David Thomas (II)

Si je porte une petite culotte, par exemple, elle me rentre parfois dans la raie - et ailleurs, du reste - ce qui doit être l'équivalent féminin des burnes écrasées par le caleçon.
Si on est tout seul, on peut glisser la main vers le bas et se remettre la culotte en place, mais s'il y a quelqu'un d'autre dans la pièce, faut vous contenter de remuer du popotin, en espérant que ça va s'arranger.

J'ai toujours pensé qu'il devait exister une loi physique vraiment spéciale, pour que des culottes qui ont l'air si petites au départ parviennent à s'étirer pour tout recouvrir.

On aurait dit que j'avais des moufles sur chaque dent. Dieu sait quelle haleine de bœuf je devais avoir.

... aussi doux qu'un string en peau de vison...

Rien ne pouvait la rendre plus guillerette que les problèmes gynéco des autres. Je suppose qu'en multipliant son cas par cinq millions - un pays entier de vieilles biques fouinardes -, mon histoire devenait crédible.

Moi, je vais vous en donner des détails. Vous voyez ce truc-là ?... c'est un dilatateur vaginal. On me l'a donné ce matin. Trois fois par jour et pendant un quart d'heure, faut que je me foute ça dans la chatte.

Bon Dieu de merde... fait chier ! ai-je braillé. Je suis plus un mec. Je suis une gonzesse... une meuf, une grognasse, une nana, une... (J'étais à court de mots.) Je suis juste une bonne femme à la con.

J'ignore la façon dont les internes auraient réagi, mais en ce qui me concerne, j'ai fait dans le genre modéré, disons...
Cette fois-ci, je suis pas tombé dans les pommes. Je ne l'ai pas contredit, je ne me suis pas plaint. Je me suis juste penché en avant et j'ai tout dégueulé sur ses chaussures en daim brun.

Vous voulez savoir ce qui est le plus drôle dans tout ça ? Je suis monté comme un âne. J'ai un pénis que la plupart des hommes échangeraient volontiers contre leur bras droit et je l'ai toujours détesté.

Les deux gars qui s'occupent de nous et qui viennent de descendre six bonnes pintes de bière, sans parler des deux ou trois verres de gnôle pour la route... ben, figurez-vous qu'ils se rentrent dedans.

... assis dans la salle des hommes, sponsorisée par le double vitrage K2, j'attends qu'on...
Et de l'autre côté, dans l'aile de ces dames, sponsorisée par les tampons Daisyfresh...

Le moral des troupes est au plus bas et la moitié du personnel n'en a plus rien à foutre, dès lors qu'il va toucher sa prime de licenciement. Bref, ils virent les gens à tour de bras et il se trouve que le jour de mon opération, une bande de brancardiers a reçu sa lettre de licenciement. Ils sont allés fêter ça avec d'autres mecs de leur service et ils étaient bien éméchés en reprenant le travail dans l'après-midi.

Je crois qu'en jargon médical, on appelle ça... euh...un équeutage.

Tout doucement... du fin fond de mon cerveau, je commençais à piger que quelque chose ne tournait pas rond. Mais alors, pas rond du tout !

J'ai baissé la main pour me gratter la tige, qui était raide comme si j'avais une gaule matinale d'enfer et il n'y avait rien. Juste un paquet de pansements, ces tubes et cette douleur et...

Dans leur vocabulaire de l’époque, il y avait eu une palette d’euphémismes pour éviter d’utiliser un terme aussi précis que le mot « exécution » : leurs « actions » consistaient en un « déplacement » d’hommes, de femmes et d’enfants vers des zones de « repeuplement » en cours d’« opérations ». Ils avaient toutefois parfaitement conscience de ce qu’ils faisaient, d’où les caisses de vodka empilées à côté des stocks de balles, pendant les exécutions.

Frau Hartung était le genre de femme dont l’unique plaisir consiste à critiquer autrui. Un vilain visage de mégère au nez pointu au-dessus d’une bouche étroite et mince. J’étais sûr qu’à la Gestapo je trouverais des montagnes de lettres dans lesquelles elle dénonçait ses locataires et leurs connaissances.

Berlin est rempli de femmes superbes qui ne cessent de s’interroger sur la créature extraordinaire qui a réussi à les déloger de mon cœur. Elles se demandent inlassablement :« Qui est cette Tietmeyer ? Qu’a-t-elle donc que nous n’ayons pas ? » Vous l’ignorez sans doute, Fräulein Tietmeyer, mais vous êtes le sujet de conversation de toute la ville.

Sa beauté n’était pas celle d’une poupée parfaite. Ce n’était pas non plus le genre de femme qui se focalise sur le désir qu’elle éveille chez les hommes. Elle avait le visage anguleux, les traits marqués mais élégants, ses yeux clairs riaient, son sourire était lumineux, toujours sincère. Jamais je n’ai vu Sabine prendre une attitude affectée ou hypocrite : elle était d’une loyauté formidable et inspirait confiance à tout le monde.

C’est fini l’école, Heuser. Vous êtes dans le monde réel, les règles ne sont pas les mêmes. N’allez pas faire erreur : je ne suis pas de ces policiers qui expédient de faux coupables en taule pour le bien de leur carrière, parce qu’ils n’arrivent pas à attraper les vrais. J’aurais pu aller pêcher un pauvre type dans le caniveau, un détraqué sexuel, truquer des preuves et le faire passer pour l’assassin de la S-Bahn. Mais à quoi cela aurait-il servi d’avoir toujours le véritable coupable dans la nature, prêt à tuer ? Donc, premièrement, on s’attaque à l’homme, le seul. On utilise tous les moyens disponibles pour le choper et démontrer sa culpabilité. Si l’usage de ces moyens nous oblige à transgresser les règles, tant pis