Elle faillit ne pas mettre de soutien-gorge - elle était assez plate pour que, sous le plastron amidonné de la chemise, le veston et la jaquette, ça ne se remarque pas - mais elle se rappela la règle des trois accessoires féminins. Soutien-gorge, culottes et chaussures à talons plats, sans compter les étiquettes de marques de vêtements féminins, cachés mais bien lisibles. C'était une loi imbécile, mais mieux valait des remords que des regrets, se dit-elle en boutonnant les bretelles.
Fut une époque où la plupart des immeubles de la rue étaient reliés par des souterrains. Six ou sept bâtiments que l'on pouvait rejoindre par des passages invisibles. (...)
Dans ce temps-là, les flics n'avaient pas besoin d'excuses pour faire des descentes à Chinatown et les passages souterrains étaient une question de survie.
Née et élevée à Coos Baay, Oregon. Tout comme mon père et mon grand- père. Je ne parle pas la langue et c'est tout juste si je connais la culture. J'ai juste l'air d'une étrangère. En dehors de ce joli minois, dit-elle en se tapotant la joue, je suis aussi japonaise que tu es...quoi...allemande ? On a tous des ancêtres.
" Ma bubele a utilisé son tundérspör pour échapper à un pogrom. Elle avait seize ans et était enceinte de mon père. Elle a fait une petite peinture qu'elle a enfermée dans un médaillon et hop... elle s'est retrouvée en Amérique.
San Francisco est une ville très peuplée, qui s'est développée aussi bien à l'horizontale qu'à la verticale. Entourée d'eau, les maisons collées les unes aux autres...
[ 1940 ]
J'ai envoyé des candidatures à Harvard et Yale, mais saviez-vous que ni l'une ni l'autre n'acceptent de femmes ?
Seulement un pion un peu trop curieux avait jeté tous leurs espoirs aux orties. Comme toutes les filles, elles partageaient une chambre, mais en plus, elles partageaient aussi leur lit. Ce que de jeunes femmes comme il faut ne sont en aucun cas censées faire. Elles furent renvoyées toutes les deux. Sans pouvoir se dire adieu. Elle était encore en train de faire ses bagages lorsque les parents de Jilly étaient venus la chercher pour l’envoyer « prendre un peu de repos » à la campagne. Un joli petit endroit, avec de grandes pelouses, des serrures solides et les traitements qu’il fallait pour aider Jilly à devenir l’épouse aimante d’un gentil mari qu’on s’empresserait de lui trouver.
- Les risques du métier de professeur.
- J'aimerais bien. Je ne suis que maître de conférences. Il semblerait que mon doctorat en mathématiques compte moins que mes ovaires.
Mais regarde bien la fille. Elle n’a pas abandonné. Les hommes qui l’achètent ne le voient pas, mais moi, je sais. Moi, j’ai réussi à m’en aller… Haskel serrait les mâchoires, ses yeux brillants d’un éclat féroce. Et cette peur-là, elle est couchée sur papier aujourd’hui au lieu de me dévorer de l’intérieur. Petit à petit, hurlement après hurlement. C’est comme vider un seau à la petite cuiller.
« Ah Jack ! soupira-t-elle. T’as encore eu un zéro pointé au test des trois fringues. Pas un seul vêtement féminin sur toi. »
Une fille en jupe et pull léger venue récupérer sa bière la regarda, interdite. « Hein ?
— La loi interdit aux femmes de s’habiller en homme. Si tu te fais contrôler par les poulets et que tu as au moins trois pièces d’habillement féminin, t’es bonne. »
Haskel palpa subrepticement ses vêtements. Pantalon et chemise, mais les étiquettes ne laissaient aucun doute : pantalon de femme et chemisier. Et puis il y avait son collier, si toutefois les bijoux comptaient.