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Critiques de Forrest Gander (11)
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La trace

Je préfère être claire tout de suite : amateurs d'action, de rebondissements à répétition, de trame de lecture claire et bien définie, vous risquez de vous enliser, malgré un premier chapitre délirant.



Intimiste, lent, voire un brin décousu parfois, magnifiquement écrit et probablement traduit, ce roman séduit avant tout par sa capacité à magnifier les grands espaces désertiques mexicains et à décortiquer les liens qui unissent un couple en difficulté, Dale et Hoa, dont la vie s'est fissurée depuis que leur fils ne donne plus signe de vie. Des poèmes, comme des instantanés de leur vie passée, introduisent chaque nouveau chapître.



« La faible lueur d'une perle de sentiment sincère enfouie

dans une personnalité qu'elle croyait éteinte. »



Dans ce décor minéral et désolé, Dale a entrainé sa femme sur la trace d'Ambrose Bierce, écrivain mort mystérieusement en 1913, prétexte pour la sortir de sa torpeur dépressive.

« Trois théories sur la mort de Bierce. Donc je te les raconterai dans les trois endroits que nous visiterons pendant les trois jours qui viennent. »

En parallèle, l'histoire succincte de narcotrafiquants ponctue le périple du couple, insufflant par touches violence et rythme à leur huis-clos introspectif et angoissant. Les deux intrigues semblent tout d'abord n'avoir rien en commun, jusqu'à ce que le véhicule du couple tombe en panne en plein désert, alors que leurs réserves d'eau et de nourriture sont quasi épuisées.



J'avoue, j'ai bien failli décrocher. Une impression d'immobilité et de tristesse un peu trop oppressante sans doute, un manque d'action certain malgré la beauté incontestable du texte. Puis, rien de tel qu'une situation dramatique pour réveiller l'intérêt, la panne et le danger ont pimenté l'aventure.

Le road movie intimiste s'est achevé avec l'impression pour moi d'une oeuvre très aboutie finalement qui a su magnifiquement dépeindre le malaise d'un couple, son errance, sa mise en danger, pour déboucher sur un renouveau insolite.



Une lecture conseillée par une libraire enthousiaste que je n'aurais probablement pas dénichée seule. Rien ne remplace la transmission, n'est-ce pas…

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La trace

Voilà vingt ans que Dale et Hoa s'aiment mais l'équilibre de leur couple est mis à mal depuis quelques mois. Depuis l'accident de Declan, leur fils unique, la douleur et la dépression se sont installées entre eux, creusant un gouffre rempli d'une cruelle absence. Le dialogue est devenu difficile, le couple s'attache à ne parler que de généralités, de banalités , de tout ce qui ne risque pas de leur faire mal.

Aussi Dale qui doit partir quelques jours jours en voyage d'étude, propose à son épouse de l'accompagner. Il envisage cet intermède comme un possible temps de convalescence et de renouveau pour son couple.

Leur périple qui commence à Marfa dans le Texas va les mener jusqu'à Sierra Mojada au Mexique.

La route est longue, très longue et monotone. Ça pourrait être pour eux l'occasion idéale de parler mais pendant tout le voyage ils évitent d'aborder ce qui les préoccupe vraiment. Le sujet a l'air tabou. Dale et Hoa semblent craindre de faire exploser leur couple en l'abordant franchement. Leur esprit est tellement absorbé par cette pensée qu'ils ne sont pas capables de s'intéresser vraiment à autre chose. Le regard qu'ils portent sur ce qui les entoure reste en permanence superficiel, ne s'attachant qu'aux détails les plus triviaux. Pas de descriptions flamboyantes des paysages qu'ils traversent, juste quelques considérations anodines ( l'oiseau qui s'écrase sur le pare-brise, le menu des restaurants ect. ) mais derrière cette banalité , le feu couve, près à tout embraser.

Dans le même temps se joue une histoire singulière qui ouvre le roman sur un meurtre particulièrement barbare dont on ne nous dit pas grand chose à part les détails sordides.

On se doute bien que la route du couple va croiser celle du mystérieux tueur mais où et quand ? Et surtout pourquoi ? C'est ce qu'il vous reste à découvrir.....

Pendant 300 pages Forrest Gander réussit l'exploit de ne quasiment rien dévoiler d'essentiel. En ne faisant que suggérer au travers de détails, il réussit à créer une atmosphère un peu morbide et presque surréaliste, évocatrice d'une menace souterraine. Ça n'est pas forcement toujours captivant mais suffisamment intriguant pour avoir envie de poursuivre la lecture et découvrir comment cette histoire va se terminer.

La trace est un roman qui sort des sentiers battus et déroute par l'originalité de son style.
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En ami

Décidément, je n'ai pas la main heureuse ces derniers temps ou alors je ne suis sûrement pas assez "réceptive" à la vision poétique du deuil, façon Forrest Gander ? J'ai trouvé que même le héros, Lester, aurait gagné a être davantage décrit en profondeur. J'ai pas franchement accroché au-delà du 1er chapitre car les 2 suivants m'ont semblé plutôt "perchés"... Nouvelle que je qualifierai pour ma part de "surréaliste". Mais pour ce qu'il en est, j'apprécie davantage et beaucoup Dali. Désolée pour la franchise qui me caractérise, mais bon, je regrette d'avoir passer ma fin de soirée à lire cet ouvrage, et ce n'est bien sûr pas le but recherché de mes lectures. Tant pis pour moi : comme quoi, l'indulgence au-delà d'un certain nombre de pages ne me réussit guère… Le prochain livre qui ne m'emballe pas plus ou encore bien moins - car je mets quand même un 3 étoiles pour le niveau linguistique - car c'est largement possible, retournera direct en Médiathèque où Dieu merci il y a une multitude de livres qui me font des clins d'œil dès que je lorgne les rayons...
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En ami

Lester est admirable et admiré, menteur et brutalement honnête, désinvolte et imprévisible, géomètre et poète. Abandonné à sa naissance, aimé des hommes et des femmes, séducteur invétéré mais qui porte un regard sur le monde d'une incroyable acuité.

Ils sont deux à évoquer leur amour pour lui, d'un amour incarné, viscéral, tumultueux.

Dans ce bled aride, François Villon surgit, Lester cite Camus, Gide et Miles Davis.



Ce n'est ni un roman choral, ni un poème, ni rien de ce que à quoi je m'attendais lorsque j'ai commencé ce livre. C'était tout ça à la fois et rien non plus. C'était époustouflant.

Un roman court, une plume incisive et subtile, qui n'est pas sans rappeler l'écriture de Steinbeck, de celle qui nous fait reconnaître sans faille la grande littérature américaine.



Comme dit Sabine Wespieser, son éditrice : « Forrest Gander a su, avec une remarquable économie de moyens, dire les frontières ténues entre l’amitié, l’amour et la mort, donnant à un fait divers somme toute banal une étonnante intensité tragique. »

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En ami

J'ai lu ce roman très court une première fois très vite et en diagonale, puis je l'ai repris pour le lire plus posément et m'imprégner des mots de Forrest Gander.

J'ai pu ainsi apprécier la manière dont Clay, le narrateur, décrit son ami Lester dont il est en réalité amoureux. Clay décrit très précisément les sentiments ambivalents que lui inspirent Lester -mélange d'amour, d'admiration, de haine et de jalousie- son charisme extraordinaire et le magnétisme qu'il exerce sur toutes les personnes qu'il croise. Son charme puissant paraît presque "diabolique". Car Lester est loin d'être un ange. Il mène des vies multiples : marié à Cora, il vit également avec Sarah, qu'il trompe avec d'autres femmes. Il est égoïste, cynique, toujours en représentation...Un personnage complexe qui m'a fascinée moi aussi.

Les premières pages décrivant la naissance Lester m'ont parues assez pénibles. J'ai beaucoup aimé les bribes de souvenirs de sa vie avec Lester évoquées par Sarah vers la fin. Les dernières pages consacrées aux extraits d'interviews de Lester m'ont parues un peu ardues mais donnent quelques clés pour mieux comprendre le personnage.


Lien : http://leslecturesdeclarinet..
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En ami

A Eureka Springs, Arkansas, une mère adolescente abandonne son enfant, Lester, le jour de sa naissance. Géomètre et poète, Lester vit avec sa maîtresse Sarah et retourne toutes les semaines chez sa femme. Clay, ami géomètre de Lester, va mettre fin à ce trio. Après le suicide de Lester, Sarah prend la parole en écrivant une élégie à sa mémoire.
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En ami

"En ami", est le portrait croisé, et par-là même forcément subjectif, d'un homme par l'un de ses amis, puis par sa maîtresse, et enfin indirectement par lui-même tel qu'il fut capturé, "immortalisé" sur les chûtes d'une interview filmée, rushs finalement abandonnés.

Portrait posthume, puisque cet homme, Lester, s'est donné la mort après que son ami, sa maîtresse et sa femme eurent touché du doigt l'immense ambigüité de son existence...

Lester était un homme complexe, tourmenté sans en l'avoir l'air, un géomètre doublé d'un poète, une âme divisée, morcelée au gré de ses pulsions, intrigant, séducteur, mythomane, mais tellement captivant....
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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En ami

Critique de Aliette Armel pour le Magazine Littéraire



L'intensité des mots répond à celle d'une existence marquée, depuis sa naissance, par la violence et le drame. Lester fascine par sa beauté et son comportement conduit par une exigence dévorante : « pour que mes convictions et mes actions ne fassent qu'un ». Au son de la musique de Coltrane et des phrases de Villon, ce texte d'un poète américain, traduit pour la première fois en français, célèbre l'ivresse d'exister, l'amitié et l'amour portés jusqu'à l'incandescence. La vulnérabilité de l'homme, son impuissance à affronter ses contradictions, provoquent l'explosion destructrice. « Et puis ma vie s'est comme échappée d'un bond loin de mon corps. » Restent le langage et la parole des survivants, en quête de sens.
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La trace

Roman étrange, où la mort, omniprésente, imprègne toutes les pages. Au coeur de cette morbidité pourtant, la vie surgit et ne rend pas les armes - que ce soit par le biais des animaux, qui rendent vibrant un désert au premier abord inanimé, ou par celui de ce couple, superbement fort dans leurs prises avec un milieu hostile. Un roman qui est donc finalement, incroyablement vivant.
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En ami

Voilà une belle découverte de ces derniers jours : un premier roman publié aux éditions Sabine Wespieser d’un poète américain confirmé, Forrest Gander.



Qui est Lester, cet homme qui fascine et ensorcelle tous ceux qui le côtoient ? Trois points de vue (sa naissance, son meilleur ami, sa maîtresse) se confrontent, jusqu’à un quatrième point de vue complémentaire un peu étrange ?



Le récit s’ouvre, après une citation du Livre des marges d’Edmond Jabès, sur dix pages d’anthologie décrivant une scène d’accouchement. Un accouchement qui se passe mal, et qu’on observe du point de vue de la mère de la jeune fille en travail, une mère médusée et pétrifiée devant l’événement, qui assiste impuissante aux souffrances de sa fille jusqu’à la délivrance finale : une toute petite chose, le cordon ombilical autour du cou.



Dans la seconde partie, la plus longue, on retrouve le personnage de Lester, l’enfant qui a été abandonné après cette naissance difficile, devenu géomètre mais aussi poète à Eureka Springs. Et c’est au travers du regard de Clay, son collègue et ami, qu’on va découvrir ce jeune homme de vingt-cinq ans, déjà marié pour la seconde fois avec une prénommée Cora, qu’on ne verra pas, mais cohabitant avec Sarah, une militante lesbienne, qu’on découvrira. Car Lester est aussi un fieffé menteur. Il mène double vie et vénère le mensonge.



Tous les personnages qui le côtoient sont séduits par Lester. Clay au premier chef . « Ils savaient tous combien je l’aimais », avoue-t-il. Une fascination sans borne, sans limites.



« C’est parce qu’il m’attirait tellement et n’avait pas de temps à perdre pour moi que je me suis mis à voir Sarah plus souvent. J’allais lui rendre visite à la librairie où elle travaillait, et je l’écoutais, chez eux, pendant qu’elle s’exerçait au violoncelle. On parlait de Lester. Il était notre narcotique. »



Et de quoi parlent Lester et Sarah ? De François Villon ! « Très sérieusement, comme si cela devait orienter la façon dont ils conduiraient le reste de leur vie. » Et Clay s’en ressent exclu, lui qui ne connaît rien à ce François Villon, son domaine privilégié étant plutôt la campagne où il pratique l’arpentage avec Lester et Quinton.



J’ai rarement lu des pages aussi précises sur la pratique de la géométrie : on y parle de théodolite, de canne à prisme, de lunette, de nivelle sphérique et de carnet de chantier. Les scènes en pleine nature sont d’une grande précision et décrites avec beaucoup de poésie.

« Comme la tête d'aigrette que nous avons trouvée tranchée près du sentier dans les bois de pins, l'œil mandarine ouvert, limpide » : une phrase de poète, sans aucun doute.



Mais dès que Clay quitte la campagne où il officie avec Lester, les choses se gâtent, et la jalousie n’est pas loin.



« J’étais venu à cette table heureux de voir Lester, allègre, avec cet air crâne un brin poseur dont j’aimais penser que c’était tout moi, et bien résolu à offrir la prochaine tournée. Sans douter un instant que j’aurais des choses à dire. Mais j’étais toujours déchu de toute qualité par Lester. Vidé. Il avait une espèce de grigri qui me transformait en pantin. Dans le meilleur cas, chacune de nos rencontres m’infligeait une blessure. Et je me mis à penser, mes coudes appuyés sur la table, mon regard allant de son visage à celui de Sarah, que je guérirais seulement s’il lui arrivait quelque malheur. »



Humilié, impuissant à susciter un quelconque intérêt auprès de Lester, incapable de s’immiscer dans la relation entre Sarah et son ami, Clay s’achemine tout droit vers le drame. Car de la fascination à la haine il n’y a qu’un pas.



La troisième partie, la moins intéressante à mon avis, donne la parole à Sarah. Dressant une élégie à la mémoire de celui qu’elle a aimé, et tentant vainement de percer l’énigme de cet homme pas comme les autres, qui l’a trahie, elle aussi.



Le récit se terminera sur une quatrième et dernière partie, censée reproduire des chutes d’une interview filmée de Lester, uniquement avec les réponses du poète géomètre aux questions posées. Un quatrième point de vue donc sur cet homme fascinant, livré par bribes, dont on ne connaîtra jamais vraiment le point de vue personnel.



En ami traite donc de l’amitié, du charisme, du magnétisme qu’un être peut exercer sur d’autres. Mais aussi de la vulnérabilité, de la complexité humaine, du mensonge. Et surtout de la trahison.



D’une écriture très poétique (on sent que l’auteur a derrière lui de nombreuses publications poétiques, qu’il maîtrise le langage), la clef finale est peut-être à chercher dans la citation initiale de Jabès : « Mais peut-être que tout livre n’est que l’expression écrite d’une amitié qui se cherche dans l’amitié d’un inconnu devenu notre double : un adversaire et un complice. »


Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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La trace

Cette interminable errance dans le désert du Chihuahua m’a semblé très très longue : la chaleur, la poussière, la fatigue et les rencontres avec des personnages pas franchement sympathiques m’ont mise mal à l’aise. J’ai eu plus d’une fois envie de descendre de cette voiture. (D’ailleurs je me demande encore pourquoi les deux personnages sont restés !)



J’admets que ce livre est vraiment bien écrit, mais il ne se passe rien ou à peu près rien jusqu’au dernier quart du livre. Heureusement pour moi la fin était beaucoup plus captivante que le début.



Les derniers chapitres valent-ils l’ennui du début ? Probablement, puisque malgré tout ce que je viens d’écrire quelque chose d’indéfinissable m’a poussé à lire jusqu’à la dernière page.



En conclusion, je suis assez partagée, mais je pense que ce livre vaut quand même le détour (si on n’a rien d’autre sous la main).



Bonne lecture.

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