Sous le soleil de Big Brother de
François Brune (II)
Cette "oblitération du moi" est une aliénation consentie qu'exige de ses postulants tout pouvoir collectif et totalitaire, qu'il soit politique ou religieux. S'il est vrai que le "moi je" est souvent une illusion individualiste, réclamer une telle abdication de soi est révélateur de toute institution perverse (secte, cellule, parti, "communauté" dépersonnalisante, etc.) Le sujet qui abdique ainsi sa volonté propre n'est pas seulement victime au moment où il renonce : il devient aussi potentiellement coupable de tous les abus ou malversations du pouvoir dans lequel il se fond. Quelle n'a donc pas été notre stupeur en lisant, dans la Franc-Maçonnerie de Pierre Simon (Flammarion, 1997), la description des rites d'intégration des membres de la Grande Loge de France : le rite en effet permet d'acquérir la "flexibilité cérébrale" et de "se fondre dans un être collectif qui s'étire aux frontières du temps et de l'espace", de sorte que "le postulant meurt à la vie profane, [et] choisit de se réincarner dans un être collectif, la loge". Et ceci, dans le but de répandre "l'esprit des Lumières" ! Voilà qui est orwellien : l'aveuglement, c'est la lumière...
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