**Révolution II. Égalité livre 1**, la suite tant attendue de la chronique grandiose des années où le vieux monde a basculé, par Florent Grouazel et Younn Locard, est maintenant disponible en librairie.
En se tenant éloignée des figures historiques, des « moments clés » et des reconstructions a posteriori, **Révolution** met en scène une révolution des anonymes, celle de la rue et des sections, celle du peuple plus que celle de ses représentants illustres.
https://www.actes-sud.fr/catalogue/bande-dessinee/revolution-tome-2-livre-1
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Après le massacre du gouverneur de Launay, sur le chemin de l'Hôtel de Ville, sa tête fut tranchée par un homme à l'allure singulière, étrangement coiffé d'un casque de dragon. Boucher de son état, le dénommé Desnot, qui avait ramassé son couvre-chef l'avant veille après la charge au jardin des Tuileries, motiva son geste en se vantant de savoir travailler les viandes.
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- Du jardinage ! J'aurais dû m'en douter. Votre intérêt pour mes plantes était suspect.
Vous êtes sûr que jouer comme vous le faites avec la création n’est pas un pêché ?
- Héhéhé ! Absolument pas ! Après tout, l’eden était un jardin, pas une junge !
En France, le pouvoir ruisselle depuis la personne du roi.
Il dirige le pays assisté de ses ministres, tout en composant avec la Reine et son entourage.
Enserrant ce premier cercle : la Cour, assemblage hétéroclite de vieilles familles aristocrates et de nouveaux anoblis qui ont chèrement payé leurs places.
Puis, gravitant à portée de l'astre versaillais, un monde de financiers, d'agents de change et de capitaines d'industrie qui ont su rendre leurs fortunes indispensables à la Couronne : c'est la Bourse de Paris.
Au loin, petits et grands seigneurs de Province s'accrochent jalousement aux pouvoirs que la centralisation monarchique ne leur a pas encore ôtés.
Admirez-le, ce soldat qui doute, il sait qu'il est trop tard pour obéir !
Chérissez-le, c'est votre frère. Mieux c'est vous !
Je vais l'empailler ! C'est tout à fait faisable ! Ce sera une première.
De toute façon, j'ai fait une croix sur l'idée de ramener un canaque vivant. Au moins je n'aurai pas tout perdu.
Versailles… Mais arrêtez avec Versailles ! La cour, c'est fini tout ça ! Si vous voulez vraiment changer le monde, vous abandonneriez vos titres et vous partiriez bâtir la République en Louisiane, comme les Américains !
De guerres ruineuses en largesses dispensées à la cour, d'emprunts répétés en exemptions fiscales pour quelques privilégiés, le Royaume traine une dette abyssale.
Or les caisses sont vides.
Une chose est sûre, il nous faudra plus que des canons et des baïonnettes pour abolir le despotisme de l'amour.
- Vous pourriez essayer quelque chose comme "drapé à jamais dans un linceul de désespoir"...
- Mais ?! Vous lisez depuis le début ?
- Vous me l'écrivez sous le nez, les lettres d'amour me bouleversent, je n'ai pas pu m'en empêcher.
La spécificité de La Brique n'est pas seulement d'avoir perduré dans son travail de journalisme subjectif non-professionnel assumé, de critique des pouvoirs, de porte-voix des mouvements sociaux, mais de l'avoir fait en alliant des pratiques horizontales adossées à un idéal politique égalitaire, anti-autoritaire. Autant dire que le journal a connu bien des tempêtes et des naufrages, sans renoncer. (9)