Déborah Guérand

Pfff… je t’en ficherais du « beau sapin », roi des enfoi…
Je m’interromps brusquement, soudain consciente d’être observée par un gamin tout plein de morve et aux manches de t-shirt très sales.
— Toi, t’allais dire un gros mot, me dit-il de sa voix fluette.
— N’importe quoi !
— Si. Ma maman, elle fait pareil que toi quand elle est fâchée contre mon papa et qu’elle râle.
— Pas du tout, je ne suis pas fâchée et un lutin ne râle jamais. Allez zou ! C’est ton tour, Morvito. N’hésite surtout pas à te moucher dans la barbe du Père Noël. Il adore ça ! l’encouragé-je en écartant le cordon de sécurité.
Ça lui fera les pieds !

Selon moi, le bonheur c'est comme la chair fraîche pour un prédateur, il est difficile d'y renoncer après y avoir goûté.

"Quelle façon poétique de voir la situation ! On se croirait le premier jour des soldes. Ce moment où il faut se dépêcher de dénicher la bonne affaire pour l'embarquer ! Je m'imagine la scène : une nana hystérique, un homme sous le bras, hurlant comme une damnée pour essayer de le faire entrer dans le coffre de son véhicule."

Il n'y a que quand je suis avec lui que j'ai la sensation d'être au bon endroit.

Sans toi, j'aurais pu oublier à quel point il est bon de ne pas être seul tout le temps.

Cet homme se bat contre tellement de démons a la fois que je m'en veux de lui faire subir les miens.

Serre-moi fort, comme si j'étais quelqu'un d'important pour toi.

… Elle avait autant envie de venir que de se pendre. Ça tombe bien dans un sens, car j’ai autant envie de l’avoir dans les pattes que de subir un lavage du rectum.

J’ai l’immense honneur de vous informer que j’ai réussi à décrocher le rôle tant convoité, en cette raison, de lutin du pôle Nord !

Je m’enfonce dans le canapé tout en me perdant dans des lamentations sans fin. Les paupières closes et la tête en appui sur un des gros coussins, je sursaute en recevant une claque sur la cuisse. J’ouvre les yeux et découvre Jérémy accroupi juste devant moi. Il est si près que je n’aurais qu’à tendre le bras pour le saisir par le col de sa veste en cuir et lui mordre les lèvres. Comme s’il avait deviné sur quelle pente glissante m’entraînaient mes pensées, il me gratifie d’un sourire félin. Je me racle la gorge, prête pour la riposte.

– Vous faites le même métier que mon meilleur ami, dis-je.
Il semble ravi que je lui témoigne enfin de l'intérêt. Son visage s'éclaire tandis qu'il me demande :
– Il est photographe de nature sauvage, lui aussi ?
Je réfléchis une minute. Tout dépend de ce qu'on entend par « sauvage ». Est-ce qu'un mannequin qui arrive à moitié défoncé au studio et vous mord durant la séance, ça compte ?

C’en est à pleurer de constater que mes erreurs passées ne m’ont pas servi de leçon.

Cette fille doit mesurer quoi ? Un mètre cinquante-cinq, voire un peu moins, pour autant de kilos ; un poids plume, en somme, comparé à moi. Et que dire de cette curieuse façon de s'habiller... OK, je suis lucide quant à mon manque de goût par moments, Mel me le rappelle assez souvent, mais je crois bien ne jamais avoir dénombré autant de couleurs sur une seule personne ; un vrai patchwork ! Elle pourrait tuer un caméléon, si ce pauvre malheureux avait l'inconscience de se poser sur elle.

Cet homme était censé m’aider à aller mieux, or tout ce qu’il a fait jusqu’à présent est de m’enfermer dans son cabinet vétérinaire où il m’a ensevelie sous une montagne de dossiers à ordonner. Et si ce n’était que ça! Je ne compte plus les heures à nettoyer de fond en comble les cages des animaux en convalescence au sein de la clinique ou à récurer…

Si je n’y prends pas garde, je pourrais un peu trop aimer partager d’autres moments comme celui-ci avec elle.

-L’histoire de l’Écosse est fascinante, ce pays est fascinant! Il est sauvage, beau, envoûtant! Je ne me lasse pas de ses paysages, ceux de Mull plus que tous les autres, confessé-je.

C'est une séparation Rose, pas une rupture.

Prendre la décision de rester, ce serait céder à ta peur de reprendre ta vie comme tu l'as laisser là-bas.

Ma retraite aura eu du bon dans le sens où elle m’a permis de prendre conscience que ce sont les personnes qui nous entourent et nous aiment qui importent et non les possessions matérielles.

Eh bien... tu n'es pas celle que je pensais, mais tu es telle que je n'osais l'espérer.