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Citations de Denis Infante (30)


Rousse était jeune renarde à robe flamboyante, dont beauté et finesse d’esprit attiraient de nombreux soupirants, mais Rousse tous refusait, utilisant griffes et dents, fuites ou combats si nécessaire, dissuadant d’insister mâles plus tenaces. Rousse était libre et solitaire et tenait à le rester.
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Je comprends paroles de vieux corbeau. Sage. Sentencieux. Mots disent, mots racontent, mots expliquent. Mots inventent univers.
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— Et puis j’en ai marre du riz et des légumes ! Je veux manger de la viande !
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Ainsi se déroulait courte ou longue vie de toute créature, un temps chasseuse affamée, un temps proie terrifiée. Un temps en quête d’énergie vitale, un temps luttant pour préserver sienne. Car, pour finir, qu’importait aux vivants, sinon de se préserver, se perpétuer, se transmettre. Du plus faible au plus fort, du plus inexpérimenté au plus retors, du plus lent au plus rapide. Sang versé, et sang bu.
Herbes, plantes, arbres, fleurs, feuilles et troncs, tous aussi participaient au cycle. Tous offraient leur part.
Rouge ou verte était sève de vivants.
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Quand très vieux hêtre n’était que mince baliveau à peine sorti de sa graine, peuple des Faces Plates vivait partout sur terre. Peuple puissant, chasseur prédateur, Peuple destructeurs. Faces Plates occupaient monde entier et dévoraient toutes autres créatures. Tuaient peuples de terre, airs et eaux. Brisaient roches, creusaient montagnes, asséchaient rivières, détournaient fleuves, rasaient forêts, brûlaient plaines.
Certains disent qu’ils voulurent même posséder ciel et étoiles.
Mais un jour, alors que vieux hêtre était encore jeune arbre, peuple des Faces Plates malgré son immense puissance, malgré solides tanières malgré faraille, malgré savoir et pouvoir, disparut comme poussière au vent, comme rides sur étang. Comme rosée sous brillant soleil.
Disparut sous violent feu tombé du ciel, feu foudre, foudre, soleil, qui brûle roches et vivants.
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Sans nul regard en arrière, car sinon trop grand aurait été son chagrin, trop prégnante sa nostalgie. Car Rousse en avait inexplicable intuition, sur rive du fleuve l'ayant vue naître et grandir, jamais elle ne reviendrait.
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Je suis vieille vivante, un jour viendra dernier prédateur, celui que nulle créature, même puissante, même forte, même vaillante combattante de griffes et de dents, courage et ruse, ne peut vaincre.
Et tout sera dit. Je suis Rousse, je suis renarde et je n'ai pas peur.
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Alors j’ai senti une violente déchirure en moi, comme si la beauté du monde avait besoin d’autant de douleur, comme si toutes guérisons restaient à jamais impossibles, et qu’il n’y avait entre nous tous réunis en ce soir d’été, cet échantillon de vivants et le sombre néant, que la force fragile du chant.
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Un mercredi après-midi, nous jouions sur la terrasse
tous les trois. C’était le premier jour vraiment chaud
depuis des mois. J’avais les doigts un peu rouillés et je
devais me concentrer pour tenir le tempo. De temps à
autre, je me plantais et Rita me jetait des regards noirs.
Annabelle se marrait de son côté, probablement pour
rétablir l’équilibre. Je relevai la tête. Jeanne-Marie n’avait
pas franchi le seuil de la baie vitrée, elle se tenait immobile,
les bras croisés dans le dos, à un bon mètre à l’intérieur
de la cuisine, mais après tous ces jours de claustration,
c’était un progrès inespéré. Quand je croisai son regard,
elle baissa la tête très vite ; toutefois, j’eus le temps
d’apercevoir l’ombre d’un sourire sur ses lèvres.
Nous l’invitâmes à nous rejoindre.
— Je ne voudrais pas vous déranger... murmura-t-elle.
— Tu ne nous déranges jamais, affirma Annabelle.
J’allai chercher un fauteuil que j’avançai au soleil à son
intention et je retournai prudemment m’asseoir à l’abri
derrière mon accordéon. J’avais cette grimace idiote collée
sur le visage, du type qui voudrait bien qu’on l’oublie et
je n’en menais pas large. Jeanne-Marie s’assit du bout des
fesses. Elle gardait la tête baissée sur ses mains posées sur
ses genoux. Les doigts enchevêtrés, comme se livrant un
combat au corps à corps. J’avais l’impression extrêmement
désagréable que nous avions oublié la suite du texte,
victimes d’un trou de mémoire collectif. Un blanc de
quelques secondes dont on ne voit pas la fin, un affreux
tunnel.
— C’est quand vous voulez ! s’exclama, Rita, arborant
un large sourire.
Nous jouâmes une bonne demi-heure. Nous avions
retrouvé une pêche d’enfer. Et notre unique spectateur
peu à peu se laissa emporter par la musique, ses doigts se
relâchèrent, son visage se détendit. À la fin, elle applaudit
debout.
Elle fit la bise à Rita, puis à Annabelle. Et comme je me
tenais un peu à l’écart, elle s’avança vers moi, et à même
pas cinquante centimètres, elle se pencha et j’eus droit à la
mienne aussi. Furtive, mais sincère. Jeanne-Marie, une fille
un peu timide, mais très sympathique finalement. Très
jolie maintenant que je la regardais dans les yeux, maintenant
qu’elle se dressait, la tête haute dans la lumière.
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Rousse n’était pas triste. Rousse, à présent, savait. C’était douleur et force, c’était joie et précipice, c’était source de lumière dans plus noire des nuits, sombres nuées dans ciel très pur.
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De loin en loin, parmi hautes futaies, apparaissait arbre difforme, comme tordu en tout sens par forces inconnues, insupportable douleur, branches maîtresses touchant terre, ou jaillissant dans toutes directions, s'entremêlant, se repoussant, se nouant, comme se livrant cruelle et trop longue guerre. Feuillage clairsemé par endroits, à d'autres au contraire monstrueusement touffu, vert traversé de lueurs jaunes, rouges, violettes, semblait malade. Certains déjà mourants, ou morts. Se dégageaient de ces créatures contrefaites désagréable impression, âcre malaise, danger insaisissable.
[...] Forêt difforme rendue folle par on ne savait quelle poison, comme vrillée par une tourmante sans fin. Rousse, si elle s'en méfiait, les plaignait aussi, imaginant terrible souffrance de leurs corps torturés. Sol était jonché de branches mortes, nourrissantes, rongées d'énormes champignons blêmes à odeur de cadavre.
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À présent, Rousse qui est renarde, sait. À présent, Rousse est Maîtresse. Mais apprendre n'est jamais fini, apprendre est sinueux chemin qui se poursuit jusqu'au dernier jour.
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Pourtant, Rousse voulait comprendre, Rousse interrogea vieux corbeau. Rousse voulait savoir. Noirciel battit des ailes, s’envola, revint, poussa nombreux croaillements de mécontentement, cependant que Rousse, insolente et entêtée, poursuivait vieux corbeau d’interrogations incessantes. Noirciel, qui avait pour jeune renarde affection profonde qui l’étonnait lui-même, finit par obtempérer, non sans lui reprocher impertinence et manque de considération pour vieilles plumes de vieux corbeau. Peu de respect qu’elle montrait pour très grand âge.
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C’était ourse puissante. Ourse emplie de fureur, emplie de haine, et de désir de tuer. Débordant d’implacable désir de tuer. Elle se rua sur premier loup à sa portée et d’un coup de griffes, lui arracha mâchoire et museau. Lui arracha vie. (p.31)
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Et ceux qui savaient vraiment ce qu'il y avait derrière collines, derrière horizon très lointain, peuple d'oiseaux migrateurs, ceux-là n'apportaient pas très bonnes nouvelles de leurs longs périples. Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. Et rares fois où eau du ciel tombait enfin sur quelque partie du monde, c'était avec telle violence, telle abondance que moindre ruisseau devenait torrent, moindre torrent devenait rivière, moindre rivière fleuve en crue, arrachant, entraînant, noyant tout sur son passage, arbres, plantes, argile et rochers et vivants, tandis que grondaient cieux, claquaient éclairs et s'abattait foudre.
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Selon vieux et sage corbeau, instinct de vie plus fort que vivant. Désir de vie plus fort que volonté. J'entends appel enivrant de toute création, halètement des beaux habitants de cet univers, je vois longue succession des générations qui peuplent terre, air et eau, qui peuplent monde vivant.
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Terre est créature immense, puissante vivante, terre est guérisseuse, terre est ventre fécond de multitude de peuples.
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Noirciel qui est Maître, Noirciel qui sait, dit notre existence fragile et brève comme jour, mais force de vie dure et solide comme temps.
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Ainsi se déroulait courte ou longue vie de toute créature, un temps chasseuse affamée, un temps proie terrifiée. Un temps en quête d’énergie vitale, un temps luttant pour préserver sienne. Car, pour finir, qu’importait aux vivants, sinon de se préserver, se perpétuer, se transmettre. Du plus faible au plus fort, du plus inexpérimenté au plus retors, du plus lent au plus rapide. Sang versé, et sang bu.
Herbes, plantes, arbres, fleurs, feuilles et troncs, tous aussi participaient au cycle. Tous offraient leur part.
Rouge ou verte était sève de vivants.
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Noirciel disait vrai, Rousse voulait apprendre. Rousse voulait connaître et découvrir. Elle avait beaucoup réfléchi sur rive de Grand Fleuve. Atteindre neiges éternelles, trouver territoire opulent lui importait moins que parcourir terres et espaces. Que rencontrer vivants inconnus, contrées nouvelles, feuilles d’autre vert et autre forme que jamais ses yeux n’avaient vues.
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