Drôle de vie, ou drôle d’époque. On peut étaler ses émotions et ses craintes à des milliers de personnes sur les réseaux sociaux et sentir la présence d’une barrière invisible mais inviolable lorsqu’il s’agit d’évoquer de vrais sujets avec les gens auprès desquels on a grandi.
Si les choses sont écrites, Arthur remercie le ciel de ne pas avoir accès au livre de son histoire personnelle, on n’est jamais prêt aux bouleversements avant qu’il n’arrivent. Ou on n’est jamais prêt tout court, d’ailleurs.
Il est couché la tête en direction de l’océan mais sa nuque fait un angle bizarre et ses yeux ouverts et sans vie fixent Emma sans la voir. Du sang ruisselle entre le sol et sa joue droite, collée sur le béton. Une joue imberbe.
Tout est vraisemblable dans la nuit noire, même l’existence des fantômes. Mais quand le jour se lève, il engloutit les fables, et les cauchemars s’évanouissent.
Ce serait du loisir pur et dur si elle parlait de fantômes ou de loups-garous mais Emma a une préférence pour l’horreur ordinaire perpétrée par les monstres du quotidien.