Citations de Frode Grytten (11)
La camionnette de glacier était garée dans la cour. On disait que Pedersen avait eu des problèmes avec la perception quelques années plus tôt. Afin d'obtenir un abattement fiscal, il avait déclaré un kilométrage bien trop élevé. Le percepteur avait averti l'inspection, sur quoi Pedersen était allé droit à sa camionnette, avait démarré et avait fait l'aller-retour jusqu'en Suède dans le week-end.
Dans une maison sur l'autre rive, une femme lavait ses carreaux. Désormais, cela avait un sens de nettoyer ses vitres à Odda. La fonderie avait fait faillite fin avril et la poussière de carbure ne déposait plus son voile gris sur la ville. Les grues du quai étaient immobiles. Le téléphérique arrêté. Les bennes s'alignaient du port jusqu'à Nyland, tels de petits points dans le ciel. On aurait dit que quelqu'un était venu à Odda sur la pointe des pieds, avait porté son index à ses lèvres et fait chut!
Le problème, c'était lui, il ne savait foutrement pas qui il était. Tout le monde savait qui était Joe Strummer, il était le seul à n'en avoir aucune idée. Il était divisé en deux, il était monté complètement à l'envers, son côté droit était à gauche et son côté gauche était à droite. Il songea qu'il avait atteint un point où il lui fallait amputer ou retourner.
Quand tu t'achetais une Jaguar, tu t'achetais tout autant une perception de toi même, tu affichais qui tu voulais être, et plus encore qui tu voulais que le monde croie que tu étais.
On allait changer le monde, mais c'est le monde qui nous a changés, non ?
Il était devenu accro. C'était un gars comme ça qu'il était. Il ne pouvait pas s'arrêter. Il restait à toutes les soirées. Il lui fallait boire tout ce qu'il y avait avant de partir. Se mettre dans les narines tout ce qu'il y avait avant de se lever du canapé. Sentir ses veines se libérer, sentir la vie le traverser au pas de charge.
Tu es devenu punk parce que tu étais anti-drogue, anti-conservateur, anti-fasciste, anti-raciste, anti-hippie, anti-Top-of-the-Pops, anti capitaliste. Tu es devenu punk parce que tu voulais te débarrasser de tous les Rod Stewart du monde qui tapaient la bise à la famille royale après les concerts. Tu es devenu punk parce que les stars du rock riches ont toujours parlé de ce que c'était d'être dans un groupe de rock, jamais de ce que c'était d'être jeune et de manquer de toutes les chances du monde.
Tous les bons groupes devait avoir leur taré. Les Stones avaient eu Brian Jones. Les Pistols, Sid Vicious. Les Who, Keith Moin. Les Clash avaient Bernie. Le problème, c'était que le gars se figurait que les Clash étaient son groupe à lui. Que les Clash étaient le Parti communiste, et lui, Joseph Staline.
Le problème, c'était que la chaleur faisait fondre la pommade. Par cette chaleur, les avertit Kosmo Vinyl, venu les accueillir à JFK en costume blanc, même la pommade Dixie Peach n'arrivait pas à maintenir une banane en l'air.
[...] on s'habitue aux choses les plus étranges. Tu acceptes n'importe quoi, et puis tu t'y habitues. Tôt ou tard, ça devient ta vie.
Tu encaisses, tu encaisses, tu te tiens là comme Ali contre la corde et tu deviens bleu et jaune sous les coups. Tu te fais cogner et cogner encore, mais tu encaisses et tu t'en sors, et pourquoi tu fais ça ?
Ben, je vais te dire pourquoi. C'est simple. Je le sais, parce que c'est exactement ce dont parlent toutes les chansons. C'est d'une simplicité enfantine.
C'est à cause de tout ce que tu vois les yeux fermés.