Frederick Salomon Perls

Les erreurs répétées ou les actes de maladresse sont souvent une contrariété rétrofléchie. quand quelqu'un vous contrarie ou vous bouleverse, au lieu de lui rendre la pareille, vous renversez votre verre d'eau et vous vous troublez encore plus.

... parmi les différents rôles qu'elle joue, il n'y en a pas un qui "représente le véritable moi". Au contraire, une partie d'elle-même est investie et trouve son expression dans chaque rôle. Le problème est de les intégrer de telle sorte que les différentes parties de son moi s'agencent pour vivre simultanément.

Le moyen qui consiste à condamner le symptôme, à le considérer comme quelque chose qui vous est imposé, à demander de l'aide aux autres pour le faire disparaître est inefficace. Le seul moyen utile est indirect : devenir conscient du symptôme, accepter les deux parties du conflit comme vôtres - c'est-à-dire,, se réidentifier avec les parties de vous-même dont vous vous êtes désolidarisé - puis découvrir le moyen par lequel les deux aspects du conflit, peut-être sous une forme modifiée, peuvent être exprimés et satisfaits. Pour remédier à votre mal de tête, il vaut mieux prendre vos responsabilités que de l'aspirine. la drogue apaise temporairement la douleur mais ne résoud pas le problème. Seule, vous pouvez le faire.

Une méthode extrêmement utile pour comprendre le sens de douleurs ou de tensions particulières est d'évoquer des expressions populaires. Elles contiennent invariablement une sagesse depuis longtemps éprouvée.

L'organisme sain, quand il est véritablement attaqué, répond en attaquant d'une manière et à un degré appropriés à la situation.

Nous répétons une fois de plus que nous sommes opposés à une relaxation prématurée.

Si vous ouvrez un robinet et essayez de retenir l'eau qui coule en mettant votre doigt sur l'ouverture du robinet, vous découvrirez que c'est de plus en plus fiddice. Il existe une stricte analogie entre cet exemple et nombre de conflits intérieurs ; quand vous retenez un besoin de déféquer, une érection ou une tumescence, une envie de vomir, de roter, etc. Si vous serrez le point très fort, au bout d'un moment vous aurez mal. Le mal de tête "psychogénique" - ou comme on l'appelle si bien, le mal de tête "fonctionne" - relève du même genre de phénomène.

D'autres personnes ont des maux de têtes fréquents qui sont, comme diraient les freudiens, une "conversion" des larmes. Ici, le mystère du "processus de conversion" est facilement résolu quand on reconnaît que les maux de tête, comme la plupart des autres symptômes psychosomatiques, sont des activités musculaires rétrofléchies. Ils sont le produit d'une tension musculaire qui cherche à inhiber une impulsion grandissante.

Les rétroflexions sont des manipulations de votre corps et de vos impulsions, substituées à d'autres personnes et objets. Cette auto-manipulation est indubitablement utile et saine, quand elle constitue un retrait, une attente, un ajustement à l'environnement, dans des situations où s'imposent la prudence, la précaution, le choix, pour servir vos intérêts.

... la prise de conscience de soi sans introspection est possible.

L'introspection est un autre type de rétroflexion importante. Quand vous introspectez, vous vous scrutez. Cette forme de rétroflexion est si répandue dans notre culture que presque toute la littérature psychologique tient tout simplement pour vrai que tout essai pour accroître la prise de conscience de soi doit nécessairement comporter une introspection. Alors que ce n'est définitivement pas le cas [...].

Quand la préoccupation des souffrances d'autrui est authentique et non pas un masque pour se faire plaisir, elle comporte le besoin d'aider d'une manière pratique et d'assumer la responsabilité de changer la situation. Dans ce cas, nous parlerons plus facilement  de sympathie ou de compassion, de participation active dans le soulagement de la souffrance. Ces attitudes sont reliées à la réalité et y sont trop engagées pour se permettre le luxe de pleurer sur autrui. La pitié larmoyante est surtout une réjouissance masochiste de la détresse d'autrui.

La "pitié", la "sympathie" et la "compassion" sont en gros des synonymes et sont tous des termes "vertueux". Ils possèdent aussi des nuances de sens qui, bien que subtiles du point de vue linguistique, sont profondément significatrices du point de vue psychologique. Le dictionnaire les distingue comme suit : "La pitié est le sentiment qui naît devant les souffrances ou la détresse d'autrui ; l'objet est quelquefois considéré non seulement comme souffrant, mais faible et inférieur. La sympathie est un sentiment d'affinité avec d'autres, spécialement dans leur chagrin et affliction ; le mot implique un certain degré d'égalité dans une situation, certaines circonstances, etc. La compassion est une profonde tendresse envers les autres, en particulier dans les souffrances sévères ou inévitables ou des les mauvais fortunes;"

Quand on dit "oui, je viendrai" et qu'on s'engage donc à quelque chose qu'on n'a pas envie de faire, on dit en fait "non" à d'autres manières de passer son temps qui sont peut-être plus importantes pour nous. Quand on se vante d'avoir une "personnalité positive" - de dire oui à tous les Pierre, Paul ou Jacques -, on rétrofléchit le négatif et on se dit "'non" à soi-même.

Si vous êtes sans cesse exigeant avec vous-même vous êtes sans doute, explicitement ou implicitement, exigeant avec les autres - et c'est ainsi que vous leur apparaissez,. Si vous êtes furieux après vous, vous serez furieux après la mouche qui se promène sur le mur Si vous vous tourmentez, vous pouvez être sûr de tourmenter les autres aussi.

Les rétroflexions incluent aussi ce qu'on veut des autres, mais qu'on n'a pas réussi à obtenir. Ce peut être l'attention, l'amour, la pitié, la punition, presque n'importe quoi ! Un grand nombre de sentiments originellement donnés par les autres - notamment par les parents -, on se les donne à soi en grandissant. Cela peut naturellement être très sain, pourvu qu'on n'essaie pas de s'octroyer ce qui relève en réalité de besoins interindividuels.

Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que le changement peut se faire graduellement, par stades.

L'auto-agression peut toujours être sûre de sa victime.

... tant qu'on est pas conscient de ses impulsions agressives et qu'on n'apprend pas à les utiliser d'une manière constructive, elles seront mal utilisées !

... l'agression dans le sens large de l'usage clinique, est indispensable au bonheur et à la créativité.