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Critiques de Francis Bacon (II) (8)
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Entretiens avec Michel Archimbaud

“ Il faut se méfier des définitions “ dit Francis Bacon, un des peintres les plus fascinants du XX iéme siècle. L'artiste anglais, torturé, aux combinaisons de couleurs éclatantes, orange ( son préféré ), rose, violet, rouge, jaune....aux centres desquelles se meuvent corps et visages déstructurés, amorphes , liquéfiés, enfermées dans des structures géométriques parfaites, n'aime par être comparé, n'a pas d'admiration particulière pour l'oeuvre d'un autre. Philosophie, Littérature, Musique, Psychologie...tout l'intéresse, mais rien, ni personne ne l'épate, ne le subjugue. Ce regard indifférent à un monde dont il est pourtant curieux, semble sincère. Du moins je le pense ainsi. Pour qui en a l'occasion, une exposition restreinte de son oeuvre est en cours au Centre Georges Pompidou à Paris et qui vaut fortement la peine d'être visitée.



“ MA - Et vous vous définiriez comment ?

FB- Peut-être par ce que je n'aime pas.”
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Entretiens avec Michel Archimbaud

Trois entretiens entre Michel Archimbaud et Francis Bacon, qui ont eu lieu dans l'atelier de l'artiste d'octobre 1991 à avril 1992, quelques jours avant le depart de Bacon pour Madrid où il devait mourir d'un infarctus.



Le premier, sous le signe de sa notoriété , de l'incroyable cote de sa peinture -peu intéressant- mais aussi des goûts et passions du peintre, des peintres qu'il a admirés , Picasso en tête, des oeuvres qu'il aime- la Crucifixion de Cimabue- ou qu'il déteste - La Joconde de Vinci.



Le second entretien sous le signe de la musique ,m'a paru tourner assez vite en rond, Archimbaud étant féru de musique et la connaissant en profondeur et Bacon, de son propre aveu, ne comprenant pas la musique, tout en l'aimant de façon instinctive. A l'évidence, le peintre ne sent pas d'affinités entre l'univers musical et son univers pictural, à l'opposé d'un Klee ou d'un Kandinsky et d'un Boulez, par exemple. Coup d'épée dans l'eau un peu prolongé.



Le troisième entretien se déroule sous le signe, plus parlant, cette fois, et surtout plus inspirant, pour Bacon, des lettres et de la peinture.



Les grandes affinités du peintre avec la littérature s'expriment pleinement, surtout quand il peut, comme c'est le cas avec la littérature française, la lire en V.O.



De ces trois entretiens, ce qui est peut-être le plus passionnant, c'est ce que Francis Bacon, avec un grand naturel, et sans compliquer à l'envi sa réponse pour faire croire à un art cérébral et prémédité , répond à propos de deux mystères propres à tout artiste : pourquoi et comment il peint.



Pourquoi? D'où ça vient, la peinture? du coeur , de l'estomac, des tripes? demande Archimbaud. "On ne sait pas d'où ça vient ", confesse modestement le grand peintre anglais.



Et comment se fait une toile? Par une rencontre, une chimie (plus qu'une alchimie, Bacon récusant absolument tout mystère a fortiori toute mystique à la création), une chimie, donc, entre le prémédité et l'accidentel. Par écho aussi, d'un créateur à l'autre, mais pas seulement: également par rejet. Car le rejet aide aussi le peintre à se définir.



Un dialogue éclairant que la mort a malheureusement interrompu , alors qu'on sentait s'installer entre le peintre et son interlocuteur une connaissance, une intimité et une confiance plus profondes, qui auraient permis d'aller plus loin encore dans la compréhension d'une oeuvre jugée bien souvent violente, à la grande incompréhension et au perpetuel étonnement du peintre lui-même .
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Entretiens avec Michel Archimbaud

Je ne suis pas familier de Bacon, dont la violence et les couleurs organiques ont sur moi un effet répulsif. Pourtant j’en saisis (personnellement ou par la critique ?) l’originalité radicale après le surréalisme, Picasso et l’abstraction. J’ai délibérément manqué la rétrospective 2019-2020 au Pompidoléum, en partie parce que sa présentation sur le site du musée en rajoutait sottement, inutilement dans le trash. Ce petit livre d’entretiens avec Michel Archimbaud pourrait être une ouverture vers ce qui est visible à Paris, et quand le virus et le Brexit le permettront — à la Tate Gallery.

Le premier entretien n’apporte rien d’important, sinon la simplicité et la modestie de l’homme : « J’ai eu de la chance, sûrement, c’est un hasard si ce que je fais intéresse les autres. Je suis très heureux que ça puisse arriver, bien sûr, mais je crois qu’on ne sait jamais ce qui va intéresser les autres. Moi, je ne peux pas le prévoir, ce n’est pas du tout par rapport à cela que je travaille. De plus, on doit attendre longtemps avant de savoir si un peintre s’imposera ou non. Ça prend cinquante, cent ans après la mort. Avant, du vivant de l’artiste, l’intérêt qu’on lui porte peut très bien n’être qu’un phénomène passager, une mode » (p 28).



Le deuxième entretien sur la motivation du peintre traite les relations de l’instinct et de la technique, et Bacon rejoint le questionnement de Giacometti (voir « Un portrait par Giacometti » de James Lord) : « le problème principal, lorsqu’on est artiste, c’est d’arriver à faire quelque chose qu’on voit avec son instinct, or on n’y arrive presque jamais. On est toujours, je crois, à côté. Mais c’est le principal problème qui se pose : arriver à faire quelque chose instinctivement. Quant à expliquer l’instinct, c’est vraiment une question très complexe. En voyant comme la peinture change au fil des siècles, on peut se demander si l’instinct ne change pas lui aussi de siècle en siècle, s’il n’est pas modifié par tout ce que l’on voit, tout ce que l’on entend. Je ne sais pas. En tout cas, ce que je peux dire, c’est que l’instinct s’impose. La façon que l’on a de faire une image, cela on peut l’expliquer peut-être, parce que c’est un problème de technique. Les techniques changent, et on peut parler de la peinture en faisant une sorte d’histoire des techniques de la peinture, mais ce qui fait la peinture et qui est toujours la même chose, le sujet de la peinture, ce qu’est la peinture, ça on ne peut pas l’expliquer, cela me semble impossible. Ce que je peux peut-être dire, c’est qu’à ma propre façon, désespérée, je vais çà et là suivant mes instincts » (p 56-7). E plus loin : « Il y a toujours, me semble-t-il, en peinture, et peut être est-ce comme ça dans les autres arts, une part de maîtrise et une part de surprise, et cette distinction rejoint peut-être le champ de ce que la psychanalyse a défini comme conscient et inconscient ? » (p 68).



Le troisième entretien traite de son désintérêt radical, mais documenté, pour l’abstraction : « L’abstrait me semble une solution de facilité. La matière picturale en soi est abstraite, mais la peinture, ce n’est pas seulement cette matière, c’est le résultat d’une sorte de conflit entre la matière et le sujet. Il y a là comme une tension et j’ai l’impression que les peintres abstraits éliminent d’emblée l’un des deux termes de ce conflit : la matière imposerait seule ses formes, ses lois. Ça me paraît une simplification. C’est vrai aussi que, pour moi, il y a toujours l’importance de la figure humaine, de ses transformations constantes. L’abstraction ne m’a jamais paru suffisante : elle ne m’a jamais satisfait. Elle me semble au fond se réduire à l’aspect uniquement décoratif de la peinture » (p 117-8).



À suivre.

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L'odeur du sang humain ne me quitte pas des..

La première fois que je me suis trouvée face à une peinture de Francis Bacon, je me souviens avoir été abasourdie, stupéfaite, estomaquée ! Je me serais crue dans une salle d’autopsie où l’on aurait mis un visage entier entre les deux lames d’un microscope.



C'est ce premier choc, d'où germera l'idée d'une rencontre avec l'artiste, qu'évoque Franck Maubert dans l’avant-propos. ( l’auteur est à l’époque journaliste d’art à l’Express).

Trois ans d’attente avant d’obtenir un premier rendez-vous. L’artiste n’est pas avide de notoriété.

Suit une belle description de l’appartement du peintre, illustrée de quelques clichés en noir et blanc offerts au fil des pages.

-«De ce logement précaire, Francis Bacon avait gardé le cordage en guise de rampe et le plancher des lattes de bois. Les trois pièces se divisaient ainsi : chambre-coin bureau, cuisine-salle d’eau et l’atelier.»

Un lieu donc, composé de triptyques et de diptyques comme souvent sont composées les oeuvres du peintre.

-« Sur le plancher de Bacon, des débris de toutes sortes jonchent le sol, formant une sorte de compost de sédiments, une croûte rugueuse : l’opposé de la netteté «clinique» de ses tableaux, qui naissent pourtant bien ici, et dont la largeur ne peut excéder la diagonale de la fenêtre. Des chaussures dépareillées, des gants de caoutchouc rose, des assiettes, de vieilles éponges, des livres abandonnés aux pages déchirées, des photographies arrachées ... et des buissons de pinceaux. Il s’en excuse : «Mais toute ma vie n’a été qu’un vaste désordre.»



Les entretiens, qui occupent la presque totalité du livre, emboîteront le pas à cette entrée en matière.

Excellemment retranscrits, ils nous donnent l’impression d’occuper la troisième chaise et de participer activement à la conversation, arrosée d'un verre de bon vin. " Ce vin, regardez ce rouge ... Rembrandt ...."

Art, littérature, cinéma, poésie, enfance, rencontres ... Autant de thèmes abordés qui nous rapprochent de l’intimité du peintre, éclairent son oeuvre et lèvent un petit pan de voile sur le mystère de la création.



5 étoiles. C’est trop peu pour ce magnifique livre !
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Beaux Arts Magazine, Hors-série : Francis Bacon

Francis Bacon. Pourquoi ai-je acheté cette rétrospective des oeuvres de Francis Bacon, peintre anglais dont la violence des scènes choque?

Je m'interroge encore car ses huiles (beaucoup de corps tronqués et de visages déformés) et ses triptyques parlent de mort, de chair, de torture et de sang. Ils crient, hurlent, gueulent, luttent sans doute, peuvent rebuter mais ne laissent jamais indifférent.

Il a quelque chose qui fascine, un côté animal sanguinolent, une folie sous-jacente (liée sans doute à une vie de dérives), un talent empreint de douleur qui émerge directement de sa boite noire.

Décorateur londonien dans les années vingt, il s'adonne par la suite à la peinture mais détruit toutes ses oeuvres en 44, le succès vient après.

Francis Bacon (hors série Beaux arts magazine en partenariat avec le Centre Georges Pompidou richement illustré de planches couleur et photographies de l'artiste) constitue une bonne approche pour qui a envie de connaitre ou comprendre une âme d'artiste écorché vif et étudie sa "relation privilégiée" avec Michel Leiris et ambivalente avec le public.
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Entretiens avec Michel Archimbaud

Un petit opuscule mais un grand moment: Francis Bacon parle sans fard, sans prétention, sans chercher à enoblir son parcours, ses oeuvres ou son processus de création. Il réussit à nous faire partager ce qu'il vit lorsqu'il crée, noments de bonheur et de frustration mêlés. Superbe.
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Entretiens avec Francis Bacon

Ce livre reconstitue sous la forme de 8 entretiens les nombreuses discussions qu’ont eues le peintre Francis Bacon et le critique d’art David Sylvester entre 1962 et 1986. Malgré certaines redondances d’un entretien à l’autre, ces échanges sont très intéressants et permettent de mieux comprendre le travail de Bacon, un géant de la peinture du XXème siècle.



Lorsqu’un artiste s’exprime sur son travail, et à plus forte raison lorsque ce travail se situe en marge des normes ou des courants dominants, apparaît souvent un décalage entre la réception de ce travail par le public et la démarche de l’artiste. Dans les tableaux de Bacon, nulle psychologie ou intention narrative, alors que les spectateurs essaient souvent d’en trouver. Bacon est un artiste d’abord préoccupé de peinture et de disposition de formes et de couleurs sur une toile. Son cerveau est une véritable banque d’images alimenté par son imagination, par les évènements de sa vie, par ses lectures et par l’histoire de l’art. Réaliser un tableau est une tentative de représenter le monde par une image, et le plus souvent par une image de figure humaine. Il revendique une très forte subjectivité dans cette représentation car pour lui la peinture ne peut plus jouer le rôle d’illustration de la réalité depuis qu’est apparue la photographie. Certes Bacon a beaucoup utilisé la photographie, notamment dans ses portraits, mais il rejette le réalisme pictural ou photographique, tout comme il rejette l’abstraction. Dans un processus de distorsion laissant beaucoup de place au hasard, à l’accident et à l’instinct, il cherche à donner un sens de la réalité plus profond que la peinture figurative mimétique. La sensation fournie à sa sensibilité par la réalité joue un rôle clé pour créer une image poignante et marquante.



Bacon ne cherche pas à illustrer quelque chose ou à raconter une histoire mais à amener la sensibilité du spectateur à s’ouvrir à ce qui n’est pas dans l’apparence. S’il déforme, c’est pour mieux accéder à l’essence des choses, des êtres et de la vie, accéder à la vérité. Et il s’attache à donner ce sens du réel par un éloignement de la représentation réaliste dans un langage qui lui est propre et qui est d’une profonde originalité dans l’histoire de l’art.

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Entretiens avec Francis Bacon

Ces neuf dialogues saisissent au plus près sa personnalité et la nature de son œuvre.
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