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EAN : 9791028117603
336 pages
Bragelonne (12/05/2021)
3.7/5   32 notes
Résumé :
An 846. La mort de Charlemagne a laissé un empire morcelé, un monde à l'agonie où le pouvoir de Rome ne tient plus qu'au prestige d'un trône.
Au cœur d'une curie rongée par les complots, le pape Serge II refuse pourtant de voir périr l'oeuvre de Dieu. Alors que les barbares assiègent la cité, il conclut un pacte avec d'obscurs émissaires et s'engage à protéger un ordre d'élus appelés à restaurer la foi.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Hérétique : qui professe ou soutient des opinions contraires à celles qui sont généralement considérées comme vraies ou justes dans un groupe déterminé, nous dit le dictionnaire. Pour ce qui est de l'histoire des Cathares, le groupe déterminé c'est celui de l'église catholique apostolique et romaine. Cette dernière fondant sa légitimité sur le service d'un dieu qui brille par son absence de manifestations. La porte est alors grande ouverte pour parler à sa place et dire en Son nom ce qui est juste et vrai. Et il y a grande chance pour que ce juste et ce vrai servent les intérêts de qui le décrète. En Son nom bien entendu. Alibi suprême.

Aussi lorsque les Cathares se rendent compte que les dignitaires de cette église ne s'appliquent pas à eux-mêmes les valeurs de pauvreté et de chasteté dont ils ont la bouche pleine, qu'ils foulent au pied le fondement de leur religion, les fameux dix commandements, alors ces pauvres Bonshommes tels qu'ils se qualifient et leurs prêcheurs les Parfaits se mettent à contester ce juste et ce vrai dictés par une église à la corruption tellement sure de son fait qu'elle ne se dissimule pas. Église corrompue mais toute puissante. Elle mettra alors sa puissance et sa détermination à réduire au silence avec une cruauté inouïe ceux qui veulent faire valoir ses écarts avec la vraie parole du Christ, dont elle se légitime justement. Elle fera de même avec les Vaudois trois siècles plus tard en Provence.

Lire l'histoire des Cathares est toujours saisissant. Saisissement d'effroi avant tout à l'égard du sort réservé aux pauvres bougres qui avaient trouvé en leur nouvelle église la sincérité du discours et le secours spirituel attendu face à la rudesse de leur vie. Dans la quête du salut puisque tout est là. Ils ne voulaient ni plus ni moins que revenir à la parole première du Christ et appliquer Ses préceptes, que l'église Rome avait pervertis à son profit. Mais saisissement d'indignation aussi vis-à-vis de cette église, devenue l'officielle de Rome, au constat du comportement de ceux qui s'en était approprié les postes, arrogé le pouvoir, prêchant une chose et faisant son contraire, défendant ses privilèges avec une férocité assassine qui dépasse l'imagination. Dans l'amour de son prochain bien entendu. Au nom d'un dieu à qui elle fait dire ce qu'elle veut puisque la seule chose incontestable qu'on puisse attribuer au grand ordonnateur des choses de ce monde depuis qu'on l'invoque en tout et pour tout, c'est bien son silence.

L'ouvrage d'Olivier Taveau a comblé mes attentes en cela qu'il se réfère à des faits historiques objectivement admis et qu'en note finale de remerciement il y associe avec une ironie mordante cette église catholique apostolique et romaine, dénonçant ce qu'elle a sur la conscience depuis qu'elle détient le monopole dans la gouvernance des consciences, jusqu'à nos jours avec la protection consentie aux prêtres pédophiles. Monopole qu'elle aurait bien voulu voir perdurer si l'ouverture des esprits n'était pas venue lui apporter la contradiction et dénoncer tous ses crimes perpétrés au nom d'une foi, fondant une croyance à partir de laquelle s'est construite une religion exploitant le fabuleux commerce ouvert par la faiblesse de l'homme confronté à sa finitude.

Si toutes les religions se revendiquant d'un seul dieu, servies ou non par une église, ont une caractéristique commune c'est bien celle de l'intolérance vis-à-vis de toute velléité de concurrence. Se contredisant elles-mêmes en ce qu'elles prêchent l'amour de son prochain. J'espère qu'Olivier Taveau qui nous dresse, sur le modèle de la triste histoire des Cathares, une juste et violente diatribe contre l'église apostolique et romaine en a autant pour les autres religions se prévalant comme il se doit d'amour et de paix, et qui de tous temps ont été les premières à promouvoir la guerre.

Ce n'est pas Metin Arditi qui le contredira lorsqu'il fait dire à L'homme qui peignait les âmes : « On lui avait appris à respecter la Loi des Juifs et à se méfier de toutes les autres. Alors il lui répondit du mieux qu'il put, essayant de lui faire entrevoir les beautés qu'à ce jour on lui avait interdites :
- Notre religion dit la Loi. J'ai beau l'avoir abandonnée, sa rigueur et sa majesté m'impressionnent. La vie du Christ m'enseigne la charité, et l'Islam me rappelle l'importance de l'humilité et de la soumission. Pourquoi devrais-je refuser l'hospitalité de l'une de ces Maisons en faveur d'une autre ? Ce serait dédaigner chaque fois une grande richesse. Là serait la vraie folie. »
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Après avoir récemment lu le tome 1 de Les enfants du Graal, on pourrait se demander si l'objectif est de se spécialiser sur cette époque et ce sujet. En effet, Cathares 1198 se déroule quelques années plus tôt. Mais on retrouve dans les deux ouvrages une même mise en lumière des débordements de l'église catholique, confrontée à l'hérésie cathare, certes, mais également aux luttes de pouvoir, internes – entre les cardinaux, par exemple -, et externes – avec le roi de France, Philippe-Auguste, pour Cathares 1198 ; avec Frédéric II, empereur du Saint-Empire dans Les enfants du Graal -.

Ce livre propose une version de l'histoire cathare, sans qu'il soit malheureusement possible de savoir ce qui est de l'ordre des faits historiques, et ce qui est de l'ordre du romancé, de l'imagination de l'auteur. On voit bien qu'une partie du récit est imaginaire – je ne donnerai pas d'exemple pour ne pas spoiler -, mais où est la limite ? Je sais bien que pour beaucoup de lecteurs, cela n'a pas réellement d'importance. Mais, pour d'autres, il s'agit d'un élément central : à ces derniers, « passez votre chemin, ce livre n'est pas pour vous ».

L'auteur, en effet, imagine une « obligation » faite aux papes, et remontant à plusieurs siècles lorsqu'Innocent III accède à la papauté. Et qui va à l'encontre de tout ce à quoi il s'est préparé. le conflit intérieur qui en découle apporte un élément intéressant au récit.

Mais, même si les décisions sont, pour l'essentiel, prise à Rome, ce livre nous embarque dans un vaste périple en Occitanie. Béziers, Carcassonne, Toulouse, Muret, Fanjeaux… Nous accompagnons Raimond-Roger Trencavel, Raimon VI de Toulouse, Esclarmonde de Foix, dans leur opposition aux diktats de l'église catholique ; Guilhabert de Castres, un « parfait », c'est à dire un homme ordonné dans la doctrine cathare ; et, du côté des croisés, on suit Pierre de Castelnau, Arnaud Amaury, abbé de Citeaux, Simon de Montfort.

C'est une page d'histoire que l'on tourne ici, au fil des pages, des combats, des sièges et des pillages. Une page sanglante, noire, brutale, qui ne met pas à l'honneur l'église catholique.

J'ignorais que le comté de Toulouse était alors vassal du Royaume d'Aragon, et donc de Pierre II, celui qui défit les almohades à Las Navas de Tolosa, en 1212. Auréolé de la gloire de cette victoire, il pense pouvoir faire plier le pape et le convaincre de renoncer à la croisade contre ses vassaux. Mais la terrible défaite à Muret, d'autant plus incroyable que les assaillants sont au moins 4 à 5 fois plus nombreux que les croisés, à l'occasion de laquelle le roi meurt, marque la fin des espoirs cathares.

Oui, vous l'aurez compris, même s'il a quelques failles – et notamment, j'insiste, pour les férus d'histoire, dans la délimitation entre histoire et roman -, ce livre nous emmène avec lui. Et l'on se prend à se demander ce qu'il serait advenu si Pierre II d'Aragon avait été un petit peu moins sûr de lui… Mais, ça, c'est aux romanciers de l'imaginer…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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Olivier Taveau a un premier gros mérite : avant d'écrire sur ce sujet, il a pris la peine d'étudier longuement, et même de s'imprégner de toute la complexité de la question cathare (et Dieu sait si elle est complexe, si je puis me permettre ce trait d'esprit). Et croyez-moi que rien que ça, après avoir lu de nombreuses fictions complètement fantaisistes sur le sujet, ça fait rudement plaisir.
Sur le plan de la documentation, je n'ai rien trouvé à redire, si ce n'est l'emploi anachronique ou inadapté des mots "cathares" et "parfaits", et quelques divergences avec l'histoire documentée sur certains évènements, mais franchement, au vu de l'authenticité d'ensemble, ça reste pardonnable.
D'autant que le monsieur a un second gros mérite : il écrit bien. Et ça non plus, hélas, c'est pas donné à tout le monde, même dans le monde de ceux qui prétendent (et parviennent) à publier un bouquin.
Alors pourquoi ne suis-je qu'à moitié emballé ?
À cause du fait qu'il aura fallu attendre les quatre cinquièmes du bouquin pour voir quelques traces très timides de fantastique ? Pas du tout. Un roman purement historique m'aurait très bien été, j'en lis de nombreux, mais cela pourra éventuellement décontenancer certains lecteurs de trouver si peu de fantastique dans un roman publié par Bragelonne.
Non, pour moi, le problème de ce roman, c'est sa construction.
D'abord, l'auteur fait le choix de ne prendre quasiment que le point de vue de personnages connus et même très connus de la croisade contre les albigeois (Le pape Innocent III, Guilhabert de Castres, Raymond de Toulouse, Simon de Montfort, Pierre d'Aragon, ...) Comme ce n'est pas une uchronie, il ne peut de ce fait s'autoriser que très peu de licence fictionnelle, et qui (comme moi) connaît bien l'histoire des cathares, va avoir très vite l'impression de relire L Histoire dont il n'ignore rien, écrite juste sur le mode romanesque.
Ensuite, le roman balaie une longue période (1198-1216) durant laquelle il s'est passé tout un monde à l'échelle de l'Occitanie. Pour un roman de 400 ou 500 pages, cela nécessite forcément d'énormes coupes franches et ellipses qui nuisent forcément à l'unité et à l'harmonie de l'ensemble, pour produire finalement quelque chose d'assez décousu, accentué par un manque de personnalisation des personnages, parfois, qui peut les rendre interchangeables, même si l'on peut aussi rendre grâce à Taveau d'avoir su éviter la caricature, notamment pour parler de Simon de Montfort, que l'on aime généralement à caricaturer.
De même, parce que Taveau ne raconte finalement rien d'autre que l'Histoire de façon à peine romancée, on a du mal à trouver l'intrigue centrale qui serait le ciment de tout cela. Il est bien question d'une prophétie, d'un enfant prodigue qui viendra, mais tout cela reste finalement en suspens.
Au total, une demi-réussite, donc, malgré un travail de fond assez phénoménal.
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Il est difficile de s'imaginer aujourd'hui, que l'Eglise catholique fût un temps plus puissante qu'un Etat, pouvant lever l'impôt et mener des guerres.
Mais c'est ce que raconte Olivier Taveau en mettant en lumière le conflit qui a opposé l'Eglise catholique romaine et les cathares, mouvement religieux chrétien particulièrement implanté dans le sud de la France.
L'auteur est très documenté, l'écriture est vive et sans concession, le rythme très bien géré. On suit les personnages principaux des 2 côtés de la barrière, dans le camp des cathares et dans le camp de l'Eglise.
On découvre avec effroi des religieux plus intéressés par le pouvoir et les richesses personnelles que par les valeurs chrétiennes.
Etant moi-même originaire de cette belle région d'Occitanie, j'étais vraiment curieuse d'en apprendre plus sur cette page sanglante de l'Histoire de la région.
J'ai passé un excellent moment avec ce livre que j'ai dévoré jusqu'à la dernière page.
Et si on pouvait se dire que l'Eglise est, depuis le temps, devenu vertueuse et sans reproches, l'auteur profite des remerciements pour mettre en exergue des siècles de dérives et d'atteintes à l'Humanité.
La conclusion est sans détour : l'Eglise n'est que le reflet des hommes imparfaits qui la gouverne.

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Une fresque historique très réaliste sur la période 1197-1216 des croisades albigeoises contre les cathares. On y découvre les faits historique très bien mis en scène ainsi que les dessous de la politique de l'époque avec au centre le vatican est sa soif de pouvoir... Une belle façon de découvrir cette période!
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les chefs de la croisade prirent ainsi acte de l’offre de reddition et s’apprêtaient à se retirer pour en discuter les termes. Hospitalité était offerte au vicomte, le temps pour le conseil de délibérer.

Dans la foule, plusieurs barons grondèrent. Trencavel s’était livré de son plein gré et l’invitation d’Arnaud avait toutes les apparences d’une captivité.
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— Je vous répondrai, ma dame, qu'il n'est point ici question de triomphe. nous ne cherchons point à renverser les pouvoirs mais à sauver des âmes. Seules ces victoires comptent. Et ces victoires pourront exiger notre sacrifice.
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