Les éditions Le Robert proposent une nouvelle collection autour des lettres avec « Mots intimes ». Lettres à mon père a été dirigé par Didier Lett, agrégé d'Histoire et Professeur d'Histoire médiévale, qui a voulu montrer l’évolution dans le rapport enfant/père. Ainsi nous allons partir à la rencontre de personnages célèbres à travers le temps et leur correspondance.
L’ouvrage est présenté de façon chronologique, on va aller à la rencontre de Mozart à Jean Gabin, en passant par Jules Verne ou encore François Truffaut, pour terminer avec une lettre magnifique d’Elsa à son père Wolinski. On constate très vite un style d’écriture moins guindé au fil des pages même si une requête revient très souvent malgré le temps passant. Les enfants ont bien souvent besoin d’argent pour vivre leur vie d’artiste. Alors même si les relations n’étaient pas au beau fixe avec le père, cela ne les empêchaient pas souvent sous couvert de donner des nouvelles, de demander de l’aide financière.
Outre l’argent, l’espoir de reconnaissance par son père de son choix de vie est très présent. Les pères choisissent un chemin pour leurs garçons qui se résument bien souvent à être médecin ou avocat. Mais certains sentent au plus profond d’eux que c’est la musique où l’écriture qui les appellent. Alors comment devenir respectable avec des métiers artistes ? La postérité parlera bien entendu pour eux.
La troisième thématique qui ressort, c’est l’amour véritable et sincère. On trouve quelques lettres de Victor Hugo à sa fille chérie, Léopoldine. Il avait été complétement anéanti à sa mort. J’ai été touché par la lettre qu’un père adresse à sa fille peu de temps avant de se faire fusillé et qui lui demande d’avoir confiance dans l’Homme et dans l’humanité. La lettre la plus touchante, c’est la dernière, celle qui clôt l’ouvrage. Elsa qui écrit une lettre posthume à son père, Wolinski, mort à Charlie Hebdo en janvier dernier. Un magnifique témoignage d’amour à un père qui lui manque trop chaque jour. L’amour ne va pas sans la haine et la colère, que François Truffaut a pu avoir envers ces parents qui l’ont maltraité et jamais aimé. « Non, je n’ai pas été un « enfant maltraité » mais simplement pas « traité » du tout ».
La lecture du livre est agréable et simple. Toutefois, cela n’est pas suffisant à en faire un ouvrage intéressant. Malgré une présentation, précédent chaque lettre, cela ne m’en apprend pas beaucoup plus. De surcroît, les lettres pour la plupart ne sont pas présentées dans leur intégralité. Un choix a été fait et tout choix oblige une certaine prise de partie sans que cela en soit justifié. Puis, il y a quelques détails qui m’ont chagriné comme par exemple, dans la présentation c’est noté « ci-dessous » alors que la lettre est à côté. En effet, lorsque l’ouvrage est écrit les feuilles se suivent les unes derrière les autres, mais à l’impression, elles se côtoient côte à côte.
Cependant, j’ai beaucoup aimé la mise en page et le choix du papier. Des couleurs bleu et verte, (des teintes dites masculine), mises en harmonie sur l’ensemble du livre avec des rappels discrets à chaque page, rendant l’ouvrage plus dynamique. Je crains que pour les relations mère/fille se soit la couleur rose qui prime. Le papier est très blanc et épais, rendant la lecture confortable
Une lecture en demi-teinte de ce recueil de lettres qui à première vue avait l’air réjouissant. Un joli emballage pour un contenu qui manque un peu d’intérêt et de consistance.
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