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Critiques de François Châtelet (46)
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Manifeste du Parti communiste

Voilà bien le dernier best-seller à la mode ! 50 pages pour le Manifeste, et 50 autres pour divers avant-propos et autres textes de Marx et Engels... tombées dans un oubli volontaire : cachez donc ce sein que je ne saurais voir... nous chante la muse consumériste et libérale.

Et chacun (y compris moi) de s'exclamer en ce début de XXième : non, non, je l'ai lu, oui ,bon d'accord... mais je ne suis pas communiste !!! Pitié, ne me mettez pas dans la malle aux dinosaures avec les marionnettes de Krazucki et Georges Marchais !

Et pourtant... rien ne sert de nier que ce texte a posé les prémisses d'une révolution idéologique, qui a structuré les postures sociales et politiques, les relations internationales, sur près de 150 ans. Rien que pour cela, donc, ces 50 pages valent bien leur pesant d'Histoire.

Mais aussi, du point de vue philosophique, le Manifeste me semble être à la pensée marxiste ce que le bigmac est au repas traditionnel de thanks giving : sauf à préférer lire le Capital in extenso, le Manifeste est un assez bon résumé de la pensée Marxiste, quoique caricaturé et simplifié à l'extrême. On y retrouve la force de conviction de Marx, portée par un style indéniable. Sous le prisme d'une lutte des classes au niveau mondial, le Manifeste des communistes dresse un portrait -somme toute réaliste, pour l'époque- des rapports entre patronat et salariat, de "l'essence" du capitalisme, et fait le pari (plus risqué... comme L Histoire nous l'a appris depuis) que la lutte pour l'appropriation des moyens de production, l'abolition de la propriété privée et la paix mondiale aboutirait à "une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous"...

On passe certes du réalisme critique à une utopie de programme ; et Les prémisses de la "dictature du prolétariat" -dont on connnait depuis les dégâts- sont posées, mais non dans la lecture "diabolisante" et réductrice qui en a été faite par la bourgeoisie dominante de l'époque, et développée depuis.

Vraiment, qu'on y adhère ou pas, il reste très utile de lire ce bref exposé d'une idéologie politique, pour sa valeur historique, et pour la pertinence de la critique sociale qui y est posée... si les "solutions" proposées ne sont pas les bonnes, ou sont -comme toujours- dévoyées par les travers des hommes, cela n'invalide pas -même au XXième siècle, loin de là...- les problématiques soulevées...
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Manifeste du Parti communiste

En lisant ce livre, j’ai pensé à cette image de la Seine glacée que décrit Proust dans "Du côté de chez Swann" et qui ressemble à "une immense baleine échouée, sans défense, et qu'on allait dépecer".



"Le manifeste du Parti communiste" de Marx qui était un document subversif à son époque et qui a influencé presque deux siècles, doit être lu aujourd’hui pour deux raisons. J’utilise le verbe "devoir" parce que je crois qu’il s’agit là d’une lecture indispensable pour en finir avec toutes les idées reçues concernant Marx et le communisme.



D’abord, ce livre est un document historique qui éclaircit cette naissance de la Bourgeoisie puis du Prolétariat et partant, de la lutte des classes. Ainsi dans le premier chapitre, Marx parcourt à vol d’oiseau les différentes étapes de ces naissances ; une véritable genèse. Tout cela d’une simplicité efficace, d’une narration presque romanesque qui n’ennuie jamais le lecteur.



Ensuite, ce livre est un exemple parfait de la verve politique avec sa structure rhétorique et argumentative bien construite. Cela apparaît dans le deuxième chapitre où Marx essaie de répondre aux objections de la bourgeoisie contre les idées des communistes. Il use d’une ironie presque moqueuse qui m’a fait penser à une scène célèbre dans "La Vie est belle" de Roberto Begnini (Guido) lorsqu’il se moque de son fils qui croit qu’on faisait des boutons avec les juifs. Marx ridiculise ses adversaires bourgeois par la simplicité surprenante avec laquelle il leur répond au bonheur des prolétaires. Apprécions cet exemple :



"Vous êtes saisis d’horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais dans votre société la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C’est précisément parce qu’elle n’existe pas pour ces neuf dixièmes qu’elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut se constituer qu’à la condition de priver l’immense majorité de la société de toute propriété."



Ou encore :



"En outre, on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ôter ce qu’ils n’ont pas."



En ancien poète, Marx illustre ses explications de comparaisons. Ainsi ces bourgeois "ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées". De plus, il introduit çà et là des slogans forts et faciles à apprendre pour les prolétaires comme le fameux "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" qui clôt le livre.



A part cela, on garde beaucoup de distance vis-à-vis les idées de Marx, celles qui ont bouleversé le monde et engendré tant de malheurs ou comme il l’appelle, ce "spectre [qui] hante l’Europe" et le monde en général car "la révolution communiste est la rupture la plus radicale avec les rapports de propriété traditionnels ; rien d’étonnant à ce que, dans le cours de son développement, elle rompe de la façon la plus radicale avec les vieilles idées traditionnelles."

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Manifeste du Parti communiste

Il peut sembler surprenant de trouver, encore aujourd'hui, une actualité dans le "Manifeste du parti communiste". Notre monde semble tellement avoir changé depuis Karl Marx et Engels : nous sommes dans un monde qui a vécu deux guerres mondiales, toutes deux traumatisantes, les préoccupations des auteurs peuvent sembler inactuelles, etc.

Pourtant, même si certains aspects ont mal vieilli, finalement, les constats les plus importants en ce qui concerne la lutte des classes, la bourgeoisie, les rapports de domination entre prolétariat et bourgeoisie, le salariat, etc., sont encore actuels, à bien des égards ; on constate encore aujourd'hui, dans toute la société, l'actualité de la pensée marxiste.

Elle a finalement peu vieillie ; toutefois, elle a indéniablement certains aspects peu actuels et on ne peut que contester l'aspect violent de la lutte prônée par le Manifeste du parti communiste qui, même si elle semble pardonnable lorsqu'on considère le contexte historique (rappelons que, lorsque le Manifeste du parti communiste est écrit, le peuple ne peut que rarement s'exprimer par la voie des urnes ; on peut donc comprendre que, dans le Manifeste du parti communiste, se manifeste la tendance à prôner la révolution violente comme manière de changer la société, plutôt que la voie démocratique). Mais, malgré ses petites réserves, cela reste une lecture intéressante, d'un point de vue historique, et pour les idées qui y sont énoncées.
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Platon

« Platon est mort il y a vingt-trois siècles. Quel intérêt y a-t-il donc, pour nous qui sommes plongés dans les problèmes confus et complexes de la civilisation technicienne, problèmes dont l’étrange et constante nouveauté ne cesse de nous exalter et de nous accabler, à interroger un penseur si lointain, si évidemment vieilli ? » (p. 13) L’auteur présente la pensée de Platon, ainsi qu’une certaine histoire du platonisme. En projetant cette philosophie antique sur le monde moderne, il interroge ce dernier et donne des voies de réflexion. « Le platonisme définit une autre voie autrement fructueuse : celle d’une pensée que, par la médiation du discours dialogué de l’assentiment d’autrui et de la recherche de soi, prenant appui sur les bribes d’être subsistant au sein de ce faux être qu’est le monde naturel, cherche à découvrir, au-delà, l’Être véritable. » (p. 21)



Platon, après Socrate, a fondé sa pensée sur le logos que l’on traduit par dialogue ou discours. « De Socrate, Platon a appris qu’il fallait dialoguer non pour dire, mais pour laisser l’autre éprouver peu à peu l’inutilité, le vide de son discours. » (p. 24) Le dialogue permet de faire la différence entre l’opinion et le savoir. Le discours permet à l’homme de se libérer de la sujétion du sensible pour atteindre la vérité. Mais parler s’apprend : « Ainsi l’Idée est l’envers de la chose, c’est à considérer cet envers comme l’endroit authentique qu’invite la philosophie. » (p. 159)



François Châtelet présente aussi l’histoire de la Grèce telle que la concevait Platon. Le philosophe critiquait les fondements injustes de la démocratie. « Née d’une spoliation, elle s’achève par une spoliation. Le processus de dégénérescence est clair : les riches sont constamment dépouillés de leurs biens qu’on distribue au petit peuple. » (p. 79) Selon lui, la philosophie est en quelque sorte un sophisme : elle poursuit un but d’égalité, mais se fonde sur un passé d’injustice et de violence hérité d’autres régimes politiques. « Timocratie, oligarchie, démocratie, tyrannie, telles sont les étapes qui jalonnent le chemin nécessaire de la corruption. » (p. 82)



Par cette initiation à la philosophie de Platon, François Châtelet donne envie de découvrir les textes de l’auteur antique, de faire siens les mots et la pensée du fondateur de toute philosophie. Cet essai est brillant, mais également complexe. François Châtelet développe son propos en prenant de nombreux détours. Finalement, la conclusion est évidente, flagrante, mais il ne faut pas avoir manqué une étape.

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Manifeste du Parti communiste

Lues toutes brutes et toutes nues ces quelques cinquante pages, sans les préfaces, les notes et autres éléments de contexte, parce qu'un texte aussi mythique, il faut bien l'avoir lu me disais-je. A froid, maintenant que la page est définitivement tournée.

Je m'étais fait la même réflexion avec « La désobéissance civile » de Thoreau : c'est étonnant comme les textes ayant eu le plus fort retentissement ne sont jamais à l'image de ce que l'on a pu imaginer voire fantasmer. En tout cas pour ma part, le format pamphlétaire n'est jamais celui auquel je m'attendais.

Le propos et le projet définitivement révolutionnaires sont bien là, mais dans le style, le jus et les forces en présence de l'époque : j'ai été surprise par exemple par la part importante du texte destinée à positionner le projet communiste et affirmer sa radicalité par rapport aux innombrables courants socialistes, là où j'imaginais un brûlot harangueur galvanisant les masses. Ma surprise vient de là en fait : l'impression que ce n'est pas à elles que le texte s'adresse. C'est un peu facile avec le recul de l'histoire, mais du coup c'est la violence du propos qui ressort, pas la part d'idéal que le projet était censé porter.

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Manifeste du Parti communiste

"Un spectre hante l'Europe: le spectre du communisme." Marx et Engels ne savaient pas si bien dire.



Le Manifeste du parti communiste est une mise au point à l'intention tout autant de ses opposants que de ses partisans. Il s'agit de dire ce qu'est le communisme et qui sont les communistes.



Ce petit livre lu en trois soirées se divise en quatre parties:

I - Bourgeois et prolétaires

II - Prolétaires et communistes

III - Littératures socialiste et communiste

IV - Position des communistes envers les différents partis d'opposition



Si la première partie explique succintement la théorie marxiste de l'histoire, c'est-à-dire de l'histoire vue comme une lutte entre exploitants et exploités aboutissant inéluctablement à la formation d'une bourgeoisie et d'un prolétariat, les parties suivantes définissent les communistes par rapport à leurs opposants de gauche comme de droite.



L'écriture est limpide. La logique est fatale. Même si, bien sûr, l'homme moderne y découvrira quelques sophismes oiseux, il y verra aussi que la globalisation des télécommunications et les faillites actuelles des libraires sont en bien des points comparables avec le développement des chemins de fer ou la banqueroute des artisans du 19e siècle.



Le message est on ne peut plus clair: "Les communistes se refusent à masquer leurs opinions et leurs intentions. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'orde social passé. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste! Les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner."



Grâce à Staline et autres Pol Pot, le communisme n'est guère à la mode. Tant mieux ou tant pis. le lecteur jugera; mais prendra en tout cas beaucoup de plaisir à lire ce virulent et néanmoins jubilatoire pamphlet qui, à mon avis, n'a pas pris une ride en tant que classique de l'argumentation politique.



"Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!"... comme disait l'autre.
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Manifeste du Parti communiste

Chronique d'une catastrophe annoncée.Quelle fumisterie que ce manifeste!Des idées qui se parent de miel pour êtres plus attrayantes au commun des mortels;une fois l'adhésion acquise le pauvre bougre connaîtra les camps de la mort,les goulags,la torture,la misère,le totalitarisme et autres joies prévues au programme.Vous me direz c'est d'un passé lointain tout çà;moi je dis tant que les enfants de Corée du Nord meurent toujours de faim et des effluves de cette idéologie de la mort,je maudirais ce livre répugnant.
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Manifeste du Parti communiste

Ce petit livre très accessible, puisque écrit pour les ouvriers, est étonnamment moderne dans son analyse du rapport entre bourgeoisie et prolétariat, qui s'applique toujours à notre système social actuel....

L'essentiel de la théorie Marxiste est là, qui sera développée plus tard dans le Capital.

La simplicité de la formulation en a fait un best-seller !!!

La 3ème partie sur les autres options de contestation socialiste du régime bourgeois n'est pas évident à transposer aujourd'hui, mais on peut y voir l'opposition entre socialistes libéraux (quel que soit leur pensée) et communistes.

On comprend bien aussi comment la bourgeoisie ayant pris le pouvoir des mains de la noblesse, est la seule classe ennemie des ouvriers.

C'est tellement lucide dans l'analyse et simple dans les solutions qu'on se prend à rêver qu'au delà de la dictature dramatique de l'URSS il existe un monde meilleur où tous pourraient vivre sans conflits et sans exploitation d'une majorité par une minorité ! Par ailleurs, puisque le système capitaliste, comme l'avait prévu Marx et Engels, est à bout de course (ils n'avaient peut-être pas pensé, en 1847, qu'il puisse tenir aussi longtemps) ; il n'est peut-être pas trop tard.

Par contre les auteurs ne cachent pas que le système sera autoritaire.

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Manifeste du Parti communiste

J'écoutais récemment un interview de Noam Chomsky qui employait le terme de lutte des classes pour caractériser la situation actuelle. Du coup, j'ai eu envie de mettre en perspective la pensée du chantre de celle-ci, Karl Marx avec cette affirmation. Effrayé par l'épaisseur du capital, le Manifeste du Parti Communisme a échoué sur ma pile à lire puis entre mes mains. Le troisième chapitre m'a peu intéressé. Dans les deux premiers, les analogies pullulent quant à la description de l'antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie. Il suffirait de changer les appellations pour que l'état des lieux fasse penser au présent. Hormis, cela, l'Histoire nous a appris ce qu'il en est advenu de la mise en œuvre de ces théories. Le sang, les horreurs, le goulag, la dictature et la peur ont teinté ce qui se voulait l'avènement d'une société idéale. La violence comme moyen d'action politique ne peut engendrer que la violence, les frustrations, l'humiliation, l'esprit de revanche, la haine...
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Manifeste du Parti communiste

J'avais toujours imaginé un énorme texte à l'image du Capital alors qu'en fait, c'est un tout petit ouvrage. Il y a presque plus de préface de différents auteurs que de manifeste dans la version que j'ai !

Le texte est découpé en différentes partie plus ou moins intéressante. par exemple la troisième partie sur "littérature socialiste et communiste" ne n'a pas du tout intéressé. Par contre les deux premières sont les plus intéressantes et replace quelques vérités (contre les stéréotypes du communisme) et avec des explications historique et social.



Un ouvrage à lire, qu'on soit communiste ou non, simplement pour la culture G pour ceux qui ne se reconnaisse pas dans les idées de Marx.
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Manifeste du Parti communiste

Que peut-on conserver de la pensée communiste après l'échec plus qu'évident des régimes politiques et économiques qui ont tenté de l'incarner ? Pas grand chose. La lutte des classes, qui est le fondement de la description de la société par Marx et Engels, a abouti à la dictature du prolétariat, parce qu'elle est un appel haineux à la destruction violente d'une partie de la population. Si forcément la bourgeoisie et le prolétariat sont en lutte, alors le goulag est inévitable. Néanmoins, la description de la société capitaliste du dix-neuvième siècle par les marxiste est assez juste, et l'on se dit à plusieurs reprises en cours de lecture qu'elle demeure juste au vingt-et-unième siècle. Les moyens proposés pour lutter contre l'exploitation des petits par les grands (une révolution violente qui donne le pouvoir au prolétariat, et qui abolit la propriété privée) ne fonctionne pas du tout : si je n'ai aucun intérêt privé à travailler pour mon propre compte, je vais préférer ne pas faire grand chose. C'est ce qui s'est passé. Encore une petite remarque. La pensée marxiste suppose un schéma historique toujours identique : la bourgeoisie renverse les systèmes féodaux anciens et seulement ensuite, le prolétariat renverse la bourgeoisie. Or, ce sont dans des pays où il n'y avait pas vraiment eu de révolution bourgeoise que le communisme a réussi à s'implanter, prouvant paradoxalement que le théorie communiste de l'histoire est fausse. Bref, il faut inventer autre chose que le communiste si l'on créer pour demain des lendemains qui chantent.

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Manifeste du Parti communiste

Dans leur, Manifeste du parti communiste, publié clandestinement en janvier 1848, Karl Marx et Friedrich Engels annonce que le régime capitaliste, œuvre de la bourgeoisie, sera détruit par une révolution politique faite par le prolétariat.

Patience fait mieux que force et rage... mais quand même ;)
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Manifeste du Parti communiste

Le document ne connaît dans ses débuts qu'une audience restreinte. C'est surtout la révolution bolchévique de 1917 qui va contribuer à le répandre sur toute la planète. C'est par ailleurs, souvent le seul texte de Marx qui, grâce à sa brièveté, ait été vraiment lu par les marxistes.

Point central du texte : les 10 mesures préconisées par Marx et Engels. Ceux-ci n'hésitent pas à écrire que ces mesures ne pourront être réalisées que par « une violation despotique des droits de propriété et des rapports de production bourgeoise ».

À l'issue de quoi devraient s'instaurer les lendemains chantants d'une société sans classe. Sauf que toutes les mesures ne sont que spoliation, confiscation et centralisation étatique autoritaire qui génèrent leurs propres résistances et la nécessité toujours renouvelée de terrasser ces résistances.

Staline et tous les autres étaient déjà dans Marx.

Dans « La grande parade », Jean-François Revel souligne l'étroite parenté qui existe entre nazisme et communisme (Hitler a toujours beaucoup admiré les marxistes. de son propre aveu, ses désaccords avec eux « sont moins idéologiques que tactiques » [cité par Revel]). Et Revel démontre dans le chapitre « Les origines intellectuelles et morales du socialisme » que l'extermination des groupes (souvent des races) récalcitrants ou jugés trop « moribonds » pour accéder aux lumières du communisme était une voie parfaitement et froidement envisagée par Marx et Engels.

Le talent d'écrivain de Marx est indéniable (d'où ½ étoile). Umberto Eco voit dans le « Manifeste » un « chef d'oeuvre d'éloquence politique ». Il faut donc se défier de la séduction qui se dégage de ce texte.

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Manifeste du Parti communiste

L’avantage des «Boites à livre» est qu’on y trouve des ouvrages qu’on n’aurait jamais eu l’idée d’acheter, qui sont souvent épuisés, mais qui présentent un intérêt certain, en l’occurrence, historique. Évidemment, celui-ci sent la poussière, comme tant d’autres rêves de sociétés idéales, de Thomas More à Ch. Fourrier ou Owen, mais ici, le mythe ne fut pas sans conséquences. Combien de millions de morts sous Staline et sous Mao au nom de Marx? Et ensuite le mur de Berlin, Budapest 1956, Prague 1968, Pol Pot, la dynastie Kim, pour arriver invariablement à la misère, aux procès truqués, à la torture, aux déplacements forcés de population, à la censure. Aucun régime communiste n’y a échappé. Et pourtant, Marx était un grand défenseur de la liberté de la presse. Aurait-il trouvé, comme Georges Marchais, que tout cela était «globalement positif» quand tant de Berlinois de l'Est (et autres) ont «voté avec leurs pieds», faute d’élections libres?

Mon exemplaire, imprimé à Moscou en 1981 (Editions du Progrès) pour être distribué en français par les missionnaires du marxisme, prophétisait que le Manifeste avait pour tâche de préparer «la disparition inévitable et prochaine de la propriété bourgeoise» (Préface d’Engels, 21.1.1882). On croirait presque entendre les Témoins de Jéhovah prophétiser la prochaine fin du monde (pour 1942, puis pour 1975, puis avant 1994). Le Manifeste est un intéressant «arrêt sur image», mais qui a ensuite connu le sort qu’on lui connait.

Engels a multiplié les préfaces différentes pour les éditions anglaises, allemandes, italiennes, russes, etc. Il y a même une préface de 1892 à l’édition polonaise qui se prononce (p. 28) en faveur du «futur rétablissement national» de la Pologne car chaque peuple doit être le «maitre absolu dans sa propre maison... Pour les ouvriers du reste de l’Europe, cette indépendance est aussi nécessaire que pour les ouvriers polonais eux-mêmes». Staline n’avait sans doute pas lu ça quand - avec son allié Hitler - il a mis fin à l’existence de la Pologne en 1939 avant de supprimer son indépendance après 1945.

Le Manifeste, et les autres écrits de Marx, ont conçu le mythe du «marxisme scientifique» selon lequel le capitalisme succède au féodalisme. Ensuite, le capitalisme «avancé» déboucherait sur le socialisme, et celui-ci sur le communisme. Or l’histoire a fait naitre le communisme non pas dans une société capitaliste avancée comme l’Angleterre ou la Belgique, mais dans une Russie encore relativement féodale, et en outre, non pas par la volonté des ouvriers, mais par le coup d’Etat d’octobre 1917 qui a renversé le gouvernement socialiste et républicain (le tsar ayant abdiqué en février). Lénine a donc dû réviser très tôt la «science» marxiste pour adapter la théorie aux faits. Quant à la société dite «sans classes», elle a produit, à côté d’une misère pire que celle des pays capitalistes, la nouvelle classe sociale toute puissante des privilégiés de la «nomenklatura», ce que le «marxisme scientifique» n’avait pas prévu non plus.

Je me suis trouvé en curieux, l’an dernier, dans un colloque célébrant le centenaire de la naissance de Marx, organisé par des convaincus du «marxisme à la chinoise», lequel n’est rien d’autre qu’un mélange de dictature et de capitalisme d’Etat assez sauvage où la propriété privée a été rétablie. Ce rétablissement du capitalisme y a d’ailleurs coïncidé avec un taux de croissance exceptionnel. J’ai posé la question suivante lors de ce colloque, en la formulant le plus diplomatiquement possible: «La chute des régimes communistes en URSS et en Europe centrale a montré le processus inverse: le communisme a été abandonné et c’est le capitalisme qui l’a suivi. Marx avait-il prévu que cela puisse fonctionner à l’envers et que l’on vive mieux dans les pays «capitalistes» que dans tous les pays «communistes»?». Inutile de dire que je n’ai pas eu de réponse.

Le Manifeste du Parti Communiste a surtout été influencé par les conditions sociales épouvantables de l’Angleterre de l’époque, mais l’erreur a été de prophétiser l’avenir, mirage qui s’est soldé par des millions de victimes du communisme. Marx n’avait évidemment pas prévu ça. L’industrialisation et le développement se sont partout fondés sur l’exploitation de travailleurs sous-payés par des «élites» super-riches, en Angleterre comme en URSS, et ça n’a pas totalement changé, ni en Asie communiste, ni en Europe. Les contrats irlandais de Ryanair, avec sécurité sociale minimale, relèvent de la même politique, heureusement dans un contexte moins dramatique.

On lit aussi dans le Manifeste que «les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique: abolition de la propriété privée» (p. 48). Après la Chine, la propriété privée est également rétablie à Cuba. La base fondamentale du communisme y a donc disparu. Explication, m’a-t-on dit: «Le marxisme scientifique doit d’adapter aux conditions locales». Ce serait donc la seule science dont les lois varient d’un pays à l’autre.

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Manifeste du Parti communiste

Jusqu'à quel point peut-on tolérer l'exploitation de l'homme par l'homme.

En 1848, la révolte sociale se manifeste spontanément un peu partout dans le monde contre un capitalisme sans limite. Dans ce contexte, la proposition de dictature du prolétariat apparaît comme une réaction basique d'auto-défense et la ligne internationale du Parti Communiste comme une réponse moderne à la hauteur de l'enjeu politique.

Cette présente édition du Manifeste du Parti communiste est complétée par la Critique du programme de Gotha. Dans ce 2ième texte de Marx, on ne peut pas manquer de noter sa critique sur l'inflexion nationaliste du Parti Ouvrier Allemand de 1875.

On connaît la suite de l'histoire...

Aujourd'hui ces textes sont utiles précieusement pour tenter de passer des réflexes conditionnés à une réflexion éclairée.

Je terminerai par une citation de Chen Duxiu (1879-1942), premier secrétaire du Parti Communiste Chinois, avant de quitter le PCC et de retrouver l'idée de démocratie vers la fin de sa vie: ""La dictature du prolétariat, ça n'existe pas. C'est la dictature d'un parti et, en fin de compte, celle d'un dirigeant. Toute dictature est inséparable de la violence, du mensonge, de la tromperie, de la corruption et de la pourriture morale.""



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Manifeste du Parti communiste

Lire le Manifeste du Parti Communiste, pour une personne comme moi, c’est-à-dire farouchement opposée au communisme sous toutes ses formes et dérives, est un peu étrange. Certes, je le conçois. Mais je crois qu’il est de nos esprits de s’instruire et de s’ouvrir aux différentes idéologies, idées, pensées, etc.



Ainsi, j’ai débuté cet ouvrage, avec une mauvaise image du communisme, rassurez-vous cet ouvrage ne m’a pas fait changer d’avis, bien au contraire, mais avec en tête les deux auteurs : Engels et, notamment Marx. En effet, même si je n’apprécié guère les idéologies proposées dans cet ouvrage, on peut reconnaître à Marx, sa verve, sa poésie, son style, son écriture sublime. De belles figures de style, des envolées lyriques, et des questions percutantes chahutant les lecteurs, même les plus rebelles comme moi, c’est paradoxalement agréable.



Sur le fonds, si cet ouvrage dit ne pas vieillir à travers les siècles, je trouve que depuis une dizaine d’années, il a pris un sacré coup de vieux. On ne se retrouve plus/pas dans les idées proposées ; pire encore, j’ai l’impression, notamment sur le nationalisme d’entendre les discours du Front National. Je trouve dommage et presque paradoxal de la part de Marx qui prône que tous les travailleurs, de toutes les nations se soulèvent contre la bourgeoisie, s’indigne par exemple de la littérature mondiale et non plus nationale. Seulement, n’est-ce pas un des points qui a fait connaître le Manifeste du Parti communiste ? Sans cet « internationalisme », cet ouvrage serait resté en Allemagne… De plus, au regard de nos sociétés modernes, je suis heureuse et fière que la littérature est pu franchir toutes les frontières !

Après, je trouve que cette œuvre, à la lumière du XXième siècle, se tirait presque une balle dans le pied toute seule. En voulant anéantir à tout prix la classe dominante, la classe bourgeoise avec des arguments largement dépassés et obsolètes, cet ouvrage ne fait que renforcer ma vision mondialiste, européenne (toute proportion gardée). Vivre en autarcie ce n’est pas possible, pas souhaitable d’ailleurs ; vivre dans un monde juste et équitable, je crois que cela passe inexorablement par des échanges (symboliques et/ou matériels), des rapports sociaux, etc.



De plus, je trouve cette vision marxiste bien trop vieillissante, et trop déterministe. Le sort de chacun serait ancré dans nos habitus, dans nos gênes… Et ne parlons même pas, des prolétaires comme agents/réceptacles passifs selon la vision de Marx ; j’aurai été curieuse de voir la réaction de Marx face aux théories nouvelles des perceptions/réceptions sélectives des médias, des messages par exemple. Et pire encore pour ce pauvre feu Marx, qu’aurait-il pensé de la théorie de Pierre Bourdieu selon laquelle la domination serait consentie et partagée...



Alors, oui, je conseille fortement cet ouvrage mais pour des esprits ouverts, et comme diraient certains libéraux un brin extrémistes, « à la lumière des élites ». Il ne faudrait pas détourner la pensée d’un ouvrage ancien, à nos pensées modernes…

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Manifeste du Parti communiste

Suis-je communiste ? A la lecture du manifeste la réponse semble plutôt positive.



Ce manifeste du parti communiste est écrit en 1848 par Karl Marx et Friedrich Engels, les deux grand noms du communisme dit marxiste. Alors certes ça date un peu, certain passage sont dépassé. Mais dans l'ensemble la plupart des choses dénoncés et les argument avancé restent d'actualité. On en vient donc facilement à la conclusion suivante: peut de choses ont évolué entre 1848 et 2018, pour ne pas dire qu'on est régressé. En effet en 1848 le capitalisme se basé sur la dominance de la classe bourgeoise, c'est elle qui détenait le capital et qui était propriétaire. En 2018 c'est différent, le capitalisme est plus vicieux, en effet la bourgeoisie en laissant la possibilité aux prolétaires de devenirs propriétaires et avec les nombreuses avancés sociales tels les allocations chômages, RSA, et autre à accrue sa domination. En 1848 le prolétaire n'a rien à perdre, en 2018 le prolétaire croit qu'il peut perdre. On est donc passé du capitalisme au libéralisme.



Pour en revenir au manifeste, le premier chapitre, l'un des plus intéressant, explique pourquoi la bourgeoisie est devenu la classe dominante, quel est son intérêt, et quel est l’intérêt des travailleurs. Et quels sont donc les problèmes de ce système créé par les bourgeois pour les bourgeois ? Chercher bien la réponse est dans la question.



Vient ensuite le deuxième chapitre ou Marx et Engels vont défendre leurs vision de la société, argumenté, répondre aux accusation porté au communisme, mais aussi faire des proposition. Et donc il faut une liste de proposition intéressante, comme par exemple l'abolition de la propriété privé et notamment la notion d'héritage. Sauf qu'à la lecture de ces proposition, un mot me dérange, et c'est le mot " état ", employé dans: centralisation entre les mains de l’État. Qu'entendent-ils par Etat ? Un moyen de répressions, ou un moyen d'organisation ? La question est importante.



Vienne ensuite deux autres chapitres moins intéressant sur lesquels je ne m'attarderais pas. Le tout pour finir sur " Prolétaire de tout les pays, unissez vous ". C'est beau putain !



En bref, je suis plutôt d'accord avec ce qui est avancé dans le manifeste, à l'exception de quelques points. J'espère que ma critique n'est pas trop brouillonne, mais je voulais un peu retranscrire, ce à quoi ce bouquin m'a permit de réfléchir. Et je suis sûr qu'il y a encore beaucoup à en tirer.
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Manifeste du Parti communiste

Un livre historique, qu'il est je pense nécessaire de lire en ayant bien le contexte en tête.



Aux néophytes, je ne peux que conseiller cette lecture après le visionnage du (très bon) film "Le jeune Karl Marx" de Raoul Peck (2017).



Ce manifeste est un petit pamphlet qui jette les bases de la pensée marxiste et qui se veut vulgarisateur. Son écriture datée peut néanmoins en rebuter plus d'un aujourd'hui, mais sa brièveté compense je dirais...



A lire, pour tout un tas de raison !
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Manifeste du Parti communiste

En cette période de gilet jaune j'ai eu envie de revenir aux sources... La où t'étais dans le dur et voir quel élan avait motivé une partie de la population à se révolter.

Quelle énergie, quelle verve, ce manifeste rédigé comme un slogan...

Ce qui est de trop aujourd'hui hui ce sont les réseaux sociaux qui empêchent l'émergence de leader( je parle des vrais avec du charisme et de l'éloquence) car ce manifeste en est la preuve, il ne faut pas que galèrera pour renverser une société. Il faut que cette révolte soit portée.



En plein hiver ce livre redonne la pêche et de bonnes raisons de croire que ça s'arrangera à condition de militer
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Manifeste du Parti communiste

Évidemment, il s'agit d'un texte dont la lecture se justifie par sa simple importance historique, mais également par la nécessité de rétablir une certaine vérité.



Pointé du doigt comme le pire des régimes, principalement en raison des erreurs et des horreurs commises par les dirigeants qui ont un jour tenté d'appliquer cette doctrine, le communisme n'en reste pas moins une théorie économique avant tout, largement calomniée par nombre d'éditorialistes libéraux, et avec trop peu de défenseurs pour pouvoir espérer démystifier des légendes à la peau dure.



Ainsi, Marx et Engels rappellent que non, l'abolition de la propriété privée ne signifie pas la privation de tous les biens, et que c'est le capitalisme qui se charge de dépouiller la majorité de ses possessions. Qui peut encore être propriétaire de son logement aujourd'hui ? Cette inversion de situation est proprement incroyable : les capitalistes ont réussi à faire croire que les communistes priveraient les masses de leur propriété individuelle alors même que ce sont eux, les bourgeois, qui mettent en oeuvre leur propre affabulation.



De même, c'est le comble de l'hypocrisie que d'accuser les communistes de nier les nations, leur préférant l'unification des prolétaires de tous pays, quand l'on voit comme la mondialisation réalise, sans l'aide des communistes, ce rêve de monde globalisé sans patries.



Il est donc urgent de lire ou relire ce texte, d'une actualité incroyable (les passages concernant les dangers de la mondialisation n'ont pas pris une ride) pour quitter les mensonges écrits par les vainqueurs et remettre en perspective un idéal dont certains principes profiteraient assurément bien plus au plus grand nombre que les principes iniques du monde libéral.



Par souci de nuance, citons tout de même le principal défaut de ce texte, qui est d'ailleurs clairement revendiqué : c'est qu'il s'appuie exclusivement sur une vision matérialiste du monde, et refuse le débat d'idées aux points de vue philosophiques et religieux, considérant que les conditions de vie des prolétaires sont plus importantes que toute doctrine spirituelle ou philosophique. C'est probablement là que devrait se concentrer les vrais débats de fond.
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