Citations de Francesca Haig (29)
p.472.
Était-ce comme ça qu'elle voyait le monde ? me demandai-je. Pas les Alphas contre les Omégas, mais les ambitieux prêts à tout contre ceux qui ne seraient pas disposés à se montrer aussi impitoyables ?
p.314.
- Quand on y regarde de plus près, c'est le plan parfait. D'avantage d'impôts et de famine, c'est aussi d'avantage d'Oméga dans les refuges et d'argent pour financer leur programme. La construction des nouveaux bâtiments et des cuves, ce sont les Omégas qui l'ont payée à travers la dîme, celle-là même qui va les pousser toujours plus nombreux à rejoindre les prétendus hospices. On est pris dans une spirale infernale. Et, l'ironie du sort, c'est qu'on paie pour les cuves où on finira enfermés !
p.240.
Et puis, le Grand Feu ne haïssait pas : il était pure destruction mais déferlait sans animosité. À l'inverse, l'hostilité du Confesseur était comme un pouls qui battait constamment. Je le ressentais plus encore qu'en cellule. Dans les Chambres de Détention, son attitude laissait transparaître du dédain et occasionnellement de la frustration. Quand j'avais osé la sonder à mon tour et avais réussi à percevoir en elle la pièce remplie de câbles, elle s'était bien emportée mais cette colère n'était rien comparée à celle qui flottait désormais dans l'air.
p.146.
- On ne peut pas non plus dire que tu t'en sois tirée sans bobos, dit-il en montrant du doigt les bleus, égratignures et coups de soleil qui recouvraient mes épaules. Toi et moi, on n'est pas beaux à voir.
- Il faut t'abriter du soleil.
- Ma peau est le cadet de mes soucis à l'heure actuelle. Je ne peux gérer que trois problèmes à la fois et j'ai déjà un trio de tête : me faire capturer, emprisonner, torturer.
- Tu fais face à tout ça avec beaucoup de légèreté. Tu n'as pas peur ?
- Non, parce que je ne retournerai jamais dans une cuve.
Il sourit avant de baisser les yeux vers la gorge creusée par la rivière.
- S'ils nous retrouvent, expliqua-t-il, je sauterai avant qu'ils ne nous attrapent.
p.116.
Il avança d'un pas ; je reculai vers le bord du parapet. J'avais la plante et les doigts de pieds sur le mur ; mes talons tremblaient au-dessus du vide.
- Je sauterai s'il le faut. Je ne tiens plus à la vie, surtout si c'est pour finir dans ma cellule.
p.109.
- Comment ont-ils pu faire ça ? Personne d'autre n'est censé pouvoir entrer ici, à part Le Confesseur.
- Personne n'a rien fait. C'est cet endroit le fautif, expliquai-je en montrant la cellule. Ne t'attends pas à ce que je respire le bonheur et la santé en restant dans un lieu pareil.
p.76.
- En tout cas, avait-elle repris, c'est une bonne chose qu'il y ait ces refuges. Au moins, on sait que le Conseil ne veut pas nous laisser mourir de faim.
- Tu crois vraiment que c'est une question de volonté ? avait soulevé Ben, le doyen de la colonie. Les Conseillers nous laisseraient mourir de faim s'ils le pouvaient, mais ils ne peuvent tout simplement pas se le permettre. Entre vouloir et pouvoir, il y a une grosse différence.
J'ai déjà perdu Lucia deux fois : quand la folie, puis la mer l'ont emportée. Je refuse que ma mémoire me la vole une troisième fois. Ce n'est pas facile mais j'essaie de garder mes souvenirs d'elle.
Ce qu'on sait ? Je n'ai pas l'impression qu'on ait appris grand chose depuis qu'on s'est échappés de Wyndham, à part quel champignon est comestible est lequel ne l'est pas.
- Je ne sais même pas comment tu t'appelles, remarquai-je en le suivant.
- Eh bien, moi non plus.
- Je m'appelle Cass.
- Non, je parlais de mon prénom. Je ne le connais pas non plus.
Ce n’étaient pas des pleurs d’enfants blottis dans leur lit, certains que quelqu’un viendrait les consoler. C’étaient des larmes d’enfants qui ont compris que personne ne viendrait. Et ils ne se trompaient pas.
Ils expliquent que, pour survivre, notre espèce a mis en place un mécanisme où les Omégas porteraient seuls le fardeau du Grand Feu, les mutations.
Ici, la plus frivole des chansons jouées par les bardes sonnait comme un acte de défiance : entendre la musique retentir dans cette clairière, c’était s’autoriser à faire plus que survivre.
— Toi et moi, ça n’a jamais fait qu’une seule vie. Tu n’as pas l’air de le comprendre. Depuis tout ce temps, tu fais comme si on pouvait vivre notre vie comme bon nous semble, sans que ça impacte celle de l’autre. Mais regarde autour de toi, le monde ne fonctionne pas comme ça.
— Il n’appartient qu’à toi de le changer. Tu as dit que tu voulais devenir quelqu’un d’important et de puissant pour changer le monde. Alors qu’attends-tu ? Et qu’attends-tu pour regarder nos jeunes années en face ? N’as-tu jamais songé que, chaque jour passé sans qu’on soit dissociés, on changeait le monde ?
Je m'étais toujours imaginé qu'ils viendraient me trouver en pleine nuit, mais ce fut sous un soleil écrasant que six hommes apparurent, chevauchant à travers la plaine.
- As-tu perçu quelques chose ? Une vision de l'Ailleurs ? S'enquit Piper.
- Non. Ça n'a rien à voir avec de la clairvoyance, et je n'ai aucune garantie à offrir.
L'Ailleurs n'est encore qu'une idée. Mais il fut un temps où l'île aussi n'était qu'une idée...
Le rire que j'entendais d'habitude dans sa voix avait disparu. Il l'avait laissé dans le marais, pendu à la potence.
-Je n'ai pas choisi tout ça. Je n'ai jamais décidé d'être l'arme secrète de qui que ce soit.
- Je sais bien, conclut Zoe. Mais tu devrais peut être te décider à le devenir.
_ On va aller jusqu'où comme ça? Si on suit ta logique, on finira le restant de nos jours dans des cellules capitonnées, qu'on soit alpha ou oméga.
_ Ne me mets pas tout ça sur le dos, continua-t-il. Utiliser l'entourage de quelqu'un pour le manipuler, ça n'a rien de nouveau. On le faisait déjà dans l'Avant. Pour obtenir ce qu'on voulait de quelqu'un, on pouvait aller jusqu'à kidnapper son conjoint, son amant, ses enfants. Il fallait juste surveiller ses arrières pour se protéger. Dans l'Après, c'est deux fois plus compliqué car il faut surveiller ses arrières et ceux de son jumeau. Ce qui revient aussi à dire qu'il est deux fois plus simple de s'en prendre à un rival.
_ C'est plus simple à cause des gens comme toi qui réduisent un jumeau à un handicap. ça ne tourne pas rond dans ta tête.
_ Et toi, tu es délibérément naïve.
_ C'est pour ça que tu viens me rendre visite? lui demandai-je alors qu'il déverrouillait la porte. Tu descends ici car, en haut dans les salles du Conseil, tu ne peux faire confiance à personne?
_ Si c'était le cas, ça supposerait que j'aie confiance en toi, conclut-il en refermant la porte derrière lui.
La clé tourna deux fois dans la serrure.
_ Les cachots de Wyndham? Je n'y crois pas plus qu'aux autres rumeurs. Et, même s'ils existaient vraiment, Zach ne m'y enverrait pas. Aucune chance. Je le connais trop bien pour l'en croire capable.
_ Tu es plus proche de lui que quiconque. Mais être proche de quelqu'un et connaître quelqu'un, ce sont deux choses différentes. Il viendra te chercher, Cass, et puis il t'enfermera pour se protéger.
Je secouai la tête.
_ Il ne ferait pas une telle chose.