Je me plonge dans la lecture d’un magazine féminin durant ma garde. C’est fou ce qu’on y trouve comme astuces à la noix ! Je m’étoufferais presque en tombant sur l’article « Le recoupling : pourquoi retourner avec nos ex ? », et le « en plus, ça marche » menace de me faire mourir de rire… jaune. Personnellement, plutôt crever ! Mais il est vrai que Guillaume, alias Guy (à prononcer avec l’accent de Cristina Córdula), était loin d’être une affaire ; on pourrait même parler d’une authentique arnaque.
Une femme me dépasse pour se rendre aux toilettes ; je sers un peu plus le combiné de l’interphone et fais semblant de parler sécurité avec Charlotte, en me détournant, comme si de rien n’était. À nous observer, les gens doivent penser qu’elle me communique des informations importantes, alors qu’elle joue à l’entremetteuse.
Contre tout pronostic, je m’en sors plutôt bien, puisqu’une heure plus tard, j’apporte la touche finale à mon maquillage en rehaussant mes yeux d’un trait d’eye-liner, pour mettre en valeur leur forme en amande ainsi que leur couleur, un subtil mélange de vert et de marron doré. Je n’ai plus qu’à enfiler mon bleu de travail, et je serai apprêtée pour jouer à l’hôtesse de l’air pimpante, sourire ultra-commercial vissé sur la face en prime !
Ma première action, en rentrant chez moi, est de lancer mon sweat par terre, dévoilant ainsi mon super T-shirt « Fuck me, I’m famous », bien que je sois tout sauf « famous » à cette heure, et ne parlons pas du « Fuck me » !
Mon image de marque en prendrait assurément pour son grade, déjà que je recommence à respirer comme un asthmatique en crise, tout en avançant le dos courbé. Il me faudrait un tuteur, comme les plantes, pour arriver à me tenir droite à nouveau.
Je n’ai pas besoin de m’observer dans une glace pour savoir que je suis rouge comme une tomate bien mûre. Je dois même avoir l’air prête à exploser, si j’en juge par les regards en coin que me lance Simone. Elle pense peut-être que je vais lui claquer entre les doigts, à deux kilomètres de mon appartement. En plus de cela, j’ai horriblement chaud, alors qu’à chacune de mes expirations, un nuage de fumée se forme devant ma bouche. Finalement, je n’ai pas intérêt à m’attarder dehors avec la tête et le corps trempés de sueur, quand les températures flirtent avec le négatif en ce début janvier.
J’ai pour objectif de reprendre ma vie en main et d’être une autre femme, celle que j’avais prévu de devenir à l’adolescence, mais que quelques erreurs de parcours ont déviée de son but.
À croire que ma graisse m’a passé la bague au doigt le jour de mon bac ! C’est bien simple, je n’arrive pas à m’en débarrasser malgré tous les régimes auxquels j’ai pu me soumettre ces dernières années, même les plus farfelus.