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EAN : 9782367190990
128 pages
Tristram (04/01/2024)
4.28/5   140 notes
Résumé :
Sur une terre que l'homme semble avoir désertée, où l'eau est devenue rarissime, tous les vivants - " mobiles autant qu'immobiles " - souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques aussi, pris au piège de l'évaporation de leurs demeures. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n'apportent pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit.

" Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
4,28

sur 140 notes
Le corbeau et la renarde

Denis Infante a beaucoup travaillé la langue pour nous offrir un conte écologique, un roman d'initiation et un voyage poétique. Sur les pas d'une renarde, décidée à échapper à un désastre climatique, il raconte une terre où l'homme a disparu. Une belle surprise de cette rentrée.

Une fois n'est pas coutume, commençons par parler de l'écriture, du style de ce court roman, car c'est la première – belle – surprise, même si elle peut peut-être dérouter le lecteur. Denis Infante a choisi de créer une langue propre à ce monde qu'il imagine. Un monde dans lequel les hommes ont péri, incapables de sauver une planète qu'ils ont voulu dominer. Un acharnement coupable qui a entraîné leur éradication.
Cette langue, sans articles définis ou indéfinis, donne au roman un aspect à la fois haché, mais aussi réduit à l'essentiel, aux émotions et aux sensations, aux descriptions avec de nombreuses énumérations et adjectifs. Les mots, voilà l'essentiel sur cette terre qui «était comme engluée dans été sans fin. Brûlant, sec, éblouissant et mortel.»
C'est ce douloureux constat qui va réveiller l'instinct de survie de Rousse, la renarde qui est au coeur du livre et qui va choisir, à l'instar d'autres animaux se sentant piégés, de partir: «Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. (...) Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s'étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là.»
Durant son odyssée, elle va croiser le chemin de Noirciel, un corbeau riche d'un grand savoir et qui va l'aider dans sa quête. Car «Rousse voulait apprendre. Rousse voulait connaître et découvrir. Elle avait beaucoup réfléchi sur rive de Grand Fleuve. Atteindre neiges éternelles, trouver territoire opulent lui importait moins que de parcourir terres et espaces. Que rencontrer vivants inconnus, contrées nouvelles, feuilles d'autre vert et autre forme que jamais ses yeux n'avaient vues.»
En avançant et en apprenant, ils vont faire la connaissance de Coeurfier. Avec sa horde, ce sanglier cheminera aussi quelques temps à leurs côtés. Mais arrivé au bout de son territoire, à la frontière de Terre Sanglerrière, il la laissera poursuivre seule sa route. Quand elle tombe sur un renard, elle se dit que sa route peut s'arrêter là, qu'elle peut désormais fonder une famille. Mais l'appel du large et la soif de découvrir ce qui est au bout de sa route sont plus forts.
Dans ce conte écologique, Denis Infante laisse une grande place aux odeurs et aux couleurs, à la poésie et à la sensualité. Mais il ne cache pas non plus que cette terre n'est pas un paradis. À l'image de cette carlingue d'avion qui étonne la renarde, on comprend que la technologie a fini par avoir la peau de l'humanité.
Je ne sais si l'auteur a inventé ici le roman postapocalyptique ultime – car ici l'homme a disparu, contrairement à La Route de Cormac McCarthy où un père et son fils cheminaient de conserve ou dans Et toujours les forêts de Sandrine Collette ou Corentin se retrouve seul à représenter l'espoir – toujours est-il que ce roman va marquer tous ceux qui le liront. Une belle réussite !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


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🦊Chronique🦊


Nul ne savait.
Nul ne savait rien du Monde. Rien de sa langue de ses déterminants de sa force. Nul ne savait mais Rousse voulait savoir. Et savoir est source de vie.
Rousse c'est renarde joyeuse qui s'en va découvrir Monde. Rousse c'est renarde curieuse qui découvre nature et secrets. Poussée par la force de vie Rousse expérimente amitié, amour, entraide. Rousse expérimente odeurs forêts Grand Fleuve. Rousse expérimente vaillance détermination solitude. Rousse frôle mort vie et entre-deux.
Elle ne savait pas, mais elle apprend. Elle a soif d'apprendre. Mais la soif est le problème majeur dans cet environnement. le post-apocalyptique s'est invité dans son Bois. L'eau vient à manquer, le feu fait rage, le Vivant souffre. La douleur est si forte. Ceux qui savent, savent, jusqu'où remonter la source du problème. Mais le problème a disparu. Ne reste que les os et quelques objets de leurs activités. Les polluants ont contaminés sols cours d'eau biodiversité.
Elle ne savait pas, mais elle comprend en avançant. Toujours droit devant, toujours confiante. A travers son voyage, elle grandit de ses expériences, de ses rencontres, de ces histoires qui peuplent le monde. Tour à tour, gagnante meurtrie désireuse apeurée vive puissante, Rousse devient Sage. Elle nous dit tout, avec courage.
Nul ne savait, mais maintenant, nous le savons. L'émotion traverse la matière. Les vibrations traversent l'esprit. La force de vie traverse nos corps. Elle est renarde et elle comprend Monde Vie Savoir. Rousse est source de vie de transmission d'histoires.
Rousse est jolie rencontre. Je n'y mets pas de déterminant car j'adopte matière à vivre et à penser fluide, sauvage, authentique comme elle. Il m'a plu de gambader en poésie en sensoriel en pleine nature sans cadre régissant…
Nul ne savait mais maintenant vous savez qu'il vous faut connaître Rousse ou Les beaux habitants de l'univers
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J'ai lu Rousse pour les Notes bibliographiques, et rédigé la note de lecture affichée en “coup de coeur“ sur le site les-notes.fr.
Je la retranscris ci-dessous car c'est le roman exceptionnel d'un primo-romancier (en littérature adultes) de... 70 ans !

Rousse, jeune renarde intrépide et libre, quitte à regret les bois où elle a grandi. La sécheresse s'est installée, eau et nourriture viennent à manquer. Diverses embûches l'attendent sur sa longue route solitaire à destination des montagnes enneigées qu'elle aperçoit au loin. Des dangers et des amitiés. Une ourse maternelle la sauve d'une harde de loups. Elles cheminent ensemble, puis un vieux corbeau plein de sagesse prend le relais. Rousse veut traverser le grand fleuve qui barre sa route, voir le monde, faire des rencontres, toujours plus loin.

Sous des allures trompeuses de conte philosophique et de roman d'apprentissage, Denis Infante délivre un surprenant réquisitoire écologiste et féministe, pour tous.
Le lecteur perçoit vite que Rousse parcourt un monde sans humains où ne subsistent que les traces d'un cataclysme dévastateur ancien. La nature et ses habitants rescapés, « vivants mobiles ou immobiles », ont souffert, gardent des cicatrices, mais se relèvent. Là où les humains ont échoué, leur instinct animal développé les a sauvés. Ils font face avec des compétences adaptées aux effets du désastre écologique dont ils ont hérité. Ils apprennent la transmission. L'auteur dépouille son écriture de tout article, défini, indéfini ou possessif. Il invente ainsi une langue intemporelle, sensible et poétique, qui épouse la beauté des descriptions des paysages et des comportements des animaux. Splendide. (T.R. et S. H.)

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Merveille ❤
Je n'oublierai jamais Rousse, je n'oublierai jamais l'écriture de Denis Infante.
L'odyssée de Rousse, intrépide renarde, est une fable inoubliable qui porte en elle les ingrédients d'un classique: intemporalité et universalité.

Sur une terre où les hommes ont disparu et où la sécheresse met en danger les animaux, Rousse décide un jour de quitter seule son territoire à la recherche d'eau claire et d'air frais. Hardie, vaillante, déterminée, la jeune renarde part découvrir le monde, ses paysages et les beaux habitants de la terre: Brune l'ourse, Noireciel, le vieux corbeau sage, Coeurfier le valeureux sanglier.

L'histoire que nous raconte Denis Infante ne serait rien sans la langue qu'il invente. Envolés les articles ! C'est un pur miracle (ou pour le moins une idée de génie). Une écriture sensitive, primitive, archaïque, poétique, organique. Cette singularité n'est pas une difficulté de lecture, c'est au contraire une façon de revenir à l'essentiel, à l'essence des choses, un moyen d'être au plus près de Rousse, de ressentir pleinement, de respirer à pleins poumons, d'être plus attentif aux odeurs, aux bruits.
Mais que c'est beau !
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Sur une terre où ne vivent plus que nature et animaux, Rousse la renarde vit dans le bois de Chet, où sévissent la sécheresse et la chaleur. Poussée par l'envie de découvrir un monde meilleur, où l'eau existe en abondance, et la nourriture foisonne, ainsi que par la curiosité de découvrir de nouveaux horizons, Rousse décide un jour de partir du bois où elle est née et part à l'aventure. Sur son chemin, elle croisera des endroits arides et desséchés, des endroits toxiques, des zones dangereuses, mais aussi des lieux agréables à vivre. Et surtout, elle va rencontrer d'autres animaux, comme l'ourse Brune, avec qui elle va découvrir l'amitié, Noirciel, le sage maître corbeau qui va l'initier à la sagesse, ou encore Ombre l'écureuil. Sa route est celle de son destin et de sa découverte de la vie.

Je remercie les éditions Tristram, ainsi que Babelio et l'opération Masse critique littérature, qui m'ont permis de lire un texte original, profondément touchant, poétique, onirique et en même temps tellement réaliste.

L'écriture est vraiment inédite, avec un texte poétique et philosophique où les articles et dérterminants ont disparu, tout comme l'homme de la planète, semblant donner un aspect majestueux et empli de respect à la nature, qui peut parfois se montrer cruelle.

Il s'agit à la fois d'un poème, d'une quête initiatique, de transmission de sagesse, d'une fable écologique, et d'une réflexion philosophique sur les connaissances et le sens de la vie.

J'ai apprécié de prendre le temps lire ce roman, empli de réflexions, et il fera sûrement l'objet de relectures ultérieures de ma part, pour mieux m'imprégner des mots.

Une très belle découverte et un véritable coup de coeur pour moi !

Lien : https://docbird.over-blog.co..
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
11 mars 2024
Denis Infante signe un conte magnifique qui nous glisse dans la peau d’une renarde face au changement climatique.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
08 mars 2024
Denis Infante signe un conte magnifique qui nous glisse dans la peau d'une renarde face au changement climatique.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
SudOuestPresse
20 février 2024
Le bref roman de Denis Infante raconte l'exil climatique d'une renarde. La terre est sèche et l'homme semble l'avoir désertée. Un grand texte, poétique et radical.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
FocusLeVif
13 février 2024
Rousse, premier roman à la langue étonnante et ayant pour héroïne une renarde intrépide, bouleverse la rentrée de janvier.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Marianne_
12 février 2024
Retraité après avoir mené sa barque entre théâtre et cinéma, Denis Infante a publié « Rousse ou les Beaux Habitants de l'Univers », un roman très poétique, conte pour grands enfants. Il y raconte les aventures d'une renarde fuyant la sécheresse. Le tout par le biais d'une poésie inattendue, qui s'amuse à supprimer les articles définis et indéfinis.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Et ceux qui savaient vraiment ce qu'il y avait derrière collines, derrière horizon très lointain, peuple d'oiseaux migrateurs, ceux-là n'apportaient pas très bonnes nouvelles de leurs longs périples. Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. Et rares fois où eau du ciel tombait enfin sur quelque partie du monde, c'était avec telle violence, telle abondance que moindre ruisseau devenait torrent, moindre torrent devenait rivière, moindre rivière fleuve en crue, arrachant, entraînant, noyant tout sur son passage, arbres, plantes, argile et rochers et vivants, tandis que grondaient cieux, claquaient éclairs et s'abattait foudre.
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Rousse n’était pas triste. Rousse, à présent, savait. C’était douleur et force, c’était joie et précipice, c’était source de lumière dans plus noire des nuits, sombres nuées dans ciel très pur.
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Rousse était jeune renarde à robe flamboyante, dont beauté et finesse d’esprit attiraient de nombreux soupirants, mais Rousse tous refusait, utilisant griffes et dents, fuites ou combats si nécessaire, dissuadant d’insister mâles plus tenaces. Rousse était libre et solitaire et tenait à le rester.
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Quand très vieux hêtre n’était que mince baliveau à peine sorti de sa graine, peuple des Faces Plates vivait partout sur terre. Peuple puissant, chasseur prédateur, Peuple destructeurs. Faces Plates occupaient monde entier et dévoraient toutes autres créatures. Tuaient peuples de terre, airs et eaux. Brisaient roches, creusaient montagnes, asséchaient rivières, détournaient fleuves, rasaient forêts, brûlaient plaines.
Certains disent qu’ils voulurent même posséder ciel et étoiles.
Mais un jour, alors que vieux hêtre était encore jeune arbre, peuple des Faces Plates malgré son immense puissance, malgré solides tanières malgré faraille, malgré savoir et pouvoir, disparut comme poussière au vent, comme rides sur étang. Comme rosée sous brillant soleil.
Disparut sous violent feu tombé du ciel, feu foudre, foudre, soleil, qui brûle roches et vivants.
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Ainsi se déroulait courte ou longue vie de toute créature, un temps chasseuse affamée, un temps proie terrifiée. Un temps en quête d’énergie vitale, un temps luttant pour préserver sienne. Car, pour finir, qu’importait aux vivants, sinon de se préserver, se perpétuer, se transmettre. Du plus faible au plus fort, du plus inexpérimenté au plus retors, du plus lent au plus rapide. Sang versé, et sang bu.
Herbes, plantes, arbres, fleurs, feuilles et troncs, tous aussi participaient au cycle. Tous offraient leur part.
Rouge ou verte était sève de vivants.
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Vidéo de Denis Infante
Qui sont les représentants en librairie ? Ces hommes et ces femmes de l'ombre, qui sillonnent les routes de France dans des voitures chargées de livres pour faire le lien entre les maisons d'édition et les librairies ? Elisabeth Segard, journaliste à Livres Hebdo, est allée à leur rencontre pour brosser le portrait robot de l'une des professions les plus discrètes et les plus influentes de la chaîne du livre. Dans la deuxième partie de l'épisode, Lauren Malka nous emmène au coeur de la Goutte d'or, à Paris, pour y découvrir la Régulière, une librairie-café présentée par sa fondatrice Alice et par l'écrivaine Chloé Delaume, au micro de Lauren, comme “une véritable oasis de culture”.Enfin, la clique critique de Livres Hebdo se réunit pour vous parler non seulement de ses coups de coeur de février, mais aussi de ce que ces livres dessinent dans le paysage éditorial de ce début d'année. Entre essais, BD et romans, les genres sont variés : Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier, publié aux Arènes ; Littérature et révolution, de Joseph Andras et Kaoutar Harchi, publié aux éditions Divergences ; Insula, de Caroline Caugant, publié au Seuil ; Les yeux de Mona, de Thomas Schlesser, publié chez Albin Michel ; Rousse, de Denis Infante, publié chez Tistram ; Abrégé de littérature-molotov, de Macko Dràgàn, publié chez Terres de feu. Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : janvier 2024 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres Hebdo
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