Citations de Emmanuelle de Jésus (15)
Les amis, c'est comme les meilleures choses de la vie: plus on les partage et plus on en a.
— Euh… Andrea ?
[…]
— Ça fait comment quand… quand tu te changes ? Quant tu te transformes, enfin… Tu comprends ?
[…]
– Ça va te sembler incroyable, mais la seule chose dont je me souvienne avec netteté, c’est la douleur. C’est véritablement atroce. Tu ne peux pas imaginer… Tu as envie de t’ouvrir le ventre en deux pour te débarrasser de ces entrailles qui te brûlent. Mais le pire, ce n’est pas ça. C’est cette impression horrible que mes peines, mes joies, tout ce que mes sens ont emmagasiné, me sont arrachés, comme des lambeaux de chair, un à un. Je le sens véritablement en moi… et après, ces souvenirs dont il ne reste rien, pas une bribe, sino la certitude qu’ils ont existé, me manquent comme des membres fantômes continuent de faire souffrir les amputés…
On obtient rien, des hommes comme des chiens, en hurlant ou en levant un fouet.
C’est plus facile d’avancer lorsqu’un phare éclaire votre route, balise le chemin, vous évite les obstacles. L’amour que je porte à Sasha, il me le retourne en prenant soin de moi. Notre complicité est un cocon dont je n’ai pas la moindre envie de sortir.
Moi, je suis celle qui se cache, celle qu'on découvre, celle que l'on compare ; je suis la sœur zarbi du mec très sympa, du petit ami rêvé, du surdoué si cool ; je suis celle qui vit dans l'ombre de son frère. Cela a toujours été ma place et jamais je n'ai eu l'idée de me plaindre. Si je devais être tout à fait honnête, je dirais même que cela m'arrange : c'est p lus facile d'avancer lorsqu'un phare éclaire votre route, balise le chemin, vous évite les obstacles.
Revenir à cette innocence, au début d'un premier grand amour. La certitude que l'on vieillira ensemble, que l'éternité nous appartient. Mais avoir le droit de se planter, de se consumer de chagrin et un jour, ouvrir les yeux sur quelqu'un d'autre...
Je comprenais mieux pourquoi on vendait la sexualité aux ados sous forme de pornographie ou de bluettes aseptisées: si nous avions conscience que faire l'amour autant avec le corps que l'âme était si bon, nous passerions probablement notre temps à rechercher un partenaire à la hauteur au lieu de travailler dur pour payer la retraite de nos parents...
Je me représentais bien assez bien notre table ... : une nature morte de débris rejetés par la mer et laissés sur la plage à marrée basse, des déchets bons pour la poubelle, à moins qu'un esprit un peu artiste, un peu poète, ne s'en empare pour leur laideur sympathique et leur absence de clinquant. Déjà je nous avais baptisés "Le Clan des Proscrits".
- On la connaît, celle-là... Pourqoi? Il est marié depuis son enfance à sa cousine? Il se transforme les soirs de pleine lune? Il se demande si dans le fond, il est pas gay?
Ouh, là... Avec ses questions débiles, il brûlait, cet abruti...
- Ah, le temps ! C'est notre tragédie et notre richesse à nous, les humains...
Sa voix était morne, atone, dépourvue de joie. Une voix faite pour ôter du monde toute trace de bonheur...
C'était le regard de ma mère que je voyais, le regard de quelqu'un qui avait renoncé à vivre, le regard d'un être hanté par la mort.
... (Solal) Tu te souviens de ce que tu m'as raconté hier, au moins , Ton frère va devenir une gonzesse et toi, la bouche en cœur, tu viens me dire qu'il va bien ? Non, mais tu déconnes ? Tu lui as demandé, au moins, ce qu'il en pensait? ...
- (Solal) Qui me croirait, de toute façon ! Je sais même pas pourquoi je t'ai crue, moi. Putain, mais tu te rends compte de ce que tu me demandes !
Nous avançons dans la vie en sachant qu'un jour, que nous espérons le plus tardif et le moins douloureux possible, celle-ci prendra fin. La pensée cruelle de notre disparition, nous l'enterrons, heure après heure, sous la routine du quotidien; nous rencontrons l'amour, une, deux, trois fois; nous faisons des enfants, et, à la manière de ceux-ci,nous jouons à "Et on ferait semblant que la mort n'existe pas". Mais une poignée d'entre nous est brutalement ramenée à la seule question qui vaille: comment vivre, mais vivre vraiment, en sachant qu'on va mourir bientôt ?
J'ai soupiré, l'impression que l'éléphant assis sur mon ventre venait de regagner la savane...