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Citations de Elizabeth Silver (28)


« Noa, mon cœur, hurlait ma mère. Pleure, mon bébé, pleure. »
À cet instant précis, j'émis un son guttural, étranglé, comme si je recrachais une gorgée d'eau de mer.
« Noa ! gémit ma mère. Ça va. Tout va bien. Tu vas bien. Il faut que tu ailles bien. »
Elle s'approcha du téléphone à cadran rotatif qu'elle continuait à utiliser. Elle eut du mal à introduire son index verni de rouge dans les minuscules trous.
« Il faut que tu ailles bien, marmonnait-elle. Il le faut. »
Elle appela la police.
« Ici le 911. Quelle est l'urgence ? »
Ma mère me souleva et, tout en parlant, elle me tapotait le creux du bras.
« Je vous en prie, envoyez quelqu'un tout de suite. Ma fille, elle a dix mois.
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Ma mère m'a laissée tomber sur la tête, juste après ma naissance.

La scène a eu lieu à l'hôpital, quelques instants après que j'ai émis mon premier son (un hurlement rauque et haut perché qui rappelait la voix d'une mezzo-soprano). Le médecin m'a déposée sur elle mais, visqueuse, couverte de sang et de liquide amniotique, je lui ai glissé entre les doigts et je suis tombée en plein sur cet endroit doux et souple au sommet de mon crâne. Craignant un double procès, une des infirmières m'a ramassée et m'a donné des médicaments pendant que les médecins s'occupaient de ma mère. Je n'ai jamais eu de chance.
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Ma mère m'a laissée tomber sur la tête, juste après ma naissance.
La scène a eu lieu à l'hôpital, quelques instants après que j'ai émis mon premier son (un hurlement rauque et haut perché qui rappelait la voix d'une mezzo-soprano).
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J'avais l'habitude des visites imprévues : les journalistes locaux peu après mon arrestation, les journalistes nationaux après ma condamnation, les avocats d'appel commis d'office. Année après année, je me trouvais ainsi enrôlée dans le cycle futile des appels, sans que personne ne m'écoute vraiment lui expliquer que poursuivre une action légale ne m'intéressait pas, que je voulais arriver le plus vite possible au 7 novembre. Aucun d'eux, pas plus que ce nouveau venu, ne se préoccupait de mes choix.
« Alors, que me voulez-vous ? demandai-je. Je ne peux plus faire appel. On doit me tuer en novembre… “La première femme exécutée depuis des années.” Vous lisez les journaux, non ? »
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« Noa, n'est-ce pas ? demanda-t-il en parlant beaucoup trop près du combiné. Noa Singleton ? »
L'intonation aristocratique de son très britannique « Noa, n'est-ce pas ? » remontait en fin de phrase, comme s'il s'agissait d'unequestion snob en une seule syllabe. De cette expression surarticulée se dégageait un mélange de confiance et de naïveté.
« Je m'appelle Oliver Stansted et je suis avocat à Philadelphie, dit-il en baissant les yeux sur ses petites notes écrites à l'encre rouge. Je travaille pour une organisation caritative qui représente les détenus dans le couloir de la mort, ainsi qu'à divers stades des processus d'appel, et on vient de me confier votre affaire.
— OK », répondis-je en le regardant droit dans les yeux.
Ce n'était pas le premier avocat assez naïf pour vouloir m'utiliser comme marchepied dans son ascension vers le succès.
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Les procès d'assises ne sont rien de plus que des pièces de théâtre mal écrites. Deux auteurs écrivent deux scénarios opposés, et un metteur en scène est payé pour n'avoir rien à faire des deux dénouements.
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Je m'appelle Noa P. Singleton. J'ai trente-cinq ans et je vis au pénitencier pour femmes de Pennsylvanie. Mon matricule est le 10271978. Je suis la fille unique de Miss Californie Junior 1970 et d'un donneur de sperme éphémère, dont ma mère prétendait avoir oublié le nom. Sortie deuxième de ma promotion au lycée, je faisais partie de l'équipe d'athlétisme et de la rédaction du journal de l'établissement. J'enquêtais sur le trafic et l'usage illicite (et fréquent) de drogues sur le campus. J'ai étudié le génie mécanique et la biochimie à l'université de Pennsylvanie, travaillé comme hôtesse d'accueil dans un restaurant, comme serveuse en patins à roulettes, comme professeur remplaçant, comme professeur de mathématiques à domicile et comme assistante de recherche en laboratoire. Je me souviens – et j'exagère à peine – de mes premiers pas. Je n'ai eu qu'un seul petit ami sérieux. Le procès qui m'a conduite jusqu'à vous n'a duré que cinq jours, mais le jury en a passé quatre autres à délibérer. Il a suffi de tirer au sort quelques jurés pour trouver ces douze individus qui devaient me condamner à mourir cinq petits mois plus tard. Leurs noms sont maintenant gravés dans ma mémoire, tout comme le parfum de ma grand-mère (une odeur de naphtaline et de nettoyant pour bijoux), la traditionnelle cigarette postcoïtale de mon premier amoureux, et la sensation de mon pouce sur les lettres en relief de mon diplôme de lycée.
Mais ici, malheureusement, mes souvenirs commencent à s'effacer.
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Je suis en prison, bon sang. C'est, au sens propre du terme, un aspirateur destiné à nettoyer le monde extérieur.
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Je m'appelle Noa P. Singleton. J'ai trente-cinq ans et je vis au pénitencier pour femmes de Pennsylvanie. Mon matricule est le 10271978. Je suis la fille unique de Miss Californie Junior 1970 et d'un donneur de sperme éphémère, dont ma mère prétendait avoir oublié le nom. Sortie deuxième de ma promotion au lycée, je faisais partie de l'équipe d'athlétisme et de la rédaction du journal de l'établissement. J'enquêtais sur le trafic et l'usage illicite (et fréquent) de drogues sur le campus. J'ai étudié le génie mécanique et la biochimie à l'université de Pennsylvanie, travaillé comme hôtesse d'accueil dans un restaurant, comme serveuse en patins à roulettes, comme professeur remplaçant, comme professeur de mathématiques à domicile et comme assistante de recherche en laboratoire. Je me souviens – et j'exagère à peine – de mes premiers pas. Je n'ai eu qu'un seul petit ami sérieux. Le procès qui m'a conduite jusqu'à vous n'a duré que cinq jours, mais le jury en a passé quatre autres à délibérer. Il a suffi de tirer au sort quelques jurés pour trouver ces douze individus qui devaient me condamner à mourir cinq petits mois plus tard. Leurs noms sont maintenant gravés dans ma mémoire, tout comme le parfum de ma grand-mère (une odeur de naphtaline et de nettoyant pour bijoux), la traditionnelle cigarette postcoïtale de mon premier amoureux, et la sensation de mon pouce sur les lettres en relief de mon diplôme de lycée.
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En ce bas monde, on est soit bon, soit mauvais. Et si on n'est ni vraiment l'un, ni vraiment l'autre, c'est à un tribunal, à un professeur ou à un parent qu'il incombe de nous coller une étiquette, avant qu'on puisse le faire nous-mêmes. Cette grisaille intermédiaire, ce terrain spongieux, sur lequel se déroule la plus grande partie de notre existence, n'est qu'un état temporaire, comme la grossesse ou le purgatoire. Il nous menace tous de son ombre et traverse le ciel vêtu de sa cape insipide et stupide ; il change nos peurs en signaux de fumée. On est toujours conscients de sa présence, mais on ne sait pas vraiment comment s'en débarrasser. Il nous attend patiemment, jusqu'au jour où son cyclone nous emporte, et où l'on ne peut plus hésiter entre le blanc et le noir, l'art et la science, le professeur et l'élève. C'est à ce moment-là qu'il nous faut choisir l'une des deux voies. Vainqueur ou victime. Et, une fois ce choix effectué, la peur s'évanouit sans laisser plus de traces qu'un fleuve dans l'océan. Pour moi, ce moment est arrivé le 1er janvier 2003.
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Les mots nous accompagnent bien plus longtemps que nos crimes eux-mêmes. Peut-être est-ce la chose qu'Ollie voudrait me faire comprendre. Les mots demeurent à jamais, tandis que les papiers et les preuves se dissipent, se transforment en pelures d'orange et en pétales noircis dans le crématorium des documents morts.
Ici, nos ultimes paroles sont les équivalents criminels des étoiles sur le Walk of Fame de Hollywood. Chacune de nos empreintes est figée pour l'éternité afin que les passants y appliquent leur paume, ou les observent de loin.
On peut se montrer simple et délicat, comme la plupart des femmes qui sont ici, et qui disent à leurs bébés qu'elles les aiment et les retrouveront sur l'autre rive. Ou choquant et scandaleux pour le seul plaisir d'agir ainsi.
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Tout le monde est fasciné par le maudit "pourquoi" de mon crime. Ils sont obsédés par l'origine organique de ma haine, comme si elle était née dans quelque éprouvette de la fusion des racines toxiques de mon arbre génétique.
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Dans ma cellule, je suis réveillée au moins une fois par heure. La plupart des gens émergent de leur demi-sommeil à cause de cauchemars, ou au milieu d'un rêve, ou pour aller aux toilettes. Moi, c'est parce que toutes les heures ma voisine hurle pour réclamer son amant. Elle l'a tué à Harrisburg, soi-disant par légitime défense, mais la vérité est tout autre.
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« Maintenant, elle est convaincue que la peine de mort est archaïque, barbare, contraire aux objectifs établis par l'histoire et les raisons d'être de votre pays. »
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« Je m'appelle Oliver Stansted et je suis avocat à Philadelphie, dit-il en baissant les yeux sur ses petites notes écrites à l'encre rouge. Je travaille pour une organisation caritative qui représente les détenus dans le couloir de la mort, ainsi qu'à divers stades des processus d'appel, et on vient de me confier votre affaire.

— OK », répondis-je en le regardant droit dans les yeux.

Ce n'était pas le premier avocat assez naïf pour vouloir m'utiliser comme marchepied dans son ascension vers le succès. J'avais l'habitude des visites imprévues : les journalistes locaux peu après mon arrestation, les journalistes nationaux après ma condamnation, les avocats d'appel commis d'office.
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Tout a commencé six mois avant le Jour J, quand Oliver Stansted et Marlène Dixon vinrent au pénitencier pour femmes de Pennsylvanie.
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Après ma condamnation, je n'ai jamais cherché à le nier, pas une seule fois.
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Quand j'ai pressé la détente, j'étais lucide, alerte, saine d'esprit, et la seule drogue que j'avais consommée, c'était une tasse de thé déthéiné au citron.
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Je sais que je l'ai fait. L'État sait que je l'ai fait, même si personne n'a jamais daigné essayer de comprendre pourquoi. Même mes avocats le savaient. J'ai liquidé mes économies, accumulées dans la panse replète d'un cochon rose, pour pouvoir payer leurs honoraires.
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Et moi je suis là, à essayer de me remémorer les échecs de mon passé avec une bravoure inefficace.
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