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Citations de Edmund de Waal (18)


Et si vous étiez jeune, juif et riche, vous ne pouviez pas circuler dans Vienne sans être observé par un des membres de votre prolifique lignée. Le moindre de vos faits et gestes risquait d'apparaître dans un journal satirique. En résumé, Vienne fourmillait de commérages, de caricaturistes... et de cousins.

Page 182.
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Henk, lui, savait faire danser les chiffres. Mon père prétendait qu'il était capable de parcourir trois colonnes, d'en retrancher une autre et de proposer un total (juste) avec le sourire. Simplement il se croyait en mesure de réussir ce tour de passe-passe avec l'argent.

Page 301.
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Je suis à Vienne, à quatre cents mètres de la maison où vivait Freud, de l'autre côté du parc, je me tiens à deux pas de la résidence familiale, et voilà que j'ai la "vue trouble" [en italiques dans le texte]. Tout un symbole, marmonné-je en maintenant les verres devant mes yeux pour mieux voir le monolithe rose. J'en déduis que cette partie de mon périple n'ira pas sans difficultés. Je suis déjà dans le flou.

Page 155.
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C'est un raz-de-marée de chemises brunes. Les taxis klaxonnent, des hommes armés descendent dans les rues, et les policiers exhibent déjà des brassards frappés d'un svastika. (...)
Quelqu'un éteint les lumières de la bibliothèque, comme si l'obscurité pouvait rendre invisible, mais le vacarme pénètre dans la maison, dans la pièce, et jusque dans les poumons de ses occupants. En bas, dans la rue, quelqu'un se fait rouer de coups. Que va-t-il se passer ? Pendant combien de temps peut-on faire comme si rien n'était arrivé ?

Page 317 (à la veille de la proclamation de l'Anschluss, le 11 mars 1938).
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Là, il apprit inconsciemment que la vie publique impliquait tout un système de rencontres et d'esquives, qu'il fallait savoir combien donner au mendiant ou au colporteur, et comment saluer ses connaissances sans s'arrêter.

Page 48.
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Je me rappelle aussi si un objet invitait à être touché avec toute la main, ou seulement du bout des doigts, ou s'il vous priait de ne pas l'approcher. Car prendre une chose dans sa main n'est pas en soi meilleur que s'en abstenir.

Page 31.
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Les netsukes sont trop nombreux pour être décomptés, on n'est même jamais sûr de les avoir tous vus. Et c'est là tout le charme de ces jouets dans leur vitrine tapissée de miroirs, qui se démultiplient à l'infini. Ils forment un monde complet, un espace autonome où jouer, jusqu'à ce qu'arrive l'heure de les remettre à leur place.

Page 232.
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Pendant une autre, on prend très au sérieux leur menace d'inonder le marché de blé en réponse aux pogroms russes, comme en témoigne la presse de l'époque. "[Les Juifs]... ont découvert la puissance de cette arme quand ils ont réussi à arrêter la Russie lors de la dernière vague de persécutions antisémites, en faisant chuter les actions russes de vingt-quatre points en l'espace de treize jours. 'Touchez encore à un cheveu de notre peuple, et vous n'obtiendrez plus un seul rouble pour préserver votre empire', a déclaré Michel Ephrussi, le chef de la maison de commerce d'Odessa qui domine le marché mondial du grain." En résumé, les Ephrussi sont très riches, très visibles et très partisans.

Page 129.
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Il [Iggie] adore Tokyo, son paysage en perpétuelle évolution. (...) Il s'identifie à la faculté de réinvention de la ville. À ses yeux, l'opportunité de se réinventer est comme un don du ciel, et il voit un étrange parallélisme entre la Vienne de 1919 et le Tokyo de 1947. Tant qu'on n'est pas tombé aussi bas, on ne sait pas ce qu'on peut construire, on n'est pas capable de mesurer ce qu'on a bâti. On s'imagine toujours que c'est l'œuvre de quelqu'un d'autre.

Page 422.
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Le couple rend visite à l'oncle Maurice et à la tante Béatrice, dans leur nouvelle villa Île de France au Cap-Ferrat - devenue plus tard la villa Ephrussi-Rotschild. Ils y admirent la collection de peintures françaises, le mobilier français Empire, les porcelaines françaises. Ils s'extasient sur les aménagements des jardins, où l'on a aplani des collines et creusé un canal pour imiter l'Alhambra. Les vingt jardiniers portent un uniforme blanc.

Page 202.
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Vienne avait toujours été si propre. Désormais on n'y voit qu'affiches et placards, tracts et manifestations. Iggie se rappelait qu'avant la guerre, un jour où il avait laissé tomber un emballage de crème glacée sur une allée gravillonnée du Prater, il s'était fait sermonner par sa nourrice et par plusieurs messieurs à épaulettes. À présent, il se fraie un chemin jusqu'à l'école parmi les détritus d'une ville instable, bruyante et agressive.

Page 274.
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Lors des fêtes données par Iggie, entre les verres de whisky et les plats d'edamame - des fèves de soja croquantes - éparpillés sur les tables, on prend l'habitude d'ouvrir la vitrine. On tient les netsukes dans sa main, on les commente en les faisant passer à son voisin, on profite de leur présence. Les amis offrent des explications. En cette année 1951, l'année du Lièvre, alors qu'on tient dans sa paume le netsuke taillé dans l'ivoire le plus clair de la collection, quelqu'un explique que s'il brille d'un tel éclat, c'est qu'il s'agit d'un lièvre lunaire bondissant parmi les vagues, illuminé par le clair de lune.

Page 404.
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La vitrine est là pour que l'on puisse contempler les objets sans les toucher. Elle les encadre et les maintient à distance, aiguisant la tentation du spectateur.

Page 95.
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Le bruissement d'un écran en papier de riz en train de se refermer, le clapotis de l'eau sur les galets dans le jardin d'une maison de thé étaient pour moi autant d'épiphanies, tout comme les snacks Dunkin' Donuts, avec leur éclairage au néon, suscitaient une moue de contrariété.

Page 13.
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Si l'on se promène à Ginza durant l'été 1951, dans le quartier des boutiques, on voit une foule de magasins bien approvisionnés : le Japon a fait son entrée dans le monde moderne. On y trouve aussi Takumi, une étroite boutique en longueur où les piles de bois et de tasses noirs voisinent sur les rayonnages avec des mètres d'indigo tissé à l'ancienne par des artisans. Dès 1950, le gouvernement japonais a créé le statut de Trésor national vivant, qui récompense un artisan -généralement âgé- spécialement doué pour la laque, la teinture ou la poterie, par une pension et une certaine notoriété.
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Quoi qu'il en soit, j'appréciais la manière dont la répétition finit par aplanir les choses, et les histoires d'Iggie étaient polies comme des galets.

Page 18.
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Les Oni sont l'archétype des démons japonais, qui représentant habituellement l'aspect le plus négatif des forces universelles, avec toutefois un caractère ambivalent. En effet, ils savent être tant bienveillants que démoniaques et peuvent être considérés comme la manifestation des aspects les plus sauvages de la nature ou comme une expression de la nature profonde de l'homme.
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I tell Sasha why we've come, that I am writing a book about - I stumble to a halt. I no longer know if this book is about my family, or memory, or myself, or is still a book about small Japanese things.
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