Ce livre a été un peu long, et redondant à plusieurs reprises.
L'auteur a le mérite d'avoir pensé à toutes les facettes du sujet, même les plus prosaiques, et il a questionné des aristocrates et hauts bourgeois sur ces détails. La lecture des réponses des enquêtés est trés interessante. Ca m'a permis de comparer un peu entre occident et orient - des similitudes frappantes existent. L'auteur commente les réponses des enquêtés, explique leur jargon, éclaire des détails historiques. Quand aux inférences qu'il fait, certaines ne m'ont pas convaincu.
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L’auteur de ce livre a écrit plus un livre d’ethnographie qu’un essai sur la haute société. En effet tous ses codes sont décortiqués. Tous ses rites sont dévoilés. Leur façon de parler est même abordé. On croirait lire un texte édité dans l’excellente collection « terre humaine ». On apprend, on découvre les « mœurs d’un monde pas tout à fait comme le notre. Vivant dans le même espace temps, sur le même territoire mais légèrement décalé de nous. Demandant des principes, du savoir-vivre, du contrôle. Un univers souvent copié mais jamais égalé si vous n’êtes pas initié.
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Ouvrage critiqué dans le cadre de l'Opération Masse Critique de Babélio - Merci aux Editions Perrin. ;o)
Ceux qui se rappellent leurs cours d'Histoire sont sans doute toujours à même de répondre à la question fameuse : "Quel phénomène fut à l'origine du déclin de la noblesse en France ?"
Evidemment, les réponses risquent d'être assez nombreuses. Certains répondront par exemple, en un choeur unanime : "Louis XIV !", assimilant ainsi le Roi-Soleil - dont les mânes en seront certainement flattées - à l'une de ces manifestations plus ou moins mystérieuses qui ont eu raison des dinosaures. D'autres, remontant légèrement dans le Temps, accuseront le cardinal de Richelieu. Les plus naïfs en tiendront la Révolution de 1789 et Robespierre pour seuls responsables tandis que les plus obtus (et les plus sournois) dénonceront les Francs-Maçons. Quant aux pragmatiques, ils évoqueront tout simplement la Grande guerre, ce gigantesque point final apposé à l'épopée de tout un monde.
Or, à l'exception de celle relative à la franc-maçonnerie, toutes ces thèses se défendent et ont, de fait, contribué à la déchéance de l'aristocratie dans notre pays. Richelieu, oeuvrant pour Louis XIII, a posé les bases de ce pouvoir absolu dont Louis XIV allait si bien user, assignant les nobles à l'oisiveté dorée de Versailles, de laquelle ils ne sortaient que pour aller au combat, et toujours dans l'ombre terrible et consumante du Soleil. S'avançant après les Lumières du XVIIIème et plus innocente qu'on ne le croit, la Révolution s'est bornée à faire le ménage dans cette classe sociale qui, déjà mais sans en avoir conscience, n'avait plus aucune raison de survivre à la modernité en marche, et la Grande guerre, en remettant pour longtemps les clefs de l'équilibre mondial aux Etats-Unis d'Amérique, n'a fait, en somme, qu'enterrer les derniers cadavres d'un ordre depuis longtemps zombifié.
Cependant, la cause véritable du déclin et de l'agonie de la noblesse, c'est avant tout la perte absolue de ses valeurs premières : valeurs guerrières mais aussi valeurs politiques vouées au service d'un suzerain, d'un royaume, d'un dieu et d'un certain idéal de vie. En y renonçant, l'aristocratie se condamnait, à plus ou moins long terme.
Minutieuse, se perdant parfois dans des préciosités qui conviennent à l'objet de son étude, un peu trop hagiographique à mon goût et pas assez critique, la biographie consacrée par Eric Mension-Rigau à Marie-Ernest-Paul-Boniface, comte de Castellane-Novejean, dit Boni de Castellane - le dernier sans doute des dandies de la IIIème République - n'affirme pas autre chose.
Né dans une antique famille dont le dernier comte-souverain avait affronté ni plus ni moins que Charles d'Anjou, propre frère de Louis IX (alias Saint Louis), pour la possession de la Provence, Boni avait pour grand-mère paternelle Pauline de Talleyrand-Périgord, que la rumeur publique disait fille non d'Edmond, duc de Talleyrand et duc de Dino, mais plutôt de l'oncle de celui-ci, le fameux Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ex-évêque d'Autun, ambassadeur de la Première république française, puis ministre sous le Directoire et l'Empire avant de redevenir ambassadeur sous les deux Restaurations et la Monarchie de Juillet, l'indéboulonnable "Diable Boiteux" dont la trahison inspira à Napoléon Ier un mot aussi grossier que lapidaire.
C'est dire que Boni de Castellane avait ses entrées dans le monde particulier du Faubourg Saint-Germain. Son mariage avec Anna Gould, héritière du richissime financier américain Jay Gould, ne devait pas les lui fermer, bien au contraire : depuis longtemps déjà, les représentants de la noblesse avaient appris à survivre en vendant leurs quartiers.
Quand Anna, dont la fortune avait été largement entamée par son dispendieux époux, finit par demander le divorce, Boni se décida à "travailler", négociant cette fois-ci son goût, qui était infini et de bon ton, pour orner les châteaux et les hôtels particuliers de ses relations.
En dépit de l'activité diplomatique de Boni et de son intérêt pour la vie politique, c'est là une vie bien superficielle pour le descendant d'une si fière lignée, un personnage qui, par ses excès et son sens de la mise en scène, préfigure en un sens la "peoplisation" à tous vents si chère à notre société schizophrène.
Par un certain panache qu'on ne peut lui dénier, Boni de Castellane méritait un petit salut. Maintenant, son destin anémié méritait-il une si longue biographie, c'est une autre histoire. ;o)
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Sous la forme agréable d'un dialogue, d'une interview, le livre donnera au lecteur l'accès à une oeuvre profonde, vaste et variée, celle de l'historien Pierre Chaunu. Le propos s'organise thématiquement, sans se limiter aux domaines de spécialisation de l'auteur, ce qui nous permet de trouver des vues, des jugements et des observations aigus sur notre monde autant que sur le passé qui l'explique. On ne fréquente jamais assez des esprits libres comme celui-ci.
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L'historien Éric Mension-Rigau consacre l'essentiel de ses recherches aux élites, et plus particulièrement à la noblesse. Dans cet ouvrage, il s'attache à identifier ce qui fait la permanence aristocratique, le socle sur lequel la noblesse a assis pendant des siècles son pouvoir, son rayonnement, mais aussi sur lequel elle s'est appuyée pour transmettre un esprit et une manière de vivre très spécifiques à cette classe. Il s'agit d'un travail qui se veut à la fois historique et sociologique, analysant les transformations à l'oeuvre dans cette société plus ou moins perméable aux impératifs économiques et à l'évolution des moeurs.
Le travail de l'historien est rigoureux et révèle une connaissance approfondie des lignages et de leur inscription dans L Histoire française. Je suis plus réservée sur les apports sociologiques. Méfiant à l'égard des statistiques, Éric Mension-Rigau collecte de nombreux témoignages pour étayer son analyse. Comme il veut assurer un certain anonymat à ses sources, nous ne saurons rien de plus que leur genre et leur année de naissance. Si ce procédé, « en mosaïque », permet de donner vivacité et nuances au document, il trouve ses limites dans le flou qui entoure ces confessions. S'agit-il d'aristocrates fortunés, de nobles ancrés dans leur terroir, de familles princières, de personnes déclassées par l'érosion de la fortune familiale ? Difficile de juger.
Par ailleurs, je me suis rendu compte, au fil de ma lecture, que je ne remettais plus en cause les opinions de ces personnes, que j'acceptais comme allant de soi des jugements et des opinions totalement étrangères à mon milieu social. Je l'explique par la bienveillance avec laquelle l'auteur accueille les propos de ses témoins, une bienveillance proche de la connivence à certains moments. Je l'ai mieux comprise quand, dans Gotha City de Laure de Charette et Benoist Simmat, il est mentionné que l'historien est « lui-même héritier de la dynastie aristocrate des Mension-Rigau ». La distance nécessaire entre le sociologue et son objet d'étude s'était singulièrement raccourcie. Par ailleurs, un simple coup d'oeil aux travaux des Pinçon-Charlot permet de comprendre la différence d'approche.
Le livre est plaisant, très agréable à lire, sans totalement me convaincre sur la pertinence de sa dimension sociologique.
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Seul hôtel particulier subsistant sur l'avenue des Champs-Élysées, l'hôtel de la Païva est intrinsèquement lié au destin de sa romanesque commanditaire, personnalité hors normes qui incarne « un pan entier de la féminité exacerbée de ce mitant du XIXe siècle parisien ». Propriétaire des lieux depuis 1923, le Travellers Club mène depuis des années d'importantes restaurations et a collaboré à la réalisation de cet ouvrage de référence, publié par les Arts décoratifs sous la houlette d'Odile Nouvel-Kammerer, conservatrice honoraire au musée des Arts décoratifs. La demeure que l'on « visite » salle après salle a été conçue autour d'un étourdissant escalier d'onyx par Pierre Manguin – architecte méconnu sur lequel ce livre jette un éclairage bienvenu. Décorée avec autant de pompe que de sophistication, elle symbolise l'ascension de Thérèse Lachmann, fille d'un fabricant de draps née en Russie vers 1820, mariée à un musicien juif puis à un marquis portugais et catholique avant d'épouser un comte prussien et luthérien. Palliant l'absence de plans, de factures ou de correspondance, les précieuses archives photographiques de Manguin, données par ses héritiers à l'Union centrale des arts décoratifs en 1919, font revivre ce joyau de l'architecture privée du Second Empire, par-delà les modifications apportées au XXe siècle et la dispersion de l'ameublement. Parmi les 307 clichés pris sans doute par Manguin lui-même, les vues de salles, de façades, de meubles et de modèles en plâtre pour les décors répondent aux photographies actuelles et soulignent le goût de la Païva pour l'opulence des matières, les polychromies audacieuses et les néostyles.
Par Myriam-Escard Bugat, critique parue dans L'Objet d'Art 525, juillet-août 2016
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Lorsque je visitais cet été le château de Josselin, qu'elle ne fut pas ma surprise d'apprendre qu'il appartenait au Duc de Rohan ! Historien de formation, j'avais souvent entendu parler de cette illustre famille bretonne, et bien évidemment du sénateur.
Le hasard faisant décidément bien les choses, quelques mois plus tard, je tombais sur ce livre.
Eric Mansion-Rigau a eu l'opportunité de rencontrer l'actuel Duc et d'accéder à certaines archives familiales. Son livre est donc riche en anecdotes et en contenu, cependant que sans tomber dans le panégyrique le ton reste affable et courtois.
L'écriture est fluide, même si l'on se perd parfois dans les méandres d'une généalogie un peu confuse. Mais n'est ce pas le propre des grandes familles ?
Ouvrage destiné aux curieux, aux amateurs d'Histoire, ce livre satisfera son public, l'intérêt principal résidant dans le fait de suivre une famille pendant 1000 ans, son histoire se jumelant à celle de la France.
A découvrir.
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"Pour qu'il y ait mécénat, il faut que des familles d'entrepreneurs puissent se reproduire sur plusieurs générations et maintenir la survie de leur entreprise dans un capitalisme familial." C'est par cette définition que débute ce livre, qui est la transcription d'un colloque (d'où une écriture de cours magistral).
Les intervenants expliquent à tour de rôle les caractéristiques des dynasties familiales sous le Second Empire ("la rentabilité économique de ces entreprises fait 30% de mieux que les autres" par exemple), font des focus sur des régions ou des industries (l'Alsace, Marseille, les industriels de la laine ou du champagne) et donnent leurs clés de réussite. L'analyse est passionnante et bien illustrée d'exemples concrets mais l'ouvrage porte davantage sur ce qui a permis à certaines familles de prospérer que sur le mécénat. Comme critiqué dans un précédent commentaire, il faut attendre 120 pages pour avoir de premiers exemples de mécénat.
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Un livre très académique, écrit par des chercheurs, pour des ... chercheurs sr le sujet des entreprises au capitalisme familial principalement, ancrées dans les régions industrielles françaises d'antan, un ouvrage donc expliquant les détails et étalant des statistiques plus ou moins utiles. car le titre parle de mécénat, et donc après deux tiers du livre, enfin une des co-autrices parlent des actes de charité, des accompagnements locaux des plus déshérités, des développements patrimoniaux, des achats dans les arts.
Les 100 pages suivantes sont passionnantes pour apprécier les actions des uns et des autres.
Instructif mais un peu opaque.
Au final la question est : Pourquoi aider, pourquoi donner ?
La grande interrogation car de nombreux donateurs (hors héritages es grandes collections artistiques) souhaitent rester anonymes.
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