De vapeur et d'acier avec Didier Graffet
Il y a les ciels : je regarde toujours au-dessus de moi, je prends des tas de photos. La mer, l’horizon sont autant de promesses de voyages, de rêves de voyages.
Dans la création, il y a un côté magique ; je le sens lorsque je suis en phase avec le sujet que je traite. Les éléments se répondent, les couleurs s’accordent, chaque chose est à sa place. Si je ne trouve pas cette facilité d’exécution à un moment ou de la création, c’est que je j’ai pas assez mûri l’idée en amont. Il y a aussi le bon moment pour « attaquer » une toile. Des imprévus successifs, et l’envie peut passer. Il faut attendre que cette envie revienne.
Je vois ces peintures comme une fenêtre ouverte sur un autre univers, un autre temps. Je m’y plonge en travaillant, j’ai besoin d’avoir cette vision large, elle me permet d’oublier ce qui est à l’extérieur du cadre et de rester absorber par l’univers que j’essaie de créer.
Cette dualité de la création humaine que constitue la machine résonne bien encore aujourd’hui ; la technologie nous aide pour bien des aspects, mais altère aussi notre quotidien, nous accapare, transforme notre relation aux autres, nous éloigne lentement de notre propre nature. Tout ceci m’interpelle.
Mon travail est assez solitaire, j’ai besoin de me plonger dans mon monde pour donner naissance à une image. Cette solitude dans la création est aussi assez pesante. Le fait de pouvoir la partager avec un auteur m’est bénéfique et enrichissante humainement. Cela m’ouvre des horizons nouveaux, me donne de nouvelles idées. On pourrait créer des centaines d’autres images grâce à ses textes !
Il y a un fait marquant dans la vie d'un illustrateur débutant : sa première commande. Pour la première fois, un éditeur compte sur vous pour créer une image. Elle doit le représenter, lui et son auteur. Ma première commande fut une couverture du magazine de jeu de rôle Casus Belli. Imaginez ma fébrilité devant une telle responsabilité ! Je me mets au boulot ; j'y passe la journée et la nuit qui suit. Enfin, je vais rendre ce qui est pour moi plus qu'une image... mon passeport pour ce passionnant métier.
L'image est acceptée. Le Casus Belli n°81 ayant pour couverture une image du "Cycle des Princes d'Ambre" de Roger Zelazny sort au mois de juin 1994.
Je tiens à remercier, pour la confiance qu'ils m'ont accordé, les éditeurs avec lesquels j'ai travaillé. Ils ont su par une relation durable me rassurer quant à l'incertitude d'un métier où l'aspect commercial côtoie la création artistique pleine de sensibilité.
Merci aux éditions Bragelonne, Gründ, Nestivequen, Mnémos, l'Atalante, Pocket, France Loisirs, Hors Collection, Au Bord des Continents ; merci aux membres du Festival du film Jules Verne Aventures, à Frelon Productions.
Merci aux auteurs qui me font l'honneur de s'adresser à moi pour illustrer leurs textes et aux lecteurs qui m'encouragent (ça fait toujours du bien !).
A mes parents qui m'ont laissé entreprendre ce métier incertain et à ma famille pour son soutien.
A mes professeurs qui ont su me mettre sur la bonne voie.
A mes amis illustrateurs, merci pour votre amitié et votre écoute ; merci de me faire découvrir tant d'univers.