-dehors. J’ouvre les fenêtres fermées pour voir au-dedans.
Commenter  J’apprécie          484
Quand je me mets à peindre, je fais tout mon possible pour éliminer de la toile tout ce qui est blanc, tout ce qui me dérangerait. Je m’efforce de créer une surface trouble sur laquelle je puisse me mettre à chercher, en tâtonnant, un certain ordre qui, de degré en degré, modifie l’ordre antérieur et crée un autre désordre. C’est le matériau qui crée la surface mentale d’où je peux partir à la recherche du temps.
Commenter  J’apprécie          404
Au début de l’année 1938, il [Rozsda] assiste à un concert de Bartok. Le compositeur, accompagné de sa femme, interprète l’une de ses propres œuvres : Sonate pour deux piano et percussions. À la manière d’une solution chimique, la découverte de la musique de Bartok cristallise toutes les questions qui l’agitent alors, les rendant à la fois plus précises et incisives. Il raconte : « Je m’étais assis à un endroit d’où je pouvais voir les mains de Bartok. J’étais ébloui. Je n’avais jamais pensé à ce que la musique aurait pu être au-delà de Bach, de Mozart, au-delà de Moussorgski. J’étais absolument ivre de cette musique. […] J’ai compris à ce moment-là que je n’étais pas le contemporain de moi-même. J’ai compris que j’étais en dessous de cela. Je croyais que j’étais un bon peintre, mais en fait ma peinture pouvait exister sans moi. J’ai pensé : « Si je meurs, rien ne manque. C’est une petite couleur qui s’en va ». »
Commenter  J’apprécie          390
Lorsqu’on lui dit qu’il bâtit ses tableaux, il répond : « Il n’en est pas question, car c’est le tableau qui me bâtit. Il me transpose de telle manière que je suis différent en terminant une toile de ce que j’étais en la commençant. Je suis la Parque qui tresse le fil du temps, qui crée les choses, mais non celle qui les achève. » Il ne sait jamais à l’avance ce qu’un tableau va devenir. Il n’y a pas de plan préalable. L’œuvre émerge et prend forme peu à peu, avec le temps. Il lui faut parfois plusieurs années pour peindre un tableau : « Le tableau est fini quand il se détache de moi et prend son vol. S’il est réussi, il existe par lui-même ; il possède son verbe, sa conception, son orbe. Il est né. »
Voyant, il attend et espère l’instant où il sera vu à son tour : « De mes souvenirs et de la lumière, je fais un tissu dense que je contemple jusqu’à ce qu’il s’anime, me rend mon regard et se dresse en face de moi. »
Commenter  J’apprécie          342
En lui [ Rozsda] le dessinateur et le peintre sont presque totalement différents, et mènent des activités parallèles semblant aboutir à des univers visuels sans rapport l’un avec l’autre.
Les tableaux de sa maturité sont la négation du vide. […] En voyant pour la première fois ses dessins, on découvre au contraire des figures évoluant librement sur un fond neutre, ouvert, désencombré des amalgames les empêchant d’être distinguées nettement. […] Certains dessins représentent ses propres réflexions sur la vie, d’autres intègrent d’ailleurs le morceau d’écriture qui a inspiré la figuration. Deux anatomies, avec des phrases calligraphiées sur le torse et les cuisses, portent cette indication : « Hier, j’ai pensé qu’il serait bon de mourir. Seulement, aujourd’hui, je me suis aperçu que je n’existe plus depuis longtemps. Voilà, je suis délivré. »
(Extrait d’un texte de SARANE ALEXANDRIAN publié dans ce beau livre sous la direction de David Rosenberg)
Commenter  J’apprécie          332
Comme c'est drôle de penser à ça
Écrire à moi-même !
que je suis surpris quand
je reçois mes lignes
merci
Commenter  J’apprécie          312
FRANÇOIS LESCUN
ROZSDA
(extrait d'un vaste poème dédié à l'artiste peintre)

Fuse la vie
[...]
Ici une voûte ogivale
travaillée par les flammes de ses racines
projette en plein ciel
ses nervures de fluor

rien qu’un tour du caléidoscope
un fourmillement de vitraux
une rosace aux pivots de musique
Fugue de marottes à clochettes
fugue de phallus
fugue de coquelicots
échevelés par la brise estivale
[...]
Fuse la vie
Commenter  J’apprécie          290
Joyce Mansour :
« Un tableau de Rozsda, cela fait penser à l’extravagant gaspillage de la forêt automnale, aux pommiers en fleurs après la mort du soleil, à l’or oculaire, malléable et immobile, tout frais sorti des chants du pays des Magyars, à la mélodie fauve des charrettes qui passent et repassent dans le demi-soleil sans perdre une seule brindille d’étoile, à l’ombre salée des réverbères oubliée sur le trottoir, aux belles armoires en forme de cœur, aux corps planétaires de terrible densité, captifs de ces cœurs, aux cellules de l’enfance, au réveil. Oui, cela fait penser au réveil de celui qui croyait dormir sur un précipice et qui n’attendit point la mort pour s’envoler. »

Galerie Furstenberg, catalogue de l’exposition du 12 novembre au 3 décembre 1963.
Commenter  J’apprécie          290
Aussi, lorsque je rencontrai de nouveau Endre Rozsda au vernissage du Salon des Tuileries au printemps 1941, je n’eus aucun mal à le reconnaître et à venir le saluer. Lui se demandait qui était l’étrange jeune fille sophistiquée, tout habillée de blanc, les lèvres et les yeux fardés d’or, qui s’avançait vers lui avec un sourire radieux. Je lui rappelai que j’étais l’adolescente aux nattes en couronne entrevue en septembre 1939.
De ce jour commença une amitié indéfectible. Presque journellement, j’allais peindre à son atelier le matin et l’après-midi, il faisait des portraits de moi. Pour cela je devais me percher sur une chaise montée sur une caisse, elle-même placée sur une table, équilibre précaire qui ne me permettait d’apercevoir ni l’artiste ni sa toile, mais je pouvais voir sa main éloquente au poignet souple maniant le pinceau en mille voltes et arabesques.
(Souvenir de Françoise Gilot, New York, 2001)
Commenter  J’apprécie          240
« Dans sa vie, dans son œuvre, il avait souffert, il avait subi bien des tourments, mais il sut toujours éviter l’amertume. Plus que jamais, il évolua au rythme de son rêve intérieur. Son œuvre est solitaire et peut-être difficile d’accès. Non pas une tour d’ivoire mais plutôt une tour d’arc-en-ciel, car magie de la couleur est chez lui totale. L’enfermement relatif est lié à sa quête au pays de la mémoire, lui qui ne fut jamais oublieux du vert paradis des amours enfantines. Soigneusement caché, le culte de sa mère transparaît cependant dans une nostalgie mélancolique, une douleur sans adieu pleure sur la toile malgré l’exaltation d’une lumière transcendante. »


Françoise Gilot, artiste peintre et écrivaine française, compagne de Picasso de 1944 à 1953.
Commenter  J’apprécie          180
Aussi, lorsque je rencontrai de nouveau Endre Rozsda au vernissage du Salon des Tuileries au printemps 1941, je n’eus aucun mal à le reconnaître et à venir le saluer. Lui se demandait qui était l’étrange jeune fille sophistiquée, tout habillée de blanc, les lèvres et les yeux fardés d’or, qui s’avançait vers lui avec un sourire radieux. Je lui rappelai que j’étais l’adolescente aux nattes en couronne entrevue en septembre 1939.
De ce jour commença une amitié indéfectible. Presque journellement, j’allais peindre à son atelier le matin et l’après-midi, il faisait des portraits de moi. Pour cela je devais me percher sur une chaise montée sur une caisse, elle-même placée sur une table, équilibre précaire qui ne me permettait d’apercevoir ni l’artiste ni sa toile, mais je pouvais voir sa main éloquente au poignet souple maniant le pinceau en mille voltes et arabesques.
(Souvenir de Françoise Gilot, New York, 2001)
Commenter  J’apprécie          170
Chaque jour j’aime à me perdre dans la toile qui me vient d’Endre Rozsda.
Cosmos éclaté, en effet, mondes éclatants où l’imagination se ressource.
On peut, dans chacun de ces espace de quelques centimètres, imaginer des villes, des figures, des îles tropicales. Entre ces mondes bigarrés cheminent des frontières ondoyantes et blanches. Elles furent, me dit-on, tracées en dernier. L’œil suit ces boucles de capture. Elles s’enlacent ou parfois se coupent en impasse.
L’orgueilleuse certitude d’Endre Rozsda d’avoir réussi ce qu’Éluard nommait « le dur désir de durer » s’accomplit.
Tout regard attentif reçoit, ineffaçable, les fruits de sa passion qui gravent la mémoire.
(Dominique Desanti)
Commenter  J’apprécie          140
Qu’en est-il de ce courant souterrain ? À l’exception de Wassily Kandinski, père fondateur de l’art moderne, connu aujourd’hui de tous les publics et célébré comme il se doit, premier en date de toute cette lignée dans certaines de ses œuvres, tous les autres continuent à être ignorés ou au moins sous-estimés : Filonov, Ciurlionis, Golyscheff, Brignoni, et il y en a d’autres, prédécesseurs ou contemporains de Rozsda. En tête de ligne, le Russe, Pavel Filonov (Moscou, 1883-Léningrad, 1941) ; sa seule et unique exposition à Paris n’eut lieu qu’en 1990 au Musée national d’Art moderne. En ce qui concerne l’Ukrainien Jef Golyscheff (1899 -1970), sa seule exposition personnelle en Europe eut lieu l’année de sa mort à la galerie Schwarz de Milan. En fait, il a mené une existence fort discrète bien qu’errante, de l’Allemagne à l’Espagne et de Sao Paulo à Paris, et n’a eu d’activité collective qu’au sein du Club Dada de Berlin (1919-1921) et du mouvement « Phases » (1964-1970). Or, les ressemblances entre certaines œuvres et Filovov ou de Golyscheff et celles de Rozsda sont surprenantes, et pourtant il est exclu que Rozsda ait eu l’occasion de pouvoir être influencé par « l’art analytique » de Filonov, car le peintre moscovite se refusait à exposer à l’étranger avant d’avoir pu le faire en URSS. Mais en 1929, l’année où une grande rétrospective de son œuvre devait avoir lieu au musée de Leningrad, les peintres académiques staliniens s’étaient déjà emparés de tous les leviers du pouvoir artistique ; son exposition fut purement et simplement annulée et lui-même condamné au silence.
Commenter  J’apprécie          120
"Chaque époque rêve la suivante", écrit l'historien Jules Michelet.
Commenter  J’apprécie          90
Il nous arrive parfois de nous sentir démunis devant le foisonnement artistique du xxé siècle et l'aspect intrigant ou hermétique de certaines œuvres.
Si se confronter à l'art réclame des efforts, cela ne devrait jamais devenir une corvée.
L'art est comme un jeu, il suffit d'en connaître les règles pour commencer à l'apprécier.
Et, comme disait Andy Warhol à propos de la célébrité
"C'est comme les cacahuètes; quand on commence, on ne peut plus s'arrêter."
DAVID ROSENBERG
Commenter  J’apprécie          30
je ne cherchais pas à faire une révolution plastique, ni sociale d'ailleurs. je cherchais à traduire mon émerveillement devant la beauté de la nature.
Commenter  J’apprécie          20
Brasilier a élaboré des contrastes de couleurs qui créent des atmosphères et des sensations qui font que sa peinture est tout de suite reconnaissable.
Commenter  J’apprécie          20
Ses peintures constituent des variations et des méditations infinies sur des sujets éternels du monde de l'art; leur dénominateur commun est une aspiration à l'harmonie parfaite.
Commenter  J’apprécie          20
Les sujets de Brasilier sont des métaphores du bonheur: les chevaux, les parcs, la musique, la femme et les fleurs. Cependant chacune de ses peintures suggère en même temps, que le bonheur et la beauté, s'ils ont une fin, ne cessent toutefois de renaitre.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de David Rosenberg (17)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres d’André Franquin ?

Gaston Lagaffe : Le ... des gaffeurs ?

Gang
Groupe
Clan

10 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : André FranquinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}