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Critiques de Didó Sotiríou (4)
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Terres de sang

Il fut un temps où Grecs et Turcs vivaient ensemble dans l'Anatolie, région agricole riche. Musulmans et Orthodoxes et d'autres, se côtoyaient, se parlaient, travaillaient ensemble, seuls les mariages mixtes étaient désapprouvés. Le monde paysan vivait du raisin, des figues, Smyrne était un port florissant. La vie rurale n'était pas exempte de rudesse et de labeur, les paysans vivaient simplement et étaient heureux de leur vie.

Mais, car il y a un mais, les enjeux politiques, qui dépassèrent de beaucoup l'empire ottoman, amenèrent la guerre entre les deux peuples, hier amis, aujourd'hui ennemis, et son lot d'atrocités toujours répétées.



C'est au travers du récit de Manolis, jeune paysan grec, que l'on suit ces années de bonheur simple puis ces longues années de guerre. Dans ce récit, l'arrivée de Drossakis, sorte d'étudiant politisé va apporter un point de vue moins naïf sur ce qui se joue et ouvrir les yeux à Manolis.



Un très beau récit qui malgré la lourdeur du sujet garde une fraicheur et une naïveté grâce à Manolis qui en est le narrateur.



Une auteure et un roman à découvrir
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Terres de sang

Ce magnifique livre écrit en 1962,décrit une époque difficile que l'Anatolie a connu début du XXème siècle,pendant la première guerre mondiale et la guerre greco-turque qui la suit beaucoup plus tard. Composé de quatre parties,le livre suit la chronologie du contexte historique. Sotiriu raconte cette époque partant de la vie du fils d'un paysan grec d'Aydin(ville turque où Sotiriu elle -même est née). Elle décrit l'Anatolie par les yeux de ce jeune grec comme un paradis qui va bientôt se transformer en enfer. Ce livre traite un thème universel,valable à toutes les époques de l'Histoire:les communautés grecques et turques qui vivaient en paix sur la même terre d'Anatolie vont devenir ennemies du jour en lendemain avec les changements politiques du XXème siècle. C'est un bijou de littérature,superbement écrite,et aussi un grand classique aussi bien en Grèce qu'en Turquie.
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Terres de sang

Ainsi se termine, par l'exil l'histoire de ces paysans grecs qui cultivaient près d’Éphèse, d'Izmir, le tabac, les raisins et les figues depuis des générations, sur les bonnes terres qu'ils avaient défrichées avec l'aide de leurs voisins turcs. Grecs, Turcs mais aussi Arméniens, Francs, Italiens, nomades Yorüks formaient une mosaïque de populations qui se côtoyaient depuis toujours.



Le héros du livre Manolis Axiotis est fils de ces paysans. Plus éveillé que ses frères, il est parti à Izmir apprendre la vie de commerçant. Le roman commence comme un roman d'apprentissage. Manolis raconte la vie des champs et la vie de la grande ville.



Éclate la Grande Guerre, les Grecs ne sont pas envoyés au front mais dans des bataillons de Travail disciplinaires. Manolis raconte le typhus, la faim, les conditions terribles mais il s'évade. Rien ne semble entamer le moral ni la bonne entente, chaque fois, Manolis est tiré d'affaire par des turcs au bon cœur.



Quand "Les Grecs sont arrivés" la tragédie de la guerre Gréco-turque annonce la Grande Catastrophe. Au début, c'est la fête, on se réjouit de la fin de la Grande Guerre, de l'arrivée des Alliés de l'Entente et dans leur sillage de l'armée grecque. Mais c'est le début d'une guerre sans merci, une guerre où Manolis perdra tout. Patriote grec?



La rencontre avec Drossakis,  Crétois instruit et progressiste,  lui ouvre les yeux. Il lui fait comprendre que c'est la responsabilité des Grand Puissances, dépeçant l'empire ottoman, si la  Grande Catastrophe a déchiré l'Asie Mineure. Celle des Allemands d'abord attisant les conflits entre Turcs et Grecs. Puis celle des vainqueurs qui ont encouragé  l'armée grecque pour "reconquérir Constantinople" puis abandonnant les réfugiés à Smyrne qui brûlait. Les bateaux alliés auraient pu les  évacuer, ils ont assisté à la tragédie sans intervenir. Drossakis lui fait aussi relativiser la notion de "patrie" ;  ne pas confondre le peuple et la patrie. 
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Terres de sang

Cet ample roman-fresque sur une période méconnue de l’histoire du XXe siècle prend sa source en Anatolie, Asie Mineure, où l’autrice grecque Dido SOTIRIOU (1909-2004) nous invite à suivre Manolis Axiotis, enfant battu d’une famille nombreuse et paysanne dans un petit village de montagne, Kirkitzé.



Dans la région, c’est la langue turque qui est parlée puisque rattachée à l’Empire Ottoman. Région paisible où la vie est agréable : « D’octobre à février, c’était la cueillette des olives, de février à mars, le sarclage. D’avril à juillet, on récoltait le tabac, puis c’était le tour du raisin sec et de la figue. En ce temps-là, l’écho de nos chants retentissait dans les plaines, les montagnes et les gorges ». Mais dans ce monde reculé, à la fois paradisiaque et archaïque, tout va subitement être bouleversé. Par la première guerre mondiale d’abord. La conquête turque ensuite, et les massacres des populations arménienne et grecque. Le récit s’enfonce peu à peu dans une guerre de religion.



Si l’autrice nous fait vivre le destin de son héros au plus près de l’action, c’est bien pour étendre son propos à une période noire et violente de la Grèce, étendue sur une petite dizaine d’années (1914-1922). Dans ce long roman presque sans cesse en mouvement, Dido SOTIRIOU garde pourtant le cap. L’histoire de « son » Manolis est universelle, du moins sa famille représente cette Asie Mineure, bousculée, torturée, vaincue. Et ce frère qui part rejoindre les forces grecques contre la Turquie. En automne 1914, quelques mois après le déclenchement de la première guerre mondiale, la Turquie devient l’alliée de l’Allemagne. C’est alors que le ton du récit change. D’abord léger et désinvolte, il se fait dur, sérieux, cru (des dialogues retranscrivent l’oralité régionale) avec de longues parenthèses sur les dates historiques. « Sitôt que la Turquie se retrouva du côté de l’Allemagne, l’extermination systématique de toute la population grecque du littoral commença pour de bon. Les ordres étaient les ordres : les chrétiens avaient quelques heures devant eux pour prendre leurs cliques et leurs claques, rassembler femmes et enfants et se mettre en marche vers l’intérieur du pays. Il ne devait pas rester trace d’un seul grec sur la côte ! ».



Ainsi que pas mal de jeunes hommes, Manolis choisit la désertion, car « Déserter, c’était la solution du désespoir ». Il s’engage dans le maquis avant d’être rattrapé et mobilisé à Ankara, alors que les puissances internationales ne vont pas tarder à s’allier à la Turquie de Mustafa KEMAL en posture de conquérante, avant une très contestée alliance lors du traité de Sèvres…



« Terres de sang » est un roman de guerre, de déserteurs, de survie, d’exactions. Il sait se faire tendre et positif comme violent et désespéré. L’autrice navigue sur un océan d’émotions. Le récit se fait fantôme, les vivants et les morts se confondant : « La mort ne me faisait plus peur. C’était les vivants qui m’effrayaient, il n’avaient plus une once d’humanité ». Et ces scènes, douloureuses, insoutenables dès l’occupation turque, sont légion : « Au cimetière, il n’y avait pas un centimètre où se tenir debout. D’autres nous avaient devancés et ils occupaient les lieux. Les vivants avaient sorti des tombes des cadavres décomposés ou en putréfaction et, à la place, ils avaient installé leurs paillasses et leurs enfants. Les femmes accouchaient avant l’heure. La consigne avait fait le tour des quartiers : toutes les femmes sur le point d’enfanter, au cimetière ! Il y aura des docteurs ! Des vieilles faisaient bouillir de l’eau pour les jeunes mères et les os servaient de petit bois pour allumer leur feu ».



« Terres de sang » est un roman au cœur de plusieurs guerres qui se juxtaposent. Si vous êtes novices sur le cas politique très particulier de la Grèce au début du XXe siècle et en particulier de l’Asie Mineure, vous pourriez vous retrouver en difficulté. Mais l’autrice met tout en œuvre pour vous faire retrouver votre chemin, c’est l’une des forces de ce récit, se clôturant sur « la Grande catastrophe ». Roman de 1962, il est ici traduit par Jeanne ROQUES-TESSON, publication dans la collection grecque de chez Cambourakis en 2018, un roman grec qui nourrit l’imaginaire tout en apprenant beaucoup sur la géopolitique des débuts du XXe siècle.



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