Citations de Delphine Roux (55)
Et dans le plus doux des secrets, elle fabrique une guirlande de rouge, de bleu, de jaune, de vert... pour son tout petit frère.
Allons pique-niquer
Sous les cerisiers
Sur la nappe fleurie
Mangeons des sushis
Et levons nos verres
Au vieux mont Fuji !
Je suis toujours le premier franchir le portail du cimetière s'ouvrant sur un râle régulier.(...)J'aime le calme des petits passages entre les caveaux, l'ordonnancement minéral rassurant, la stridulation tranquillisante des grillons.Je ne suis jamais triste sur ces terres recelant du familier, de l'inconnu.
[sora, ciel]
Maman ressemblait aux ménagères sur les publicités des années soixante. Maman était belle au-dehors, sûrement triste au-dedans. Je crois que maman n'aimait pas la campagne. Je crois que maman aimait papa.
[negai, vœux le plus cher]
Un jour, alors que nous allions pique-niquer pour fêter Hanami, grand-mère m'offrit un Daruma. Suivant la tradition, je dessinai en noir une première pupille sur cette figure de papier mâché et fis le vœu de voir à nouveau sur le visage de ma grande sœur le sourire plein d'Okame.
Le Daruma est aujourd'hui sur ma table de nuit. Toujours malvoyant.
Mon souhait s'est perdu dans le vent des cyclones et les ondées d'orage.
[okane, argent]
….. je ne lis jamais. A part les modes de cuisson des plats préparés, le titre des ouvrages que j'aligne, les prospectus du supermarché à la titraille si racoleuse que je ne peux l'éviter.
Je ne veux plus rentrer dans les histoires. La mienne, même minuscule, me suffit amplement.
[seisyounen, jeunesse]
Quand j'étais petit, je courais sans cesse après le temps, rien ne semblait m'épuiser. Papa, attendri, m'appelait vif-argent. J'avais toujours un désir, une envie sur le feu, des yeux qui disaient et si on essayait de.
Je prenais des cours de piano, faisais du base-ball et du judo…
J'aimais lire aussi. Sans mesure. Avidement. Me colleter aux signes s'agrégeant en histoire, me gargariser de syllabes et de sons que je décidais magiques. Je vénérais les super-héros, réinvestissant leur toute-puissance au cœur de mes jeux.
On me proclamait enfant précoce, on me promettait un destin. Peut-être pensais-je, à l'époque, que j'en aurais un.
Aujourd'hui je regarde le monde en proximité. Je regarde les autres faire ce que je ne fais pas, ce que je ne fais plus, voilà.
[Koudou suru, agir]
Seki a beaucoup d’activités en plus de son travail. Elle fait du yoga le mercredi midi, va au cinéma le mercredi soir et, chaque samedi matin, elle suit un cours de calligraphie à domicile.
Seki est une jeune femme moderne, dans l’écho des titres de magazines, dans la maîtrise du visible. Elle dit que je devrais faire comme elle, me bouger. Que je serais certainement mieux dans mes baskets. Ses conseils amplifient mon silence.
Mes baskets et moi, je crois, nous nous entendons joyeusement.
" Dans ton jardin secret, n'oublie pas un carré pour les mauvaises herbes. "
Le partage
Obaasan aimait passionnément la nature. Devant sa maison, des dizaines de plantes en pots colorés accueillaient les visiteurs. Je sens encore le parfum des pivoines et du lilas blanc…
Tous les matins, après sa gymnastique, Obaasan se rendait à son potager pour y cultiver fruits et légumes de saison. Et, chaque midi, elle déposait salades, kakis, patates douces ou daïkons devant sa porte d'entrée. Chacun pouvait se servir.
Obaasan disait souvent qu'on recevait à donner.
Daïkons : radis japonais
Partout où je posais les yeux, un détail me charmait : des fleurs de saison flottant dans une coupelle de grès, une collection de maneki-neko et de masques d'Okame, des libellules brodées sur son tablier.
Obaasan avait l'art de rendre les choses simples aussi précieuses que la danse des lucioles. C'est aussi pour cela que je l'aimais.
Le maneki-neko est une statuette représentant un chat assis levant la patte au niveau de l'oreille. Il est fréquent de trouver ce drôle de petit chat aux comptoirs des magasins ; il est censé attirer la richesse et la chance.
(Okame) : Divinité de la gaité et de la bonne humeur.
Le petit chat de papier
Connais-tu le petit chat
Qui vivait dans un manga ?
Un soir, à pattes de velours
Zou…
il fila !
Avec mon pinceau….
Avec mon pinceau, j'ai écrit des mots
Des sucrés
Des salés
Des timides
Des épicés
Avec mon pinceau, j'ai écrit des mots
et je t'en ai fait cadeau.
Pour Obaasan, comme pour beaucoup de Japonais, les repas se devaient d'être aussi bons que beaux. Et je ne me lassais pas de l'observer rouler le riz des onigiris entre ses doigts, poser patiemment de petits légumes en saumure sur de fines tranches de thon ou verser le mugicha dans des céramiques fleuries.
Partout où je posais les yeux, un détail me charmait : des fleurs de saison flottant dans une coupelle de grès, une collection de maneki-neko et de masques d'Okame, des libellules brodées sur ses tabliers.
Obaasan avait l'art de rendre les choses simples aussi précieuses que la danse des lucioles. C'est aussi pour ça que je l'aimais.
A pas légers, Asami trottine de-ci, de-là, son petit panier sous le bras. Bien vite, mille trésors attirent son regard ...
Le parfum de la monitrice me rappelle les vacances à la mer.
Ma mère s'enduisait la peau de monoï. Le monoï a l'odeur de la joie, du sucre qui ravit. Le monoï est l'allié du ciel bleu, un liquide à bonheur.
[negai, vœu le plus cher]
Un jour, alors que nous allions pique-niquer pour fêter Hanami, grand-mère m’offrit un Daruma. Suivant la tradition, je dessinai en noir une première pupille sur cette figure de papier mâché et fis le vœu de voir à nouveau sur le visage de ma grande sœur le sourire plein d’Okame.
Le Daruma est aujourd’hui sur ma table de nuit. Toujours malvoyant.
Mon souhait s’est perdu dans le vent des cyclones et les ondées d’orage.
Mon souhait s'est perdu dans le vent des cyclones et les ondées d'orage.
Dans ces affirmations péremptoires, j'entends aussi tout ce qu'elle ne dit pas. Tout ce qu'en elle, elle tente, depuis tant d'années, de camoufler.