Citations de Francesca Haig (29)
Voilà tout le problème, répliquai-je d'un ton sec. Eux et nous. Pourquoi n'arrives-tu pas à te mettre dans le crâne que tuer l'un d'eux, ça revient à tuer l'un de nous ? Une victime alpha, c'est une victime oméga. La seule différence, c'est que tu enfonces ton petit couteau dans la première et pas dans la deuxième.
La maladie n'est jamais juste pour personne. Elle s'empare des gens et puis c'est tout.
_ On va aller jusqu'où comme ça? Si on suit ta logique, on finira le restant de nos jours dans des cellules capitonnées, qu'on soit alpha ou oméga.
_ Ne me mets pas tout ça sur le dos, continua-t-il. Utiliser l'entourage de quelqu'un pour le manipuler, ça n'a rien de nouveau. On le faisait déjà dans l'Avant. Pour obtenir ce qu'on voulait de quelqu'un, on pouvait aller jusqu'à kidnapper son conjoint, son amant, ses enfants. Il fallait juste surveiller ses arrières pour se protéger. Dans l'Après, c'est deux fois plus compliqué car il faut surveiller ses arrières et ceux de son jumeau. Ce qui revient aussi à dire qu'il est deux fois plus simple de s'en prendre à un rival.
_ C'est plus simple à cause des gens comme toi qui réduisent un jumeau à un handicap. ça ne tourne pas rond dans ta tête.
_ Et toi, tu es délibérément naïve.
_ C'est pour ça que tu viens me rendre visite? lui demandai-je alors qu'il déverrouillait la porte. Tu descends ici car, en haut dans les salles du Conseil, tu ne peux faire confiance à personne?
_ Si c'était le cas, ça supposerait que j'aie confiance en toi, conclut-il en refermant la porte derrière lui.
La clé tourna deux fois dans la serrure.
p.472.
Était-ce comme ça qu'elle voyait le monde ? me demandai-je. Pas les Alphas contre les Omégas, mais les ambitieux prêts à tout contre ceux qui ne seraient pas disposés à se montrer aussi impitoyables ?
Tu es plus proche de lui que quiconque. Mais être proche de quelqu'un et connaître quelqu'un, ce sont deux choses différentes.
Après tout ce temps passé ensemble, l'embrasser était comme accoster sur l'île un peu plus tôt : collée à lui, je ressentais la même peur et la même impression de rejoindre un petit cin secret où je serais protégée.
Etre proche de quelqu'un et connaître quelqu'un, ce sont deux choses différentes.
-Tu t'es toujours imaginé un monde où les jumeaux ne se voueraient pas une haine viscérale. Un monde sans dissociation où les Omégas n'auraient pas besoin d'un endroit comme cette île. Peut-être que c'est une forme de lâcheté de ta part. Ou tout simplement une forme de courage.
Peu importait d'où le Grand Feu était venu. Tout ce qui comptait, c'est qu'il était venu. Il appartenait à un passé lointain, et demeurerait aussi mystérieux que l'Avant auquel il avait mis fin. De ces temps anciens ne subsistaient que ruines et rumeurs.
Entre vouloir et pouvoir, il y a une grosse différence.
— Toi aussi tu m’as effrayée, quand je t’ai vu la première fois. Déjà, la salle des cuves faisait peur à voir, mais, quand tu as ouvert les yeux, j’ai eu du mal à étouffer mon cri.
— Tu aurais pu le laisser s’échapper entièrement, ça n’aurait pas été grand-chose en comparaison du vacarme qui a suivi – en termes de discrétion, casser la cuve n’a pas été ton opération la plus silencieuse.
_ Les cachots de Wyndham? Je n'y crois pas plus qu'aux autres rumeurs. Et, même s'ils existaient vraiment, Zach ne m'y enverrait pas. Aucune chance. Je le connais trop bien pour l'en croire capable.
_ Tu es plus proche de lui que quiconque. Mais être proche de quelqu'un et connaître quelqu'un, ce sont deux choses différentes. Il viendra te chercher, Cass, et puis il t'enfermera pour se protéger.
Je secouai la tête.
_ Il ne ferait pas une telle chose.
p.116.
Il avança d'un pas ; je reculai vers le bord du parapet. J'avais la plante et les doigts de pieds sur le mur ; mes talons tremblaient au-dessus du vide.
- Je sauterai s'il le faut. Je ne tiens plus à la vie, surtout si c'est pour finir dans ma cellule.
- Je ne sais même pas comment tu t'appelles, remarquai-je en le suivant.
- Eh bien, moi non plus.
- Je m'appelle Cass.
- Non, je parlais de mon prénom. Je ne le connais pas non plus.
Le rire que j'entendais d'habitude dans sa voix avait disparu. Il l'avait laissé dans le marais, pendu à la potence.
p.314.
- Quand on y regarde de plus près, c'est le plan parfait. D'avantage d'impôts et de famine, c'est aussi d'avantage d'Oméga dans les refuges et d'argent pour financer leur programme. La construction des nouveaux bâtiments et des cuves, ce sont les Omégas qui l'ont payée à travers la dîme, celle-là même qui va les pousser toujours plus nombreux à rejoindre les prétendus hospices. On est pris dans une spirale infernale. Et, l'ironie du sort, c'est qu'on paie pour les cuves où on finira enfermés !
p.240.
Et puis, le Grand Feu ne haïssait pas : il était pure destruction mais déferlait sans animosité. À l'inverse, l'hostilité du Confesseur était comme un pouls qui battait constamment. Je le ressentais plus encore qu'en cellule. Dans les Chambres de Détention, son attitude laissait transparaître du dédain et occasionnellement de la frustration. Quand j'avais osé la sonder à mon tour et avais réussi à percevoir en elle la pièce remplie de câbles, elle s'était bien emportée mais cette colère n'était rien comparée à celle qui flottait désormais dans l'air.
p.146.
- On ne peut pas non plus dire que tu t'en sois tirée sans bobos, dit-il en montrant du doigt les bleus, égratignures et coups de soleil qui recouvraient mes épaules. Toi et moi, on n'est pas beaux à voir.
- Il faut t'abriter du soleil.
- Ma peau est le cadet de mes soucis à l'heure actuelle. Je ne peux gérer que trois problèmes à la fois et j'ai déjà un trio de tête : me faire capturer, emprisonner, torturer.
- Tu fais face à tout ça avec beaucoup de légèreté. Tu n'as pas peur ?
- Non, parce que je ne retournerai jamais dans une cuve.
Il sourit avant de baisser les yeux vers la gorge creusée par la rivière.
- S'ils nous retrouvent, expliqua-t-il, je sauterai avant qu'ils ne nous attrapent.
p.109.
- Comment ont-ils pu faire ça ? Personne d'autre n'est censé pouvoir entrer ici, à part Le Confesseur.
- Personne n'a rien fait. C'est cet endroit le fautif, expliquai-je en montrant la cellule. Ne t'attends pas à ce que je respire le bonheur et la santé en restant dans un lieu pareil.
p.76.
- En tout cas, avait-elle repris, c'est une bonne chose qu'il y ait ces refuges. Au moins, on sait que le Conseil ne veut pas nous laisser mourir de faim.
- Tu crois vraiment que c'est une question de volonté ? avait soulevé Ben, le doyen de la colonie. Les Conseillers nous laisseraient mourir de faim s'ils le pouvaient, mais ils ne peuvent tout simplement pas se le permettre. Entre vouloir et pouvoir, il y a une grosse différence.