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Citations de Françoise Mallet-Joris (143)


Moi. - Pourquoi est-ce qu'on aurait du mérite ?
Vincent. - Et s'il n'en arrivait pas, de hasard ?
Moi. - Il y en a toujours.
Pauline. - Qu'est-ce que le hasard ? C'est les livres, le hasard ?
Moi. - Voilà. Pour moi, c'est les livres, le hasard.
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Moi, je n'ai pas de bibliothèque, j'ai des livres. Ce sont rarement ceux que j'aime, parce que ceux que j'aime, je les prête et on ne me les rend pas.
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- Vous savez ce qu'on a fait ? On lui a donné des forces pour souffrir, voilà tout.
Je n'ose pas lui répondre.
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Elle tourna vers moi son visage tragique, eut un geste d'impuissance. "Franca, si vous voulez, je prendrai quelqu'un pour quelques mois, et je vous trouverai une clinique pour vous désintoxiquer. - A quoi ça servirait-il ? murmura-t-elle. - Mais enfin, Franca, vous étiez contente ici, on s'entendait bien, vous aimiez bien les enfants..." Sans doute, semblait dire son regard noir, désespéré, mais qu'est-ce que cela pose, un sentiment, à coté de ce besoin de disparaître, de s'oublier, de s'anéantir ? même ses sentiments ne lui appartenaient pas. Elle était ç ce point dépouillée, pauvre de tout, sauf d'une certaine bonté, d'une pitié universelle et résignée, qu'elle inspirait une sorte de respect. Elle partit.
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Maman rencontre un ami sur le boulevard Saint-Germain;
- Vous avez l'air bien en forme.
- Oui, dit Maman, je viens de passer une nuit extraordinaire avec Confucius.
- Avec qui?
Maman est déjà repartie de son joli pas de jeune fille.
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Dolorès vit avec nous depuis quatre ans. Quatre ans coupés d'orages et d'interrègnes de femmes de ménage.
Dolorès: -il ne faut pas dire "Dolorès", comme en France. Il faut dire "Dolores". Ça veut dire "douleurs"; c'est le plus beau nom.
Moi: -Ah!
Dolorès: -mais comme c'est trop triste, on m'appelle "Lolo". C'est plus moderne, plus cinéma.
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Pauline:
-Est-ce que tu aimes Papa?
Moi:
-Oui.
Pauline: -pour toujours?
Moi:-mais oui!
Pauline: -peut-être tu te diras tout d'un coup: il a un trop grand nez.
Moi: -mais je n'aime pas Papa à cause de son nez!
-Pauline:-moi oui. J'aime beaucoup son nez. Mais peut-être je changerai d'idées.
Moi:- et qu'est-ce que tu feras alors?
Pauline: - oh! pauvre Papa! je ferai semblant.
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Qu'est-ce qui nous reste, en somme, d'une civilisation chrétienne de tant de siècles ?Le pire. Le culte du sacrifice sans joie, de la vertu sans but, le sens du péché sans le sens du pardon, un dolorisme qui paraît l'austère antithèse du plaisir, une horreur de la nature, de la vitalité, qui offense à chaque instant le dogme même de l'incarnation.
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Non, la femme qui se veut jeune à la façon d'une star, parée comme tel ou tel mannequin, mince ou l’œil en triangle comme le chroniqueur de mode le lui conseille, cherche à incarner une image plus qu'à plaire à un, à des hommes. Et, juste retour des choses, elles ne récolteront que des hommes qui aiment les images, et non les femmes.
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Et cet être est une femme, et cette femme devient belle ! L’histoire de Cendrillon a failli être vécue. Ne dit-on pas que Marie l’a inspirée ? Un peu de ruse dans sa pantoufle, et Cendrillon triomphait. Mais le conte devient amer quand le roi que l’amour a séduit par le plus noble instinct, le goût de la générosité, de la grandeur, de l’estime, laissera échapper l’amour à cause d’un amour moins beau qu’on lui présente, un amour qui fait des concessions.
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Marie sera chaste, femme, cette épouse errante sera fidèle. C’est dans cette rigueur qui jamais ne l’abandonne qu’on trouve l’ossature de sa vie, cette longue quête dont nous ne saurons pas l’aboutissement.
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Parce qu’elle n’a jamais faibli, elle n’est pas entrée à onze ans au couvent comme le voulait sa mère, elle a triomphé de sa gaucherie, de sa laideur passagère d’adolescente, de l’ignorance dans laquelle on l’avait laissée ; elle est devenue l’amazone infatigable, la danseuse pleine de grâce, la savante et presque la précieuse que célébra Somaize, sous le nom de Maximiliane ; par sa seule volonté bandée, sa fierté, son courage, l’enfant trop brune et mal aimée est devenue la jeune fille d’un roi.
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Quel sera le sort de Marie dans l’au-delà, nul n’en sait rien, mais sur cette terre elle aura le sort de ceux qui n’entrent pas dans le jeu, quelle qu’en soit la raison : la solitude.
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Elle ne joue pas, parce que le gain ne l’intéresse pas assez. Son bien le plus précieux, celui qu’elle a toujours préservé, l’enfant farouche, l’adolescente laide et méprisée, la jeune fille aimée d’un roi, c’est ce que Corneille eût appelé « sa gloire » et qui est tout simplement elle-même. Une image d’elle-même à laquelle elle restera fidèle jusqu’au bout, au prix de tous les sacrifices, et Dieu seul saura si c’était une image, ou un mirage, et si tous les biens terrestres de Marie Mancini, future connétable Colonna, auront été sacrifiés à l’achat de la perle unique de l’Écriture ou jetés en holocauste aux pieds d’une idole dérisoire.
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Ce jeune Louis XIV dont Marie Mancini est sûre qu’il sera le plus grand roi du monde, de ces rois dignes de Tacite et de Sénèque et pourquoi non ? aussi du Grand Cyrus et de L’Astrée. Un roi héroïque et galant, stoïque et érudit, bon cavalier, bon danseur et grand politique, bel idéal de jeune fille naïvement savante, instruite et ignorante, touchante dans son bel orgueil intact.
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Marie danse en face du roi, presque chaque soir. Marie participe à une loterie de bijoux, et gagne, bien sûr, des rubis magnifiques. Les machineries élèvent vers le ciel des nuages en carton : Marie, la malaimée, la malgracieuse, l’étrange et singulière enfant qu’il fallait reléguer dans un couvent, la jeune fille morose au front buté que refusait La Meilleraye, figure Vénus dans l’Olympe de pacotille que le bal suscite pour un soir. Elle figurera l’Été, le Siècle d’or, une Étoile, une Fée, une Déesse, et tout le monde le trouvera parfaitement naturel. Elle est transportée dans un monde incroyable où, tout à coup, elle règne.
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Cet automne achèvera la métamorphose de la jeune fille ; son teint mat s’est légèrement éclairci, ses formes un peu anguleuses s’adoucissent, sa nervosité d’enfant sensible et souvent froissée s’atténue. Finie la maladresse, disparu le mutisme gênant ; la cour s’aperçoit avec surprise de la radieuse beauté, soudain épanouie, de Marie.
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La faveur et l’amitié de Louis XIV ont été pour Marie un véritable miracle, le miracle qu’elle attendait depuis l’enfance et auquel elle avait presque renoncé. L’enfant malheureuse, orgueilleuse et sensible a tant rêvé de ce jour où enfin, on lui rendrait justice ! Elles ont été si longues, ces années d’obscurité, d’indifférence, où chaque jour apportait sa blessure. Les moqueries de sa sœur, l’hostilité de sa mère, le mépris tolérant du cardinal, et jusqu’à cette pitié qu’elle lisait dans certains regards, tout l’a repliée sur elle-même, sur cet espoir fou qu’un jour viendrait où, sans qu’elle eût à s’abaisser, on lui rendrait enfin une place digne d’elle. Ce jour était venu. Ce miracle s’était accompli. Sous le regard favorable de ce jeune homme qui était le roi, Marie s’était sentie délivrée de cette hostilité qui la paralysait.
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(...) ce roi enfin qui est encore très loin du monarque absolu, du Roi-Soleil des estampes, se découvre absolu tout au moins dans les yeux, et bientôt dans le cœur, d’une jeune amazone. Pour Marie, il est déjà le Roi-Soleil. Peut-il n’être pas fasciné par ce mirage ? Sans imaginer encore une idylle, c’est déjà une amitié qu’il ébauche avec la jeune fille mal aimée.
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Ses lectures enfin portaient leurs fruits. Dégagée de son obsession de déplaire elle se découvre une grande facilité de parole, et on la découvre. Quoi, cette Marie tant décriée sait le latin, le grec, a lu Dante et saint Augustin, Ovide, Sénèque et Le Grand Cyrus ! Parlant de tout cela son visage s’éclaire, ses yeux noirs sont admirables de feu, et elle en devient presque belle. Le « caractère singulier » qu’on lui reprocha tant cesse d’être une difformité pour devenir une originalité ; bientôt, ce sera un charme que cette ardeur qui la rend éloquente.

Chapitre 1
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