Promotional Film by Feenish Productions for
Francis Bacon A Terrible Beauty
Centenary Exhibition
28th October 2009 - 7th March 2010
Dublin City Gallery The Hugh Lane
Le plus important reste de regarder de la peinture,de lire d la poésie ou d’entendre de la musique. Non pas pour comprendre ou connaître, mais pour ressentir quelque chose.
Oui, c'est vrai j'ai le sentiment d'avoir passé la plus grande partie de ma vie seul mais, en réalité, cela dépend des circonstances. Si je travaille, je n'ai pas envie de voir des gens, je n'ai aucune envie de recevoir des visites. C'est pour ça que la sonnette de mon atelier ne marche pas. On peut sonner, je n'entends pas. C'est bien sûr beaucoup mieux pour moi de ne pas être dérangé dans des moments comme ceux-là. La seule exception que je ferais, peut-être, ce serait au cas où je serais très amoureux mais, bien sûr, ce sont des situations exceptionnelles, surtout quand on devient vieux.
..... beaucoup de gens confondent la psychanalyse avec la confession. Ils vont un peu chez leur analyste comme on va chez son directeur de conscience , et l’analyse devient une sorte de démarche religieuse. C’est un peu comme si on allait à l’eglise. Vous savez , les gens adorent parler d’eux et de leurs petits problèmes.
Je ne dessine pas. Je commence à faire toutes sortes de taches. J’attends ce que j’appelle “l’accident” : la tache à partir de laquelle va partir le tableau. La tache c’est l’accident. Mais si on tient à l’accident, si on croit qu’on comprend l’accident, on va encore faire de l’illustration, car la tache ressemble toujours à quelque chose. On ne peut pas comprendre l’accident. Si on pouvait le comprendre, on comprendrait aussi la façon avec laquelle on va agir. Or cette façon avec laquelle on va agir, c’est l’imprévu, on ne peut jamais la comprendre : “It’s basically the technical imagination” : l’imagination technique. J’ai beaucoup cherché comment appeler cette façon imprévisible avec laquelle on va agir ; je n’ai jamais trouvé que ces mots-là : imagination technique.
"Si on peut le dire, pourquoi s'embêter à le peindre?"
Cela peut sembler paradoxal, mais c'est une évidence en art: on atteint son but par l'emploi du maximum d'artifice, et l'on parvient d'autant plus à faire quelque chose d'authentique que l'artificiel est patent. Prenez par exemple les poètes grecs ou classiques, leur langue était très artificielle, très construite. Tous, ils travaillaient à l'intérieur d'un cadre très contraignant, cela représentait une soumission considérable, et c'est pourtant ainsi qu'ils ont donné leurs plus grands chefs d'oeuvre, qui nous donnent à nous cette impression de liberté et de création maximales.
« J’ai toujours trouvé que Shakespeare avait exprimé bien mieux et d’une façon plus juste et plus puissante ce que Beckett et Joyce avaient cherché à dire. Pour parvenir à montrer le maximum de choses avec le minimum de moyens, il faut être très fort. Avoir un instinct très sûr, être très inventif, même Shakespeare n’y est pas toujours parvenu. Il y a des longueurs terribles chez lui. Beckett a cherché, je crois, à dire beaucoup en éliminant au maximum pour se dégager de tout superflu. La démarche est intéressante. En peinture, on laisse toujours trop d’habitude, on n’élimine jamais assez, mais chez Beckett j’ai souvent eu l’impression qu’à force d’avoir voulu éliminer, il n’est plus rien resté, que ce rien en définitive sonnait creux, et que tout cela devenait complètement vide. Il a voulu rendre simple quelque chose de très compliqué, l’idée était peut-être bonne, mais je me demande si le cérébral chez lui n’a pas trop pris le pas sur le reste. (…) Je me demande si les idées de Beckett sur son art n’ont pas fini par tuer sa création. Il y a quelque chose à la fois de trop systématique et de trop intelligent chez lui, c’est peut-être cela qui m’a toujours gêné. »
Si on peut le dire, pourquoi s'embêter à le peindre ?
"Je suis sûr que chaque artiste se situe quelque part, travaille à partir d’un certain héritage et se trouve placé sur une certaine trajectoire. De même d’ailleurs qu’il s’ingénie à enfoncer avec obstination le même clou, mais cela est une autre histoire."
C'est vrai, j'ai le sentiment d'avoir passé la plus grande partie de ma vie seul, mais en réalité cela dépend des circonstances. Si je travaille, je n'ai pas envie de voir des gens, je n'ai aucune envie de recevoir des visites. C'est pour ça que la sonnette de mon atelier ne marche pas. On peut sonner, je n'entends pas. C'est bien sûr beaucoup mieux pour moi de ne pas être dérangé dans des moments comme ceux-là. La seule exception que je ferai, peut-être, ce serait au cas où je serais très amoureux, mais bien sûr, ce sont des situations exceptionnelles, surtout quand on devient vieux.