L`enfance se doit être un chemin pavé de bonté.
Pour ma part, c'est en lisant ce livre que j'ai compris ce qu'était le mal. Ce fut très difficile à lire, très difficile de croire et d'accepter qu'une personne, une enfant même, puisse vivre des moments aussi atroces. Je ne conseille pas ce livre aux enfants, ni aux jeunes adolescents. Par contre, le message le plus important de ce livre est de dénoncer les abus, l'intimidation et le harcèlement de toutes sortes. Élisa T. Est un exemple de courage.
livre tres poignant et très émouvant.
-Ce soir, tu viendras coucher à mon appartement et demain matin, je vais communiquer avec madame Benoît. Elle est au courant de tous ce qui ce passe à la maison,de mon dossier et de celui de Patrick. Elle agira rapidement, j'en suis certaine. Elle te trouvera, dans les prochains jours, un foyer d'accueil où tu pourras vivre normalement. C'est par cette roue que je m'en suis sortie. Aie confiance.
Mon ciel était au beau fixe et je me laissais réchauffer aussi bien par mes sentiments amoureux que par le soleil. Nous étions comme en lune de miel, tout était parfait et je me disais que la vie me faisait cadeau de moments merveilleux. C’était si bon de me sentir aimée!
Mes deux enfants dorment profondément dans leur petite chambre. Je suis seule au salon et je regarde la télévision. Mon homme, mon mari est parti travailler ; il quitte la maison le dimanche et ne revient que le vendredi. Moi, je reste là, toute seule...
Il y a des moments où j'aimerais changer ce monde dans lequel je vis. Je me sens si triste, si craintive et dépressive que je ne peux m'empêcher de revivre mon passé... Ce passé qui me trouble profondément et qui m'amène parfois à me demander si ce n'était pas plutôt un affreux cauchemar. Malheureusement, ce fut la réalité, ma réalité, un cauchemar inoubliable auquel je me confronte sans cesse.
Nous étions dix enfants et je fus la seule à subir un tel traitement. Je ne sais pas pourquoi ; j'ai retourné cette question dans ma tête jusqu'à l'obsession. Je n'ai jamais su véritablement la raison de cette haine ; je sais seulement que j'étais de trop dans cette famille. Ils ne m'ont jamais aimée. Ils ne m'ont jamais donné les mêmes droits qu'à mes frères et sœurs. Tout ce qui leur importait était d'avoir une parfaite emprise tant physique que mentale sur ma petite personne. M'attendre à une pensée gentille de leur part était comme de vouloir faire pousser des fleurs sur la neige.
J'avais si peur, j'étais incontrôlable. Je hoquetais. Elle me sortit de ma chaise haute en me secouant et me monta dans ma chambre où elle me coucha. Je pleurais encore dans mon petit lit. J'étais sur le point de m'endormir quand j'entendis ma mère remonter l'escalier en criant.
Je ne comprenais pas mais elle semblait très en colère. Elle me prit furieusement dans mon lit, se dirigea vers le bord de l'escalier et me laissa tomber dans les marches. Je ne me rappelle plus ce qui est arrivé ensuite, j'ai perdu conscience.
Une de mes tantes, sœur de mon père, venait chaque semaine à la maison pour aider ma mère au ménage. C'est elle qui me trouva au pied de l'escalier.
Bien des années plus tard, elle me raconta qu'en me trouvant, elle m'avait crue morte. Combien elle fut soulagée de voir que je respirais encore même s'il avait fallu beaucoup de temps pour que je revienne à moi.
Pendant tout ce temps, ma mère était restée figée en haut de l'escalier, certaine qu'elle était de m'avoir tuée. Cette tante décida alors de ne plus revenir aider ma mère, trop écœurée de voir les traitements qu'elle me faisait subir quand elle était en colère. Selon elle, ma mère était très « malade », une folle ; et mon père aussi fou de l'avoir mariée.
— Papa, pourquoi maman ne m'a-t-elle pas aimée ?
Papa se tut quelques secondes ; il semblait réfléchir. Je crus qu'il n'avait pas compris ma question, alors je la lui posai à nouveau :
— Papa, dites-moi pourquoi maman ne m'aimait pas.
Ce fut le silence. Rien ne semblait vouloir sortir de sa bouche. Il avait toujours la tête baissée et l'on aurait dit qu'il ne voulait pas répondre. Alors j'insistai :
— Répondez, papa, c'est très important pour moi. Je me pose cette question depuis longtemps et je n'ai jamais été capable d'y trouver une réponse sensée. Vous qui avez vécu auprès d'elle plusieurs années, vous pourriez sûrement me répondre.
Il laissa passer un court instant, et enfin, d'un air coupable et malheureux, il me dit :
— Pauvre petite fille, il faut que je te dise : ce n'est pas ma faute si je t'ai battue, c'est à cause de ta mère, elle me poussait à bout pour que je te batte. Ta mère a toujours répété à qui voulait l'entendre qu'elle ne t'avait jamais aimée et qu'elle te haïrait pour le reste de ses jours.
Je ne me suis jamais sentie comme les autres enfants ; on aurait dit que j'appartenais à un autre monde que celui de ma famille. J'ai désespérément voulu qu'ils m'aiment... J'ai tellement essayé de les aider de mon mieux, qu'à la fin, je ne savais plus comment exister pour les satisfaire. J'aurais tant voulu me faire aimer. J'aurais décroché la lune, et donné ma vie en échange d'un tout petit peu d'amour. Souvent j'ai pensé que j'étais punie pour quelque vie antérieure où j'aurais été cruelle et méchante.