Fanny Nusbaum

Cet essai co-écrit par une psychologue, un biophysicien (neuroscientifique) et un médecin (pédopsychiatre) s'attelle à la caractérisation des personnes – enfants et adultes – cognitivement sur-développées. Il commence par un éclaircissement du sujet en réfutant les notions de surdon, précocité, haut potentiel, pour retenir le terme de « philo-cognition », ainsi défini :

« […] il désigne d'abord un intérêt prononcé (voire un besoin profond) et une capacité supérieure pour une mobilisation massive de la pensée au travers de trois processus principaux : un raisonnement actif et compulsif (hyperspéculation), une sensibilité et une alerte exacerbées (hyperacuité) et une pensée automatique et analogique sur-développée (hyperlatence). » (p. 32)



Les philo-cognitifs, dont l'imagerie médicale révèle les particularités cérébrales, se répartissent en deux groupes : les philo-complexes (avec prédominance de l’hémisphère gauche) et les philo-laminaires (hémisphère droit), qui sont ensuite analysés comme des types idéaux, alors que dans la réalité empirique les profils des philo-cognitifs sont rarement « purs », mais typiquement de l'ordre de 60%/40%.

Suivent deux longs chapitres sur chacun de ces types, respectivement sur les philo-complexes qualifiés de « Ouvreurs de voies », et les philo-laminaires, « Couteaux suisses ». Ces deux parties représentent environ trois quarts de l'ouvrage, et elles se répartissent symétriquement, afin de préciser, pour chacun des profils : le portrait, le fonctionnement cognitif (« Dans la tête d'un ... »), le rapport à soi (« De soi à soi »), le rapport à l'environnement (« Face au monde »), et les troubles et souffrances.

En résumé et comparativement (cf. tab. récapitulatif p. 181) :

« Portrait :

- Animal totem du complexe : Ouistiti / du laminaire : Ours

- Énergie du complexe : Libre et torrentielle / du laminaire : Maîtrisée et solaire

- Posture du complexe : Entièreté / du laminaire : Constance, patience et tempérance

Fonctionnement cognitif :

- Conception du monde du complexe : Interpréteur / du laminaire : Explorateur

- Régulation de l'information du complexe : Surcharge cognitive mal maîtrisée / du liminaire : hyperconscience

- Motivation du complexe : Mouvement perpétuel / du liminaire : Promotion naturelle

Rapport à soi :

- Présence à soi du complexe : Mauvaise estime et bonne confiance / du liminaire : Meilleure estime que confiance

- Émotions du complexe : Sympathie / du liminaire : Empathie

- Pulsions du complexe : Autosabotage / du liminaire : Autoconservation

Rapport à l'environnement :

- Pressentiment du complexe : Instinct / du liminaire : Intuition

- Relation à l'autre du complexe : Malentendu / du liminaire : Fiabilité et adaptation

- Relation à l'autorité du complexe : Opposition, déni et transgression / du liminaire : Respect mais contournement

Troubles et souffrances :

du complexe : Névrosisme, troubles du sommeil, troubles de l'apprentissage /

du liminaire : Burn-out, troubles psychosomatiques, addictions, dépression essentielle. »



La déclinaison de ces profils se base sur des critères qui ne sont pas indiqués : il est douteux que ce soit sur la clinique, et si c'était le cas, elle semblerait plutôt fondée sur les enfants et les adolescents. Les données de l'imagerie ne sont pas non plus rapportées dans ces deux chapitres, ce qui donne une impression désagréable de filature d'un mythe à partir de stéréotypes. Généralisations réfutables sur la base du mélange entre les deux types idéaux. Cette impression est renforcée par le fait que chaque sous-chapitre est accompagné de « Conseils », hommage sans doute au sacro-saint principe de l'utilité immédiate de la lecture d'un manuel – principe que j’abhorre – certains parmi lesquels relèvent du « café du commerce » : « Chercher à savoir quelles lectures pourraient l'intéresser... » (p. 109), voire de l'ironie involontaire : « S'inscrire à des stages commandos […] Développer une activité sexuelle plus primaire (dans la mesure du respect de son/sa partenaire, bien sûr). » (p. 143).

Pour contrebalancer ces malheureuses chutes de niveau, je m'empresse de signaler l'abondance de citations très intelligemment et opportunément intercalées au corps du texte : j'ai particulièrement apprécié toutes celles de Romain Gary ainsi que, fragmentés mais presque entiers, les vers du célèbre poème « If » de Rudyard Kipling. Pétrarque est aussi convoqué, et Einstein et Cioran. En encadré, quelques – trop rares – cas cliniques emblématiques.

Le dernier chapitre – ch. 4 « Recherche en cerveau inconnu » - est également de nature à apporter davantage de satisfaction, dans la mesure où les contributions des recherches neuroscientifiques sont plus évidentes – depuis le célèbre essai L'Homme neuronal de Jean-Pierre Changeux sur lequel je pense me ruer – dans leurs efforts de comprendre et de définir l'intelligence. La théorie mathématique des graphes est évoquée dans l'étude des connectivités cérébrales : structurale et fonctionnelle. Enfin une ouverture sur une perspective plus large, vers un nouveau modèle de l'intelligence est proposée où la philo-cognition s'accompagne de l'ultra-cognition et cette articulation permet de rendre compte de phénomènes spécifiques tels le génie ainsi que la réussite, qui ne sont a priori propres ni à l'une ni à l'autre, sans plus opposer le cognitif à l'émotionnel au sensoriel et à la motricité, ni à certains troubles psychologiques malheureusement encore traités comme des pathologies – en particulier l'hyperactivité. Cette analyse terminale, pourtant, ne m'ôte pas entièrement les réserves quant à la manière dont les deux chapitres précédents ont été rédigés.

En finir avec la dictature des humanistes, voici un programme qui s'annonçait alléchant. Terminées la bienveillance, la communication non-violente, la méditation en conscience et tous ces trucs qu'on nous sert à toutes les sauces, à longueur de journée. Dans ce livre a priori différent, Fanny Nusbaum nous enjoint à faire triompher l'existentialisme sur l'essentialisme : dépasser ses limites, avoir de l'ambition, ne pas sacrifier son bien-être au profit de celui d'autrui. Tout plutôt que de se laisser porter passivement. Si les idées sont bonnes et la philosophie séduisante, le style de l'auteure ne convainc pas. Les différentes parties du livre sont inégales, certains passages carrément indigestes, et l'auteure parait parfois prétentieuse dans ses propos, comme si elle détenait la vérité absolue, comme si son mode de vie était le meilleur entre tous. À coups de "commandements" et de psychologie soi-disant novatrice, en nous imposant une nouvelle dictature, cet ouvrage ne vaut finalement pas mieux que tous ces livres de développement personnel qu'il entend dénoncer. Des injonctions, toujours des injonctions... Et si nous commencions simplement à vivre comme nous l'entendons ?

Ce livre mêle psychologie et neuro-sciences pour aborder un sujet sur lequel le vocabulaire ne fait pas consensus. Après les surdoués, les précoces, les hauts potentiels, les zèbres, les auteurs de ce livre proposent leur propre terminologie : les philo-cognitifs.



Les auteurs vont même jusqu'à distinguer deux profils de philo-cognitifs : les complexes et les laminaires, avec leurs caractéristiques cognitives, leurs traits de personnalité et leurs difficultés.



C'est intéressant, cela m'a semblé novateur par rapport aux approches classiques, mais je dois tout de même dire que je n'ai pas été totalement convaincu. Je dois même reconnaître que je me suis parfois ennuyé en lisant ce livre, n'hésitant pas à survoler certains passages qui ne me parlaient pas vraiment.

C’est une lecture en demi-teinte : j’ai apprécié le fond mais j’ai été particulièrement déroutée par la forme. L’auteur se montre (volontairement, semble-t-il) provocatrice mais j’ai trouvé que cela n’apportait pas spécifiquement à la lecture. Cela n’a pas eu l’effet sur moi, de renforcer le propos mais plus de m’interroger sur l’objectif poursuivi et sur l’intérêt de le faire.

Sur le fond, au risque d’un résumé réducteur, je dirais que c’est une réflexion intéressante sur l’opposition entre essentialiste qui se contente d’exister et existentialiste qui cherche à se distinguer de la masse. Le livre pose clairement les contradictions qui peuvent aujourd’hui être constatées au sein de la société et le fait de poser des mots sur ces contradictions est ce qui m’a vraiment plu.

De tout ce que j'ai pu lire sur les surdoués, les zèbres, les haut potentiels etc., ce livre est celui qui m'a semblé être le plus terre à terre, le mieux expliqué, et le premier à s'intéresser en détails aux mécanismes cognitifs des "philo-cognitifs". On retrouve des éléments décrits très en surface dans des ouvrages plus grand public (comme Trop intelligent pour être heureux?), mais le travail sur les profils laminaires et complexes est tout aussi intéressant qu'il est bien étayé.

Plutôt qu'une lecture de découverte du sujet, c'est un livre d'approfondissement intéressant, qui ne fait rien de plus que défendre sa proposition, et qui le fait bien.

Un livre très clair sur ce qu'on nommait autrefois les "surdoués", complexes ou laminaires. Le livre se base sur les recherches scientifiques des auteurs publiés dans des revues à comité de lecture dans un style accessible au grand public. Un bon outil pour les personnes concernées.

- Exister c’est vivre, être c’est mourir 🗓



L’art de l’excellence est un livre traitant de la façon de percevoir la vie dans la société occidentale d’aujourd’hui.

L’auteure, psychologue et chercheuse, fait l’éloge de l’existence au détriment de l’essence : il faut cesser de définir et traiter les individus selon ce qu’ils sont passivement (homme, femme, noir, blanc, …). Il faut cesser le nivellement par le bas, la priorisation de la douceur et du réconfort.

Au contraire, il faut stimuler, il faut se dépasser, se confronter pour s’élever et atteindre l’excellence. Il faut rentabiliser son existence, car tout le temps que l’on passe à se contenter d’être fait partie de la mort, il faut agir, créer, marquer son temps et son environnement pour exister et faire avancer la société avec nous.



Le livre se découpe en 4 parties.

Une introduction très fastidieuse et presque décourageante dans laquelle le Dr Nusbaum paraît assez antipathique et prétentieuse, mais qui pose déjà des idées intéressantes

Une diatribe critiquant vivement la société humaniste et existentialiste d’aujourd’hui, que je trouve très pertinente et incroyablement importante à découvrir pour ceux qui n’y adhèrent pas déjà

Une éloge de l’existentialisme, probablement la partie la moins intéressante du bouquin, étant donné que beaucoup des points sont un léger développement des contrepieds de ce qui fut énoncé précédemment

Et enfin les fameux commandements, cette fois la partie que j’ai préféré, ou l’on s’approche bien plus d’une proposition concrète et bienfaisante, peut être de lignes de conduite pour arriver à une société plus resplendissante



Globalement, le livre est intéressant. Cette dame sait clairement de quoi elle parle et semble être calée sur son sujet, et si je suis d’accord avec la plus grande partie de sa proposition philosophique, elle part parfois dans un extrémisme que j’ai du mal à suivre concernant les enfants et les liens sociaux. Évidemment, ceci n’enlève rien à la qualité de son travail et il est d’autant plus intéressant de s’y frotter que, comme elle le dit, le débat et la confrontation sont des éléments vitaux du développement intellectuel



Bref, je ne fais évidemment qu’effleurer maladroitement dans cette critique la profondeur et la diversité des sujets abordés, une étude complète et plus intelligente me demanderait probablement une relecture et un billet bien -bien- plus long (un jour peut être !)

En tout cas, merci à babelio et masse critique de m’avoir fait gagner cet essai très intéressant, qui sous une apparence parfois trop prosélyte et stéréotypée « développement personnel », recèle énormément d’idées sociologiques passionnantes, et qui sont pour moi absolument primordiales à partager pour arriver à une société saine, éclairée, et prompte à l’élévation de ses membres

Ce livre propose une approche différente du sujet des HP/surdoués... et l'appelation "philo-cognitifs " est très parlante.



Il propose 2 profils coexistants où chacun pourra placer son curseur.



Il s'agit aussi d'une belle réflexion sur l'intelligence (les intelligences ?), présentée avec plusieurs niveaux imbriqués.



J'ai apprécié l'alternance d'explications neuroscientifiques étayées et d'observations pratiques ou conseils concrets.

Enfin un livre qui démystifie l’hypnose et qui remet ses possibilités au centre de la scène. Alors que beaucoup ont l’image spectaculaire de l’hypnose, elle est principalement là pour aider au quotidien nombre de personnes pour des maux aussi divers que variés.



Plus que cela, l’auteure met en avant les possibilités en terme de créativité que l’hypnose est capable de libérer. J’ai trouvé fort intéressant les paroles de ce livre en ce qui concerne l’intelligence et les critères, parfois aberrants, du test de QI.



Malgré le manque d’exercices pratiques pour tenter l’hypnose, cette lecture ouvre des voies nouvelles pour ceux qui seraient tentés par cette aventure. Il faut dire que ce livre donne envie !

Ce livre permet de bien distinguer les différences entre deux profils de philo-cognitifs, les philo-complexes et les philo-laminaires et d'en comprendre leurs modes de fonctionnements respectifs. Le tout en indiquant les forces et les faiblesses de chacun afin d'apporter certaines solutions dans la gestion d'eux-mêmes dans leur environnement.