Habitez votre vie - François Bourgognon
" Pendant très longtemps, il me semblait que la vie allait commencer - la vraie vie. Mais il y avait toujours des obstacles le long du chemin, une épreuve à traverser, un travail à terminer, du temps à donner, une dette à payer. Puis la vie commencerait... J'ai enfin compris que ces obstacles étaient ma vie. "
D'Alfred D. Souza.
La tristesse permet un retour à soi, afin de prendre conscience du manque et de l'accepter ; elle détermine une introspection nécessaire à notre équilibre, au réaménagement de notre dynamique intérieure.
Accepter, ce n'est pas approuver ce qui nous fait souffrir, c'est simplement constater que c'est là. C'est reconnaître que, pour le moment, les choses sont comme elles sont, et non comme on voudrait qu'elles soient. La précision "pour le moment" est importante, car elle répond à la tendance que nous avons à vouloir nous débarrasser immédiatement de tout inconfort, avant même de savoir de quoi il s'agit et quelles sont nos possibilités d'action.
La vie et la mort sont deux faces d'une même pièce. Il est absurde et inutile de s'efforcer d'habiter la vie si on ne prend pas le temps d'envisager et côtoyer le mort.
C'est précisément parce que la mort est inévitable qu'il importe d'habiter sa vie, de lui donner du sens et de la vivre pleinement tant qu'il en est encore temps.
Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent.
Dans la vie, il y a un certain nombre de choses sur lesquelles nous pouvons agir, et il y en a d'autres que nous devons accepter.
Orienter correctement notre énergie en direction de ce qui compte passe par la reformulation des objectifs d'éradication ou de contrôle de la souffrance en objectifs de vie. Dans cette optique, la règle de l'homme mort (Lindsley) nous prescrit de ne pas nous mettre en position d'être vaincus par un cadavre. Les objectifs formulés en termes négatifs sont facilement atteints par les morts – qui y excellent : ne plus avoir mal, ne plus ressentir d'angoisses, ne plus avoir de compulsions (...) Nous ne pouvons pas gagner face aux morts si l'objectif est d'arrêter de ressentir. Il s'agit donc de se tourner vers des objectifs que seuls les vivants peuvent atteindre : apprendre à vivre différemment avec la douleur et les angoisses. (p.62)
La société occidentale s'est donné énormément de mal pour cacher la mort et l'oublier. Pourtant, la conscience de la mort a de nombreuses vertus : elle nous rappelle notre condition humaine, ce qui est essentiel pour nous, l'importance d'être présent à chaque instant.
Sur un plan psychothérapique, gardons à l’esprit que ce n’est pas tant ce qui nous arrive que la manière dont nous y réagissons qui détermine notre mal-être. Lorsque nous devons faire face à une situation véritablement difficile, que la confusion, l’angoisse et la tendance à vouloir agir impulsivement nous envahissent, il est opportun de nous arrêter pour observer. En effet, notre capacité à choisir correctement notre réponse dépend avant tout de notre conscience momentanée de ce qui est demandé.