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Critiques de Franz Michael Felder (9)
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Scènes de ma vie

On doit en grande partie la diffusion de ce livre hors d’Autriche à cette courte préface du prix Nobel Peter Handke, écrite à l’occasion d’une énième réédition de cette remarquable autobiographie d’un de ces oiseaux rares — que l’on aimerait voir plus nombreux, hélas… — plébiscités en Russie comme au Mexique, en leurs temps révolutionnaires : le poète-paysan.



Felder en est un remarquable exemple au XIXème siècle ; floraison spontanée dans un environnement dont rien ne prédisposait… rendu très jeune infirme d’un oeil par l’un de ces médecins buvant même leur désinfectant ( mais dont le statut de notable dans ces sociétés rurales protégeait alors de réelles confrontations, les diplômes enfonçant l’ignorance… ), perdant par la suite assez vite son père, grand travailleur et pilier de cette communauté, élevé par une mère aimante et toute dévouée, endossant alors les lourdes responsabilités d’une exploitation agricole…



Sa personnalité fait de ce livre un morceau d’universel ; forcément différent, attiré dès le plus jeune âge par les livres, Franz Michael n’a eu de cesse de tenter de se conformer, malgré un inévitable poste de franc-tireur, aux normes et valeurs de son entourage, ne voyant point de salut hors de ce cadre, malgré les nombreuses tentations d’en sortir.

C’est même parfois à son corps défendant, face à ces grenouilles de bénitier, derrière le lourd voile des commérages — toutes ces mesquineries que l’humanité ne sait éviter — qu’il se retrouve trop souvent pointé du doigt.



Son art littéraire, passé la naïve poésie de sa jeunesse — dont il n’a presque rien conservé — s’est étalé des vers jusqu’à l'étude de moeurs, alors qu’il écrivait presque tous les jours, toute forme ayant grâce à ses yeux.

Cette autobiographie, publié de manière posthume, est considérée comme son chef-d’oeuvre, seule à traverser notre frontière. Son intérêt évident, passant outre sa seule provenance sociale, a convaincu un éditeur aux aguets tel Verdier à nous le rendre disponible.



On ne saurait que trop le conseiller, à l’heure où la « différence » est élevée au rang de valeur cardinale…
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Scènes de ma vie

Ce devrait être un livre beaucoup plus connu. Dont chacun aurais du au moins avoir entendu parler. C'était sans doute la première fois dans l'histoire qu'un homme ordinaire, un homme du peuple, un simple paysan, prenait la plume pour raconter l'histoire de sa vie.



Franz Michael Felder a vécu une vie fort différente des nôtres. Il ignorait ce qu'était l'électricité, l'eau courante, le moteur thermique. Il mit longtemps avant de savoir qu'il vivait dans un pays, quelque chose de plus grand qu'une vallée, et que le sien s'appelait Autriche. Il n'aurait jamais pu imaginer quelque chose comme un ordinateur, mais il avait une fureur de lire si grande qu'il y sacrifiait le peu d'argent qu'il avait, et qu'il allait parfois jusqu'à mettre sa santé en péril pour l'assouvir. Il était encore enfant quand son père disparut ; il vit aussi mourir brutalement la première jeune fille qu'il ait aimé, et lui même trépassa à trente ans, peu après son épouse.



Et nous, nous vivons sans fatigue au milieu de ce qui lui aurait paru un luxe et une abondance extraordinaire ; et nous ne croisons la mort que de loin en loin, quand elle le suivait pas à pas.



Et pourtant. Et pourtant, à lire ses mots, je me suis senti plus proche de lui que de bien des gens. Car il y a une chose qui n'a guère changé : le mépris pour les « intellectuels ». Le mépris de ceux qui parlent fort, boivent sec et marchent en troupe pour ces pauvres rats solitaires confits dans leurs livres. La méfiance envers celui qui, soudainement, exprime une idée qui sort du cadre local de pensée. Le dédain pour qui n'a pas l'activité physique au sommet de son pinacle...



Un écrivain qui fut reconnu grand de son court vivant, et qui devrait l'être bien plus. Si vous le lisez, vous découvrirez à quel point le monde c'est complexifié, et combien l'homme ordinaire est resté grossier.
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Scènes de ma vie

Au milieu du 19e siècle, au fin fond de la campagne autrichienne, Franz Michael Felder découvre contre toute attente le plaisir de la lecture, de la poésie et de l’écriture. De nos jours, ce brave petit gars aurait été encouragé à développer ses penchants intellectuels mais, autres temps et autres mœurs obligent, Franz Michael Felder est né dans un contexte où quiconque manifeste des ambitions intellectuelles supérieures à celles de sa classe sociale est considéré comme un individu suspect. Il sera d’abord découragé dans son enfance par un prêtre selon qui l’étude « détourne l’âme de Dieu », plus tard par ses proches qui croient que cet engouement exprime le mépris pour la classe paysanne à laquelle il appartient.



Encore une fois, ce témoignage nous rappelle que la littérature n’est pas une activité sociale et si aujourd’hui, nous pouvons éventuellement nous en tirer grâce à la légitimité dont elle s’est parée, ce n’était pas le cas pour Franz Michael Felder. Toute sa jeunesse, il s’est torturé pour savoir qui, de sa personnalité sociable et terrestre ou de sa personnalité solitaire et imaginative, devait remporter le combat du bien et de la moralité.





« Il devait être possible de réconcilier malgré tout la lecture et la vie, la pensée et l’action. »





Comme l’exprime Jean-Yves Masson dans la postface, « sa condition sociale n’est pas celle d’un marginal. Au contraire, c’est sa volonté de se hausser au-dessus de cette condition qui le marginalise au sein même de la classe à laquelle il appartient ». Franz Michael Felder est-il un joyeux qui s’est laissé contaminer par l’étrangeté qu’il découvre dans le livre, ou est-il un authentique intellectuel qui se persuade de ne pas l’être parce qu’il a compris que le sel de la vie, c’est de partager des expériences de vie concrète avec les autres ?





On ne peut pas être insensible à l’histoire de cette lutte intérieure et à la confession sincère de cet homme. L’inconfort dans lequel l’a jeté la littérature aura finalement décuplé ses forces vitales. Il œuvra ensuite toue sa vie contre les injustices sociales dont les paysans étaient alors victimes dans sa région. Mais la menace du prêtre ne disparaît jamais vraiment totalement, et le témoignage de ces « Scènes de vie » se justifie trop souvent, voire principalement, sur la trame exclusive de la moralité judéo-chrétienne.
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Scènes de ma vie

Il y a erreur, l'auteur n'est pas un certain Frédéric Felder mais Franz Michael Felder... Si quelqu'un sait comment modifier cette information fautive, merci à lui. D'autant que le livre est vraiment un chef d'oeuvre d'humanité, de fraternité, un récit vrai d'apprentissage écrit avec une rare élégance et superbement traduit.
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Scènes de ma vie

Dans Scènes de ma vie, classique de la littérature autrichienne, Franz Michael Felder raconte son enfance paysanne dans un petit village encaissé des Alpes autrichiennes, de sa naissance en 1839 jusqu'à son mariage en 1861. Dans un style poétique et précis, il évoque ses premiers émerveillements face à la magie des histoires qui lui ouvrent des mondes insoupçonnés et lui permettent de s'évader de son univers clos, physiquement par les montagnes et mentalement par le poids des traditions et de la religion. Il décrit avec justesse sa passion grandissante pour toute forme d'écrit, gazettes, almanachs, livres, achetés au prix de grands sacrifices, ses conflits intérieurs et ses efforts pour s'adapter à une communauté où la place de chacun est défini par sa naissance. Malgré quelques longueurs, on est séduit par l'honnêteté intellectuelle de l'auteur qui nous livre ici un récit d'apprentissage d'une grande profondeur humaine.
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Scènes de ma vie

La quête de Franz

Avant de lire cette merveille de la littérature autrichienne, lisez la postface et la préface où Peter Handke et Jean-Yves Masson vous livrent quelques secrets du livre que vous avez entre les mains.

Dès les premières lignes, j’ai eu l’impression de livre quelque chose d’unique.

Franz Michael Felder est né en 1839, en Autriche, et est mort prématurément en 1869, n’arrivant même pas à ses trente ans. Mort d’épuisement.

Pas difficile à comprendre au fil de ses scènes de vie, qu’il nous livre avec fougue.

J’ai eu la sensation que Franz était près de moi, je le voyais, l’entendais, vivait comme lui dans cette fin du XIXe siècle.

J’avais en tête la voix de Jacques Brel chantant Rêver (La Quête)

« Rêver un impossible rêve

Porter le chagrin des départs

Brûler d’un possible fièvre

Partir où personne ne part



Telle est ma quête. »

Né dans la famille Felder, paysans durs à la tâche.

Deux ans plus tôt, son frère aîné Joseph, est mort à la naissance.

Il en sera de même pour son cadet.

Très tôt on décèlera une tache blanche dans son œil droit. Problème qui sera aggravé par un charlatan qui interviendra et détruira son œil gauche.

Dans leur maison, la solidarité joue, sa tante souffrante sera là pour veiller sur lui, pendant que les parents travaillent très dur.

C’est la tante qui avait entendu parler de ce soi-disant docteur miracle, elle est revenue aussi malade qu’avant et Franz plus amoché, elle en gardera une grande culpabilité.

Si la vie est rude, ses parents se distinguent des autres par une éducation bienveillante.

« Aujourd’hui encore, tous ceux dont la chemise s’orne de l’initiale F — tous les Felder, donc — passent en quelque sorte pour de drôles d’oiseaux, des originaux par naissance. »

Les garçons sont censés aller travailler dès leurs onze ans.

« Mais ils ne calculaient pas du tout, ou alors au seul profit de leur enfant unique. Ils firent de moi un fils à sa maman bien joufflu, et m’entourèrent simplement, peut-être, d’un peu trop de soins. »

La vie à la ferme consiste en travaux des champs, l’élevage des vaches qui sont amenaient en alpage, le lait est transformé en beurre et fromages. Seuls revenus commerciaux.

Franz est en enfant curieux de la vie et des autres. Il est et restera différent par sa façon de voir plus loin.

Les vieux du village ne lui paraissent pas séniles mais sources de mémoire. Il est attentif.

« Sitôt qu’il commençait à raconter, je ne voyais plus ni les fenêtres calfeutrées de papier, ni les vieux murs tout couverts d’étranges images pieuses ; l’horizon s’ouvrait, vaste et dégagé. »

1848 Franz a neuf ans et il attend l’almanach avec une réelle impatience, car il est avide de lecture, mais livres et journaux sont réservés au curé et au maire. Les paysans n’ont pas besoin d’en savoir trop.

Mais cette joie de la lecture à la chandelle où il peut échanger avec ses parents et leur montrer sa passion pour le savoir.

« Je passais à la maison les plus belles heures qui soient. Je parlais beaucoup de mes lectures avec mon père et Marraine. »

Mais en février son père meurt brutalement.

Chagrin d’enfant mais attitude d’une grande dignité, inspirée de celle de son père exemplaire, que tous estimaient pour ses qualités et la justesse de son attitude en famille comme dans la vie du village.

Il continue à aller à l’école et à soulager sa mère de certains travaux.

C’est là que sa détermination à ne pas trahir cette vie de paysan, s’est ancrée.

Mais sa soif de connaissances est toujours là, à quatorze ans il termine sa scolarité, Certificat et Prix d’excellence en poche.

Cette soif inextinguible fait jaser, on le culpabilise en lui disant que ses aspirations seraient offensantes vis-à-vis de sa mère qui s’est sacrifiée pour tenir la ferme et lui transmettre.

Il économise en travaillant encore plus pour pouvoir s’abonner à un journal. C’est un évènement majeur, il est le seul à être abonné au village.

De l’enfant à l’homme, ces scènes de vie nous montrent combien il s’est consumé, entre sa loyauté pour le monde s’où il est issu et le monde de la culture qui l’aspire.

Il rogne sur son temps de sommeil.

C’est troublant voire envoûtant, ces scènes dans leur précision, dans chaque détail, chaque paysage, il y a une âme, un souffle, de la beauté.

L’écriture est magnifique et la traduction aussi, l’imparfait du subjonctif y souffle avec force.

Franz oscille constamment entre son devoir et ses aspirations, ayant sans cesse cette crainte de n’être qu’un propre-à-rien.

Mais il a une conscience aigüe de son époque, c’est un homme éclairé.

« Comment les choses pourraient-elles s’améliorer, si chacun courbait l’échine devant les traditions.

C’était un défaut, d’avoir des connaissances et d’user de son libre-arbitre. »

Il rencontrera son âme sœur, et c’est pour elle qu’il rédigea ce livre, un an seulement avant sa mort.

Pour sa Nanni, celle qui « ennoblissait tout ce qu’elle approchait ».

Une vie très courte mais d’une richesse exceptionnelle.

Quelle chance d’avoir eu accès à ce chef d’œuvre.

Une lecture aussi intense par le contenu que par l’écriture.

Un livre vraiment rare, et d’une grande actualité, il y a de l’intemporel et une application au monde paysan quel que soit le pays.

A lire et à conserver précieusement, car il restera en nous un peu de Franz.

©Chantal Lafon


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Scènes de ma vie

La poésie de Felder se révèle réellement lorsqu'il se penche sur son monde,

la description du fromager ,homme qui possède peu de mots est d'une justesse et d'une poésie sans pareil .A vous de le découvrir.

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Scènes de ma vie

magnifique, ce récit autobiographique est un véritable chef d'oeuvre de la littérature.
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Scènes de ma vie

Scènes de ma vie est un livre «inouï», selon Peter Handke qui précise dans sa préface à propos de l’auteur, l’Autrichien Franz Michael Felder, né en 1839 et mort avant d’avoir 30 ans : «Il écrit comme on fait la cour : il courtise une chose (un paysage), une altérité (un être humain), et même, en fin de compte, lui-même.
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