Citations de François Mouren-Provensal (36)
A l'écho de la lune la mer étire sa nuit.
Au calme énoncé le clapot se tait.
Il n'y a que l'immense pour simple bruit
posé à l'unisson de nos secrets.
Qu'importe le voile des brumes et l’écharpe des nuages.
J'enlacerai le ciel à la mesure des infinis, promesse de mes imaginaires.
Les envols de vie n'ont cure des ombres du temps.
J'ai tant de compagnons au long de mes chemins.
Les évidents, bien sûr.
L'arbre, le nuage, la fleur et l'herbe, la vache curieuse et la buse résolue.
Mais il y a aussi tous les discrets,
du brin d'herbe au renard,
de l'écureuil à l'échancrure de terre.
Nous faisons multitude à l'unité du monde...
Il faut souligner les temps et enlacer les vents.
Braver les équilibres et tanguer tout autant.
J'irai toujours là-bas où s'empoignent nos chants.
Ceux de nos impertinences et de nos libertés...
Sait-il si c'est la nuit ?
Sait-il s'il reste du jour ?
Juste cette heure où le temps s'alanguit,
hésitant infailliblement.
Il faut d'un monde à l'autre partir
Il faut d'un monde à l'autre accueillir
Soleil et nuit sont migrants au fil des horizons.
Vient le soir, vient la fin du jour.
Consciencieusement, tendrement, il faut coucher le soleil, border la mer et raconter aux nuages des histoires de ressac, des contes d'aubes à venir.
Matin calme, l'oiseau vient me saluer.
J'ai les nouvelles du monde, le vrai.
Au rose dissipé il faudra rejoindre les hommes,
leur monde...
Le temps nous fait nuage et nous emporte au loin du vent.
Que restera-il d'hier ?
Pas même la mémoire des labeurs courbés.
Tout juste l'accroche de la couleur des pierres au regard du passant.
Chaque jour, l'aube m'offre la beauté d'une fragile certitude : la vie.
C’était la dernière nuit de l’année des hommes
Le chien et moi nous maraudions au lit des étoiles
L’île nous contait le fil du temps, de calmes tempêtes
La mer se faisait discrète pour nous laisser flairer le goût du ciel
Il faut parfois rester seul au monde, assis au rebord de la nuit
Pour savourer le murmure des siècles.
Il est des temps de grand calme
Il est des temps d’ombres douces
Il est des temps où la lune chuchote
Au creux de l’île, la mer calmait ses courants
Le clapot parlait à voix basse
Il me racontait les rêves des marins oubliés
Des contes d’horizons et de lents départs
Seuls les songes s’inscrivent à la surface de l’onde.
A l'angle des tempêtes
comme au rebord des éclaircies
partons à tire-d'aile.
Qu'importe, il faudra bien,
au soir,
se poser
et raconter nos solitudes
au souvenir de
ces lointains entrevus.
J’ai parfois les bouts du monde qui posent signature au fil de l’écume.
Les vagues, mémoire de l’autre rive.
Qu'est ce que l'ailleurs?
Le bout de mes pas?
Cet inconnu où courent les nuages?
La découverte après la crête?
Ou juste ce que je viens de laisser
derrière moi...
Ici, les fleurs sont entêtées.
Je suis en accord avec les fleurs de l'aride.
Elles ne fleurissent que pour chanter au grain des pierres
la couleur des saisons, le murmure du temps qui passe,
la couleur des espoirs.
Car la caillasse est indifférente au temps qui passe.
Il lui faut la douceur des fleurs pour mesurer l'importance
des éphémères à la dureté de l'éternité.
Comme le monde et l'individu.
Je retrouvais le temps des douceurs.
Au lavis du jour s’étirait l'heure précieuse.
L’équilibre du jour à la balance de la nuit.
J'aime cet instant où mon activité bascule à la rêverie.
Je laisse tout privilège aux ambitions humaines.
Le mien, unique, est d’être posé face au monde,
en quiétude...
C'était un jour de luxe, un jour à s'offrir le monde
Un temps à s'asseoir à la crête des nuances
Un instant de silence, un temps à ne rien attendre
Un temps à prendre la course des nuages
L'horizon à cache-cache et le ciel au cœur.
Je cours après de simples mystères. Ceux du vent, des pluies, de la lumière.
Je m'applique aux contes inaudibles,
de la chanson des feuilles au récit des pierres.
L'ombre parfois nous murmure la merveille.
Tendons le cœur aux simples histoires de la terre.
S'alanguissent les clairs obscurs
aux temps de brume.
Ce sont des heures hésitantes
des crépuscules irrésolus.
Des horizons suspendus,
sans attaches
aux fortunes indécises
d'îles en archipels,
sans plus aucune terre ferme.
Faudrait-il partir ou rester à quai?
Nul ne sait.
Nul ne dit
Nul ne songe.
Seul le vent ou la nuit
emporteront l'incertitude.
Il est des matins calmes, aux bleus étalés, aux îles promises
Il est des jours au monde
Il est des jours de mer
Il est des temps où la paix s'invite à l'ourlet du regard
Pour cajoler nos coeurs au soupir de l'instant.