L'esprit s'attache par paresse et par constance à ce qui lui est facile ou agréable; cette habitude met toujours des bornes à nos connaissances, et jamais personne ne s'est donné la peine d'étendre et de conduire son esprit aussi loin qu'il pourrait aller.
C’est plus souvent par orgueil que par défaut de lumières qu’on s’oppose avec tant d’opiniâtreté aux opinions les plus suivies : on trouve les premières places prises dans le bon parti, et on ne veut point des dernières.
Dans la connoissance des choses humaines, notre esprit ne doit jamais se rendre esclave, en s'assujettissant aux fantaisies d'autrui. Il faut étendre la liberté de son jugement, & ne rien mettre dans sa tête par aucune autorité purement humaine. Quand on nous propose la diversité des opinions, il faut choisir s'il y a lieu, sinon il faut demeurer dans le doute.