Histoires fantastiques du temps jadis de
Dominique Lavigne-Kurihara
Pour les gens de cette époque, il ne fait aucun doute que ces créatures existaient, et non pas dans un outre-monde clos et distant d'où elles ne se seraient échappées que de temps à autre. Dieux, démons ou esprits étaient là, bien réels, vivant à leurs côtés. L'architecture japonaise, où la maison se fond dans la nature, contribuait pour une grande part à ce sentiment d'intimité. On les sentait dans les arbres du jardin, dans l'eau de l'étang, ou, plus proches encore, derrière la cloison coulissante. La frontière entre les deux mondes était des plus ténues. Et du crépuscule jusqu'au lever triomphal de l'astre solaire, on tremblait à l'idée de les voir apparaître, mais c'était surtout aux alentours de minuit, comme ailleurs, qu'on risquait d'entendre des grattements, de sentir la terre gronder ou de suffoquer sous de répugnants effluves.
(p.13-14 - INTRODUCTION)