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Citations de Dorothée Letessier (27)


J’aurais pu mourir assassinée. J’aurais pu rencontrer le prince chamant. Mais aller perdre mon porte-monnaie à Paimpol, je n’y avais pas pensé. C’est trop terre à terre, cela ne vaut pas un clou, même pour les journalistes d’Ouest-France.
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Je n’aime pas les oublis, les actes manqués, les lapsus, les prétextes qui déflorent les cachotteries du désir.
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Ma Bretagne n'est peut-être ni plus belle ni plus pure que d'autres terres, mais je l'aime bien malgré ses souillures et ses sautes d'humeur. J'y vis entre plages et forêts, entre l'usine et les petites villes où l'on n'est jamais anonyme. J'aime l'odeur du chou dans les maisons, le porc qu'on mange sur les toiles cirées, les "galettes-saucisses" enveloppées de papier sulfurisé. J'aime le parler raccourci, la curiosité pas toujours bienveillante des gens qui vivent ici, loin des modes, tournées vers leurs douleurs, et qui cultivent leur jardin en se désespérant qu'il fasse trop chaud ou qu'il pleuve. Mais je déteste le mauvais vin qui rend hagards les yeux des hommes. Les mentalités empêtrées dans les "comme il faut" et les "on-dit" me font mal. Je ne m'habitue pas à ce climat mollasson, versatile, incapable d'être vraiment chaud, toujours soumis à des vents d'ailleurs et à des marées qui ne savent pas ce qu'elles veulent.
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Je n’arrive pas à assimiler le « potager en dix leçons ». Je me renseigne à l’usine auprès des paysans ou d’anciens maraîchers et quand on ma dit en novembre que c’était la saison pour planter des nouilles, j’ai failli y croire.
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Elle sait qu’elle a l’air vieillie de dix ans, qu’elle intimide. On n’ose plus lui parler comme avant. On se méfie des plaisanteries devant elle. Les rires baissent à son passage. Les mères craignent cette douleur gravée dans son corps et se détournent discrètement dans une peur superstitieuse de la contagion.
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Avant de me mettre à lire, je respire l'odeur du papier, de l'encre, de la couverture glacée. Ce parfum d'imprimerie crée une atmosphère complice entre mon regard et la chose qui va se mettre à vivre. Je reconnais les éditions à leurs arômes délicats ou puissants. Lire est aussi un plaisir physique. Je sens un livre. J'écoute le bruit de ses pages. Je les palpe. J'aime regarder sans chercher à comprendre les lettres, les mots accolés, rythmés par leur longueur et leur espacement. Je contemple les paragraphes comme de petits tableaux, chacun a sa propre harmonie. Le livre prend son souffle dans l'arrangement de ses silences et je respire à son tempo. C'est un compagnon docile, s'il s'ouvre, quand je veux, à la page marquée et me faire taire. Nous cohabitons des heures, des jours, des semaines parfois et mes humeurs jouent sur les lignes.
Les derniers mots d'un livre sont à la fois une déchirure et un soulagement. Mon travail est achevé. Mais j'ai lu trop vite, je regrette que ce lien soit rompu. Et cet écrivain qui n'a plus rien à dire me déçoit. Impossible de relire, l'heureuse surprise ne se reproduira pas. J'ai été, une fois de plus, trompée, ma vie n'a pas changé. Tout de suite, je cherche un autre livre où accrocher mes mirages. Je suis l'héroïne d'un foule d'histoires inconnues.
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Les maisons anciennes aux pierres usées, elles, s'avachissent au bord de la route. Leur toit d'ardoises piquées de mousse s'affaisse jusqu'à des ouvertures étroites décorées, seul luxe, par des volets bleu breton, dont la peinture s'écaille. On y vit à tâtons, dans une pièce unique où la lumière bute sur le sol en béton, les meubles épais. Des vieilles femmes en chaussons hibernent en crochetant des dentelles. Du coin de la fenêtre, elles surveillent le monde qui va de leur porte à la route.
Au delà, le regard se perd dans des brumes filandreuses. Qu'y a-t-il derrière le brouillard ?
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On nous avait mariés en deux coups de cuillère à pot et au début je trouvais émouvant de coudre un ourlet au bas d’un pantalon d’homme.
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En me regardant, il louche légèrement. Il n’a pas de beaux yeux. La fille ne dit rien et trouve que je m’impose. Elle semble attacher à son gourou comme un fil de gruyère adans un plat de macaroni.
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Je voudrais que les hommes n’aient plus de raison d’écourter le temps d’aimer, que la parole vienne aux silencieux. On boirait de l’eau de rose à grandes rasades !
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Il serait toujours avec elle. Mais Loïca a peur de la vie commune. Elle ne veut pas qu'il se fasse une obligation d'être avec elle. Et s'il oubliait un jour de l'aimer. Ce serait moins dur de se quitter sans déménagement...
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- Une infusion, peut-être ?
Il agrémente sa question d’un sourire mieilleux qui veut dire : la difficulté ne me décourage pas. Je réprime une envie de vivre. Un tilleul-menthe pour draguer à Paimpol, il faut le voir pour le croire.
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C'est stupide d'avoir comme moi le moral accroché au baromètre, dorénavant ça va changer. Le gris, la pluie, le brouillard qui m'oppresse, le vent qui me saoule, je les prendrai de haut. Je ne m'en affligerai plus, c'est promis, il y a des choses plus sérieuses que les hivers trop sombres et les printemps trop moroses.
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Je ne suis bonne qu'à causer pour pas un rond dans un journal ?
Lui il signe et moi je retourne à ma machine. Je visse et il cultive ses grands principes généreux. La terre aux paysans, l'université aux étudiants, les usines aux ouvriers. Je n'en veux pas de cette usine pourrie. Je veux des livres et des stylos moi aussi, pas des boulons socialistes.
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Je chôme et, sauf pour cause de congés annuels, je n'en ai pas le droit. Je n'existe que dans la contrainte de mon corps. Je n'ai pas de plastique. Je ne suis pas une statue, ni un un arbre. Les années ne me donnent pas de valeur, mais des rides. Pour exister, je dois déployer des tonnes d'efforts dans mes membres, porter sur mon dos des heures et des heures d'absence de moi-même. Et pourtant, j'ai tellement envie de beau, de doux, de repos et d'harmonie ! Je m'enfonce progressivement dans une méditation de caramel mou.
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Je l’ai écouté, moi aussi, mon séducteur, et c’est seulemetn quand il s’est tu que j’ai commencé à vieillir.
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J'enrage d'être à l'usine année après année, mais je n'ose rien tenter pour en sortir. Apprendre un métier ? Comment ? Quel métier ? Dactylo ? Infirmière ? Aucun ne m'intéresse. Je ne me passionne que pour ce qui m'est inaccessible. Et je crois que tout mon drame est là, au creux de mes mains, je n'aime pas le travail manuel.
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Cela va changer. L'animal domestique rue dans les brancards. Je vais me rebiffer au lieu de pleurnicher en l'attendant. A l'usine je suis capable de tenir tête aux chefs, de remonter le moral aux déprimés, de défendre mes idées. A la maison je devrais filer doux ? J'essuierais ma combativité sur le paillasson et j'endosserais sans mot dire ma blouse de bobonne ? Pas question. Y'a un défaut quelque pat.
Je repars au combat.
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J'ai vécu ces heures pour moi seule, librement je crois, sans grandeur ni péripéties exaltantes, sans malheur non plus. En laissant planer le silence sur mon voyage éclair, il n'en sera que plus irrationnel, voire inquiétant. Même si je ne recommence plus, il y aura toujours ce doute, entre nous. Mon désir de fuite me vaudra des ménagements, il sera plus attentif à mes sautes d'humeur de crainte que je ne reparte et que, peut-être je ne revienne plus.
Car il tient à moi, comme à ses pantoufles, il m'enfile. Il ne se pose pas de question. Il ne m'interroge pas, il pense me connaître une fois pour toutes. je l'aurais surpris, au moins une fois.
Cendrillon a voulu aller au bal. la fée, sa marraine l'a aidée. mais Cendrillon a perdu son soulier de vair en quittant précipitamment le palais à minuit.
Et Cendrillon doit rentrer chez elle en stop.
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Je m'endors en réunion. Je flotte au-dessus des tables, allongées sur un nuage rose, pointant vers eux tous une mitraillette qui contient des ampoules de LSD. Je vais les faire sortir de leurs sales coquilles.
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