Le Clan suspendu - Roman d'Etienne Guéreau - Denoël - Teaser 2
- si tu cherches, sois persuadé que tu finiras toujours par trouver ! Tu trouveras les ferments d'un complot dans chaque foyer ! Oui, tu trouveras les félons qui se dissimulent ici ou là ! Tu les trouveras. Puis tu les puniras. Jusqu’au dernier. Mais ainsi... personne ne t'aimera. Jamais. Or, souviens-toi : "S'il manque à la loi juste de la patrie auguste, méprisons ce vainqueur, et, si grand qu'il puisse être, bannissons ce vil maître du foyer et du cœur !"
-Je n'ai pas besoin de leur amour....,fit-il avec dédain.
La crainte me suffit.
Je n'ai jamais souhaité être un clown, tu comprends. Je ne savais pas que pour devenir un artiste réputé il fallait se comporter comme un industriel calculateur. On m'a appris à jouer, à composer, pas à reconnaître les mains qui pouvaient m'être utiles et que je devais absolument serrer, tout en ravalant ma salive !
« Quand avait-on cessé d’opérer une distinction claire entre monde fictif et rationnel ? Depuis quand l’art dramatique avait-il cessé ? Jouait-on encore la comédie ou se préparait-on à autre chose ? »
Oui, deux vieux cons occupés à se plaindre et à refaire le monde, à évoquer le bon-vieux-temps (parce que hier, c'est toujours le bon-vieux-temps. Surtout quand on commence à se déplumer et à scruter les poils blancs qui pullulent dans son caleçon).
Depuis qu'il avait entrepris son travail de composition, le pianiste avait maintes fois constaté les effets que sa musique entraînait. Dès qu'il interprétait ses oeuvres, son auditoire passait dans un état de conscience altérée. Tout ce qui tenait de la volonté ou de la raison paraissait mis en suspens. Le premier et le dernier son d'une ballade étaient comparables à deux vibrantes parenthèses entre lesquelles s'évanouissait toute réalité, toute logique. Au gré d'une simple valse, il pouvait susciter des petits sourires, des mimiques de ravissement. Il avait même, une fois, alors qu'il arpegeait les ultimes notes d'une marche funèbre, surpris l'expression de profondeur affliction qui s'était emparée de certains Et c'était lui, c'était bien lui qui avait fait naître ce sentiment nostalgique qui accablait les visages ! Il avait cette capacité.
« Une fois encore, elle avait la détestable impression de n’être qu’un jouet, une poupée de bois tendre que l’on agite ici ou là, une bête docile à qui l’on commande. Il était clair que la première génération avait arrêté sa décision, qu’elle allait devenir un instrument entre leurs mains revanchardes, un simple outil dont on se servirait le moment opportun, voire, que l’on sacrifierait… »
Une fois encore, elle avait la détestable impression de n'être qu'un jouet, une poupée de bois tendre que l'on agite ici ou là, une bête docile à qui l'on commande. Il était clair que la première génération avait arrêté sa décision, qu'elle allait devenir un instrument entre leurs mains revanchardes, un simple outil dont on se servirait le moment opportun, voire, que l'on sacrifierait...
On se croit très fort ... on se croit prêt, mais tant qu'on n'est pas devant le danger, on ne sait pas ce qu'on vaut. Tu comprends ? Le courage, ça se mesure dans l'action, dans le danger...
C'est par le biais de ce trajet mental tortueux qu'Ismène, à sa plus grande surprise, aboutit au paradoxe suivant : L'ogresse nous a protégés !
Restait à savoir de qui ou de quoi.
Un secret qu'il allait partager sans en révéler les arcanes, qui, dès les premières mesures,déferlerait sur les chaises accolées, recouvrirait l'intégralité du salon en vague gourmande, ourlée d'une écume de sons irrésistibles qui s'insinuerait dans les oreilles , les esprits.