Citations de David Szalay (17)
- À mon avis, dit-elle, il n'est jamais trop tard»
Il se contente de sourire, en se disant : Justement, c'est ça le destin, cette façon de ne comprendre ce qui nous attend que quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit. C'est bien pour ça que c'est le destin. Trop tard pour rien y faire.
Il cherche quoi, au juste, le touriste ? À voir des choses ? À découvrir de nouvelles facettes de la vie ? La vie est partout : pas besoin de parcourir l'Europe pour la trouver...
Justement, c'est ça, le destin, cette façon de ne comprendre ce qui nous attend que quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit. C'est bien ça que c'est le destin. Trop tard pour rien y faire.
Un bref instant, le ciel se teinta d'un rose coquillage et le monde aperçu depuis le tarmac par le hublot revêtit une apparence de douceur.
Le temps qui fuit. Voilà ce qui est éternel, c’est cela qui n’a pas de fin. Une chose qui ne se manifeste qu’à travers ses effets sur le monde, ce monde qui – par sa fugacité même – incarne la seule chose qui soit sans fin.
Extraordinaire paradoxe, semble-t-il. (p. 531.)
"Let us love what is eternal, and not what is transient»
So what is eternal?
Nothing, that's the problem. Nothing on earth. Not the earth itself.
Not the sun. Not the stars in the night sky.
Everything has an end.
Everything.
We know that now"
La veille, il s’était senti sombrer dans une sorte d’obscur crépuscule de l’âme. Un pessimisme épouvantable plusieurs heures d’affilée. En substance, la conviction qu’il avait bousillé sa vie, et que tout était terminé.
Il n’arrive toujours pas à se faire à l’idée qu’il peut vraiment mourir. Que ça peut s’arrêter d’un coup. Ca. Lui. Il voit toujours la mort comme une chose qui peut arriver aux autres ; et d’ailleurs, il perd déjà des amis, des connaissances. Des gens qu’il fréquente depuis des dizaines d’années. Un bon nombre d’entre eux sont déjà morts. Il a assisté à leurs enterrements. Les rangs sont en train de se clairsemer. Mais il n’arrive toujours pas à comprendre – à véritablement comprendre – que lui aussi, il va mourir. Que d’ici dix ans, très probablement, il aura tout simplement disparu.
Anita s'imagina les amies de Nalini. Leurs remarques. Leurs conseils. Ils sont comme ça, les hommes, un point c'est tout, de toute façon, bientôt, il sera reparti, alors pourquoi mettre de l'huile sur le feu ? Elle avait grandi comme sa soeur au milieu de ce genre de femmes.
Combien de moments pareils dans une vie ? Où tout bascule. Pas plus de quelques-uns.
L'avion penchait légèrement d'un côté ou de l'autre et un paysage blême défilait sous ses yeux. Il était parfois difficile de dire si la blancheur au-dessous d'elle était un nuage ou la croûte terrestre, avec des gens qui habitaient là.
Déjà loin au-dessous, le Sussex dessinait un patchwork bleuté de champs au crépuscule.
Les maisons jumelées de Notting Hill et les minces arbres nus lui étaient désormais une vision familière.
Il se sent écorché, comme décapé, voilà toutes ses terreurs latentes exposées au grand jour.
Ils ont beau être affutés comme des pierres précieuses, ces souvenirs semblent étonnamment petits, lointains, comme observés dans un télescope à l’envers.
En soi, le réveil est une expérience terrible. Tout est toujours là, comme avant. Là, dans le noir.
Sauf qu’à l’instant même du réveil, il n’y a rien. Un instant vide. Une sorte de paix. Puis c’est fini, et tout est revenu. (p. 478.)
« – Je ne comprends pas. – Moi non plus. » Ils restèrent un long moment assis en silence. En près de quarante ans de mariage, rien de tel ne leur était jamais arrivé. Plus que toute autre chose régnait le sentiment qu’il était trop tard pour ce genre d’expérience. Et un sentiment de désarroi, aussi. « Je me devais de te le dire. On ne s’est jamais rien caché. – Merci. » Un nouveau long silence. « Donc… tu es amoureuse de lui ? – Oui, répondit-elle sans hésitation. – Et maintenant que fait-on ? – Que veux-tu ? – Je ne sais pas », répéta-t‑elle. Ce qui n’était pas vrai : elle voulait partir avec le médecin, le seul objet de ses pensées depuis le moment où elle ouvrait les yeux le matin jusqu’à celui où, le soir, elle trouvait enfin le sommeil. Son mari soupira.