C’est la nature humaine de base, ce besoin de mépriser quelqu’un pour se sentir meilleur. Pas la peine de s’en formaliser.
J’imagine qu’il n’y avait guère de concurrence pour le poste, mais j’étais en extase lorsqu’elle m’a embauchée en même temps que quatre autres filles de diverses universités de la ville. J’ai été chargée du design des catalogues, prospectus et cartes postales de la galerie. Les coûts d’impression à eux seuls m’étourdissaient, mais Ruby les payait sans même un regard pour les factures que je lui tendais avec nervosité.
C’était un petit ami discret, mais attentionné, envers Ruby. Il nous conduisait toujours là où nous allions, nous faisait entrer dans des boîtes de nuit prisées, nous dégottait des billets au premier rang au théâtre, ou pour des expositions ou des défilés de mode que Ruby voulait voir. Ils n’avaient jamais le moindre geste tendre en public et ne prenaient jamais de photo ensemble, ce que je trouvais étrange.
Elle me regarde dans le miroir, au-dessus de sa collection de fioles et de masques de toutes les formes et toutes les tailles. Elle remonte ses cheveux à l’aide d’un bandeau en peluche et commence sa routine en appliquant sur sa peau des gouttes de sérum du bout des doigts. Puis elle sort une petite chose en verre qui libère un liquide couleur miel sur son visage.
La scène à laquelle j’essaie de donner forme – une image si claire dans ma tête – représente une mer nocturne avec une fille sur un bateau. Ses longs cheveux lui masquant le visage, elle se penche au-dessus des flots, vêtue simplement d’une chemise de nuit et d’une bague avec un rubis rouge vif à l’annulaire gauche. Elle est fascinée par quelque chose dans l’eau.
Avec une courbette, il prend mon manteau et me tend une paire de chaussons en cuir sortie du placard à chaussures en marbre. Malgré la formalité avec laquelle il s’adresse à Hanbin, il est vêtu de façon décontractée – une simple chemise (rayée !) à manches longues et un treillis froissé. Je m’aperçois que je m’étais attendue à un costume ou un uniforme.
Nous pouvions boire toutes les boissons périmées données par les épiceries, et garer notre charrette à patates douces sans qu’on nous pose de questions. Mais, en vérité, j’avais parfois peur en voyant les handicapés traîner dans la propriété, avec leurs soignants qui leur parlaient d’une voix chantante.
Il me regarde avec un peu trop d’intensité en disant cela, comme s’il s’interdisait de détourner les yeux. Soit il ment, soit il pense qu’elle ment, et mon cœur se met à battre très fort. Je sens de l’acide me courir dans les veines. Il n’ajoute pas qu’elle s’excuse de ne pas descendre.
I wanted to reach out and shake her by the shoulders. Stop running around like a fool, I wanted to say. You have so much and you can do anything you want.
I would live your life so much better than you, if I had your face.
It’s not an original thought perhaps, but I think people watch so much TV because life would be unbearable. Unless you are born into a chaebol family or your parents were the fantastically lucky few who purchased land in Gangnam decades ago, you have to work and work and work for a salary that isn’t even enough to buy a house or pay for childcare, and your boss is somehow incompetent and a workaholic at the same time and at the end of the day you have to drink to bear it all.