Le "peuple-nation" désigne ici les réalités historiques, vivantes et concrètes de uRwanda, Abanyarwanda, ikinyarwanda. Il s'agit d'une communauté humaine dont les membres, habitants un même "terroir" depuis des siècles, se sentent liés par un ensemble de dénominateurs communs: l'histoire, la langue, la culture, les us et coutumes, un mode de vie et un système de production, des échanges divers. Malgré les nuances spatio-temporelles, il s'est forgé, ai fil des générations et des pérégrinations, un "vouloir-vivre collectif", une réalité culturelle, affective et sociologique qui, petit à petit, après beaucoup d'essais et d'erreurs, est devenue une réalité politique et administrative. Il importe que le capital "peuple-nation"s'autovalorise, car lui seul peut être assuré de pérennité, voire d'éternité.
Il en découle qu'il n'y a pas une forme d'organisation imposable unilatéralement à tous les pays. Prétendre que la démocratie est née à Athènes dans la Grèce Antique (même si le mot y est utilisé pour la première fois), dire qu'elle s'est développée dans les meilleures conditions en Occident libéral et capitaliste, soutenir en conséquence qu'une telle forme de démocratie est la seule porteuse de prospérité et de bonheur pour toutes les sociétés, c'est, involontairement ou non, avouer une certaine ignorance et, dans tous les cas, afficher un réel ethnocentrisme, un véritable colonialisme culturel.
Il n'existait pas de mot en kinyarwanda pour désigner le génocide et il a fallu attendre près de quinze ans pour que se fixent les usages terminologiques. (10)