Le mensonge est comme une boule de neige : le premier est tout petit mais, tôt ou tard, on doit le rouler un peu plus, en ajouter un autre pour cacher le premier, et il devient plus grand, et grandit encore et encore. A la fin, il devient si lourd qu'on ne peut plus le porter.
Et je me rappelle cette sensation, une douce pression, comme de l'huile chaude coulant dans tout mon corps. La certitude que c'est mal. Mon visage dans le verre bleuté. Cet être hideux et mauvais que l'on devient, quand le Diable tient la chandelle.
Le village était blotti au pied de la montagne, au fond de la vallée, tout au bout du fjord qui ressemblait à un étang aux eaux trop calmes. Tant il est vrai qu'on doit toujours se méfier de l'eau qui dort, le bourg passait pour le laissé-pour-compte de la commune.

Le calme est déchiré par des aboiements. La mère lève les yeux de l'évier et observe ce qui se passe à l'extérieur. Le chien pousse des jappements qui montent des profondeurs de sa gorge. Tout son corps noir et musculeux vibre d'enthousiasme.
Le fils apparaît. Il s'extrait de la Golf rouge et lâche un sac bleu sur le sol. Il jette un œil vers la fenêtre, où il aperçoit la silhouette de sa mère. Il s'approche du chien et le détache. L'animal se jette sur lui et le fait basculer, ils se mettent à chahuter dans le sable qui voltige. Le chien grogne, et le fils lui crie des doux noms d'oiseau à l'oreille. De temps à autre, il pousse un cri et donne une bonne gifle sur la truffe du rottweiler. Celui-ci finit par rester couché. Le fils se relève lentement. Il tape son pantalon pour en chasser la terre et la poussière, et jette un nouveau coup d’œil vers la fenêtre. En hésitant, le chien relève et s'immobilise devant lui, tête baissée. Il peut finalement venir lui lécher avec soumission le coin de la bouche. Le fils va ensuite jusqu'à la maison et entre dans la cuisine.
- Doux Jésus, regarde de quoi tu as l'air !
Sa mère regarde le t-shirt bleu. Il est taché de sang. Ses mains sont couvertes d'égratignures. Le chien l'a également griffé au visage.
- Makan ! S'écrie-t-elle avec un renâclement coléreux. Laisse le sac. Je nettoierai plus tard.
- C'est quelqu'un que tu connais? demande Sejer, l'air de rien.
Elle penche la tête sur le côté [...]
- Je ne connais pas de gorilles
Il y a tellement de choses… Tellement de hasards qui préparent la route au mal.
Je ne comprends pas pourquoi les filles n’assument pas ce qu’elles font au lit. Elles peuvent être excitées, elles aussi. C’est juste qu’elles ne veulent pas l’admettre.
A présente encore, elle prêtait main forte, endossant sons rôle sans barguigner. Elle parvenait à mettre en échec sa propre inquiétude en rassurant sa soeur
Pense un peu à tout ce que les flics savent, et qu’ils n’ont pas dit. Quand il s’agit de le mettre à l’ombre, ils en savent un sacré paquet.
Mr. Jomann est grand, fort et beau. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup de cheveux, et il n’est pas très preste, ni quand il agit ni quand il pense. Mais chaque pas est réfléchi, chaque pensée est pondérée. Il a une maison et un travail dans le pays dans lequel il vit. Avec un jardin, des arbres fruitiers, toutes sortes de choses. Il y fait froid, dit-il, mais je n’ai pas peur. Il a une aura de lumière et de chaleur autour de lui. Je veux y rester, toujours. Je n’ai pas non plus peur de ce que tu penses, cher frère, car je souhaite ceci plus que toute autre chose. Je vais partir pour son pays et habiter dans sa maison. Pour tout le reste de ma vie. Il n’y a pas de meilleur homme au monde que Gunder Jomann. Ses mains sont grandes et ouvertes. Ses yeux sont bleus comme le ciel. Une force paisible rayonne de ce corps fort et large. Je le sais, je l’ai vu, senti. La vie sera bonne avec lui. Sois heureux avec moi !