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Critiques de Fred Blanchard (216)
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Jour J, HS : Mai 68

« Et si »...



Numéro hors-série de la série BD uchronique « Jour J », qui refait l’histoire en se demandant "et si ça c’était passé autrement..." Édition spéciale Mai 68, publiée à l’occasion du cinquantenaire des événements et rassemblant les tomes 6 et 8 de la série.



Intitulés respectivement « L’imagination au pouvoir » et « Paris brûle encore », et augmentés d’un cahier didactique sur les "Journées de Mai", ces deux volumes ont pour point commun d’imaginer la suite de ces insurrectionnelles si elles s’étaient transformées en révolution institutionnelle et sociale.



Pêchant par leur manque d’originalité, car après l’ordre, devinez quoi, vient le chaos, elles ont tout de même l’intérêt de nous parler de ces événements majeurs sur un rythme enlevé et décalé. On se régale dans le premier des délires architecturaux d’une « imagination au pouvoir » qui est incapable d’inventer un nouveau modèle de société, et le dans le second, emporté par le souffle d’une guerre civile sanglante et destructrice impossible à maîtriser.



À lire donc, pour ceux qui s’intéressent au sujet, ou pour s’en approcher sous un autre angle plus coloré et dynamique. Dans tous les cas, tout reste à construire...

« Et si », donc, « Et si »...



Lu en avril 2018.
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Jour J, tome 1 : Les Russes sur la Lune !

Lancement d'une sonde par la Chine, sur Mars, le 23/07/20, Le Monde AFP.

"En cas de réussite, la Chine aura devancé les Etats-Unis"...





...Depuis leur échec sur la Lune: le 21/07/69, Apollo 11 avait explosé,

-"Le module Lem a été percuté par une micro-météorite", un minuscule caillou, au dessus de la mer de la Tranquilité.

"Un putain d'énorme rocher pour le programme Apollo." Dira un journaliste.





Le 19/09/69, l'URSS pose un vaisseau spatial, avant les Etats-Unis, titre le Magazine Paris Match. "Ils ont décroché la lune"

Les Russes avaient été les premiers sur la lune...





Théorie complotiste, gag ou... Uchronie? Et si...





Le président Nixon (con comme la lune!) relance la "guerre des étoiles". Mais sur l'astre lunaire, les passagers d'une Jeep lunaire américaine sont sauvés par les Russes. Un circuit de refroidissement d'air stoppe et les Russes doivent se réfugier chez les capitalistes.





La vodka coule à flots et on se partage les joints de canabis. Une cosmonaute russe montre sa pleine lune, et tome enceinte... d'un américain ! "Une lune de miel" pendant 9 mois...





Quand le pot aux roses est découvert, tout le monde tombe de la lune et la tension monte entre les Etats-Unis et l'URSS...

La cosmonaute Russe accouche, "l'enfant des etoiles" pourra-t-il sauver la Terre?





"Longue vie à l'URSS, mère patrie de tous les astres libres de la Galaxie." S'écrie Valentina Terechkova au moment de fouler le sol lunaire.





"Mmm, j'ai demandé à la Lune

Et le soleil ne le sait pas

Je me suis dit "quelle infortune"

Et la Lune s'est moqué de moi." Indochine.
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Jour J, tome 36 : Tout l'or de Constantinople

L'uchronie peut être un genre sérieux ; la revue Guerre et Histoire s'y est bien essayée dans un hors série, il y a quelques mois.



En bande dessinée, c'est sans doute plus compliqué. Car là, quand l'on se demande ce qui aurait pu se passer si..., on veut aussi broder et beaucoup, et le risque est que l'on finisse par tout mélanger.

Alors, si Venise est bien responsable du détournement de l'expédition en 1204, avec la prise de Constantinople par les Croisés, manipulés par la République de la lagune, peut-on imaginer que si, contre toute attente, l'Occident avait réagi à temps en 1453 et s'était uni pour porter secours à la capitale de l'Empire byzantin face à la menace turque, les "Grecs" auraient laissé venir les Européens pour mieux se venger de la traîtrise de 1204, une fois les Ottomans vaincus.

C'est un peu tordre l'Histoire dans un sens excessif. Et cela se voit, les ficelles sont grosses, surtout quand l'on vient introduire là-dedans un Vlad Dracul (l'Empaleur), qui se fait complice de cette vengeance byzantine - mieux, qui épouse les "querelles byzantines" - pour mieux laisser libre cours à sa cruauté insatiable, une cruauté qui viserait presque plus les Chrétiens (le prince de Valachie étant présenté ici comme un suppôt du diable), que les Turcs, considérés ici comme de simples ennemis, presque secondaires, dès lors qu'ils sont regardés comme vaincus (puisque l'on est dans une uchronie). Un peu tarabiscoté tout cela.

Le dessin est bon, l'imagination fertile, pour ne pas dire échevelée. Mais ce n'est pas de l'uchronie pure et simple. On est plutôt ici dans une grande fiction et l'on met en scène des personnages animés par des passions qui les enferment dans des comportements extrêmes. Enfin, l'on flirte avec l'irréel et la légende, comme par exemple avec cette disparition ou cette évasion finale de Vlad Dracul de la prison où il aurait été jeté. Cela finit vraiment trop brusquement. Tout cela parce que l'histoire imaginée est peu crédible. C'est dommage.
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Jour J, tome 36 : Tout l'or de Constantinople

Suite du tome 27, cette série alterne le bon et le moins bon, et c'est plutôt réussi, Vlad Drakul est plus sanguinaire que jamais, le récit est centré sur le comte Dracula, beaucoup plus que sur la chute de Constantinople.



Les auteurs ont visiblement pris du plaisir à faire de Vlad Drakul l'empaleur, un fou furieux fidèle à sa réputation.



Un bon moment de lecture, entre le tome 27 et 36 ce fut long à attendre. J'ai donc relu le premier puis enchainé avec le second.





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Jour J, tome 37 : Lune rouge 1/3

2019, les 50 ans des premiers pas sur la lune, c'est cet anniversaire qui a sans doute inspiré les auteurs de Lune rouge.



Situant leur intrigue en 1980. la révolution des soviets à gagner la partie. L'Europe de Gibraltar à la Sibérie est totalement sous le joug de l'URSSE, l'union des républiques socialistes soviétiques d'Europe.



La lune est colonisée dès les années 40!!!, où des prisonniers de droits communs et politiques extraits l'hélium 3, source principale d'énergie de la terre. Le goulag réinventé.



Les dessins sont sombres et fades mais très réalistes.



Ce qui est dommage dans cette série qui promettait beaucoup c'est qu'on est passé de l'Uchronie, à la science-fiction pure et dure.



C'est donc une trilogie qui débute, ce tome 1 ne m'a pas emballé mais comme je suis un entêté je lirai le second en espérant le meilleur...



Ce n'est que mon humble avis.













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Jour J, tome 35 : Les Fantômes d'Hispaniola

Toussaint Louverture a gagné sa guerre d'indépendance, mieux sa révolte à contaminer les Etats Unis où les esclaves et autres Indiens réussissent leur émancipation.



Le thème de ce tome 35 est très intéressant, malheureusement les dessins confus n'ajoutent rien à la compréhension et la magie vaudoue ajoute à la confusion bref même si l'idée de départ est bonne ce «les fantômes d'Hispanola» est un peu à l'image de cette collection de bonnes idées parfois des réussites et de gros ratés.

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Jour J, tome 40 : Le dernier mousquetaire 2/2

Jour J est une série au long cours qui traite d'un thème que j'adore, l'uchronie.Sa qualité est inégale mais avec ce double album c'est une réussite.



Le scénario est tout d'abord remarquable et plausible, en effet durant la fronde le jeune roi Louis XIV est assassiné...On sait qu'en réalité il n'en est rien mais il s'en est fallu de peu.

Donc un scénario bien mené et attrayant qui me réconcilie avec cette série.
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Jour J, tome 28 : L'aigle et le cobra

Ce tome 28 intitulé "L’Aigle et le Cobra" fait directement suite au tome 23 intitulé "La République des esclaves" : en mettant fins aux rêves de Spartacus et ses compagnons, le divin Jules avait tout gagné avant de tout perdre ! Devenu aveugle suite à la vengeance des orphelins de Syracuse, César s’est retiré de la fin politique romaine : Marc-Antoine qui a pris sa suite à la tête des populares (pour résumer les réformistes en faveur du peuple) a conquis la Gaule mais n’a pas franchit le Rubicon… Pompée toujours a la tête des optimates (pour résumer les connards conservateurs au service des crevards élitistes voire suprématistes) a les coudées franche à Rome où il règne en maître depuis la fin du triumvirat, ce monstre à trois têtes… Envoyé en Orient par le Sénat, il revient à Rome désormais allié à Cléopâtre la Reine d’Egypte dans un il devenu le consort (là j’ai tiqué, voyant difficilement Pompée qui a mis tant de temps à transformer en fiefs les riches provinces d’Orient laissé son principal antagoniste risque de mettre la main dessus). Le Sénat est divisé entre extrémistes persuadé que la guerre à outrance est préférable aux partages du pouvoir, des terres et des richesses, et modérés persuadé que tout est préférable à une guerre civile dont Rome ne pourrait pas se relever : un émissaire est chargé de convaincre le divin Jules d’d’effectuer une conciliation avec Marc-Antoine en se présentant conjointement avec lui au consulat désormais trusté par le seul Pompée…

Quand j’ai feuilleté la BD je n’étais pas du tout emballé, mais mes amours de l’Antiquité et de la Série B l’ont emporté ! Tant mieux, car je me suis pris au jeu de ces fantastiques games of thrones romains de la période tardo-républicaine : passionnants à suivre en fiction mais horribles à subir IRL… Marc-Antoine ressemble visuellement et psychologiquement à Spartacus : courageux, énergique voire héroïque, coincé entre des ennemis acharnés et des alliés douteux, sollicités par des ambitieux dangereuses, tourmenté par le souhait de trouver la meilleure possible pour ceux dont le destin tient entre ses mains… Dans le tome 23 César était le vilain, mais ici il le héros : il sait qu’il est un pion mais ambitionne de redevenir un acteur du grand jeu du pouvoir. On suit également les trahisons haïssables de Brutus et les manigances flippantes d’Octave, les auteurs ont choisi de faire de la reine égyptienne qui a toujours été une européenne blanche une africaine noire, du coup on se retrouve avec une très cool héroïne de blacksploitation, et mention spéciale au personnage WTFesque du sicaire germain et de son très kitch casque à corne qui se lance dans la baston en beuglant BEUARGH !!! ^^



On se dit que comme dans le tome précédent on multiplie des divergences uchroniques pour que l’Histoire retombe sur ses pieds, mais non finalement…



Au final un sympathique peplum uchronique, qui n’oublie pas de respecter les codes du genre en incluant des combats de gladiateurs sanglants, une course de chars hollywoodienne, et tout un tas de scène d’action et de twist de bonne facture… Dommage que les graphismes de Fafner soient inégaux et hétérogènes à tous les niveaux, associant le bon et le moyen, le beau et le laid, avec des expressions parfois réussies, parfois figées et/ou grimaçantes, des cases basiques et des planches dantesques… Oui bien dommage que cela !
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Jour J, tome 31 : Le Prince des ténèbres 3/3

Fin du triptyque « et si le 11/09/2001 n'avait pas eu lieu », cette série a eu des tomes formidables et des moins bons. Celui-ci fait partie de la seconde catégorie, le scénario est bien fichu mais alors les dessins... pas pour moi. Dommage...

Ceci n'est que mon avis.
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Renaissance, tome 1 : Les déracinés

Ils ont développé une poétique et une expression artistiques des plus subtiles.

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Ce tome est le premier d’une trilogie qui constitue le premier cycle de la série. La première édition date de 2018. Le scénario a été écrit par Fred Duval, les dessins et la mise en couleurs réalisés par Emem, et le design par Fred Blanchard. Il s’agit d’un tome en couleur comprenant cinquante-six planches. Il se termine avec deux pages d’études graphiques sur les chasseurs origames, les porteuses (des centres de production des machines et transport de troupes), un pick-up classique utilisé sur la planète Näkän, un glisseur destiné aux déplacements terrestres, une structure de combat intelligente terrienne, un véhicule tout-terrain intelligent terrien, la combinaison de combat des forestiers de Näkän, la combinaison des pompiers terriens, le scaphandre spatial des forestiers, un mâle du peuple Näkän. En toute fin, le lecteur découvre les deux premières planches du tome 2, en noir & blanc.



La Terre en 2084, la Tour Eiffel a les pieds dans l’eau, et quelqu’un est en train de pêcher alors qu’au fond de l’eau se trouve des carcasses de voitures, des arbres submergés, un banc, une chaussée. Un poisson s’avance intrigué par l’hameçon. Il est violemment tiré hors de l’eau par le pêcheur qui se trouve au premier étage de la tour. Des bateaux circulent sur le fleuve, un ponton permet d’accéder aux deux derniers étages d’un immeuble dont tous les autres sont sous l’eau, deux petits vaisseaux flottent dans les airs, une vingtaine sont amarrés à différents endroits de la tour. Iouri est en train de faire cuire son poisson sur un barbecue, pendant que sa femme Hélène écoute les nouvelles à la radio. Les gouvernements européens se cachant pour éviter les attentats, le Sahara déclaré zone invivable, les Italiens les pieds dans l’eau, la nouvelle crue de la Seine, les combats entre la Californie et l’Oregon, les bombardements des derniers puits de pétrole au Texas…



Hélène rejoint son mari et leur fille pour manger sur un banc. La fillette ne veut pas aller à la montagne parce qu’il y a sa cousine Chloé qu’elle n’aime pas, elle préfèrerait aller au Mali. Un homme arrive en courant : deux cas de fièvre au niveau du pilier Ouest, c’est la mise en quarantaine. Des bateaux arrivent pour arroser les piliers de flammes afin de les stériliser. Soudain tout le monde lève la tête pour découvrir ce qui génère une ombre gigantesque. Au Texas près de Fort Worth, Iouri Hamilton interrompt ses enfants dans leurs jeux car il est temps de partir. Leur mère Liz vient leur dire au revoir alors que leur père les installe dans la voiture. Elle est pompier et elle dirige une partie de l’équipe qui lutte contre les incendies qui ravagent le complexe de raffineries. Les incendies sont hors de contrôle, d’une ampleur inouïe. Trois énormes structures de combat approchent. Liz et ses collègues évaluent leurs chances : soit ce sont les nordistes et il sera possible de négocier avec eux, soit ce sont des machines qui quadrillent la région et qui n’ont plus d’empathie pour l’espèce humaine. Soudain tout le monde lève la tête pour savoir ce qui provoque une ombre gigantesque sur la zone.



Il existe plusieurs sortes de science-fiction entre celle qui n’est qu’action spectaculaire dans l’espace ou sur des planètes exotiques, et celle qui est plus une projection vers un avenir lointain construit avec soin, révélant d’autres facettes de l’humanité par le prisme de cette étrangeté. Le premier contact avec cette série s’opère par le truchement de la couverture : spectaculaire comme il se doit, mais aussi déconcertante avec cette silhouette qui avance vers le lecteur, sans arme, sans agressivité, avec une mise en couleurs très sophistiquée. Le lecteur découvre alors la première page : des dessins descriptifs avec un bon niveau de détail et une forme de réalisme qui permet d’identifier les éléments très concrets comme les arbres ou la voiture, avec une touche d’anticipation. La mise en page prend la forme de cases sagement alignées en bande, parfois avec une case pouvant mordre sur la bande du dessous ou du dessus, et régulièrement des cases de la largeur de la page pour une vision panoramique. La mise en couleurs s’avère riche, avec un parti pris naturaliste, rehaussé par des effets spéciaux mis en œuvre avec parcimonie et pertinence. Par exemple, la teinte verdâtre de l’eau dans la séquence immergée en première page, les flammes de l’incendie ravageant le complexe de raffineries, les masses nuageuses autour du globe terrestre vu de l’espace, quelques explosions, les effets de miroitement à la surface des masses liquides.



Le lecteur constate que l’implication de l’artiste ne diminue pas au fil des pages : le niveau de détails descriptifs restant au même niveau de la première page à la dernière. Emem dessine des personnages normaux, à la physionomie variée, sans volonté de les embellir, ou de les affliger d’une trogne patibulaire. La direction d’acteur s’inscrit elle aussi dans un registre naturaliste, sans exagération de mouvement ou d’expression de visage. Les extraterrestres sont de type humanoïde, avec une stature un peu plus grande que celles des êtres humains, et des caractéristiques différentes qui se limitent essentiellement à la forme du crâne et à la couleur de peau. Sur la base du design de Fred Blanchard, le dessinateur montre un monde très familier rehaussé de quelques avancées technologiques d’anticipation, par exemple pour les véhicules. En ce qui concerne les extraterrestres, la forme des vaisseaux spatiaux est à la fois simple et originale, la faune et la flore de la planète Näkan sont exotiques, tout en permettant d’identifier sans aucune difficulté les zones terrestres, les zones aquatiques, et les constructions artificielles. Le lecteur ralenti sciemment son rythme à plusieurs reprises pour prendre le temps de savourer une vue impressionnante : la Tour Eiffel les pieds dans l’eau, l’avancée de trois structures de combat sur pattes, la découverte de l’immense vaisseau spatial, la faune et la flore d’une zone sauvage de Näkan, l’offrande des amphibes aux volatiles, les jardins suspendus de Känalä, les vaisseaux survolant Paris, la cellule d’Hélène, les deux créatures amphibies glissant dans les eaux de la banlieue parisienne.



Hélène est en train d’écouter la radio et les nouvelles donnent une image catastrophique de la situation : gouvernements en fuite, centrales nucléaires arrêtées ou éventrées, zone déclarée invivable, inondations, grippe chinoise, etc. La frontière est mince avec la réalité contemporaine, mais les conséquences sont plus concrètes : Paris inondé, feu de raffinerie incontrôlable, guerre civile localisée. Dans ce futur proche, les auteurs mettent en scène deux femmes, une Française et une Américaine, et un couple extraterrestre, affecté dans deux unités d’intervention différente. Les dessins donnent à voir les lieux et les personnages de manière tangible, permettant au lecteur de se projeter dans ce futur proche. Il prend le temps de regarder les vaisseaux spatiaux et d’apprécier leur forme et la logique sous-jacente, ainsi que les extraterrestres, la faune et la flore de la planète Näkan. La qualité de ces descriptions met également en évidence que lesdits extraterrestres sont humanoïdes, ce qui assure une compatibilité bien pratique pour leur évolution dans des constructions et des véhicules humains et réciproquement. Cela produit également l’effet d’ouvrir l’appétit du lecteur, un peu le revers de la médaille. À quoi ressemble les autres planètes de la Fédération ? Quelle est la situation dans d’autres régions de la Terre ? Comment la civilisation humaine a-t-elle pu développer des véhicules plus performants, et conserver des raffineries aussi datées ? Et puis, c’est quoi le sens de ces deux cases consacrées à une sorte de crabe qui brise une sorte de coque dans une de ses pinces, en planche 28 ?



L’humanité n’a pas su rectifier le tir dans sa manière d’habiter la Terre, et elle court à sa perte. Une coalition de planètes extraterrestres a décidé de lui venir en aide, mais sans la coloniser. Le scénariste et concepteur graphique ont choisi de faciliter les choses avec des races anthropomorphes, respirant le même air, et disposant de traducteurs universels. Pratique. Pour autant, le déroulement se fait de manière plus délicate. Ce n’est donc pas l’humanité triomphante qui va sauver des pauvres extraterrestres, mais l’inverse. Les êtres humains ne peuvent pas tous croire en la bienveillance désintéressée de ces sauveurs, même si les faits le prouvent. Les auteurs savent introduire un léger décalage entre la façon de se comporter des humains, et celles des militaires de la Fédération. Il se produit quelques escarmouches, avec quelques morts, en nombre maîtrisé, mais quand même des morts. Il y a le mystère de la disparition du mari et des enfants de Liz Hamilton. Le lecteur arrive à la fin de ce premier tome, et il constate que la coupure se produit sur un suspense, mais que le découpage n’est pas vraiment celui d’un chapitre ou d’une unité. La quatrième de couverture annonce une histoire en trois tomes, et le contenu du premier donne l’impression qu’elle a été conçue pour être racontée d’un seul tenant.



La couverture ne permet pas de se faire une idée de la branche de science-fiction dans laquelle s’inscrit le récit. Les auteurs savent donner corps à leur monde d’anticipation tout du long du récit, progressivement, sans assommer le lecteur par des lâchers d’exposition massifs. Fred Blanchard & Emem ont conçu et mettent en scène des décors et des véhicules détaillés, pour une narration descriptive tangible et palpable. Le scénariste inverse le schéma colonialiste de l’humanité exportant les bienfaits de sa civilisation vers d’autres mondes, ainsi que celui d’une race conquérante venant asservir une race moins évoluée. Il est très intrigant de voir l’humanité faire l’expérience d’être aidée, parce que moins mature et moins responsable que les visiteurs. Il est parfois un peu frustrant de ne pas pouvoir se faire une idée plus claire de la situation générale sur Terre.
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Jour J, tome 1 : Les Russes sur la Lune !



Il y avait longtemps que j’étais attiré par cette série originale : que ce serait-il passé si…..

Avec ce premier tome, emprunté à la médiathèque, je n’ai pas été déçu….

Oui, notre vie, nos vies à nous tous, ne sont que des chemins le long desquels se présentent sans cesse des carrefours, des choix, des hasards.

Nos vies à tous sont entremêlées, liées, interdépendantes.

Voici au moins le mérite évident de cette série : nous faire réfléchir. Et c’est très bien.



Mise à part cette réflexion hautement philosophique, ce premier volume nous conte une histoire, plausible, avec du suspens, de l’humain dans toute sa laideur et sa splendeur… de l’humain quoi !

Et ça aussi c’est très bien.

J’ai déjà repéré que la médiathèque avait toute la série dans ses casiers…..
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Jour J, HS : La révolution russe

À l'occasion du centenaire des révolutions russes de 1917, les éditions Delcourt rééditent, en un seul volume, deux tomes consécutifs et complémentaires de la série Jour J. Cette collection, initiée par Fred Blanchard accompagnés par Jean-Pierre Pécau et Fred Duval, se fonde sur des récits historiques et uchroniques bien documentés.



Les tomes « Septembre rouge » et « Octobre noir » partent d'un postulat simple à l'écrit mais compliqué dans les faits : "et si la révolution russe d'octobre 1917 n'avait pas été bolchévique, mais anarchique ?" Pour autant, ce postulat n'est pas le point de départ mais plutôt le point d'arrivée du récit proposé ; il ne faut donc pas s'attendre à aller plus loin que la fin de l'année 1917. C’est dommage car cet intitulé peut le faire penser à tort. Pour le reste, les deux albums sont tout à fait complémentaires : mise en place du contexte européen et de l’intrigue dans le premier tome et enchaînements de péripéties révolutionnaires dans le deuxième tome. L’exercice est intéressant, mais il est difficile de vraiment saisir la subtilité du changement, car les choix scénaristiques risquent de ne pas être très parlants à ceux qui ne connaissent déjà pas le véritable déroulé des révolutions russes de 1917. Méfiance donc au moment d’aborder ce diptyque, pourtant diablement intéressant.



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Jour J, tome 33 : Opération Downfall

Visiblement les auteurs se sont amusés, on sent qu'ils ont pris un réel plaisir dans ce « road movie atomique » et manifestement c'est contagieux. Les dessins me font penser aux tableaux d'Edward Hopper. Le scénario m'a beaucoup surpris et finalement l'ensemble est une réussite même si l'uchronie décrite me semble plus qu'improbable.
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Jour J, tome 1 : Les Russes sur la Lune !

Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d’éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l’hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C’est dans cette optique qu’après la collection "Sept" les éditions Delcourt ont continué à dégainer avec la collection "Jour J" dédié aux uchronies !

(mais il y a un truc chiant avec cette dernière, c’est qu’à chaque nouveau tome ne sait pas s’il s’agit d’un one-shot ou la première partie d’une minisérie)





Dans ce tome 1, intitulé "Les Russes sur la lune !", le point de divergence est le 21 juillet 1969 : la mission Apollon 11 est un échec cinglant, et finalement ce sont les Soviétiques qui posent les premiers les pieds sur la Lune. Du coup la course à l’espace n’a jamais cessé et la Détente n’a jamais vraiment eu lieu…

Le récit se déroule dix plus tard : après le Vietnam, c’est l’Afghanistan qui devient un bourbier pour les Américains qui sont persuadés que la présence des popov dans l’espace est la cause de tous leurs déboires. C’est dans un contexte très tendu que l’URSS envoie un Steve McQueen slave et un nouveau commissaire politique dans la station Galaktika, et que les USA envoient un G.I. Joe parano et un médecin dans la station Eagle. Il s’avère que parmi les nouveaux venus, les coincés du cul pètent les plombs devant le flower power et le peace & love de leurs troupes, avec troc de vodka spatiale contre de l’herbe lunaire, et rapprochements très intimes prohibées par les règlements et l’idéologie officiel…

Jimmy Carter et Leonid Brejnev jouent à celui qui la plus grosse et se lance dans une petite guerre dont personne n’est censé ressortir vivant. Devant la mort du « bébé des étoiles », c’est un tollé mondial qui demande de désarmement mondial alors que l’effondrement de l’URSS intervient avec 10 d’avance, Eltsine et Poutine s’étant entendus comme larron en foire pour tirer les marrons du feu.



Un one-shot bien sympathique, mais qui en raison de sa nature pâtit de l’enchaînement trop rapide des événements. Les graphismes de Philippe Buchet, assisté de Walter aux couleurs, sont satisfaisants, et c’était bien vu de piocher dans le monde du cinéma pour réaliser les tronches des personnages… (mention spéciale aux clins d’œil à George Lucas et Stanley Kubrick ^^).

De la bien agréable Série B, mais si vous cherchez le nouveau "Maître du Haut Château" ou le nouveau "Chroniques des années noires" et bien passez votre chemin… blink
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Renaissance, tome 1 : Les déracinés

Le graphisme est réaliste dans les premières pages, mais déjà dès la deuxième planche, la vision futuriste de la Tour Eiffel est assez impressionnante et laisse présager du très bon pour nos mirettes. Puis on va sur une autre planète, les décors, les couleurs sont magnifiques, c’est du grand spectacle, baroque, imaginatif. Le scénario est aussi assez solide : l’humanité en est à sa fin, guerre, maladies, catastrophes, des puissances extraterrestres décident d’intervenir pour sauver l’humanité. Ce premier tome met en place les différents protagonistes, cela laisse présager une suite de qualité.
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USA über alles, tome 3 : L'ombre rouge

Mai 1948. Au-dessus de la mer Baltique.



Des dizaines de bombardiers lourds américains sont en mission pour aller bombarder l’URSS. Des trainées dans le ciel font penser à des chasseurs… Mais lesquels ? Amis ? Non ! Russes ? Il paraît qu’ils n’en ont plus…



Critique :



Pour rappel, ceci est une uchronie. Les Américains et les Anglais ont décidé de s’allier aux Allemands pour arrêter les Soviétiques. La France est occupée par les Américains qui y font régner leur loi. Un ingénieur français de génie, Bloch, devenu Dassault après sa libération, le nom juif n’étant pas spécialement en odeur de sainteté, conçoit un bombardier à réaction révolutionnaire à tout point de vue. Il doit voler plus haut et plus loin ! Il est équipé d’affûts quadruples de .50 dirigés par radar. Les Américains ont un urgent besoin de cet appareil car ils ne peuvent continuer à subir les pertes gigantesques occasionnées par les chasseurs à réaction russes… Et surtout par leurs missiles sol-air. Il reste un tout petit problème à résoudre : pour que cet avion puisse voler vraiment vite et loin, il faut lui procurer un nouveau carburant que les chimistes allemands peinent à mettre au point…

Du côté soviétique, si tout est rouge, tout n’est donc pas forcément rose… Béria voudrait mettre fin à la guerre mais le camarade Staline est tout à sa soif de conquêtes et veut toute l’Europe pour lui. En plus, le « petit père des peuples » est paranoïaque. Combien de temps Béria va-t-il encore vivre avant que Staline ne décide de l’éliminer comme tant d’autres ?



Et l’extraordinaire pilote français, Nicolas Charlier, réapparu mystérieusement à la frontière finlandaise, ne cacherait-il pas des choses en plus d’être alcoolique et de faire usage de la drogue ?



Ce troisième opus semble être le dernier de la série. Si c’est le cas, il a été expédié assez rapidement. Pécau livre un scénario qui a une base intéressante, mais il y a comme des manques, trop d’étapes auraient mérité un traitement plus détaillé.



Les dessins de Maza ne sont pas ce qui se fait de mieux actuellement, sans doute parce qu’il dessine beaucoup et qu’il n’a pas le temps de fignoler.

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Jour J, tome 32 : Sur la route de Los Alamos

Avoir un avis sur ce premier tome n'est pas évident, ça part un peu dans tous les sens. la rencontre du « papa  de little boy » et du célèbre écrivain J. Kerouac dans un « road movie » poursuivit par les services secrets et même E.Ness. Bref …. Avec en filigrane un début de commencement de justification de l'utilisation de la bombe atomique !!!

Je vais me faire un avis définitif après le second tome...
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Renaissance, tome 1 : Les déracinés

Notre amie Fifrildi m’a suggéré de lire ce tome 1 alors que j’avais un trou dans mon agenda de lecture.

C’était plutôt une bonne idée. Ce n’est pas la première histoire que je lis (ou vois) où des extraterrestre viennent aider une humanité en proie à une apocalypse, mais c’est la première vue par les yeux des extraterrestres eux-mêmes.



La civilisation extraterrestre multi espèce présentée est un poil décevante dans la mesure où elle ressemble beaucoup à une société humaine. Il y manque un peu d’étrangeté à mon goût. On a cependant la vision d’un rituel de la planète Näkän, où le futur marié se doit d’abattre de ses mains trois bestiaux sauvages avant d’avoir le droit d’épouser sa bien-aimée. A côté de ça, leur technologie est exceptionnelle. On trouve aussi une beauté exotique formidable et étrange dans les décors naturels de cette planète.



La Terre et son humanité sont effectivement dans la panade, telle qu’on peut l’imaginer dans un futur proche : dérèglements climatiques et réduction des ressources entrainant toutes sortes de conflits et d’épidémies. J’ai adoré la vision de la tour Effel entourée d’eau.

Ces humains ont redéveloppé le goût de la violence et l’arrivée des extraterrestres ne va donc pas aller sans heurts. Il faut dire que ces derniers s’imposent. Leurs actes ressemblent à ceux d’une ONG qui auraient les moyens d’éliminer brutalement les menaces représentées par ceux qu’ils viennent sauver.



J’ai hâte de lire la suite des aventures des deux tourtereaux « Näkäniens » Swänn et Sätie. Mais malheureusement ce ne sera pas pour tout de suite.

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Renaissance, tome 1 : Les déracinés

Je ne suis pas très fan du genre post-apo mais le pitch de cette bande dessinée m’a bien accrochée.



Nous sommes en 2084, une expédition menée par une fédération de civilisations extraterrestres décide de mener une expédition sur Terre qui est menacée d’extinction.



Swänn et Sätie sont originaires de la planète Näkän, ils viennent de se marier et font partie de l’aventure. Ils vont être malheureusement séparés : Swänn doit aller au Texas et Sätie à Paris.



On imagine bien que l’arrivée des aliens ne va pas être accueillie avec bienveillance. La montée des eaux, les guerres, les épidémies, … la Terre est une véritable poudrière. Tout le monde est à cran.



« N’ayez crainte, nous sommes Renaissance ! »



Je me pose des questions sur leurs intentions véritables…



Côté graphismes, les personnages ne me plaisent pas trop. J’imagine que les traits traduisent le stress et les conditions de vie dans un tel contexte.



Par contre, j’ai beaucoup aimé les dessins et les couleurs de la planète Näkän.



L’histoire ne fait que commencer, j’ai hâte de lire la suite.









Challenge BD 2024
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Renaissance, tome 3 : Permafrost

Nous ne sommes plus seuls et il va falloir apprendre à partager.

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Ce tome fait suite à Renaissance, tome 2 : Interzone (2019) qu'il faut avoir lu avant. Il est le troisième d'une trilogie qui constitue le premier cycle de la série. La première édition date de 2020. le scénario a été écrit par Fred Duval, les dessins et la mise en couleurs par Emem, et le design par Fred Blanchard. Il s'agit d'un tome en couleur comprenant cinquante-quatre planches.



La nuit, des vaisseaux extraterrestres arrivent au-dessus du mur érigé à la frontière des États-Unis et du Mexique, et commencent à le démanteler, pan par pan. Les Américains regardent le spectacle, soulagés par le fait qu'ils vont pouvoir entrer au Mexique et y demander la qualité de réfugiés. Pendant ce temps-là, le journaliste de Radio Paris continue d'annoncer et de commenter les nouvelles. Trois jours que l'expédition Renaissance a débarqué, et ils ne chôment pas : les vaccinations contre la fièvre ont commencé, alors qu'il n'y a toujours aucune nouvelle des grands de ce monde, ou de ce qu'il en reste. Pas un appel à collaborer ni à résister. Des centaines de Texans sont traqués depuis des mois par des machines commandées par des algorithmes hostiles. La chute du mur de Donald, abattu par les vaisseaux. Les Mexicains ne sont pas rancuniers. Les extraterrestres aident les Américains à traverser le Rio Grande à un endroit de faible profondeur, pendant que leurs vaisseaux se battent contre les machines de guerre commandées par les algorithmes.



Dans une zone désertique du Texas, Swänn pilote à fond la caisse un véhicule sur coussin d'air, avec Liz Hamilton à ses côtés. Ils sont poursuivis par un autre véhicule flottant avec à son bord un groupe de Skuälls qu'ils ont surpris en plein activité illicite de contrebande, leur présence étant même prohibée par le Complexe. En son for intérieur, Swänn se dit qu'il est un forestier du clan de Känalä, qu'il vient de la planète Näkän. Ses trois premiers jours sur Terre ont été très compliqués : il a retrouvé Liz Hamilton qui était partie sans autorisation à la recherche de sa famille, portée disparue au milieu du Texas. Il n'a pas encore pu lui dire la vérité. Il y a eu un terrible accident lors d'un saut temporel. le rapport d'interzone est sans appel : son mari et ses filles sont décédés. Il faut qu'il lui dise. Mais pour l'instant, il faut s'occuper des Skuälls à leurs trousses, car ces derniers n'hésiteront pas à les tuer. Swänn engage l'autopilote, ordonne à Liz de rester dans le véhicule. Il se lève, se retourne et saute sur le véhicule de leurs poursuivants. L'un d'eux sort de l'habitacle et un combat à main nue commence. Swänn réussit à blesser son adversaire, mais celui-ci le déconcentre et l'envoie valdinguer à terre. Puis le véhicule skuäll effectue un saut. Swänn se relève et effectue des prélèvements du sang skuäll pour stockage et analyse à verser au dossier. Puis il revient vers Liz et l'informe qu'il faut qu'il lui parle.



Le scénariste reprend le même dispositif que pour les deux premiers tomes : l'éditorialiste de Radio Paris qui commente l'actualité, ce qui permet au lecteur de se rafraîchir l'esprit sur la situation. Il se dit que les auteurs ne perdent pas de temps puisque que ce n'est que le troisième jour de la présence des extraterrestres. Il sourit quant à l'événement du moment : la destruction du mur qui fut maintes fois promis par le quarante-cinquième président des États-Unis, à la fois pendant sa campagne électorale, à la fois pendant son mandat. Il y a là une inversion savoureuse et moqueuse de la situation : les citoyens américains se retrouvent coincé par ce mur, dans leur pays devenu invivable. À nouveau le design de Fred Blanchard et les des dessins et les couleurs de Emem font des merveilles : la scène nocturne, le recul de la prise de vue qui donne à voir l'ampleur de l'intervention, les individus sans défense ne sachant où se réfugier dans ce no man's land, le dessin en pleine page qui montre une vue générale avec un horizon lointain, les combats désincarnés en arrière-plan entre des machines.



Cette raillerie contre le mur tant évoqué par Donald Trump rejoint les discrètes remarques sur des sujets d'actualité déjà présentes dans les tomes précédents. S'il y est sensible, le lecteur en relève d'autres sur les vaccins, les réfugiés, la prolifération des armes nucléaires, le racisme, les budgets serrés, livrer des criminels à la justice du pays concerné, le réchauffement climatique, le braconnage, l'histoire des Indiens, des conquistadors et la variole. Elles n'agissent pas comme un prétexte plaqué artificiellement, mais participent à la situation, envisagées avec le recul généré par un récit d'anticipation. L'auteur ne prêche pas : ce sont des éléments de l'intrigue qui reflètent l'époque contemporaine, comme cette fièvre (pourtant imaginée avant) évoquant la situation générée par la pandémie de COVID-19, les réfugiés qui doivent être accueillis, ou encore le réchauffement climatique et la consommation irraisonnée des ressources de la planète Terre par l'humanité. Ils agissent comme des échos du temps présent, allant d'un usage très littéral comme la pandémie, à une mise en abîme moins immédiate comme la problématique de livrer des criminels après arrestation, à la justice dont ils sont des ressortissants. En toile de fond, la trame du récit agit également comme une mise en abîme : que faudrait-il pour que l'humanité accepte l'action de sauveurs ? Ou plutôt le récit semble dire qu'il faudrait que la situation ne soit plus préoccupante, mais catastrophique, pour que l'humanité se retrouve au pied du mur et doive changer ou périr.



La deuxième séquence change de nature : une course-poursuite et un affrontement physique en trois pages. À nouveau le lecteur est complètement pris par la narration visuelle : l'environnement désertique, la texture des roches, la faible luminosité de la nuit, la forme des véhicules en cohérence avec ceux vus dans les tomes précédents, le découpage de la séquence pour rendre compte de la vitesse, de la prouesse physique de Swänn, du corps à corps. À la fin de ce tome, c'est au tour de ce dernier de traquer les fuyards, cette fois-ci dans un bayou. Là aussi, l'artiste apporte un soin visible à rendre compte de la végétation, à concevoir un plan de prise de vue qui mette en valeur l'action et les stratégies de camouflage dans les arbres et les buissons, avec des essences d'arbre identifiables. le lecteur s'en retrouve presque surpris, car il ne s'agit pas d'une histoire fonctionnant sur des scènes d'action spectaculaires. D'un autre côté, cet extraterrestre fait partie d'une force d'intervention militaire, et il est entraîné pour ce genre de situation. le lecteur se souvient qu'il l'a vu pratiquer la chasse dans une zone sauvage sur sa propre planète.



À la page 18, le lecteur se retrouve sur la planète Näkän, dans l'aire urbaine de Känalä, à assister à un entretien diplomatique délicat entre Lisä, une Nakän, et Gäry un Skuäll. L'artiste réalise des décors tout aussi soignés, que ce soit pour la faune, la flore ou l'architecture des bâtiments. Même l'ambiance lumineuse apparaît spécifique à cet endroit. À plusieurs reprises, le lecteur se rend compte qu'il ralentit sa lecture pour profiter du spectacle : la discussion très étrange entre Hélène et une intelligence artificielle à l'allure très particulière, la récupération d'une ogive nucléaire dans un bâtiment militaire coulé, à Corpus Christi dans le golfe du Mexique, les déplacements de Liz Hamilton, Sätie et Pablö à l'intérieur d'une Porteuse dont l'aménagement évoque l'architecture des grands bâtiments extraterrestres, lors de l'exploration d'une zone arctique autrefois recouverte par le permafrost, ou encore les rues de Paris recouvertes de boue alors que la décrue a commencé à s'amorcer.



En entament ce troisième tome, le lecteur a conscience qu'il s'agit de la fin du premier cycle, et qu'un deuxième suivra. Il voit que ce qu'il avait commencé à percevoir dans le tome précédent, c'est-à-dire les trois fils d'intrigue (celui au Texas, celui à Paris, et celui sur Näkän), ont pour objet un même événement, présenté sous trois facettes différentes. Comme dans les deux autres tomes, le lecteur se retrouve un peu décontenancé par le mode narratif qui ne joue pas sur la surprise de la révélation, pourtant énorme. En cela, le scénariste reste dans un registre réaliste, sans sensationnalisme. le lecteur note qu'il avait bien préparé le terrain, et que cet événement se rattache à la mention précédente qui avait été faite sur la guerre des trente planètes. L'auteur manie avec toujours la même habileté et la même élégance les deux genres que sont la science-fiction et l'anticipation. Arrivé à la fin, il ne s'est écoulé qu'une semaine sur Terre dans le temps du récit, et pourtant le changement est advenu et il s'avère irréversible. Les auteurs ont su créer une réalité très tangible, raconter une intrigue politique de grande ampleur, avec une narration vivante à partir du point de vue de Liz et d'Hélène, mais aussi de Swänn et de Lisä. le lecteur se rend compte de l'originalité et de la solidité du récit, avec une composition originale, déroutante au début, révélant progressivement sa richesse.



Ce premier cycle constitue un récit entremêlant science-fiction et anticipation, pour un retournement de situation : les humains ont besoin d'aide, et ils en bénéficient sous la forme d'une expédition appelée Renaissance, fondamentalement bien intentionnée. L'association de Fred Blanchard au design et de Emem au dessin aboutit à une narration visuelle très solide, avec des éléments SF originaux, et un mode descriptif consistant et fourni qui permet de se projeter et de s'immerger dans ce futur proche. le scénario prend le temps pour révéler le mystère central, sans tomber dans les poncifs, avec des points de vue variés, des enquêtes, des drames humains, une touche de politique, une touche d'éthique et de dilemme moral, des problématiques résonnant avec des éléments d'actualité sans les singer ou les caricaturer. Un très bon récit de science-fiction.
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