Citations de Estelle Vagner (58)
- Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Un sourire un brin mystérieux étire ses lèvres.
- Pour rien...Je te trouve...distrayante.
" Distrayante", hein ? J'aurais préféré belle, séduisante , irrésistible... Il plante ses grands yeux noirs dans les miens et mon coeur manque une ou deux pulsations.
" "Distrayante", c'est pas si mal, en fait.
Le silence règne. Un silence pesant, comme on en trouve dans les films d'horreur, lorsque l'héroïne débile demande au vide " Qui est là ? "au lieu de se planquer dans un coin avec un couteau. Tout le monde sait qu'elle va se faire attaquer, et malgré ça, tout le monde sursaute au moindre bruit. Ben là, pareil.
Les mâles, qu'ils soient humains, morphes ou polymorphes, n'apprécient pas des masses qu'on appuie là où ça fait mal.
Ah... La fierté. C'est comme l'honneur, tu sais. Il a fait des millions de morts, mais n'a jamais sauvé personne.
Je décidais de jouer la carte de la blonde un chouïa superficielle. C'est un truc qu'une fille du clan utilisait toujours avec son père pour obtenir ce qu'elle voulait. Lui savait commander des morphes armés jusqu'aux dents, mais était impuissant face à la futilité d'une gamine. M'inspirant d'une des scènes auxquelles j'ai pu assister, j'affiche un visage à la fois impatient, légèrement hautain, mais surtout incrédule.
- Non, mais tu te rends pas bien compte, je crois. Je suis de sortie ce soir, et en plus, je dois partir direct du boulot, ce qui veut dire que je dois TOUT préparer...
Allez, autant sortir le grand jeu.
- Je dois encore choisir ma tenue pour aller au Vivarium, hors de question de garder mes fringues de serveuse, préparer de quoi me maquiller, de quoi me recoiffer... Oh mon Dieu, il faut encore que je me fasse les ongles ! Mais d'abord la tenue hein, pour savoir de quelle couleur les faire. Et il faut aussi que je m'épile ! Bon sang, j'en ai pour un moment...
- OK ! C'est bon ! N'en dis pas plus, j'ai compris ! On verra ça plus tard... dit-il en grimaçant.
Et voilà. Le truc avec les hommes en général, c'est de les abrutir avec des détails dont ils n'ont strictement rien à faire, et d'y accorder une importance capitale. Hihi.
- Merci Max ! Bon, je me dépêche, on se voit demain !
Je lui fait signe tout en m'éloignant. Ah les mecs. Le problème de la majorité d'entre eux, c'est qu'ils casent toutes les filles dans le même sac.
Je découvre petiit à petit à quel point ma vie ne m'appartient pas. J'ai une DESTINEE. Certains en rêveraient. Faire de grandes choses et rester dans les mémoires. Changer l'histoire. Changer le monde.
DES CONNERIES.
– Tu… Tu me mets à la porte ? ai-je demandé, incrédule.
– Ecoute, soyons honnêtes, ta place n’est pas ici. Tu n’es pas comme nous, pas tout à fait.
Ses yeux ont accroché les miens et ses mains ont emprisonné mes épaules, me forçant à affronter ses paroles.
– Imagine que ton loup ne fasse jamais son apparition. Ils te persécuteront sans cesse jusqu’à ce que tu sois morte. Ils te considèrent comme le bouc émissaire, l’oméga. Et toi, tu t’obstines à te comporter en alpha, a-t-il ajouté, désapprobateur. Tu te feras tuer Kayla, bien que ton aura soit déjà puissante, tu n’as ni griffes ni crocs.
Mes yeux se collent à ses lèvres, suffisamment fines pour être viriles et pourtant assez pulpeuses pour que les miennes s'entrouvrent dans l'espoir d'un baiser. Traîtresses. Il le remarque et s'y attarde un instant, juste de quoi me faire entrer en ébullition, avant de me faire prendre un bain d'azote liquide.
Alors que je remonte dans la Jeep et claque la portière, une voix suave se fait entendre depuis l'arrière.
- Oh oui, poupée, c'est comme ça que j'aime te voir bouger.
Je me fige.
Jade bien moins choquée que moi, se retourne avant d'éclater de rire.
- Regarde-le, Kayla ! Je ne sais pas de quoi il rêve, même si je m'en doute, mais il a pris tes affaires pour l'une de ses conquêtes !
Effectivement, le beau, le grand, me mystérieux Jérémiah est à moitié affalé sur mon sac, l'entourant d'un bras et appuyant sa joue contre le cuir élimé, laissant s'échapper un filet de bave digne d'un saint-bernard.
Je souris. Ce n'est certainement pas tous les ours que quelqu'un a la possibilité d'observer ce dragueur invétéré sans son masque.
On hait parce qu'on a peur, et on a peur parce qu'on ne connaît pas.
C'est en les prenant par surprise qu'on en découvre le plus sur les gens.
Le combat a été lancé sans que je m'en rende compte. Je me mettrais des baffes, si mes adversaires ne s'en chargeaient déjà pas eux-mêmes.
En à peine plus de quarante-huit heures, je me suis fait jeter de la maison, agresser puis sauver*, j'ai rencontré un alpha qui connaissait ma mère, qui m'a accueillie chez lui, qui ne frappe pas à tout bout de champ et qui m'a trouvé du travail. Travail où, lors de ma première journée, je me suis fait une amie, j'ai officiellement rencontré Jérémiah alias je-sauve-tes-fesses-je-suis-canon-et-je-laisse-de-supers-pourboires, j'ai rendez-vous pour faire les boutiques, on m'a organisé une fête d'anniversaire et bien sûr, j'ai aussi pris la honte de ma vie. Super.
*mot en italique dans le texte.
Lorsque nous sortons de l'autoroute, nous avons tous trois un sandwich à la main, mais seules Jade et moi arborons un sourire éclatant. Jérémiah, lui, est d'une humeur massacrante.
- De quoi tu te plains ? Tu as trois casse-croûte rien que pour toi, le plus gros de tes blessures est réparé, et tu roules en direction de chez toi en compagnie de deux belles nanas, le taquine mon amie.
Un grognement se fait entendre malgré le bruit du moteur.
- Je crois que je préfère encore me les geler, Princesse. En tout cas, si je n'avais pas peur pour la santé mentale de Kayla, c'est ce que je ferais.
[...] En même temps, si c'est ce qui lui fait garder ses nouvelles fringues sur le dos, je peux bien l'accepter sans broncher. Son pantalon, un jogging noir une taille trop petite pour lui moule tout ce qu'un type dans son genre n'aime pas mouler. Mais il reste assez passe-partout. En revanche, le sweat-shirt que je lui ai dégotté... Eh bien, une bande aux couleurs de l'arc-en-ciel sur fond blanc surplombe l'inscription : "Sorry girls, I'm gay ". Le tout agrémenté d'une paire de Crocs mauve. Je les voulais en rose, mais il n'y avait pas sa taille.
Sans un mot, elle vient sur le lit, dérangeant le chat qui s'était installé contre moi. Elle me prend dans ses bras, comme si elle voulait me consoler.
- Ça doit être horrible de grandir sans film d'amour, sans dessins animés et sans Buffy.
Mes vêtements. Je n'en ai plus. Du tout.
Je vois Max se redresser avant même que j'en aie terminé, et j'essaie de me couvrir de mes bras en formation à mesure que mon pelage disparaît pour faire place à ma nudité. Oui, je sais, vu que les morphes se retrouvent sans arrêt à poil, être pudique est ridicule. Pour ma défense, j'ai dix-huit ans et c'est seulement la deuxième fois que ça m'arrive. Sans compter que pour la première, j'étais inconsciente. Donc oui, je suis pudique. Et oui, je tiens à préserver mon intimité. Ce qui ne m'empêche pas de reluquer la sienne. Hum.
Ressaisis-toi Kayla...
Mais avant que je puisse en arriver là, il me tourne le dos et rentre dans le dojo, m'offrant une vue imprenable sur... ses fesses. Bah quoi ? Être... inexpérimentée ne m'empêche pas d'avoir une idée assez précise de ce que je pourrais en faire !
Ouais. Proposer à un de ces mecs une puissance inouïe même pour quelques instants, c'est un peu comme inviter des femmes à des soldes privées dans les plus grandes enseignes.
- Tu n'as toujours pas répondu... Tu as essayé de me séduire, oui ou non?
[...]
- Oui, j'ai voulu te séduire. mais bien pour toi, pour ton fichu caractère, pour ta maladresse et pour le regard que tu poses sur ce monde... et sur moi.
Ce que je perçois, en revanche, c'est une aura qui bien qu'humaine, m'évoque l'assurance, la connaissance, l'expérience, et surtout... le danger. Le genre de danger qui fait frissonner la peau et se contracter le ventre, comme quand on s'apprête à faire un truc débile juste pour le plaisir.
Ses paroles ajoutent une couche de kevlar sur mon cœur, mais son regard, lui, me souhaite bonne chance, et m'apprend qu'il serait ennuyé d'en arriver là. Étrange, c'est la première fois qu'il me montre autant d'affection, pourtant il réussit à le faire en me menaçant de mort.