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Citations de Evguéni Vodolazkine (69)


Il y a des cas où la solution d’une énigme n’apporte pas de consolation. Ni de joie. La joie dans la vie, ce n’est pas si fréquent.
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Avant de se coucher, le garde Vlassi demanda aux voyageurs s'il y avait vraiment des hommes à têtes de chien. Le garde était jeune et aimait les conversations instructives.
Quand il voyageait à l'est de la Russie, dit Ambrogio, le moine italien Giovanni dal Plano Cerpini en a vu. Il les a vus ou on lui en a parlé ; ce qui n'est pas la même chose, bien sûr.
Le marchand Vladislav se racla la gorge et intervint dans la conversation.
Dans le royaume de la Pologne on a vu des gens qui avaient dans l'ensemble forme humaine, mais leur pieds étaient comme ceux des taureaux ; ils avaient une tête humaine mais par le visage ils ressemblaient à des chiens, ils disaient deux mots humains et au troisième ils aboyaient.
Le royaume de Pologne est incroyablement intéressant, dit Ambrogio, on ne peut que regretter d'y passer sans faire de longues haltes.
Et on a vu, continua le marchand Vladislav, des gens aux oreilles si grandes qu'ils pouvaient s'en couvrir tout le corps.
Arséni ne put s'empêcher de regarder les oreilles du marchand Vladislav. Elles étaient de taille respectable, mais il était impossible de s'en envelopper.
Le garde Vlassi demanda :
Et y a-t-il dans le royaume de Pologne des gens qui ne vivent que d'odeurs ? On m'a raconté des choses à leur propos.
Il y a de tout dans le royaume de Pologne, dit le marchand Vladislav.
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Il était avec sa grand-mère dans une loge du premier balcon, et deux étages plus haut Sergueï Petrovitch Brovarnik, un professeur de piano de l’école de Gleb, était couché par terre. Il considérait que pour écouter de la musique il fallait être déconnecté non seulement du monde extérieur, mais de son propre corps. Il arrivait au théâtre avec un drap et l’étendait sur le sol du dernier balcon, derrière le dernier rang de fauteuils. Il s’allongeait sur le drap et fermait les yeux. Il ne ratait aucun spectacle. Ayant pris goût à l’opéra, Gleb y voyait assez souvent Sergueï Petrovitch.......Sergueï Petrovitch resta pour Gleb l’exemple du dévouement sincère à la musique.
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Un jour, Ambrogio vint voir Arséni.
C'est le possadnik Gavriil qui m'envoie, dit Ambrogio. Il veut que tu m'accompagnes à Jérusalem. Je pars du principe que la fin du monde n'arrivera pas avant l'an 7000, en 1492 après la Nativité du Christ. Donc, si tout va bien, nous aurons le temps de revenir.
Sur quoi bases-tu tes calculs, demanda Arséni.
C'est très simple. J'identifie les jours aux millénaires, car il est dit dans le Psaume 89 : Car mille ans devant tes yeux, Seigneur, sont comme le jour d'hier.
Comme il y a sept jours dans la semaine, on obtient sept milliers d'années de vie humaine. Nous sommes en 6988 : nous avons encore douze ans devant nous. Pour nous repentir, ce n'est pas peu.
Es-tu certain, demanda Arséni, que nous soyons bien en cette année-là, je veux dire es-tu sûr que depuis la Création du monde jusqu'à présent il se soit écoulé tout juste 6988 ans ?
Si je n'étais pas sûr, répondit Ambrogio, je ne te demanderais pas de venir avec moi à Jérusalem.
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Restaurant Aumeister. C’est l’heure inquiète où la canicule cède à la fraîcheur. Une feuille de marronnier se pose sur notre table, à Nestor et à moi, comme une paume aux doigts écartés. Je la plante dans la bouteille d’eau minérale. Je coupe le saucisson bavarois que j’accompagne en buvant de la bière.
—Pour toi, l’écrivain : Thomas Mann aimait venir ici.
—Quel souvenir a-t-il laissé ?
J’appelle un garçon :
—Quel souvenir Thomas Mann a-t-il laissé ici ?
Il jette un bref regard à la bouteille. C’est un reproche muet : on peut ne pas boire l’eau qu’il a apportée, mais des feuilles… ça, quand même…
—Je ne suis pas là depuis longtemps, Herr Ianovski, je ne connais pas tous les clients par leur nom.
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Il y a des livres sur les tables, les lits,le plancher,le four à micro-ondes et la machine à laver (l’écrivain aime lire dans sa baignoire).
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La déclinaison du substantif pout –la voie, le chemin. C’était le titre d’un paragraphe dans le manuel de russe édité pour les écoles ukrainiennes. On y comparait les formes de ce mot, presque identiques dans les deux langues. La principale différence est le genre grammatical. En ukrainien, le mot est féminin. Un jour Gleb demanda à son père comment il se faisait que c’était « la » pout. Fiodor répondit : C’est parce qu’elle est comme une femme, douce et caressante, alors que « le » pout russe est dur, pas adapté à l’existence. C’est pourquoi nous ne pouvons pas faire route commune.
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Elle tombait à pic car ce matin-là, en classe, on leur avait dicté la liste des lectures de russe à faire à la maison : elle comprenait la nouvelle de Vsevolod Ivanov, Le Train blindé 14-69. Bdjilka, qui écrivait lentement, n’avait pas eu le temps de noter le numéro du train et après la classe il était allé trouver la maîtresse pour le préciser. Il y avait danger : l’élève risquait de lire une nouvelle sur un train portant un autre numéro.
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Ce qui est bien quand les ennuis commencent dès le matin, c’est qu’on a toute la journée pour les résoudre.
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Evguéni Vodolazkine
Qu'arrive-t-il à un peuple qui saccage ses cimetières?
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Telle était cette guerre étrange qui opposait des Russes à d’autres Russes, quand des soldats faits prisonniers pouvaient se battre dès le lendemain pour le camp adverse. Ils le faisaient alors avec la même abnégation qu’auparavant. Pour un bon nombre d’entre eux, ces retournements étaient devenus une habitude. Pour les uns, c’était la seule possibilité, en ces temps de guerre, d’avoir un travail. Pour les autres, une manière de vivre, à une époque où, la plupart du temps, on se battait indifféremment pour tel ou tel camp.
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Ambrogio Flecchia arriva en Russie en 1477 ou 1478. À Pskov, où l’avait amené le marchand Férapont, on accueillit l’Italien avec réserve, mais sans animosité. On le recevait comme quelqu’un dont les buts n’étaient pas très clairs. Quand les gens furent convaincus que la fin du monde était son seul intérêt ils se firent plus chaleureux. Beaucoup pensaient qu’essayer de déterminer la date de la fin du monde était une activité respectable, car en Russie on aimait les projets de grande envergure.
Qu’il essaie, dit le possadnik Gavriil. L’expérience me souffle que c’est chez nous que les signes de la fin du monde seront les plus visibles.
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Rien ne prolonge aussi efficacement la vie que le sentiment d'être utile.
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On ne peut rien construire de solide sur la haine, car la haine est mouvante comme le sable et tout ce qui est dessus s'effondre.
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Evguéni Vodolazkine
Je pense que seul a le droit de se moquer du monde celui qui est capable de pleurer sur lui.
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Lorsqu'un jour je racontais à Geiger comment on travaillait par moins quarante, sans vêtements chauds, sans chaussures, sans nourriture, il m'a dit qu'il ne comprenait pas qu'on ait pu rester vivants dans pareilles circonstances.
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- Il ne faut pas envisager la mort comme un adieu définitif. C'est une séparation provisoire. Il s'est interrompu un instant. Celui qui s'en va n'a plus de temps.
Celui qui s'en va. Ça résonne comme un courant d'air dans un tunnel.
- Et celui qui reste? Il a du temps, lui.
Il a souri.
- Eh bien, qu'il s'occupe à quelque chose en attendant.
Tant de temps séparés. C'est effrayant.
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À l’explication traditionnelle du rôle de l’individu dans l’histoire, le professeur Nikolski préférait la question qui consistait à se demander comment l’histoire permet à une personnalité de jouer un rôle.
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- Ce n'est pas de la vieillesse que j'ai peur... C'est de la mort. C'est effrayant de ne plus exister.
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La création authentique doit être en équilibre entre la vie et la mort,... Elle doit voir un peu plus loin que l'horizon.
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