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Critiques de Dominique Mermoux (268)
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Les mille et une vies des urgences (BD)

Jour 1... Dans les couloirs de l'hôpital, à l'étage des urgences, Baptiste, interne, va rendre visite à quelques patients. Dans le box n°2, une jeune femme qui a tenté de se suicider et qui regrette de s'être loupée. Pour lui remonter un tant soit peu ce moral déjà bien bas, le jeune homme lui raconte une histoire incroyable. Celle de monsieur Lazare qui, après avoir raté son suicide, a plein de projets dans la tête. Et ce, malgré ses jambes rétractées, ses nombreuses cicatrices, son bras collé au thorax, ses multiples brûlures au 3ième degré ou encore son moignon. Une histoire qu'il raconte à chaque fois qu'il rencontre un prétendant au suicide. Puis, Baptiste s'en va, laissant la jeune femme à ses propres réflexions... dans le couloir, il croise Fabienne, une aide-soignante, qui semble s'inquiéter de la patiente de la chambre 7... Une patiente surnommée Oiseau-de-feu par le jeune interne qui s'est attachée à elle et qu'il visite tous les jours...



Adapté du roman (presque) éponyme de Baptiste Beaulieu, cet album nous fait déambuler d'un couloir à un autre de cet hôpital provincial, d'une chambre à une autre et d'une histoire à une autre. Et ce, pendant 7 jours au cours desquels l'on fait connaissance avec Baptiste Beaulieu, médecin interne aux urgences, Léa alias Frottis, elle aussi interne aux urgences, Amélie en consultation externe, Poussin, interne en chirurgie, Blanche, Chef Pocahontas ou Chef Viking. L'auteur décrit, avec empathie et une grande humanité, le personnel soignant mais aussi les patients. De par sa plume sensible, délicate et soignée, l'auteur croque, avec subtilité et justesse, ces tranches de vie qui regorgent d'émotions, qu'elles soient drôles, graves, touchantes ou émouvantes. Des émotions parfaitement retranscrites grâce au dessin aquarellé particulièrement réussi de Dominique Mermoux. Un trait délicat, une mise en page vaporeuse et des couleurs douces.

Un album empli de vie, abouti et émouvant qui peut nous aider à considérer autrement le personnel soignant... De là à nous faire aimer les hôpitaux....
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Entre les lignes

Un grand merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres...



Ce n'est pas pour une visite médicale que Jean se rend dans le cabinet de son fils, Baptiste, mais pour lui apporter des dizaines de lettres consignées dans trois carnets. Toutes adressées à la même personne, une certaine Anne-Lise Schmidt, et écrites à la même date au fil des ans. Jean est tout retourné d'apprendre que son père, Moïse, aujourd'hui décédé, lui a menti pendant des années. Si chamboulé qu'il en fait un malaise. Il est aussitôt transporté à l'hôpital. Là-bas, Baptiste croise sa mère qui l'informe que son Jean était si obsédé par ces lettres qu'il en oubliait de prendre son traitement pour le cœur. Et s'il en parlait en permanence, il avait concrétisé son projet de partir sur les traces de son enfance, notamment dans un petit village des Ardennes puis en Allemagne. Évidemment, son séjour à l'hôpital va compromettre son grand projet. Aussi Baptiste, une fois dans la chambre de son père, lui propose-t-il de partir là-bas à sa place. C'est à la lecture des carnets de Moïse que le jeune homme va sillonner les routes...



Quel plaisir de se replonger dans le roman de Baptiste Beaulieu, Toutes les histoires d'amour du monde, en mode graphique, cette fois-ci ! En compagnie de Baptiste, l'on part sur les traces de Moïse, son grand-père. Homme pourtant très taiseux et peu chaleureux, c'est un tout autre homme que son fils et son petit-fils découvrent à travers ses lettres si tendres. Qui est cette Anne-Lise Schmidt ? Pourquoi lui écrire une fois l'an, tous les 3 avril ? Et où est-elle maintenant ? Ce périple sera pour le jeune homme l'occasion de découvrir le passé si secret de son grand-père mais aussi celle de se rapprocher de son père, avec qui les relations sont tendues depuis des mois. Le scénario, très fidèle au roman, est passionnant de bout en bout, intense et pétri d'humanité mais aussi d'amour. Le parcours de Moïse est aussi incroyable qu'émouvant. Déjà aux commandes d'un autre roman de Baptiste Beaulieu, Les milles et une vies des urgences, Dominique Mermoux signe là encore une très belle adaptation. Entre passé et présent, il alterne habilement aussi bien le trait, élégant et tout en finesse dans le passé, les couleurs (bichromie et ton sépia pour le passé), la mise en page plus aérée ou encore la typographie.



Une magnifique adaptation, bouleversante et d'une grande justesse...
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L'appel

Fin août 2014. Devant l'écran de son ordinateur, Cécile regarde, avec son amie Nadia, un message vidéo de son fils, Benoît. Une vidéo qu'il lui a envoyée de Turquie pour l'informer qu'Allah lui a tendu la main, que la Oummah est désormais sa famille, que le lendemain il rejoint le Cham et qu'elle ne doit pas s'inquiéter et être fière de lui. Désemparée, croyant son fils en Ardèche, Cécile ne sait pas quoi faire. Se confiant à son ex-compagnon, ce dernier lui dit de patienter, que Benoît la recontactera comme il lui a promis et qu'elle ne doit pas en informer la police si elle ne veut pas qu'il soit arrêté. Étant dans l'impossibilité de consulter l'ordinateur de son fils, reformaté, elle décide de l'emmener au magasin informatique. Elle va également rendre visite à l'ex petite amie de Benoît et à l'un de ses meilleurs amis, Baakari, qui auraient peut-être des éléments de réponse à lui apporter...





Comment faire face à une situation aussi tragique qu'incompréhensible ? Comment s'expliquer que son propre enfant ait basculé soudainement et qu'il est parti faire le djihad en Syrie ? Comment ne pas se reprocher de n'avoir rien remarqué ? Voilà dans quelle situation se trouve Cécile en cette fin d'été. Benoît, qui vient tout juste d'avoir son bac, l'informe par simple vidéo de ses nouveaux projets. Faire le djihad ! Cécile, désemparée, perdue, déconfite, interdite va tenter de comprendre comment son fiston a pu en arriver là, quels ont pu être les éléments déclencheurs à ce revirement si soudain. Et surtout comment peut-elle lui faire changer d'avis. C'est ce que nous propose Laurent Galandon dans cet album ô combien d'actualité. Sans tomber dans le pathos, ce roman graphique interpelle autant qu'il émeut ou étreint. Le propos est juste, sensible et bouleversant, la narration habilement menée et la psychologie des personnages travaillée. Graphiquement, le trait semi-réaliste et la palette de gris siéent parfaitement à cette ambiance sombre.
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L'invitation

En pleine nuit, à 2h30, un téléphone portable réveille Raphaël et sa copine Helen. Pas envie de répondre à ce coup de fil malvenu, certain qu'il s'agit de l'agence dans laquelle il bosse ou un pote. Au pire, ils rappelleront. Et c'est ce qui se passe, le fixe résonne dans toute la chambre. Un peu contraint par son amie d'aller répondre, c'est à contrecœur qu'il décroche. C'est son copain, Léo, qui lui demande de l'aide. En effet, il est tombé en panne après la forêt de Fontainebleau, soit à une heure de route, et demande de venir le chercher. Tout d'abord, il refuse et lui suggère d'appeler une dépanneuse. Mais une fois recouché, Helen lui conseille d'aller l'aider, lui rappelant que cela sert à ça les amis. Il se laisse convaincre, s'habille en vitesse et embrasse Helen avant de claquer la porte. Une fois arrivé à la voiture de Léo, celui-ci l'accueille avec un grand "Surprise!", sourire aux lèvres, et fait péter le champagne. Quand d'un coup, 5 autres personnes surgissent de derrière la voiture en hurlant aussi, Raph' se rend compte que son ami n'a pas appelé que lui et se demande ce que font toutes ces personnes. Lorsque Léo lui explique qu'il voulait savoir combien de ses amis se déplaceraient pour venir l'aider, histoire de tester leur amitié, Raph' est pris au dépourvu et un peu fâché aussi...



Une bien belle idée de départ, quoique, cela dépend du résultat: tester l'amitié de nos proches et savoir jusqu'où ils seraient à aller pour nous... Encore une fois, Jim s'intéresse aux rapports entre les hommes (encore des quadras!), à l'amitié et l'amour qui les unit. Avec ce scénario vraiment original, plus profond qu'il n'y paraît, où chacun cherche à se trouver une place ou à comprendre qui il est, l'on aimerait pouvoir s'arrêter au bord de cette route, dans la campagne, en pleine nuit, et regarder tous ces potes trinquer au champagne et discuter de l'amitié. En s'attardant plus particulièrement sur les liens qui unissent Léo et Raph', l'auteur soulève des questions intéressantes. Peut-on mesurer ou tester l'amitié? A partir de quel moment une personne peut-elle devenir notre amie? Un sujet exploité intelligemment, posément et avec une infinie tendresse. Les dialogues sont bien pensés, les protagonistes parfaits et vraiment touchants. Mermoux illumine à merveille cette tranche de vie. Les paysages de nuit et plus encore les aurores sont apaisants et doux.



L'invitation... acceptée avec plaisir!
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Par la force des arbres (BD)

Un grand merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres...



Dans le Périgord noir, perché à six mètres de hauteur, dans ce chêne qu'il a minutieusement choisi, Édouard entreprend d'écrire sur les raisons de son isolement, sur les événements qui l'ont conduits là-haut, sur ce qu'il attend et espère...

Éleveur de chèvres, Édouard se perd dans son travail, dont la moitié est aujourd'hui passé devant un ordinateur à remplir des formulaires ou des dossiers. Suite à divers soucis, il se voit obligé de vendre son troupeau, malgré tout l'amour qu'il porte à ses bêtes. Ayant perdu toute confiance en lui et en pleine dépression, fatigué de lui-même, il décide de prendre du temps. Rien que pour lui. Loin des hommes et du monde d'en bas. Aussi, en ce mois de février, s'aventure-t-il en pleine forêt pour y dénicher l'arbre qui deviendra son repère, son lieu de vie et de métamorphose et celui qui abritera sa cabane, celle-là même qu'il construira de ses propres mains. Pendant trois mois, il vivra là-haut, coupé des siens qu'il retrouvera le dimanche...



Trois mois de parenthèse enchantée, trois mois loin des hommes, trois mois à observer le monde qui l'entoure... C'est ce qu'Édouard Cortès a vécu pour pouvoir se retrouver, se ressourcer, s'apaiser, se reconnecter avec la nature pour mieux retrouver celle des hommes. Au cœur de ce chêne majestueux qui accueillera sa cabane minutieusement pensée, il s'offre du temps, un besoin vital pour lui qui s'est perdu. Ses journées, rythmées par le soleil, seront propices à la découverte de la faune et de la flore, du monde minuscule qui l'entoure, admirer la nature qui s'éveille... Adapté du roman éponyme d'Édouard Cortès, cet album, immersif, contemplatif, foisonnant de moult détails, est une véritable bouffée d'oxygène. L'on est emporté, nous aussi, loin du tumulte et l'on admire, silencieusement, toute cette nature qui semble s'offrir à nous. Si le propos, intelligent, raisonné et non dénué de sens, s'avère des plus intéressants, le fond, magnifiquement mis en beauté par Dominique Mermoux, est exaltant. En effet, ce dernier, par son trait et sa palette de couleurs délicats, donne parfaitement à voir, à ressentir, à sentir. Aussi, l'on s'arrête pour admirer ici cette fourmi, ce loriot ou cette libellule, là cette forêt en pleine nuit étoilée.

Un album touchant qui donne à réfléchir...
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L'invitation

C'est dans l'adversité qu'on reconnaît ses vrais amis .



Aaaah, l'amitié.

La vraie, la pure, la désintéressée.

Celle qui transcende et qui rassure.

Hé ben c'est pas forcément ce qu'on croit.



Partant d'une blague potache consistant à appeler ses potes en pleine nuit en leur faisant croire qu'on est dans la mouise et qu'un petit coup de main de leur part, avant d'être retrouvé bouffé par les rats, serait apprécié à sa juste valeur, voilà le point de départ intriguant de ce récit touchant aux airs faussement naïfs.



Test à double tranchant s'il en est, il sera l'occasion, tout comme les déchets donc épreuve validée des trois pouces par les écolos, d'effectuer un tri sélectif tout en réalisant quelques mises au point sévères.



Un léger retard à l'allumage, voilà le seul point noir de ce récit que l'on dévore tout en se questionnant sur le concept d'amitié et ses attentes légitimes.

Perso, je sais pouvoir compter sur l'ami Élome et l'ami Xomatose mais de là à les solliciter à tout bout de champ, y a comme un fossé que j'hésite encore à franchir. La peur de déranger, j'imagine.



Le trait est épuré, les couleurs apaisantes, le tout se lit le sourire aux lèvres ou bien jaune, c'est selon, mais l'ensemble émouvant mérite que l'on réponde favorablement à cette Invitation.
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Les mille et une vies des urgences (BD)

Shéhérazade a convaincu son époux de ne pas la tuer après leur première nuit de noces en lui racontant des contes, soir après soir.

L'interne Baptiste, lui, tient la mort à l'écart de la 'femme Oiseau de Feu' en lui rapportant des anecdotes médicales (des urgences, en particulier), pour lui tenir compagnie, l'émouvoir, l'amuser, lui donner des raisons de tenir bon en attendant la visite de son fils.



L'auteur a fait un recueil de ces (presque) 1 001 histoires. Il a eu la bonne idée de l'adapter en BD avec Dominique Mermoux. Les phobiques de l'univers hospitalier devraient tenir le choc : le dessin est doux et le bicolore atténue la violence du sang, des perfusions, des seringues à tous les étages.



Le ton rappelle celui de Martin Winckler ('La maladie de Sachs', 'Le Chœur des femmes'...). Ces deux auteurs-médecins prônent l'écoute et le respect du patient et de ses proches. En nous montrant les coulisses du monde médical, ils nous aident à comprendre pourquoi les soignants semblent parfois désagréables, froids.



L'abondance de sentences et de bons sentiments rend le récit un peu mièvre. Mais Baptiste Beaulieu est drôle et touchant dans le rôle de « l'interne à la chemise à carreaux un peu merdeux et un peu menteur. Un peu merdeux avec les chirurgiens qui se prennent pour Dieu. Un peu menteur avec ses patients pour mieux les soigner. »

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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=tETtqRM51oI
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Par la force des arbres (BD)

Le chêne, pas les chaînes.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2023. Il s’agit d’une transposition en bande dessinée du roman du même nom avec la participation de son auteur Édouard Cortès comme coscénariste, en équipe avec Dominique Mermoux coscénariste, et qui réalise également les dessins et les couleurs. Il comprend cent-quatorze pages de bande dessinée.



Dans le Périgord noir, dans une forêt en bordure d’un château et d’un village. À six mètres de hauteur, Édouard Cortès vit seul dans les branches d’un chêne. C’est le printemps. Il est entré dans sa cabane pour un long séjour de silence. Perché dans un arbre, il a la ferme intention de renaître avec lui. Il va nicher dans cette cachette construite de ses mains. Entre quatre branches, l’abri de bois et de verre le protège des regards et du bruit. Un lieu rare. Inespéré dans son état. Il se sentait fatigué du monde d’en bas et de lui-même, il est donc monté là-haut. Les autres, sans doute aussi, s’étaient lassés de lui. Il entreprend une métamorphose à l’ombre des forêts. Il veut voir à hauteur d’arbre. Ce 21 mars 2019 au matin, il a étreint sa femme Mathilde et ses deux enfants, enfilé ses bottes, supprimé ses comptes sur les réseaux sociaux, envoyé promener mille cinq cents amis invraisemblables pour en garder quatre ou cinq vrais. À presque quarante ans, il a beaucoup de doutes sur ses certitudes et peu de convictions sur ses illusions. Éloigné des hommes, il est décidé à arracher tout ce lierre qui l’étouffe. Quand la mort approchera, il aimerait pouvoir répondre sans crainte : A-t-il eu assez d’audace pour suivre son étoile ? Toute une civilisation est née dans l’humus des chênes du Quercy : c’est à leurs racines que se cache la truffe noire qu’il aime à caver avec son chien. C’est dans ce berceau de France, celui des souterrains médiévaux de Paluel, de la Vierge noir de Rocamadour, des duels du hussard Fournier, de Tounens roi de Patagonie, des expéditions de Larigaudie, des noix et des arbres truffiers qu’il a planté ses souvenirs d’enfance. Les faunes et les sylvains l’ont lié au pays De la servitude volontaire. Cet ancrage lui a-t-il accordé une certaine latitude dans ses chemins ? La lecture de La Boétie l’invite à plonger dans le vert. Le chêne pas les chaînes.



Février. Un mois et demi plus tôt. L’idée de l’arbre lui a été soufflée par Cyrano. Il relisait un soir Rostand, s’attachant à la bravoure de son cadet de Gascogne comme à une caresse. Dans la dernière scène, il agonise. Il ne veut personne pour le soutenir. Le seul recours que M. de Bergerac s’autorise, c’est un tronc. Pour appuyer ses alexandrins, il touche l’écorce et trouve l’énergie des derniers vers, concluant en allant s’adosser à un arbre, et exigeant que personne ne le soutienne, rien que l’arbre ! Au matin, Édouard avait filé vers la forêt à dix kilomètres de sa maison. Un seul objectif : trouver son arbre. Il agissait par habitude, selon son principe : penser l’action, vivre comme il pense. Cette forêt, il la connaît bien pour s’y être perdu.



Cette bande dessinée constitue l’adaptation d’un roman autobiographique, avec la participation de l’auteur, racontant son expérience de vivre dans un arbre au milieu d’une forêt, du 21 mars 2019 au 24 juin de la même année. Une décision simple : s’éloigner du monde pour prendre du recul, une forme de retraite, mais pas dans un monastère ou un ashram, au milieu de la nature dans les branches d’un arbre. Le lecteur peut ainsi l’accompagner dans les quelques semaines qui précèdent son installation dans son arbre, ou plutôt la cabane qu’il a construite dans le chêne qu’il s’est choisi, dans quelques retours en arrière quand il était éleveur de brebis, par deux fois dans son enfance, et dans son quotidien durant ces trois mois passés en hauteur. Il ne s’agit pas d’une retraite en ermite : il voit ses enfants et son épouse chaque dimanche car ils viennent manger avec lui. Vers la fin de son séjour, trois amis viennent passer une soirée avec lui et dormir dans sa cabane.



Le récit présente l’organisation de ses journées avec son programme quotidien : sport, méditation, toilette, petit déjeuner, écriture, lecture, ménage, déjeuner, vaisselle, observation, activités manuelles, sport, dîner, harmonica, lecture. Il présente également l’agencement de sa cabane située à six mètres en hauteur : Au nord son vestiaire sur une étagère. Au centre du faîtage, une fenêtre de toit, ouvrable et assez large pour le laisser sortir. Il peut ainsi danser sur les tuiles de bois ou fuguer dans les branches hautes quand l’envie lui en prend. Fenêtre sur le ciel pour, de son lit, rêver les yeux ouverts. Et tous les jours ce puits de lumière inonde son habitat, panthéon miniature à la coupole de bois. Son lit mezzanine s’élève à un mètre et demi plus haut que le plancher. À l’est, vers le soleil levant, un oratoire sur une étagère : un crucifix, une icône de saint David dit le Dendrite (ermite retiré dans un arbre), deux bougies, du papier d’Arménie. Au nord-est, la cuisine : poêle et casserole, un deuxième banc-coffre avec la vaisselle usuelle et les condiments. À côté une petite cuisinière à gaz. Côté sud, son bureau et un tabouret. Sur l’étagère à mi-hauteur, des bocaux de verre (pâtes, riz, noix, fruits secs), son harmonica, des appeaux. Les livres de chevet : Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, L’enfer de Dante, Les pensées de Marc-Aurèle. À l’ouest, le coin toilette : un miroir, une bassine en zinc, deux jerricans d’eau potable, un banc-coffre avec des outils. Côté sud-ouest, une petite terrasse qui s’avance dans le vide. Une branche maîtresse la soutient souplement. La corde permettant de monter les objets lourds ou encombrants. Au soleil le réservoir pour la douche. Ainsi, il peut vivre en autonomie, allant s’approvisionner en eau avec son âne et se nourrissant de provisions amenées avec lui, et de végétaux qu’il récupère.



Le lecteur fait vite l’expérience que l’adaptation en BD reprend des portions du livre, rendant le récit copieux, instaurant un rythme de lecture posé. Dans le même temps, la bande dessinée commence par trois pages muettes. Cette adaptation ne se contente pas de montrer en images ce qui faisait l’objet de descriptions dans le livre, et de reprendre le flux de pensée de l’auteur, ses réflexions, ses ressentis. Il s’agit bien d’une bande dessinée, avec des cases disposées en bande ou d’une manière plus libre, sans bordure, et des séquences racontées par une narration visuelle. Le lecteur n’éprouve pas la sensation que les images reprennent des éléments déjà présents dans le récitatif. Le ressenti de la lecture atteste de la concertation entre l’auteur et le bédéiste pour adapter le roman. Régulièrement, la narration visuelle prend le dessus : un dessin en pleine page pour un cerf et une biche, la vue en coupe de la cabane, le déplacement pour aller chercher de l’eau, les activités de la journée, l’observation d’un cerf à la jumelle, une nuit d’orage en deux pages sans texte et le constat des dégâts au petit matin, l’utilisation d’une loupe de botaniste et ce qui apparaît alors, une pleine page pour une belle nuit étoilée, le déplacement d’un sanglier, l’observation d’une biche et de son faon, etc.



L’artiste effectue un travail remarquable pour tous les éléments sylvicoles, botaniques et relatifs à la faune. Le lecteur comprend qu’Édouard Cortès dispose de connaissances sur la flore et la faune, et qu’il a emmené des livres pour continuer à se cultiver sur le sujet. Le lecteur peut ainsi voir représenté de nombreuses essences d’arbres (if à deux têtes, houx fragon, chêne, hêtre, tilleul, châtaigner, sorbier des oiseleurs, érable champêtre, merisier, alisier), d’arbustes (noisetier, houx, genévrier, cornouiller sanguin, prunelier, au sol le lierre) et des micro-plantes (hypne cyprès, dicrane en balais, sphaigne des marais). Les rencontres avec des animaux sont également nombreuses, à commencer par les oiseaux (rouge-gorge, geai des chênes, sitelles torchepots, mésanges bleues, pic épeiche, loriot), quelques insectes et coléoptères (fourmis, hanneton, imago du citron, aeshna cyanea, etc.). Ainsi que des animaux : âne, renard, loup, lapin, brebis, écureuil, sanglier, un rapace qui fond sur un pigeon ramier, etc. Dominique Mermoux réalise des dessins un registre réaliste et descriptif avec un petit degré de simplification. La mise en couleurs s’apparente à de l’aquarelle, avec un côté doux, rehaussant les reliefs, et filant une ambiance lumineuse tout du long d’une scène. Il utilise un ton brun – sépia pour les séquences du passé.



L’auteur décide donc de se retirer du monde pour se déconnecter du flux incessant, et pour retrouver la sérénité qui l’a abandonné après qu’il ait dû liquider son affaire d’élevage. Ce séjour hors du monde lui permet de considérer la vie d’un arbre, ainsi que tout l’écosystème dont il fait partie. Il va évoquer ou développer des aspects divers : le cavage, le modèle qu’il souhaite donner à ses enfants en tant que père, le formicage, le cycle de l’eau à travers l’arbre et la fonction de climatiseur en période chaude, la médiocrité des objets du quotidien conçus pour devoir être rachetés sans fin, l’isolation des individus, l’affection moderne qu’est l’immédiateté, le chêne qui sacrifie ses branches les plus basses pour mieux se développer (Abandonner un peu de soi, laisser mourir certaines branches pour avancer.), la volonté de vivre (Dans ces instants, ce n’est pas de quitter la vie qui demande du courage, mais de puiser des forces pour la conserver.), le développement de la forêt française, la notion de bonheur (Mais le bonheur, n’est-ce pas d’accepter de n’être jamais absolument consolé ?), etc. Il fait le constat et l’expérience des merveilles de la nature, de l’interdépendance des différentes formes de vie d’un écosystème, de l’absurdité toxique de certaines facettes de la société de consommation. Dans le même temps, le lecteur voit que la démarche de cet homme ne relève pas de l’utopie de l’autarcie, car il continue d’utiliser des objets produits industriellement, et son séjour a une fin programmée.



Une adaptation de roman réussie, qui aboutit à une vraie bande dessinée, et pas un texte illustré. Le lecteur partage la vie quotidienne, ses découvertes et les pensées d’Édouard Cortès effectuant une retraite du monde, sous la forme de trois ans passés dans une cabane qu’il a construite dans les branches d’un chêne. La narration visuelle emmène le lecteur dans cet environnement, le rendant témoin du quotidien dans toute sa banalité, et son unicité, à prendre conscience ou découvrir la flore et la faune, leurs interactions, leur interdépendance. Il ne s’agit pas d’une forme de retour naïve à un état de nature primitif, mais de prendre le temps d’observer la nature et de vivre à son rythme. Une lecture riche et apaisante.
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Entre les lignes

Les secrets de famille sont un thème récurrent dans les romans et cette bande dessinée, adaptée d'un roman de Baptiste Beaulieu est particulièrement émouvante.

A la mort de son père Moïse, Jean découvre des lettres que ce dernier avait écrit tout au long de sa vie à une certaine Anne-Lise, et qu'il n'avait jamais envoyé.

Ayant des soucis cardiaques, c'est à son fils Baptiste qu'il va demander d'enquêter sur cette Anne-Lise inconnue à qui son père a écrit durant plus de 60 ans.

Nous allons donc parcourir la vie d'un homme ayant connu les deux guerres mondiales et ayant ensuite caché un lourd secret à toute sa famille durant plus d'un demi-siècle.

Les dessins sont dans des coloris différents selon que l'on suive la vie de Moïse durant le début de ce siècle, ou les recherches de Baptiste, qui se passent à notre époque.

J'ai été très touchée par cette histoire, une histoire d'amour, de souffrance, de secrets et de chagrins.

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L'appel

Un récit pleinement ancré dans l'air du temps.



Le combat d'une mère pour tenter de sauver son fils parti faire le Djihad en Syrie.



Il aura suffi d'une simple clé usb pour que la vie de Cécile bascule.

Célibataire et travaillant en unité de soins palliatifs, ça vend déjà pas forcément du rêve mais avoir à combattre, tel Don Quichotte, une idéologie pour sauver Benoît d'une mort prédestinée, alors là, j'en reste comme deux ronds de cake.

Quand ça veut pas...



On ne naît pas terroriste, on le devient.

Et ce quelles que soient vos origines, vos croyances, votre statut social où votre couleur de peau.

Un traumatisme, une rencontre, un discours opportuniste, insidieux, parfaitement rôdé et c'est un aller simple direction l'enfer pour les proches de ces gamins nouvellement convertis.



Ce roman graphique interpelle de par la justesse de son propos et son traitement dénué de tout pathos.



Le combat d'une mère face à ses propres questionnements.

Le combat d'une mère face à une doctrine idéologique qu'elle sait mortifère.

Le combat d'une mère pour un fils qui lui échappe un peu plus chaque jour passé loin d'elle.



Le récit est sombre, l'encrage est parfaitement raccord.



L'appel...à un ami qui ne vous veut pas forcément du bien, aussi didactique qu'édifiant.
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Par la force des arbres (BD)

Club N°52 : BD sélectionnée

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Adaptation en BD du récit du même nom de Edouard Cortes, on l'y suit à la quarantaine en proie à la dépression et qui décide de se réfugier pour un printemps dans une cabane qu'il construit dans un chêne d'une foret du Périgord.



Retrouver le rythme de la nature, s'émerveiller du monde devant nos yeux et réaliser la beauté de la nature.



C'est une BD superbement illustrée qui reprend le texte de Cortes et la dure poésie de sa tranche de vie, entre la dépression et l'échec puis la sève nouvelle qui parcourt l'auteur à mesure que celui-ci en prend, de la hauteur.



Appel à ralentir, à réfléchir à ce qui est important et à observer le monde qui nous entoure, là, juste devant nos yeux.



Un vrai bel ouvrage.



Greg

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Une bande dessinée magnifiquement illustrée qui donne envie d'aller rejoindre le narrateur dans sa cabane...



Adaptée du témoignage d'Édouard Cortès.



A lire pour vivre au rythme des oiseaux et autres animaux qui accompagnent le récit...



Mano

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Un jour, il viendra frapper à ta porte

Avant de devenir père, Julien veut rencontrer le sien qu'il n'a jamais vu. Quand ils se voient, son père, Pierre, lui parle de ses origines juives et du drame que son propre père a vécu. Curieux d'en savoir plus sur sa famille, part à la recherche de sa famille, de son histoire.

Un livre aperçu à la bibliothèque et lu dans la foulée. Julien veut connaitre sa famille et cherche à connaitre la vérité, celle-ci change selon celui qui raconte l'histoire mais Julien découvre enfin une partie de sa famille qui lui était inconnu. Un témoignange très touchant sur l'holocauste à travers ce voyage de Julien qui construit sa famille en apprenant sur celle paternelle, qui lui permet d'envisager le futur de manière plus sereine. La vérité est parfois dure à connaitre mais elle aide à devenir plus fort. Jolie BD !
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Par la force des arbres (BD)

S'isoler des Hommes, non pas pour les fuir mais pour se retrouver soi-même et reprendre confiance en soi. C'est ce qu'a fait Édouard Cortès.

Alors que son métier d'éleveur de chèvres était étouffé par des exigences administratives kafkaïennes, il a bien failli choisir une poudre pour y attacher une corde...il.a finalement décidé de faire prendre de la hauteur à son désespoir en demandant l'hospitalité à un chêne ! Il s'est construit une adorable cabane dans ses branches et y a passé trois mois en réglant sa vie au moment présent,en écoutant battre son coeur au rythme de la vie sylvestre,en observant les habitants de la forêt, de la fourmi au sanglier,de l'araignée à l'écureuil, de la mésange à l'escargot... sans oublier la flore.

Sa " cabane est un avant- poste sur la beauté du monde."

Dominique Mermoux à mis tout son talent de dessinateur pour raconter en images ce singulier voyage immobile d'un homme au sein d'une nature resplendissante par sa simplicité, par l'évidence de la beauté de la vie et de son harmonie lorsqu'elle est respectée. C'est également un émouvant voyage intérieur puisqu'il va permettre à Édouard de retrouver les siens.

C'est un album profondément écologiste qui allie rêve d'enfant et cheminement existentiel. Il offre une très belle bulle d'oxygène.
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Entre les lignes

Une histoire qui m’a vraiment happée du début à la fin visiblement adaptée d’un roman que je n’ai pas lu. Jean a retrouvé des lettres de son père décédé écrite à une certaine Anne-Lise. Ce qu’il lit lui fait un tel choc qu’il est hospitalisé et n’a que le recours de demander de l’aide à son fils. Baptise va suivre les traces de son grand-père qui va l’amener jusqu’en Allemagne. Roman graphique alterné par deux époques. Avant tout une grande histoire d’amour. Touchant, bouleversant, grandiose.
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Un jour, il viendra frapper à ta porte

Julien veut connaître sa famille paternelle avant d'avoir trente ans et de devenir lui-même papa. Son père Pierre n'est pas totalement inconnu pour lui, il l'a vu à la TV, c'est un journaliste. Mais ils ne se sont jamais rencontrés, le père s'y est toujours opposé. Il le lui rappelle crûment lors de leur premier échange de visu : "A vingt ans, on a autre chose à faire que d'être père. Ta mère voulait te garder, alors... j'ai laissé pisser." Il reste froid et dur face à ce fils adulte qu'il voit pour la première fois, ne s'attendrit pas, lui révélant de manière brutale leurs origines juives, le sort de leur famille pendant la Shoah, et un drame en particulier. Pierre en a trop dit ou pas assez, Julien veut en savoir davantage et se rend pour cela en Israël, chez son oncle paternel. Mais il n'est pas facile de s'y retrouver entre les faits et ce que l'on a pu en dire, certains drames sont indicibles : "A force de se murer dans le silence, ils ont oublié une partie de l'histoire de Jakob. Et ce qu'ils n'ont pas oublié, ils l'ont souvent déformé."



Art Spiegelman a initié avec Maus la BD reportage-autobiographique autour de la Shoah. Deuxième génération de Michel Kichka m'avait touchée, ce témoignage de Julien Frey également. A l'image du trait fin et doux, l'auteur y présente sobrement et pudiquement sa quête. On devine à quel point ce cheminement a été douloureux pour lui, on l'espère salvateur et fécond pour sa vie d'homme.

Bien qu'introspectif, ce bel album émouvant n'est jamais nombriliste, on y apprend sur les conditions de vie en Israël et sur le sort des déportés juifs après l'ouverture des camps par les alliés.
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Les mille et une vies des urgences (BD)

Baptiste Beaulieu est un jeune interne en médecine d'une trentaine d'années en stage dans le sud-ouest de la France, qui a décidé en novembre 2012, pour pouvoir témoigner de la vie du quotidien d'un urgentiste avec humour et un certain détachement de créer le blog « Alors voilà ».



Son but : réconcilier les soignants et les soignés en racontant, avec dérision et sensibilité, l'incroyable réalité de l'hôpital.



Le succès est immédiat et le blog compte plus de 3 millions de lecteurs. Ce blog est devenu un livre grand format puis en version poche, riche en anecdotes inédites qu'on avait beaucoup aimé il y a quelques années, puis ce roman graphique de Dominique Mermoux, réussite incontestable qui s'approprie avec beaucoup de bonheur et de talent le livre de Baptiste Beaulieu.





DOMINIQUE MERMOUX adapte avec beaucoup de sensibilité et de justesse, avec notamment une capacité à rendre compte de la profusion qui irrigue un service d'urgence les différentes histoires racontées par BAPTISTE BEAULIEU



Par ses histoires souvent amusantes, parfois plus tragiques, Beaulieu restitue en effet tout le théâtre de la Comédie humaine à travers ce miroir grossissant que sont les urgences d'un hôpital, un peu comme l'a fait il ya quelques années le cinéaste Thomas Lilti dans le génial Hippocrate.



Le livre dévoile une facette de l’hôpital qu'on préfère souvent cacher aux patients. L'humour est parfois un peu cynique, mais c'est manifestement un trait d'humour inhérent du milieu, car assez nécessaire pour supporter la souffrance et la mort au quotidien.





Se nourrissant de situations vécues par lui ou par ses collègues, Baptiste Beaulieu passe l'hôpital au scalpel de son regard aussi tendre que lucide et Dominique Mermoux a pleinement réussi à sélectionner les passages les plus forts et les plus représentatifs de son livre dans une adaptation qui dépasse largement le coté catalogue des meilleurs cas que le livre de Beaulieu pouvait avoir de temps en temps.



Croqués par Mermoux, ces récits de vie sont remplis d'humanité et d'humour, deux caractéristiques qu'on ne peut raisonnablement pas bouder en ces temps actuels.



En suivant la relation qu'entretient avec la dame oiseau de feu, une quinqua en phase terminale qui attend son fils coincé dans un aéroport d'Islande pour lui dire au revoir, relation dans laquelle Baptiste s'investit beaucoup ( trop?), le quotidien des urgences pendant 7 jours nous est raconté au travers des yeux de Baptiste mais aussi des anecdotes de ses collègues, du pire au meilleur; le personnel le plus sympathique comme le plus odieux avec pas mal d'humour et aussi énormément d'émotion qui nous ceuille (encore plus que dans le livre original), à la faveur d'un trait de crayon particulièrement bien senti...



Pour bien saisir l'envers du décor. d'un hôpital et peut -être moins pester à chaque fois qu'on franchit le pas d'un service d'urgence, cet épatant roman graphique s'avère être absolument nécessaire..


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les mille et une vies des urgences (BD)

Dominique Mermoux a réussi à transposer de manière sensible et réussie le contenu riche et nuancé du livre de Baptiste Beaulieu dans un format graphique. La capacité à rendre compte de la profusion et de la complexité d'un service d'urgence tout en préservant l'humour et l'émotion doit être saluée. L'utilisation du trait de crayon bien senti pour illustrer les anecdotes et les émotions contribue sans doute à rendre le récit encore plus vivant.

C'est un travail précieux que de partager les réalités du monde hospitalier, souvent méconnues du grand public, et de susciter une réflexion sur la vie, la souffrance, et la mort. Cette adaptation graphique apporte une nouvelle dimension visuelle et émotionnelle à l'expérience racontée par Baptiste Beaulieu.

Une belle réussite de Baptiste Beaulieu, superbement illustrée par Dominique Mermoux.

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Entre les lignes

Un roman graphique que je vous conseille vivement ; pour le formidable trait, le dessin au crayon sensible et attendrissant de Dominique Mermoux, mais surtout pour une histoire poignante qui est un lourd secret de famille, enfoui et difficilement racontable ; celle du grand-père de l’auteur Baptiste Beaulieu. Cet album est une interprétation graphique de son roman.

Certes, il contient beaucoup de tristesse et le lire est douloureux ; j’en ai le visage encore tendu et les larmes prêtes à jaillir de mes globes oculaires. Mais la compassion dans laquelle je baigne m’apporte aussi de la joie en retour. Pas tout à fait de la joie car le sujet est grave ; de l’amour mêlé à ce sentiment par lequel on est porté à ressentir la souffrance d'autrui et tenté d’y remédier.

J’avoue que je n’ai pas pu le lire d’une seule traite ; il fallait que je stoppe la lecture, que me lève régulièrement, que je marche quelques pas et que je respire. ENTRE LES LIGNES est un vrai concentré de malheurs apportés par la guerre, et de tristesse et d’amertume amenés par le destin. Ce serait comme une boîte de lait concentré ouvert longtemps après sa date de péremption ; le temps à confit les sentiments et les souvenirs. Ils se répandent, éclatent, débordent… ad nauseam, violemment, sans retenue.

Ces amours perdues sont d’atroces rendez-vous manqués avec le bonheur (avant le portable et les numéros vite échangés) ; on laisse filer du bout des doigts celle que l’on aime éperdument ; on a que le prénom, que la ville ou le quartier de l’être aimé imaginant que jamais on ne puisse être séparé, par rien ni personne, mais quand l’ultime rendez-vous sensé être celui où l’on échangera ses coordonnées n’a pas lieu en raison d’un car qui ne passe pas, d’un train supprimé, d’un avion en retard… ou d’une bombe qui tombe au mauvais moment et au mauvais endroit, alors c’est la fin.

D’autres amours contrariées ont été contées. Comme l’idylle de François Cavanna et sa Maria, perdue sur les ruines d’autres champs de bataille ; Cavanna qui a « connu l’amour et l’a perdu » [Les Russkoffs].

Des chagrins d’amour qui (nous) laissent inconsolables.



Je pleure encore comme celui qui sait que le bonheur est un projet surhumain, sur cette terre.
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Entre les lignes

J'ai rarement lu une œuvre aussi intense, aussi dramatique également sur les conséquences de la guerre dans une vie personnelle.



Un vieil homme semble avoir un secret puisqu'il écrit chaque année à une date anniversaire à une Anne-Lise. On découvrira progressivement au fil de l'eau la place de cette femme dans sa vie.



Il y a un aller-retour entre le présent et le passé dans l'Allemagne de la Seconde Guerre Mondiale. On se rend compte que la France avait une réelle haine pour l'Allemagne au sortir de cette nouvelle guerre destructrice. Cela n'a pas arrangé les choses pour certaines personnes qui pouvaient avoir eu une relation particulière avec ce pays anciennement ennemi.



A la fin de cette ouvrage, on se rend compte qu'il s'agit d'une recherche encore active car les secrets ne sont pas parvenus à faire éclater la vérité au grand jour. Il manque quelque chose pour terminer en beauté.



J'ai eu de la peine pour cet homme courageux qui est tombé amoureux et qui n'a pas failli à son devoir. La vie peut être parfois assez cruelle et injuste. Pour autant, on peut comprendre les choix qui ont été opéré pour assurer le meilleur avenir possible.



Curieusement, j'ai eu beaucoup moins d'attache pour le récit situé dans le présent où un fils Baptiste tente de renouer avec son père en l'aidant à faire la lumière sur le passé de sa famille. Il faut dire que le récit de Moïse éclipse tout tant il est prenant et magnifique.



J'ai beaucoup aimé le trait de l'auteur Dominique Mermoux. Il avait déjà réalisé une œuvre qui m'avait déjà un peu marqué à savoir « Un jour il viendra frapper à ta porte » toujours sur le même thème des secrets familiaux qui bouleverse une vie.



Certes, le fil conducteur reste la nécessité de toujours communiquer avec nos proches. Cela délivre un beau message d'amour qui m'a réellement touché.



Bref, une œuvre terriblement sincère et bien écrite. Il faut savoir lire entre les lignes !

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Entre les lignes

Mon choix dans les propositions de la Masse Critique Babelio s'est fait par rapport au résumé et je n'ai pas fait le rapprochement, je l'avoue, avec le roman de Baptiste Beaulieu Tous les histoires d'amour du monde que j'ai lu lors de sa sortie et que je n'avais pas beaucoup apprécié à l'époque. Pourquoi avoir changé le titre ? Quand j'ai compris mon erreur et ai su que j'allais le recevoir j'ai pensé qu'il fallait peut-être le redécouvrir sous une autre forme et voir si mon impression allait être la même.....



Alors pour être juste je vais distinguer l'histoire et les illustrations. Bon définitivement je n'ai pas, à nouveau, du tout adhéré à l'histoire et principalement à l'écriture qui ne trouve pas ni écho ni émotion et parfois même de l'agacement chez moi d'autant plus que l'option choisie pour le roman graphique est d'intégrer beaucoup de textes, trop pour moi. Et puis par moment les phrases sentencieuses voire moralisatrices qui m'irritaient comme les rebondissements en suspens que j'avais déjà peu aimés dans le roman. Beaucoup de personnages que l'on découvre, perd de vue puis retrouvent le tout dans une alternance de périodes où j'ai comme la première fois eu du mal à m'y retrouver.



Parlons maintenant des illustrations : je félicite Dominique Mermoux pour son travail de mise en images par rapport à la complexité de construction du roman car il y avait là un sacré défi : trois époques, trois hommes, trois vies, beaucoup de personnages annexes, de lieux et il a réussi le pari. Moïse, son fils et Baptiste, trois personnalités qu'il a su différencier par des techniques différentes.



Mais tout ce texte, beaucoup trop à mon goût, autour des illustrations se référant à la mémoire, aux souvenirs de Moïse, m'ont lassée, peut-être parce que je connaissais déjà l'histoire mais je pense que l'ensemble aurait gagné a être allégé pour rendre la lecture plus agréable, plus fluide. J'ai retrouvé dans le texte ce qui m'avait pas convenu dans le roman (je vous invite à aller lire ma chronique de l'époque). Je pense que c'est une rencontre qui ne se fait pas entre lui et moi mais il a de nombreux lecteur(rice)s et cela n'engage que ma propre sensibilité.



Alors oui j'ai aimé la mise en illustrations mais j'ai eu les mêmes réticences par rapport à la narration qui est ici assez fidèlement retranscrite : une plume trempée dans les bons sentiments, un ton un peu naïf et bon enfant, qui use et abuse des phrases toutes faites (j'ai voulu vous en retrouver mais j'ai eu du mal à les retrouver tellement il y a de textes).



Pour le travail de mise en images : j'ai aimé.

Pour l'histoire elle-même : je reste sur mon précédent ressenti : bof-bof
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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